Une tribune pour les luttes

A l’appel du Collectif Anti-CLAIR des Bouches-du-Rhône

Journée de grève le lundi 7 février 2011

"Un programme CLAIR pas très limpide"

Article mis en ligne le lundi 7 février 2011

07 février 2011
Un programme CLAIR pas très limpide
par Angélique Schaller
Le dispositif d’enseignement en zone prioritaire, CLAIR, imaginé par le gouvernement a été expérimenté dans différents collèges. Certains, comme Versailles à Marseille, réclame grève à l’appui, d’en sortir.
Un quartier paupérisé, des rues lépreuses, une impasse qui mène à un collège coincé sous une passerelle autoroutière : Versailles, dans le 3e arrondissement de Marseille. Après avoir connu les fastes d’un établissement de prestige, le lieu périclite dans les années 1990. Aujourd’hui, il fait parti des 14 collèges de l’académie à expérimenter le dispositif CLAIR, collège, lycée, ambition, innovation, réussite. Derrière l’intitulé clinquant, un outil imaginé par le gouvernement dans la foulée des états généraux sur la violence à l’école. Les établissements sont choisis selon leur «  degré de violence ».
D’emblée, les dés sont pipés. Cette « violence » se calcule notamment avec le nombre de conseils de discipline. «  Faute de places suffisantes dans les dispositifs relais, nous n’avons souvent aucune autre alternative que ce conseil de discipline quand un élève craque », explique Mathieu Chaumulon, professeur de Français. Dès lors, ce classement est davantage un signe extérieur du déficit de l’Education nationale.
(...) Pourtant CLAIR va devenir ECLAIR pour intégrer les Ecoles et remplacer les Réseaux Ambition Réussite et malgré la levée de boucliers des enseignants. Dans l’académie d’Aix-Marseille, outre Versailles, un autre collège et un lycée professionnel ont multiplié les grèves pour sortir d’un dispositif qu’on leur avait présenté comme volontaire. Sans effet.
Si CLAIR ne répond pas à la « première revendication des enseignants qui reste de travailler avec des effectifs peu élevés » pour reprendre la formule de Maxime Brémond, enseignant de français et de latin syndiqué à Sud Education, c’est aussi la méthode qui provoque l’opposition. Le dispositif prévoit la mise en place de «  préfet », des sortes d’enseignants référents faisant le lien entre les collègues et l’administration. L’intitulé, déjà, surprend. « Mais lors de mon entretien en juin dernier avec le chef d’établissement, on m’avait dit de ne pas m’y arrêter », se souvient Mathieu Chaumulon, « comme c’était expérimental et que cela pouvait permettre d’explorer de nouvelles pistes de travail avec les élèves, j’ai joué le jeu. En plus, cela me semblait être une certaine reconnaissance de mon engagement social auprès des élèves… » Depuis, le prof de français a déchanté et rejoint la cohorte des enseignants grévistes demandant la sortie du dispositif. Si des réunions hebdomadaires rassemblent désormais l’administration, la psychologue et l’enseignant pour le suivi des élèves en décrochage, c’est probablement le seul point positif que Mathieu Chaumulon dégage de l’aventure. « Pour le reste, j’ai le sentiment d’avoir été mené en bateau. L’expérimental doit être généralisé sans que l’on n’ait jamais rien signé, sans que l’on n’ait jamais eu la moindre réponse à nos questions sur le dispositif… En fait, on veut nous transformer en petit chef, on nous a mis en concurrence avec les collègues ce qui nous met dans une position bancale », lâche le jeune homme. Faute de consignes précises, le « préfet » peut être amené à faire tout et n’importe quoi : noter ses collègues, assurer le lien avec les familles… ou remplacer par exemple un conseiller pédagogique d’éducation. A moindre coût, bien sûr.
La mise en concurrence avec les autres enseignants n’est pas un dégât collatéral mais bien un volet de CLAIR. Une des ambitions est la mise au pas du personnel enseignant en le mettant sous l’autorité directe et unique du chef d’établissement qui prend aussi en main le recrutement dans le cadre de postes à profils pour trois ou cinq ans. Officiellement, cela doit permettre de stabiliser les enseignants sur site. « A Versailles, la plupart des profs ont entre 7 et 9 d’ancienneté ! » balaye Maxime Brémond. Le militant décrypte en revanche très bien ce que peut induire la fin de la double notation (chef d’établissement, inspection) remplacée par un entretien annuel sur le respect des engagements. «  Cela va nous pousser à obéir. Quand la police intervient dans l’école pour emmener un gamin comme on a pu le voir, on pouvait réagir, s’opposer car il n’y avait personne pour nous menacer directement. Cette indépendance du fonctionnaire a d’ailleurs été mise en place en 1946 suite aux problèmes posés par la collaboration ». (...)


Journée de grève le lundi 7 février 2011
à l’appel du Collectif Anti-CLAIR des Bouches-du-Rhône

Collectif, soutenu par le CGT, la CNT et SUD Éducation, et composé de personnels syndiqués et non-syndiqués, des établissements CLAIR, Ambition-Réussite, et d’autres établissements inquiets de la casse du service public d’éducation.

Rendez-vous :
- 10H devant l’IA
- 15h à la bourse du Travail pour une AG


En quelques mots, qu’est-ce que CLAIR ?

Sous couvert d’améliorer l’égalité des chances et l’efficacité de la politique d’éducation prioritaire, CLAIR est en fait un premier acte de privatisation du système scolaire français, avec entre autres mesures :
- évaluation permanente des résultats des élèves (avec tous les effets pervers constatés dans les pays anglo-saxons par exemple),
- choix des personnels par le chef d’établissement,
- contrats des personnels sur trois à cinq ans et lettres de mission,
- primes aux plus « méritants » des personnels
- contractualisation d’objectifs et de projets d’établissement,
- création d’un corps de « managers » d’équipes pédagogiques (les préfets des études),
- mise en avant du socle commun au détriment des programmes nationaux,
orientation des élèves considérée comme un tri social de plus en plus prématuré,
- confusion des rôles entre l’éducatif, le préventif et le répressif avec les Equipes Mobiles de Sécurité

En somme, il s’agit d’appliquer la méthode France Télécom à l’Education Nationale, avec en prime des suppressions de postes. Les objectifs affichés par le Ministère sont des appâts destinés aux enseignants, qui souhaitent la réussite de leurs élèves, mais subissent le «  dégraissage » de la Fonction publique ; pendant ce temps, l’UMP dépose une proposition de loi visant à la supprimer.

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