Une tribune pour les luttes

Tunisie, Egypte

Le rôle de la classe ouvrière dans la chute de Ben Ali et Moubarak

Par LCR-Web, Hossam El-Hamalawy, Atef Saïd, Sellouma

Article mis en ligne le jeudi 17 février 2011

http://www.lcr-lagauche.be/cm/index...

Dimanche, 13 Février 2011

Tant dans les processus révolutionnaires en Tunisie qu’en Égypte, la majeure partie des médias a focalisé l’attention sur le rôle de la jeunesse et des classes moyennes utilisant Internet et ses «  réseaux sociaux », présentés comme les acteurs principaux de la révolte. Cette image ne correspond que partiellement à la réalité, mais surtout elle occulte complètement le rôle décisif joué par les travailleurs en tant que classe dans la fuite de Ben Ali et dans la poussée finale pour mettre Moubarak hors circuit en Égypte.

Le mouvement ouvrier tunisien

Ainsi, en Tunisie, on oublie le rôle fondamental joué par les grèves soutenues par la centrale syndicale semi-indépendante UGTT (Union générale des travailleurs de Tunisie). C’est dès la fin du mois de décembre 2010, les travailleurs tunisiens ont commencé à rejoindre les soulèvements provoqués par l’immolation de Mohammed Bouazizi – jeune chômeur diplômé qui tentait de survivre dans le secteur informel comme vendeur ambulant de fruits et légumes. Si la révolte était née au sein des secteurs de la jeunesse précarisée et marginalisée, malgré le caractère collaborationiste de sa direction, la base du syndicat et certaines sections régionales et locales ont par contre joué un rôle moteur dans l’animation et la coordination des luttes - dans plusieurs localités, ce sont ainsi les locaux de l’UGTT qui servaient de point de départ pour les manifestations -, avant de déployer pleinement la capacité d’action des travailleurs par l’arme de la grève.

À la différence des soulèvements passés dans le bassin minier de Redeyef et Gafsa trois ans auparavant, qui furent une sorte de répétition générale, les manifestations se sont étendues à tout le pays. Loin d’écraser la révolte, la répression brutale ne fit qu’ajouter au fur et à mesure de nouveaux secteurs à un soulèvement qui, né dans le centre et le sud-ouest "arriéré" du pays, finira par atteindre la région côtière et la capitale. Les manifestations ont très vites été rejointes par les avocats, également violemment réprimés. Dans certaines localités, c’est le syndicat des avocats qui a pris l’initiative de manifestations et dirigé le mouvement. Avec la rentrée des classes au début du mois de janvier, la jeunesse lycéenne descendit aussi dans la rue dans ce qui fut le mouvement de la jeunesse scolarisée le plus important depuis le mouvement de février 1972, une sorte de « mai 68 » tunisien qui fit trembler le régime de Bourguiba.

Dans de nombreuses localités, les travailleurs et les syndicalistes de base manifestèrent devant les sièges locaux de l’UGTT afin d’exiger la grève générale. Dans d’autres cas, les sections locales ou régionales de l’UGTT soutenaient les grèves déjà initiées. Le mouvement de grève ne fut toucha pas seulement les régions où la combativité ouvrière est historiquement enracinée depuis l’époque des luttes anticoloniales des années 1930 et 1940, comme le port de Sfax (poumon économique et seconde ville du pays) ou le bassin minier de Gafsa déjà cité. La protestation ouvrière s’étendit comme une traînée de poudre dans l’ensemble du pays et fut finalement animée par la majorité des secteurs syndicaux, en premier lieu ceux qui étaient les plus opposés au régime (PTT, la santé, l’enseignement). Pour Nizar Amami, porte-parole de la Ligue de la Gauche Ouvrière (IVe Internationale en Tunisie), la gauche syndicale et certaines fédérations et unions syndicales locales ou régionales de l’UGTT, sont effectivement au coeur du processus révolutionnaire, et « ce n’est pas un hasard car depuis plusieurs années on a vu plusieurs fédérations organiser des grèves sans l’accord du secrétariat général ».

Hamma Hammami, secrétaire général du PCOT (Parti communiste des ouvriers Tunisiens) insiste sur le fait que, bien qu’il manqua un programme et une organisation centrale au mouvement dans sa première phase, ce dernier n’était pas entièrement spontané - dans le sens de l’absence de toute forme d’organisation ou de toute forme de conscience - car il existe une conscience politique née d’une accumulation de luttes au cours de ces vingt dernières années.

Dans la ville minière de Redeyef, c’est aujourd’hui le local de l’UGTT (qui a rompu ses liens avec la direction nationale à Tunis) qui est le véritable siège du pouvoir ; le maire corrompu est retenu chez lui dans l’attente de son procès, la police et la plupart des autorités ont disparu et la ville est auto-gérée par des conseils. Comme l’explique Adnan Hayi, secrétaire général de l’UGGT de Redeyef dans les « Chroniques de la révolution tunisienne : «  Grâce à l’expérience de la lutte et de l’unité de ces dernières années, nous sommes parvenus à former des Conseils dans tous les secteurs pour mobiliser la population dans la défense de ses droits et pour la gestion de sa vie quotidienne. Notre organisation syndicale sert aujourd’hui de colonne vertébrale à la mobilisation populaire. » Evoquant la situation à une échelle plus globale, il souligne avec lucidité les limites et les défis du processus : « Le problème est que l’impressionnante spontanéité de la révolution ne s’est pas cristallisée dans un projet politique parce que, malheureusement, le niveau d’organisation était, et est toujours, très faible dans le reste de la Tunisie. Mais je ne suis pas pessimiste. Il y a des forces et des personnalités capables d’articuler et de coordonner les politiques populaires. À Redeyef, nous sommes en train d’établir une direction régionale unique avec d’autres villages de la région. Il y a des discussions et des contacts dans ce sens avec d’autres centres urbains où l’organisation est moins consolidée. Mais il ne faut pas oublier que les négociations et les accords entre des directions locales ne servent à rien si l’on est pas capables de convaincre et de mobiliser le peuple. La révolution est incomplète et nous ne pourrons la compléter qu’en combinant l’organisation et la mobilisation. »

Grâce à la pression de la mobilisation populaire, l’aile gauche de l’UGTT, très souvent animée par des militants révolutionnaires, a pu vaincre l’orientation de la direction et du secrétaire général du syndicat qui voulait servir de planche de salut pour l’ancien régime. C’est elle qui a poussé le comité exécutif de l’UGTT à soutenir les grèves générales organisées dans plusieurs régions et à appeller à la grève générale à Tunis pour la journée 14 janvier, qui a vu la fuite du dictateur. C’est elle encore qui a forcé le retrait des trois ministres UGTT dans le premier gouvernement provisoire. Malheureusement, la direction a depuis lors reconnu la "légitimité" du gouvernement remaniée du premier ministre Ghannouchi, décision fortement contestée par plusieurs fédérations, dont celle de l’enseignement.

Le mouvement ouvrier égyptien

Tout comme en Tunisie, le processus actuel en Égypte a été préparé par plusieurs vagues de luttes ouvrières qui ont secoué le pays depuis 2006 (voir ci-dessous les articles de Atef Saïd et Sellouma). Dans un article publié plusieurs jours avant la chute de Moubarak, l’intellectuel marxiste Samir Amin affirmait que la jeunesse diplômée urbaine était la composante essentielle du mouvement en Égypte, appuyée par des secteurs des classes moyennes cultivées et démocratiques et il ajoutait que « les choses pourraient changer si la classe ouvrière et les mouvements paysans entrent en scène, mais pour le moment cela ne semble pas être à l’agenda. »

Or, à partir du dimanche 6 février, avec l’appel au retour à la normalité et au travail martelé par le régime lui-même, un tournant a commencé à s’opérer avec l’entrée progressive du prolétariat égyptien sur la scène des événements. L’une après l’autre, plusieurs villes du pays ont vu s’engager des grèves et des occupations d’entreprises.

Dans une interview publiée le dimanche 6 février, Hossam el-Hamalawy, journaliste, bloggueur du site 3arabawy et membre du Centre d’études socialistes au Caire pointait déjà quatre premiers foyers : "Cela fait déjà deux jours que les travailleurs ont déclaré qu’ils ne retourneront plus au travail jusqu’à la chute du régime. Il y a quatre foyer de lutte économique. Une grève à l’usine sidérurgique à Suez, une fabrique de fertilisants à Suez, une usine de textile près de Mansoura à Daqahila, où les travailleurs ont expulsés le manager et autogèrent l’entreprise. Il y a également une imprimerie au sud du Caire où le patron a été viré et qui fonctionne en autogestion".

Comme l’a informé le journal « Al-Ahram Online », les luttes ouvrères ont surtout commencé à gagner en intensité dans la ville-clé de Suez, avec en pointe les travailleurs du textile qui ont organisé une manifestation rassemblant 2000 travailleurs pour le droit à l’emploi à laquelle se sont joints 2000 jeunes. Dans le courant les jours suivants, les travailleurs ont occupé l’usine textile « Suez Trust » et 1000 ouvriers de la fabrique de ciment Lafarge entraient en grève tandis que leurs collègue de la cimenterie de Tora organisaient un sit-in pour protester contre leurs conditions de travail.

Dans le ville industrielle de Mahalla, l’étincelle est partie avec plus de 1500 ouvriers de l’entreprise Abu El-Subaa, qui ont manifesté en coupant les routes afin d’exiger le paiement des salaires. Ce sont ces mêmes travailleurs qui organisent régulièrement des sit-in depuis deux ans pour leurs droits.

Plus de 2000 travailleurs de l’entreprise pharmaceutique Sigma dans la ville de Quesna, se sont déclarés en grève afin d’exiger de meilleurs salaires et le versement de leurs bonus, suspendus depuis plusieurs années. Les travailleurs demandent également la destitution de la direction de l’entreprise qui menait une politique de répression brutale des activités syndicales.

Le mardi 8 février, les enseignants universitaires ont réalisé une marche de soutien à la révolution qui a rejoint les occupants de la Place Al-Tahrir. Les travailleurs des télécommunications du Caire ont alors entamé une grève au Caire, tandis que plus de 1500 travailleurs du secteur du nettoyage et de l’embellissement des espaces publics ont manifesté face au siège de leur administration à Dokki. Leurs revendications incluaient une augmentation salariale mensuelle pour atteindre 1200 livres égyptiennes. Ils demandaient aussi la généralisation des contrats à durée indéterminée et le renvoi du président du conseil d’administration.

L’éviction des bureaucrates syndicaux liés au régime et la conquête des libertés syndicales sont également au cœur des ces luttes ouvrières : d’après Al-Ahram, «  le Vice-président du Syndicat des travailleurs égyptiens est séquestré depuis lundi (7 février) par des employés qui exigent sa démission immédiate ». Le mercredi 9 février, des journalistes se rassemblèrent au siège de leur syndicat pour exiger la destitution de leur responsable syndical nommé par le régime, Makram Mohamed Ahmed.

Le personnel technique ferroviaire à Bani Souweif engagea une grève qui s’étendit à tout le reste du secteur. Au moins deux usines d’armement à Welwyn se mirent en grève tandis que plusieurs milliers de travailleurs du secteur pétrolier ont organisé une manifestation face au Ministère du Pétrole à Nasr City et à partir du jeudi 10 février, ils furent rejoint par des collègues venant du reste du pays. (1)

C’est surtout à partir du mercrdi 9 février que la vague de grève se généralise dans tout le pays après l’annonce faite par Moubarak d’une augmentation des salaires de 15% pour les fonctionnaires. Ce jour là également, les trois premiers syndicats indépendants du régime (celui des collecteurs d’impôts, des techniciens de la santé et de la fédération des retraités) ont manifesté ensemble face au siège de la Fédération égyptienne des syndicats afin d’exiger des poursuites judiciaires contre son président corrompu et pour la levée de toutes les restrictions imposées à l’encontre de la création de syndicats indépendants. Ce sont ces trois premiers syndicats autonomes qui, ensemble avec des travailleurs indépendants d’autres secteurs, ont créé le 30 janvier dernier la première Fédération égyptienne des syndicats indépendants (voir leur déclaration ci dessous).

Il faut souligner ici le remarquable manifeste des métallos de la ville sidérurgique d’Helwan, qui ont organisé une grande marche le vendredi 11 février jusqu’à la place Al-Tahrir. Ce manifeste demandait :

"1) Le départ immédiat du pouvoir de Moubarak et de tous les représentants du régime et la suppression de ses symboles
2) La confiscation, au profit du peuple, de la fortune et des propriétés de tous les représentants du régime et de tous ceux qui sont impliqués dans la corruption
3) La désaffiliation immédiate de tous les travailleurs des syndicats contrôlés par le régime ainsi que la création de syndicats indépendants et la préparation de leurs congrès afin d’élire leurs structures organisationnelles
4) La récupération des entreprises du secteurs public qui ont été privatisées, vendues ou fermées et leur nationalisation au profit du peuple, ainsi que la formation d’une administration publique pour les diriger, avec la participation des travailleurs et des techniciens
5) La formation de comités pour conseiller les travailleurs dans tous les lieux de travail et pour superviser la production , pour la fixation et la répartition des prix et des salaires
6) Convoquer une Assemblée constituante représentant toutes les classes populaires et tendances afin d’approuver une nouvelle constitution et élire des conseils populaire sans attendre le résultat des négociations avec le régime actuel."

Mais ce qui aura sans doute été déterminant dans la chute de Moubarak, c’est qu’à partir du jeudi 10 février les travailleurs de la Compagnie du Canal de Suez des villes de Suez, Port-Saïd et Ismaïlia ont lancé une grève avec occupation illimitée des installations portuaires, menacant de perturber ainsi le trafic de navires. Plus de 6000 travailleurs se sont rassemblés également devant le siège de l’entreprise jusqu’à la satisfaction de leurs revendications salariales, contre la pauvreté et la déterioration des conditions de travail. Le canal de Suez est une source vitale de devises étrangères pour l’Egypte et un milllion et demi de barils de pétrole y transitent quotidiennement. Sa fermeture obligerait les cargos à faire le tour de l’Afrique et donc à rallonger leur voyage de sept à dix jours, ce qui aurait un impact sur les prix du pétrole et tous les échanges commerciaux en Europe et dans le monde.

Il ne fait aucun doute que cette vague de grèves massives et la perspective d’un Canal de Suez bloqué ont été les éléments décisifs qui ont précipité la chute de Moubarak en renforcant la pression de Washington et des chefs de l’armée, peu rassurés quant à capacité et à l’obéissance des troupes du rang d’écraser ces grèves par une répression sanglante.

Quelles perspectives ?

Comme l’évoque Hossam El-Hamalawy dans l’article ci-dessous, les grèves se poursuivent et se multipllient toujours dans tout le pays et dans tous les secteurs. Comme dans toute lutte ouvrière contre une dictature, les revendications sociales pour les salaires, les conditions de travail sont étroitement liées aux demandes pour les libertés syndicales et démocratiques, contre un régime corrompu et parasitaire qui accapare au profit d’une élite minoritaire les richesses, plongeant dans la misère l’immense majorité sociale.

Tout comme en Tunisie, la chute du dictateur provoque en Égypte une explosion de luttes sectorielles, d’autant plus fortes qu’elles furent depuis trop longtemps contenues et étouffées par l’absence de liberté syndicale. Ces luttes ouvrières exacerbent à leur tour les contradictions de classe, y compris au sein de la coalition anti-Moubarak, entre les tenants d’une révolution démocratique et sociale qui va jusqu’au bout, jusqu’à la satisfaction de l’ensemble des exigences populaires, et les secteurs bourgeois ou petits-bourgeois qui veulent au contraire y mettre un terme le plus rapidement possible.

L’enjeu clé pour offrir une issue favorable aux masses dans ces deux processus révolutionnaires, qui ont remporté une première victoire magnifique, mais qui sont encore inachévés (les dictateurs ont été chassés, mais les régimes dictatoriaux sont toujours en place, bien que fragilisés), c’est bien entendu le développement, la généralisation et la centralisation de cette auto-organisation encore embryonnaire, mais déjà bien réelle, des luttes des travailleurs. Cette généralisation et centralisation peut en effet ouvrir une situation de « dualité de pouvoirs » qui posera, de facto — mais sans pour autant en garantir l’issue — la question de la prise du pouvoir par les travailleurs afin de réaliser pleinement l’ensemble de leurs exigences démocratiques et sociales face à l’incapacité de ces régimes, soi-disants « de transition », à les satisfaire.

De tels objectifs ne peuvent se concrétiser qu’autour d’un programme révolutionnaire, d’une organisation et d’une direction de classe, non seulement sur le terrain syndical, mais aussi — et surtout — sur le terrain politique. L’absence actuelle de ces éléments essentiels indique que le processus de maturation et de décantation peut être relativement long, avec des phases de flux et de reflux au rythme des tentatives contre-révolutionnaires qui appelleront à leur tour une réaction et une nouvelle poussée des masses. Mais une chose est certaine : vu l’élévation inouïe de la combativité, de la conscience démocratique, sociale et de classe qui s’est condensée en quelques semaines d’une lutte colossale, qui a laissé plus de 400 morts, les processus révolutionnaires sont encore loin d’être terminés dans ces deux pays. D’autant plus que leur onde de choc dans le monde arabe n’en est visiblement qu’à ses débuts et que ses conséquences en Algérie, au Yémen ou au Maroc agiront également en retour sur ces processus initiaux.

D’après les articles, reportages et interviews de

Mario Hernandez : « La caída de Mubarak y el papel de los trabajadores »

Wassim Azreg : Révolution tunisienne : « Le peuple veut dissoudre ce gouvernement »

Alma Allende, « Chronique de la révolution tunisienne : Trois jours dans le sud du pays (Gafsa, Redeyef, Moularès, Kasserine) »

Hama Hammami : « Tunisie : une démocratie en construction »

Hossam al-Hamalawy : « Révolution 2.0 : un blogueur révolutionnaire sur la place Tahrir »

Hossam al-Hamalawy : « Depuis 2006, notre pays connaît les plus grandes grèves ouvrières depuis 1946 »

Note :

(1) Pour un tour d’horizon des différentes grèves recensées le 10 février, voir ci-dessous


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Le jeudi 10 février, on recensait :

— Rassemblement de protestation contre la compagnie d’électricité dans le Sud du Caire.

— Manifestation des travailleurs des télécommunications dans le quartier d’Ataba, au cœur du Caire. Cela s’ajoute à ceux d’hier et aux travailleurs de la communication qui sont aussi en grève à Banha, dans le Delta.

— Des mécaniciens du secteur ferroviaire aussi en grève.

— Les travailleurs de l’usine Maspero dénoncent la corruption de la direction.

— Les travailleurs de l’entreprise pharmaceutique de Masheya el Bakr ont coupé le pont sur le Canal de Suez.

— Plus de 2000 travailleurs de l’entreprise de filature et de textile Misr ont appelé à une grève à Helwan.

— Les travailleurs temporaires de l’Université du Caire sont aussi en grève.

— Des travailleurs du secteur du fer et de l’acier ont également fait un appel à la grève (National Steel Company, Misr National Steel Company).

— Des entreprises de sous-traitance de l’État sont en grève à Kafr el Dawar, Helwan et Kafr el Diat.

— Plus de 4.000 travailleurs en grève à l’usine de charbon de Helwan (Helwan Coke Company).

— Protestation à Gharbeya, à l’entreprise Sianco.

— Les travailleurs toujours actifs de El Mahalla ont annoncé que, demain, va commencer une grève.

— Un grand nombre de travailleurs du secteur pétrolier est en grève et se rassemblera demain à Nasr City, district se trouvant en dehors du Caire, où se trouve le ministère du Pétrole.

— D’autres techniciens du secteur ferroviaire sont en grève à Beni Suef.

— Plusieurs entreprises sont fermées à Suez, où il y a un important secteur pétrolier et où les batailles de rue ont été les plus dures que partout ailleurs.

— Le Service des transports publics en grève dans trois dépôts. 
Les journalistes des quotidiens contrôlés par le régime sont en trains de se soulever contre leurs employeurs.

— Les employés des transports publics du Caire ont appelé à une grève générale demain. Au moins les dépôts de Nasr, Fateh, Ter’a, Amiriya, Mezzalat et Sawwah Station, paralysant la ville. Il semble que demain ils vont se réunir au siège, à Nasr City, pour former un syndicat libre. Ils ont fait un communiqué demandant la chute du régime (en précisant le Parti national) et la levée de l’état d’urgence.

— Des travailleurs des télécommunications d’Alexandrie ont également manifesté devant le central de Mansheya.

— Des informations parlent également de quatre entreprises d’armement à Helwan.

— L’entreprise Portland, qui produit du ciment à Alexandrie, a également connu des manifestations. Il s’agit de la plus grande usine de ciment dans le monde arabe et l’une des premières dans le monde.

— 1500 personnes sont en grève dans l’usine de coton et de lin de Mahala.

— 2000 sont sorties de l’usine de médicaments de Sigma.

— 250 journalistes se sont réunis afin d’obtenir le quorum pour l’assemblée générale extraordinaire qui permettra de démettre l’actuel président du syndicat, l’officialiste Mohammed Makram, élu l’an dernier lors d’une élection dénoncée comme frauduleuse.

— 3000 travailleurs du secteur ferroviaire demandent une augmentation des salaires, entre autres demandes.

— 6000 travailleurs de l’Autorité du canal de Suez ont manifesté dans les villes de Port-Saïd, Suez et Ismaïlia exigeant de meilleurs salaires et rappelant que c’est l’une des plus importantes sources de revenu du pays. Revenus destinés exclusivement aux dépenses présidentielles.

— Omar Effendi, une sorte Galeries Lafayette locale, a aussi connu des grèves et des mobilisations. Il existe des informations sur celles qui ont eu lieu à Alexandrie.

— Plusieurs centaines de travailleurs de la soie et des filatures à Kafr el Dawar ont fait des débrayages au changement d’équipe pour réclamer le paiement des salaires impayés et des indemnités accrues.

— Les postiers à Sharqeya sont également en grève.

— 3000 habitants du quartier de Zarzara ont brûlé bâtiment du gouverneur de Port-Saïd en découvrant qu’en raison de la corruption, il avait été prévu de transformer leur quartier en décharge.

— 4000 travailleurs du nettoyage ont manifesté aujourd’hui à Alexandrie.

— 800 travailleurs des compagnies pétrolières ont manifesté à Behera, près d’Alexandrie.

— En relation à ceci, un millier de personnes du quartier du Max, à Alexandrie, ont manifesté pour demander que les compagnies pétrolières qui travaillent là, les prennent en considération pour l’indemnisation accordée dans les situations de risque écologique et de santé dans lesquelles ils vivent.

— 500 personnes se sont rassemblées dans un hôpital d’Alexandrie exigeant des augmentations de salaire.

— Les travailleurs des centres d’information, sorte de collecteurs d’informations pour les enquêtes et les statistiques, ont repris la lutte pour des améliorations concernant leur travail. Leur lutte a été l’une des plus importantes et les plus longues l’an dernier de l’année passée.

— 500 centres de santé de soins primaires du Croissant-Rouge étaient en grève contre les dirigeants corrompus de cet organisme.

— Selon Al-Jazira qui l’a annoncé, les postiers au Caire ont rejoint les mobilisations.

— À l’aéroport du Caire, des grèves ont éclaté dans des sociétés de services ou de sécurité.

— Des fonctionnaires du département des statistiques gouvernementales ont également manifesté dans la capitale.

— Des grèves ont également été signalées dans une société gazière dans la région du Fayoum (150 km au Sud-Ouest du Caire).

— Mouvement aussi dans l’usine pharmaceutique Sidna de Quesna
.

—Grève dans les arsenaux de Port Saïd
.

Dans le sud du Pays (Haut-Nil) des manifestations de paysans ont été rapportées. 8000 personnes, dont une majorité de fermiers et d’ouvriers agricoles, ont bloqué la route principale et le chemin de fer avec des barricades de palmiers enflammés (d’après AP). En fin de journée, les affrontements dans la région de El Wadi el-Gedid se poursuivraient…

Vous voyez cela est irrépressible et difficile à quantifier. Je pense qu’il y a beaucoup plus de luttes, mais ce sont celles que j’ai pu trouver pour le moment. Je mettrai à jour au fur et à mesure. Préciser que Helwan est l’un des trois gouvernorats qui divisent le Caire (ou le Grand Caire, comme ils l’appellent).

Bien comprendre aussi qu’une partie de ce soulèvement est le résultat de l’insurrection de Mahala en 2008. Une insurrection entièrement ouvrière qui, avec le mouvement contre la guerre en Irak, a reconfiguré l’activisme égyptien. Aujourd’hui, ils sont en train de recueillir ces fruits. 

Ajouter, avant de clore, que l’Égypte a commencé à voir clairement que le départ du raïs est inévitable. Du moins, c’est ainsi que la rue le sent. Un exemple : la tentative de la pop star Tamer Hosny d’entrer sur la place Tahrir. Au début de l’insurrection, il a exprimé son soutien pour le régime. Comme il a vu que celui-ci vacillait, il a tenté de se rapprocher des rebelles dans un acte d’opportunisme absurde. Les gens, évidemment, l’ont sifflé et il a dû quitter la place en pleurant, comme on a pu le voir à la télévision.

Traduit du catalan (Egipte Barricada, avec sources : 3arabawy, Al Jazeera, Global Voices on Line).

http://juralibertaire.over-blog.com/ext/http

www.egiptebarricada.blogspot.com/

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