Une tribune pour les luttes

Collectif des 39 contre la Nuit Sécuritaire.

"La loi sur la psychiatrie est absurde, incohérente et inapplicable !"

Rencontre-débat organisée par Le Collectif marseillais contre les soins sécuritaires “MAIS C’EST UN HOMME”
jeudi 14 avril à 18h.

Article mis en ligne le mercredi 13 avril 2011

POUR
LE RESPECT DES DROITS FONDAMENTAUX
ET L’ÉTHIQUE DES SOINS EN PSYCHIATRIE

Le Collectif marseillais contre les soins sécuritaires

“MAIS C’EST UN HOMME”

vous invite à une rencontre-débat sur la réforme de la loi de 1990

JEUDI 14 AVRIL à 18 HEURES

Faculté de Droit et de Sciences Politiques
110-114 La Canebière – Marseille

Ce débat se tiendra au moment où le projet de loi relatif : « aux droits
et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques
et aux modalités de leur prise en charge
 » est en discussion au Parlement.
Il offre une illustration supplémentaire de la dérive sécuritaire imposée
par l’État instaurant un amalgame entre maladie mentale et délinquance
ou dangerosité, faisant de toute personne atteinte de troubles mentaux
un suspect en puissance et une menace à l’ordre public.
Il instaure non pas une politique de santé mentale mais une politique
de suspicion et d’enfermement ou de traitement sous contrainte.
Plusieurs
de ses dispositions constituent des atteintes aux droits fondamentaux.


Les députés ont adopté en première lecture dans la nuit du 16 mars, le projet de loi "relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge". Le vote solennel du projet a eu lieu mardi 22 mars, avant d’être envoyé au Sénat pour examen. Mais, il n’y aura pas de seconde lecture.

http://www.collectifpsychiatrie.fr/


Un pour Tous et Tous contraints !

Ecoutez le morceau Nuit Sécuritaire :
http://www.dailymotion.com/video/xh...

Meeting le samedi 9 avril 14h-18h

Devant la statue de Pinel, 47 Bd de l’hôpital à Paris

Il a suffi d’une journée de débat pour statuer sur le sort réservé à la folie. Il n’est plus question d’accueil pour les patients en souffrance psychique.
Quelle place dans notre société leur donne cette Loi ?

Les députés de la majorité ont validé la vieille représentation populaire, l’image du fou errant et dangereux. Ils ont oublié la souffrance et privilégié la dangerosité. Ils viennent par leur vote de semer les graines de milliers de futurs malades en errance.

Cette Loi prétend répondre à la demande des familles, mais elle se focalise sur la peur du fou. Elle fait d’événements dramatiques, l’ordinaire de la folie.

Les maladies psychiques sont très souvent longues, les crises sont comme dans toute vie, des moments ponctuels. L’état de crise, de délire grave, voire dangereux est loin, très loin d’être un état permanent.

La Loi se focalise sur la crise, un pic dans l’intensité des symptômes dans le déroulement de la vie d’un sujet.

Elle prend des dispositions qui vont transformer, ou plutôt rendre impossible toute thérapeutique.

Or, la crise doit être désamorcée en amont. La thérapeutique est justement là pour travailler à en diminuer (le nombre,) la fréquence, l’intensité. Ce sont avant tout des états de souffrances psychiques, d’angoisse extrême pour la personne qui les vit. L’administration d’un médicament a des vertus- et aussi des effets secondaires importants. Il n’a pas de pouvoirs magiques.

Cette Loi ne s’occupe pas du soin. En réalité, elle instaure une psychiatrie de la seringue, une psychiatrie de la surveillance, qui répondra à l’urgence, mais pas au quotidien d’une vie dans la cité pour une personne malade.

La psychiatrie est une spécialité médicale spécifique par la place donnée à la qualité de la relation avec le patient, et son entourage dans la réussite du soin. Le soin nécessite une présence, une disponibilité auprès des familles et des patients, au quotidien et dans un climat de confiance. La disponibilité doit être continue et humaine. Cela implique des moyens sanitaires, sociaux, médico-sociaux.

Seul un tel réseau cohérent permet d’accueillir les patients et leurs familles.

Si des patients sont seuls dans la rue, si des familles n’ont personne pour les aider, c’est que ce réseau de soin n’a pas de moyens suffisants ( en personnel, en formation, en temps).

Pour le fortifier, il n’est pas besoin d’un nouveau cadre juridique, cette Loi est donc inutile. Pire, elle est contreproductive car elle ne s’appuie en rien sur la réalité clinique du soin en psychiatrie. La technologie et l’informatisation ne peuvent remédier aux carences de moyens. À un problème grave, la solution apportée est totalement erronée.

L’urgence avec laquelle ce projet de Loi est validé -sans deuxième lecture à l’Assemblée Nationale- révèle l’importance idéologique, démagogique que le gouvernement lui donne. L’hospitalité pour la Folie est véritablement le cadet de ses soucis. La contrainte est instaurée comme principe de soin. Les soignants sont mis dans l’obligation d’exercer une surveillance et un contrôle sur les patients.

On échange la possibilité d’une relation soignante contre l’assurance d’une méfiance réciproque.

Ne sommes-nous pas légitimés à craindre que les patients se cachent des soignants, qu’ils dissimulent leur angoisse le plus longtemps possible ?

Ne sommes-nous pas légitimes de dénoncer la fonte des moyens d’accueil ambulatoire ?

Tout le monde sait que pour s’approcher de l’intimité de quelqu’un, il faut gagner sa confiance. Cela demande du temps, de la continuité, de la disponibilité, mais surtout une formation spécifique (qui soit adéquate avec) sous-tendue par une conception humaniste de la folie.

La stigmatisation et la peur ne répondent à aucune de ces obligations.

Après des années d’abandon, la psychiatrie est dans un état catastrophique. Toutes les catégories de professionnels luttent pour donner un accueil humain, des soins. Les nombreuses réformes successives ont déjà beaucoup réduit leurs marges de manœuvres. De nombreux lieux ont repris les couleurs sombres du grand renfermement. L’usage des contentions se banalise. La contrainte devient par la Loi un mode de traitement de l’humain, au mépris de toute connaissance clinique. Le soin psychique mérite mieux.

Il y a plus de 200 ans Jean-Baptiste Pussin a libéré les fous de leurs chaînes. Philippe Pinel a accompagné son geste et a ouvert une nouvelle voie pour la psychiatrie. Qu’en est-il aujourd’hui ?

La journée de mobilisation du 15 mars lancée par le collectif des 39 a donné lieu à un rassemblement inédit des syndicats et associations de citoyens, de patients et de familles. Nous continuons la mobilisation. Une nouvelle réunion à notre initiative s’est déroulée ce vendredi 25 mars, avec l’ensemble des organisations syndicales et associatives opposées à cette Loi. Cette réunion a confirmé l’organisation du rassemblement du 09 avril devant la statue de Pinel. Nous vous communiquerons dans les prochains jours le programme de cet événement.

Le collectif des 39 soutient l’appel à la manifestation du 2 avril lancé par le mouvement de défense de l’hôpital public.



Communiqué de presse

Le Collectif des 39 contre La Nuit Sécuritaire se réjouit du succès de la manifestation qu’il a organisée le mardi 15 mars 2011 à l’Assemblée Nationale pour protester contre le Projet de loi de réforme de la psychiatrie et exiger son retrait.

Cette manifestation qui a été soutenue par des associations de patients, de parents, mais aussi par l’ensemble des syndicats de tous les professionnels en psychiatrie, – fait exceptionnel-, des associations de psychanalystes, le Collectif « Mais c’est un homme… », a réuni près d’un millier de personnes pendant quatre heures !

Pendant ces quatre heures, des prises de paroles, des témoignages poignants et émouvants de patients, de parents, des animations créatrices illustrant ce à quoi conduirait cette loi, se sont succédés sans discontinuer.

Toutes et tous ont dénoncé l’axe central autour duquel ce projet de loi est construit : un axe sécuritaire pour valider une politique de suspicion à l’égard des malades désignés comme des criminels potentiels. Cet a priori a été soigneusement entretenu depuis le discours du Président de la République à Antony le 2 décembre 2008.

Toutes et tous ont dénoncé :

* le caractère uniquement sécuritaire de ce dispositif,
* la transformation radicale de la psychiatrie qu’il induirait,
* la transformation des soignants en «  auxiliaires sanitaires » de police,
* la suspicion et la disqualification des professionnels psychiatriques,
* l’expropriation de ceux-ci de leur fonction soignante et être assignés à « surveiller, contrôler, injecter »,
* la conception du «  soin » réduit par ce projet de loi aux seuls médicaments psychotropes,
* l’institutionnalisation de la peur du malade, de la peur de l’autre.

Toutes et tous ont réclamé à la place de ce projet de loi, confus, absurde, incohérent, l’élaboration à partir d’une authentique concertation et d’un débat public, d’une politique de soins psychiatriques dignes, humains, articulée autour de trois axes essentiels :

* Quelle conception de la maladie mentale ?
* Quelle formation pour les professionnels ?
* Quel budget et quels moyens spécifiques pour l’ensemble de la psychiatrie ?

Nous avons rappelé que depuis les États Généraux de la Psychiatrie qui avaient réuni toutes les organisations syndicales et scientifiques en juin 2003 et déjà à l’époque avaient alerté sur la situation catastrophique de la psychiatrie, aucune des 22 mesures d’urgence réclamées à l’époque n’a été prise an compte !

Une délégation a été reçue par le Groupe Gauche Démocrate et Républicaine.

De nombreux députés du Groupe Socialiste, d’Europe Écologie Les Verts, du Parti Communiste Français, du Parti de Gauche se sont déplacés pour rejoindre le rassemblement et ont pris la parole.

Une délégation a été reçue par le Rapporteur du Projet de Loi, Mr Guy Lefrand, député UMP de l’Eure, qui a accepté finalement, en dernière limite, de nous recevoir.

Un compte-rendu exhaustif sera rendu public ultérieurement.

Devant ce succès, et parce que cette lutte ne fait que commencer, le Collectif des 39 contre La Nuit Sécuritaire appelle à d’autres initiatives :

* Il s’associe à la journée d’action pour la défense de l’hôpital public, le 2 avril,

* Il invite aussi à participer dans l’après midi du samedi 2 avril au débat sur les suites du mouvement à propos du projet de loi, débat qui se tiendra au Lieu Dit, 6 rue Sorbier, Paris 20ème, dans le cadre du Festival des « Évadés du Bocal »

* Il appelle à l’organisation d’un rassemblement de toutes celles et de tous ceux qui se sentent concernés par la psychiatrie, le Samedi 9 avril 2011, devant l’entrée de la Salpetrière autour de la statue de Philippe Pinel, le fondateur de la psychiatrie, en 1793 « enlevant leurs chaînes aux insensés », avant l’examen du Projet de Loi par le Sénat.

Le Collectif des 39


"La loi sur la psychiatrie est absurde, incohérente et inapplicable !"

Paul Machto, psychiatre des hôpitaux, Marie Cathelineau, psychologue, Hervé Bokobza, psychiatre, pour le Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire

Les députés ont adopté en première lecture dans la nuit du 16 mars, le projet de loi "relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge". Le vote solennel du projet a eu lieu mardi 22 mars, avant d’être envoyé au Sénat pour examen. Mais, il n’y aura pas de seconde lecture.

Le gouvernement ayant choisi la procédure accélérée, le texte, même éventuellement modifié par les sénateurs, pourra être adopté selon la première lecture de l’Assemblée nationale ! Pourtant ce projet de loi provoque un basculement radical de la pratique psychiatrie, une transformation démente et inquiétante de la psychiatrie !

Les équipes soignantes vont être transformées par cette loi en une "police sanitaire psychiatrique" dont le rôle va être réduit à "surveiller, contrôler, injecter" !

Cette loi a été voulue par le président de la République réagissant dans l’émotion et la précipitation au meurtre d’un étudiant par un malade. Cette loi devrait concerner les personnes actuellement sous contrainte, c’est à dire 70 000 personnes sur les 300 000 hospitalisées. Mais elle est organisée à partir des situations en hospitalisation d’office, c’est à dire 10 000 personnes ! Elle a pour socle, le présupposé totalement erroné sur le plan scientifique, énoncé par le président en décembre 2008 : "Tous les malades mentaux sont potentiellement dangereux, potentiellement criminels !"

Ainsi l’ensemble des personnes soignées en psychiatrie, celles qui choisissent librement de se soigner, c’est à dire 80 % des malades hospitalisés, mais aussi les trois millions de personnes ayant consulté et traités pour un trouble psychique vont se retrouver confrontés "par contamination" aux mêmes a priori, aux mêmes préjugés, aux mêmes risques, et tomber potentiellement dans les "soins sans consentement".

Ce message terrible, ravageant, faisant appel aux peurs ancestrales de la folie, désigne à la vindicte populaire ces personnes, amplifie la peur de l’autre, renforce la stigmatisation. La loi vient l’instituer de façon insupportable, indigne !

Les 23 000 signataires de l’Appel lancé par le Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire : "Réforme de la psychiatrie : une déraison d’Etat", la totalité des syndicats de psychiatres – fait inédit – le syndicat national des psychologues, les syndicats de personnels soignants, des associations de psychanalystes, des associations de patients, des associations de familles, le Syndicat de la magistrature, plusieurs centaines de manifestants mardi 15 mars devant l’assemblée, rien n’y a fait !

La psychiatrie est pourtant dans un état catastrophique depuis plus de dix ans. Le Contrôleur général des lieux de privation de liberté vient de rendre public un rapport accablant sur la situation dans les hôpitaux psychiatriques. Sa conclusion, la psychiatrie est un monde caché, "et dans ce monde-là, ce n’est pas tant la loi, quelle qu’elle soit qui est en cause, mais la réalité des pratiques" !

Depuis deux ans qu’il s’est constitué, le Collectif des 39 dénonce la dérive des pratiques, des situations de maltraitance des malades, la banalisation des contentions, l’abandon des familles à leur désarroi. Les Etats généraux de la psychiatrie en juin 2003 avaient déjà réclamé vingt-deux mesures d’urgence pour tenter de lutter contre le péril menaçant l’ensemble de la psychiatrie !

Cette situation n’est en rien dû à la mauvaise volonté des soignants, à une indifférence au sort des malades et des familles. Elle est le résultat de plusieurs éléments : conception de la maladie mentale qui s’est imposée avec le scientisme dominant des dernières années, formation indigente des psychiatres réduite aux seuls traitements médicamenteux, absence quasi-totale d’une formation digne de ce nom pour les infirmiers, laminage des esprits par l’idéologie de l’hôpital-entreprise, de la gestion bureaucratique parachevée par la récente loi Hôpital, patients, santé, territoires, à la pénurie organisée, enfin absence de budget spécifique pour la psychiatrie.

Aux arguments étayés de toute la profession, tous statuts confondus, dénonçant une loi sécuritaire mais revendiquant l’urgence d’une loi sanitaire, aux appels au secours d’associations de patients, aux rejets par de nombreuses associations régionales des de familles de malades, le rapporteur du projet de loi n’a opposé qu’arrogance, falsification, mystification, ignorance. Falsification, lorsqu’il déclare que la loi va permettre de sauver les quatre mille personnes qui se suicident chaque année ! Mystification, quand il proclame que les 30 000 à 60 000 personnes sans domicile fixe qui souffrent de troubles mentaux, abandonnées par leur famille,vont pouvoir être prises en charge ! Ignorance de la pratique psychiatrique, quand il déclare que les patients qui dénient leur pathologie vont être enfin traitées grâce à ce dispositif !

De plus, avec ce projet de loi, force reste au préfet. La disqualification des professionnels est totale, la suspicion à leur égard comme à l’égard des magistrats est entérinée par le texte.

Pire, dans leur aveuglement politique, dans leur méconnaissance de la clinique psychiatrique la plus élémentaire, les députés de la majorité n’ont pas pris la mesure du plus grave : cette loi, si elle est adoptée, va aboutir à l’exacte inverse de ce à quoi elle prétend répondre : la sécurité et la prévention des passages à l’acte dangereux.

En effet, les personnes les plus perturbées, les plus en souffrance, sont aux prises avec une méfiance extrême, voire des sentiments de persécution, des sentiments d’être surveillés, épiés. Ces personnes lorsqu’elles sauront qu’elles seront dénoncées par leur psychiatre, leurs soignants au directeur de l’hôpital et au préfet, en cas de refus ou d’opposition aux soins et risquant un retour forcée à l’hôpital, vont tout faire pour échapper, pour se sauver. Et c’est dans un tel contexte, que des individus ayant le sentiment d’être cernés, pourchassés, forcés, risquent de basculer dans des passages à l’acte les plus graves…

La psychiatrie, dans une perspective thérapeutique, ne peut travailler qu’en favorisant la confiance, l’instauration d’une relation rassurante, le tissage d’un lien avec une personne malade. C’est dans ce cadre, et uniquement dans ce cadre, que nous pouvons imposer une contrainte parfois nécessaire, que la psychiatrie peut prétendre être thérapeutique.

Mesdames, messieurs les parlementaires, prenez conscience de l’immense responsabilité que vous prenez, de l’absurdité de ce dispositif législatif, de cette monstruosité qui est en train de se créer !

Paul Machto, psychiatre des hôpitaux, Marie Cathelineau, psychologue, Hervé Bokobza, psychiatre, pour le Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire

Point de vue publié dans
http://www.lemonde.fr/idees/article...


Signez la pétition Appel du Collectif des 39
Contre La Nuit Sécuritaire

Réforme de la Psychiatrie : Une déraison d’Etat

http://www.collectifpsychiatrie.fr/phpPetitions/index.php?petition=8

Trente mille personnes ont signé avec nous l’Appel contre La Nuit Sécuritaire, lancé en réaction au discours du président de la République le 2 décembre 2008 qui assimilait la maladie mentale à une supposée dangerosité. À nouveau, le Collectif des 39* en appelle à l’ensemble des citoyens.

Ce discours promettait un traitement sécuritaire des malades mentaux.

Il a depuis largement pris corps dans la pratique quotidienne : les lieux de soins psychiatriques sont désormais truffés de caméras de surveillance et de chambres d’isolement, des grillages ont été disposés, des protocoles de neutralisation physique des patients ont vu le jour, les préfets empêchent les levées d’internements caducs.

Un projet de loi propose aujourd’hui un cadre juridique à cette dérive sécuritaire.

Adopté le 26 janvier 2011 en Conseil des Ministres, il sera discuté au Parlement le 15 mars après un simulacre de concertation.

- Dans un vocabulaire relevant du code pénal, il cautionne la défiance à l’égard de citoyens souffrants.

- Dans ce dispositif, seul le trouble à l’ordre public est pris en compte.

- Il instaure un changement paradigmatique sans précédent : l’institution des «  soins » sans consentement en ambulatoire. En effet, le projet de loi n’identifie plus seulement l’hospitalisation comme contraignante, mais les soins eux-mêmes, à l’hôpital comme à l’extérieur, avec le risque majeur de la mise en place d’une surveillance sociale planifiée.

Ainsi, pour répondre à l’inquiétude légitime des patients et de leurs familles, ce projet de loi, sous couvert de déstigmatisation, va instituer une logique de dérive sécuritaire induisant un contrôle inédit de la population. Il s’appuie sur un principe de précaution inapproprié.

La mystification est totale :
Il ne s’agit pas d’un projet de soins, mais d’un engrenage portant atteinte aux libertés fondamentales dans un état démocratique.

Prétendant améliorer «  l’accès aux soins » et leur « continuité », ce projet propose uniquement un accès à la contrainte sans limite de durée.
Il détourne la fonction des soignants vers une orientation de dénonciation, de rétention, de « soins » sous contraintes et de surveillance.
Il impose aux patients d’accepter des « soins » stéréotypés, protocolisés, identiques pour tous. Ils seront sous surveillance, associée à un contrôle de leur dignité : ainsi se met en place une police de l’intime. Il instaure un fichier national, «  un casier psychiatrique ? », de toute personne ayant été soumise ne serait-ce qu’une seule fois aux soins sans consentement.
Il institue un mensonge en laissant penser que seuls les médicaments psychotropes administrés sous contrainte suffisent à soigner les patients gravement atteints : enfermés chez eux, malgré eux.

Une partie des citoyens a été désignée à la vindicte médiatique. Le mot schizophrène, jeté à tort et à travers, en bafouant le secret médical, n’est plus un diagnostic mais une menace, qui accable les malades et leurs familles, effraie jusqu’à leur voisinage.

Penser que ce projet de loi va améliorer cette situation est une déraison d’Etat.
Bien plus, il risque de s’opposer frontalement à toute réforme sanitaire digne de ce nom, qui aurait pour principes élémentaires de reposer sur une fonction d’accueil, une logique ouverte et déségrégative, des thérapeutiques diversifiées centrées sur le lien relationnel et la confiance, dans la durée.

Ce projet va à l’encontre d’une politique de soins psychiatriques respectueux des libertés, offrant une hospitalité pour la folie au cœur du lien social, qui allierait sécurité publique et soins à la personne.

Il institue la défiance envers les professionnels dans une démarche politique analogue à celle appliquée récemment aux magistrats et à la Justice, comme à d’autres professions.

- Nous voulons que les budgets subventionnent des soins et non des aménagements carcéraux, la formation des personnels, des effectifs conséquents, pour une conception humaine de l’accueil de la souffrance.

- Nous rejetons les réponses démagogiques qui amplifient délibérément l’émotion suscitée par des faits-divers dramatiques. Ces réponses ne font qu’accroître et entretenir la peur de l’autre.

- Nous voulons résister, nous opposer, avec une élaboration citoyenne de propositions pour une politique de soins psychiatriques au plus proche des réalités de terrain. La psychiatrie est l’affaire de tous.

Nous soignants, patients, familles, citoyens appelons
au retrait immédiat de ce projet de loi.

http://www.collectifpsychiatrie.fr

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