Madame, mademoiselle, monsieur,

A l’invitation d’organisations politiques, de personnalités de la société civile, de syndicalistes et de mutualistes engagés contre le libéralisme et ses ravages, un débat public sur le thème « Oui à une Europe sociale, solidaire et fraternelle ; non au projet de constitution européenne » est programmé à Marseille. Il se déroulera le vendredi 26 novembre 2004 à 18 heures au Centre régional de documentation pédagogique, 31 boulevard Athènes, 13001 Marseille.

Cette initiative s’inscrit dans le prolongement de l’appel de deux cents personnalités - je l’ai signé - lancé par la Fondation Copernic, le Pcf, la Lcr, le G10, des associations, des universitaires, des artistes, José Bové et des personnalités politiques de toute la gauche.

Ce projet de constitution grave dans le marbre les dogmes les plus libéraux, renforce la libéralisation des mouvements de capitaux sans contrepartie fiscale et diabolise la dépense publique. C’est comme si on inscrivait noir sur blanc la politique du gouvernement Raffarin dans la Constitution française...

Sur le fond, il obéit à la même logique que l’Organisation mondiale du commerce, et introduit comme normes suprêmes non pas des dispositifs d’ordre politique mais des principes d’ordre économique inspirés des thèses les plus orthodoxes du libéralisme. Adoptée, il sera quasiment impossible de réviser cette Constitution européenne.

En définitive, c’est un projet extrêmement dangereux pour la France et les Français, l’Europe et les Européens, pour l’image et le rôle de la France et de l’Europe sur la scène internationale.

L’Union européenne doit au contraire, me semble-t-il, proposer un discours alternatif à la pensée unique, fondé sur la justice sociale, la solidarité, un développement durable respectueux des grands équilibres écologiques. Inventer un autre projet européen devient une urgence pour empêcher le pire voire l’irréparable. Un projet moderne pour l’Europe qui s’ouvre à l’Est, pour l’Europe qui doit se tourner vers le Sud, promouvoir de nouvelles coopérations avec les pays et les peuples du Maghreb. Un projet pour une Union européenne mobilisée pour la paix dans le monde, en Irak, au Proche-Orient et même plus près d’elle.

A l’heure où des forces politiques, syndicales et associatives n’ont pas encore défini leur choix, je vous propose de discuter librement de ce dossier majeur pour l’avenir à travers un débat ouvert à toutes les idées, à toutes les analyses, y compris contradictoires. Ma démarche vise à contribuer à l’éclairage nécessaire pour que chacun puisse déterminer son positionnement en toute connaissance de cause.

Dans l’attente de vous rencontrer, je vous prie de croire, madame, mademoiselle, monsieur, en l’expression de mes sentiments les meilleurs.

Frédéric Dutoit
député, maire des 15ème et 16ème arrondissements de Marseille