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Communiqué de presse commun Confédération paysanne - Nature et Progrès - FNAB

L’agriculture biologique encaisse un mauvais cout

+ Les paysans bio victimes de la chasse aux niches fiscales

Article mis en ligne le mardi 14 décembre 2010


http://www.rue89.com/planete89/2010...


Les paysans bio victimes de la chasse aux niches fiscales


Communiqué de presse - 14 déc 2010

Afin de faire des « économies », le gouvernement fait flèche de tout bois, s’attaquant aujourd’hui au crédit d’impôt pour l’agriculture biologique en le divisant par deux.

Le projet de loi de finances 2011, qui vient d’être adopté par le Sénat, réduit de 4 000 à 2 000 € le montant du crédit d’impôt sur le revenu dont bénéficient les agriculteurs convertis à l’agriculture biologique. Une mesure drastique à l’échelle des fermes, sous couvert d’économie d’argent public, mais une économie globale somme toute bien dérisoire comparée aux autres pôles de financement prévu par le projet de loi.

Ce crédit d’impôt avait comme principal mérite de remettre un peu de justice dans l’attribution des aides, notamment parce qu’il ciblait surtout les petites structures qui n’en percevaient pas ou très peu. L’annonce du doublement de

celui-ci avait été faite en fanfare à la suite du Grenelle de l’environnement. Elle n’aura pas été effective bien longtemps…

L’agriculture biologique est aujourd’hui la plus à même de préserver concrètement et durablement les ressources naturelles, la biodiversité et la richesse des sols. Cette mesure financière est un message très négatif adressé à la Bio et une trahison complète des objectifs affichés par le Grenelle de l’environnement. Cela n’empêche pas la France de clamer son soutien au développement du mode de production biologique afin de réduire l’usage des pesticides. Lancé en 2007, : le plan « Agriculture biologique : horizon 2012 » visait à tripler les surfaces cultivées en bio pour les porter à 6 % de la surface agricole française en 2012. On est encore bien loin de cet objectif puisque les surfaces cultivées en bio s’élevaient fin 2009 à 670 000 hectares… soit seulement 2,6 % de la surface agricole utilisée. Cette coupe franche dans les crédits ne va sûrement pas aider !

Alors que la demande française de produits bio va croissant, que les taux de surface en conversion n’y suffisent pas et que la relocalisation fait des émules, que restera t-il au marché Bio français pour s’approvisionner ? L’importation ? Est-ce vraiment une solution souhaitable et pérenne ? En aucun cas !

Ne serait-il pas plus cohérent d’encourager la production biologique locale ?

Nature & Progrès, la Confédération Paysanne et la Fédération Nationale d’Agriculture Biologique (FNAB) demandent vivement à ce que le Ministère de l’économie revoit sa copie, en accord avec les annonces du Grenelle.

Les exemples ne manquent pas pour affirmer que les économies de bouts de chandelle d’aujourd’hui se paieront au prix fort demain.


En complément :

http://www.aboneobio.com/blog/post/...

Le bio progresse fortement mais profite aux importations

Par Laurence-Aboneobio le lundi 24 mai 2010,

La crise n’a pas ralenti la croissance des produits bio. En 2009 on a consommé le double du volume de 2005. Aujourd’hui le marché Français de l’alimentation bio représente 3 milliards d’euros. Mais la progression profite surtout aux importations qui représentent 38 % des produits bio car la France n’arrive pas à assurer en volume. Pour les fruits et légumes bio certifiés on va jusqu’à 65 % d’importations ! Ce qui bien sûr limite sérieusement l’intérêt notamment au regard de la pollution émise lors des transports. L’autre point concerne le niveau de certification du label bio européen qui tolère une contamination OGM (dite inévitable) inférieure à 0.9 % par ingrédient . L’importation veut dire aussi une qualité moins rigoureuse que celle exigée désormais avec le label bio cohérence né en France en avril 2010.

Si la production est insuffisante, c’est que dans le passé la France n’a pas assez soutenu les conversions en bio qui prennent 3 à 4 années. Aujourd’hui l’engouement des consommateurs pour le bio est réel et encourage 300 agriculteurs français chaque mois à se lancer dans le bio. En 2009, on compte +86 % d’agriculteurs en conversion bio par rapport à 2008. A noter que la région Pays de la Loire est la 3ème région de France avec le plus de surfaces en conversion (15940) et le Maine et Loire (l Anjou) est le 4ème département pour le nombre de surfaces en bio (17148 ha). Le coup de pouce des aides financières de l’Etat joue son rôle, couplé aussi aux préoccupations grandissantes des impacts sur la santé et sur l’environnement.

Reste que pour respecter les objectifs fixés lors du Grenelle de l’Environnement, il faudrait beaucoup plus ! En effet, alors que nous ne sommes qu’à 2.46 de la surface agricole utilisée (SAU) consacrée au bio, il nous faudrait être à 6 % en 2010 et à 20% en 2020 ! La marche est haute, voir difficilement atteignable ?.

Parmi les bonnes nouvelles, on peut noter dans le rapport de l’Agence bio la progression du bio dans la restauration collective dont les achats ont plus que doublé en 1 an, en passant de 44 millions d’euros en 2008 à 92 millions en 2009. La campagne du WWF OUi au bio dans ma cantine a surement été un facteur important notamment au regard de la demande des citoyens. Mais là encore pour arriver aux objectifs du Grenelle fixés à 20 % de produits bio dans les cantines pour 2012, il nous faudra passer de 92 M€ en 2009 à 180 M€, si la production locale arrive à suivre... !.

Autre donnée intéressante : 12 % des ventes de produits alimentaires bio se fait désormais directement du producteur au consommateur, par le biais notamment du développement des Amap en France.


Achetez des fruits et légumes bio oui ! Mais pas à n’importe quel prix !

« En tant que producteurs de fruits et légumes biologiques, signataires de cette lettre, nous avons la volonté, aujourd’hui comme hier, de favoriser le développement de la production et de la consommation biologiques.

Cependant, nous estimons que la communication massive sur la croissance du marché et le déficit de production sont en décalage avec la réalité. Ces derniers mois, le marché bio connaît des situations de surproduction durables en fruits et légumes. Il semble que le marché biologique marque une pause alors que la montée en puissance de la restauration hors domicile se fait attendre, démontrant sa complexité.

L’importation ne vient pas combler le manque chronique de volumes qui devraient, dans ce cas, progressivement être remplacés par des productions françaises. Elle répond à une demande en produits exotiques, hors saison ou à bas prix que nous ne pouvons et ne voulons pas proposer aux consommateurs pour des raisons éthiques, techniques ou économiques.

C’est ainsi que l’été dernier, en pleine saison de production française, la majorité des fruits et légumes biologiques présents dans certaines enseignes de grande distribution étaient importés. Cet état de fait répond aux engagements pris par ces enseignes de fournir à leurs consommateurs des produits bio à bas prix. Le soin que nous apportons à nos cultures et notre volonté de pratiquer une agriculture durablement biologique ne nous permettent pas d’être compétitifs pour répondre à ces demandes.

Par ailleurs, en matière de politique de conversion, nous constatons l’insuffisance de l’accompagnement technique et de la formation, qui met les nouveaux producteurs dans une situation intenable. La transposition pure et simple du système agronomique conventionnel en bio n’est pas viable, encore moins durable ; la diversification des cultures fait partie intégrante du mode de culture biologique. Ignorer ces principes conduira l’agriculture biologique à l’échec.

Ces constats ne se retrouvent ni dans la communication institutionnelle, ni médiatique.

De son côté, le consommateur n’est pas en mesure de faire de vrais choix, son intérêt ne résidant pas dans un développement purement quantitatif, mais dans la participation active à une filière saine et cohérente ».

Les produits issus de l’agriculture biologique, outre leur qualité gustative, ont de nombreux atouts pour l’environnement et notre santé. Toutefois, ils perdent en partie leur intérêt environnemental lorsqu’ils sont importés et ne respectent pas le cycle naturel des saisons : transport supplémentaire et culture forcée ne sont pas compatibles avec l’éthique de cette filière originale. De surcroît, trop de pays exportateurs ne sont pas en mesure d’assurer un cadre social aux travailleurs saisonniers de l’agriculture biologique : le consommateur croit faire un geste mais il ne fait que perpétrer un système qui n’a qu’un seul mot d’ordre : la rentabilité coûte que coûte.

Achetez bio oui mais pas à n’importe quel prix : il faut acheter des produits français qui respectent le cycle des saisons : la grande distribution veut surfer sur la vague verte mais n’a visiblement toujours rien compris et ne souhaite pas assumer l’engagement que cela implique...

APFLBB, Bio Loire Océan, Mediterrabio, Solébio, Verte Provence

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