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Sarko et le contrôle des chômeurs : un vrai chant du cygne

- + Travail forcé : Pierre Lang plagie David Cameron
- + Pôle-Emploi amplifie les difficultés d’embauche

Article mis en ligne le vendredi 8 avril 2011


A lire avec tous les liens :
http://www.actuchomage.org/20110408...


Vendredi, 08 Avril 2011


Sarko et le contrôle des chômeurs : un vrai chant du cygne

Il nous fatigue ! La meilleure défense des incapables étant l’attaque, passé le débat nauséabond "sur la laïcité" et les diverses déclarations contre les "étrangers", notre président s’agite. En panne d’imagination, il se tourne vers ses anciens boucs émissaires : nous. Mais qui marche encore dans sa combine ?

C’est au nom de la « justice sociale envers les salariés et les ouvriers qui travaillent dur » (forcément : ils font le boulot de deux ou trois personnes pour le même salaire) que Nicolas Sarkozy, estimant que « nous commençons à sortir de la crise » (tiens donc…), s’en est pris aux fainéants de chômeurs, cet après-midi dans le Puy-de-Dôme lors d’une inutile table ronde sur l’avenir de l’industrie.

Inutile ? Oui : car cela fait des décennies que, malgré les beaux discours, tous nos dirigeants qui se sont succédés, rêvant d’une France "propre" peuplée de cols blancs œuvrant dans les services, n’ont jamais freiné son démantèlement, bien au contraire. En trente ans, 2 millions d’emplois industriels ont ainsi disparu, dont quelque 700.000 ces dix dernières années (200.000 en 2009, au plus fort de la crise. Et l’hémorragie se poursuit). L’État n’a eu de cesse de subventionner nombre d’entreprises qui s’installent puis délocalisent leur production, et, en outre, de financer celles qui licencient. Selon la Direction générale du Trésor et de la politique économique (DGTPE), la concurrence étrangère — comprenez : les effets de la "mondialisation" — serait actuellement responsable de 45% des destructions de nos emplois industriels, partis ailleurs...

A ces méthodes ô combien hypocrites et ruineuses, Nicolas Sarkozy n’a pas dérogé. Durant son mandat, il n’a pas hésité à faire des promesses en l’air à des ouvriers en sursis (ArcelorMittal à Gandrange, Renault à Flins, Molex, etc…). Mais aujourd’hui, pour se faire réélire, il promet de redonner un nouveau souffle à l’industrie française ! Une énième annonce qui ne mange résolument pas de pain...


Tous des fainéants ?

Comble du paradoxe, pour attirer les jeunes, voici comment les industriels s’adressent à eux : « L’industrie ce n’est pas sale, ce n’est pas de l’huile, on n’est pas des exploiteurs ! Ce n’est pas un endroit triste et bruyant, polluant. C’est un univers dynamique, ce sont des challenges à relever. Seulement 5% à 10% des jeunes ont envie de travailler dans l’industrie. C’est trop peu... » Mais oui, ces jeunes, ils ne veulent pas se salir les mains (alors que, depuis leur naissance, le mépris de l’industrie a été véhiculé par l’Etat lui-même) ! Ces jeunes, ce sont des fainéants… comme les chômeurs.

S’appuyant sur l’hypothèse simpliste qu’une offre sur quatre ne trouverait pas preneur ("les difficultés de recrutement" selon la dernière Enquête BMO de l’Unedic), Nicolas Sarkozy s’est donc prononcé pour un renforcement des contrôles, les souhaitant « plus précis et plus exigeants pour les chômeurs qui bénéficient d’allocations et qui refuseraient des offres d’emploi disponibles ». Or, il suffit tout bêtement de regarder le nombre d’offres en ligne disponibles ce soir sur le site de pole-emploi.fr — 203.873, dont la majorité sont des jobs précaires et sous-payés — pour mesurer l’absurdité de ses propos.

Faire du neuf avec du vieux a toujours été le dada de Nicolas Sarkozy. Figurez-vous que, depuis 2008, existe déjà la loi sur "l’offre raisonnable d’emploi" : après trois mois d’inactivité, un chômeur est tenu d’accepter un emploi — même en CDD ou en intérim — payé au moins 95% de son salaire antérieur, sous peine de voir son allocation suspendue. Au bout de six mois, ce taux tombe à 85%. Passé un an, le niveau doit correspondre à l’indemnité chômage. Malgré le fait que les contrôles s’avèrent bien peu utiles au vu de la rareté des offres, l’ORE est toujours appliquée, et rares sont les chômeurs qui refusent. Qu’est-ce que Nicolas Sarkozy compte faire de plus ? Demander aux agents Pôle Emploi, dont le quantum doloris atteint peu à peu ses limites, d’accélérer encore la machine à radier afin de toiletter les chiffres ?

Parallèlement, à douze mois de l’élection présidentielle, l’UMP mène une nouvelle offensive anti-chômeurs et anti-pauvres 100% idéologique, entre le député Lang qui veut instaurer le travail forcé et gratuit et le député Daubresse, qui se charge de renforcer le volet insertion du RSA. Le discours "anti-assistanat" revient en force pour masquer que les plus assistés du pays sont les grandes entreprises, leurs grands patrons et leurs actionnaires. Ceux-là même qui font la pluie et le beau temps de l’emploi, de la précarité et du chômage en France. Que voulez-vous : stigmatiser et culpabiliser leurs victimes est la tactique habituelle des bourreaux.

La crise, c’est fini ?

Enfin, « nous commençons à sortir de la crise », estime Nicolas Sarkozy. Une fois de plus, il ment. On ne peut nier que la situation se stabilise, mais certainement pas affirmer que la reprise est là ! Les intentions d’embauche ne progressent pas, et 80% des entreprises qui ont daigné répondre à l’Enquête BMO de Pôle Emploi avouent faire le dos rond, n’attendant pas d’amélioration avant 3 ou 5 ans. Peut-on parler de "reprise" quand il s’agit de stagnation ? Peut-on parler de "reprise" quand, d’ici à ce qu’elle se manifeste, des millions de chômeurs, touchés de plein fouet par la crise, vont continuer à rester sur le carreau et sombrer dans la pauvreté tandis que des millions d’autres se seront résignés à l’emploi en miette ?

Rien de nouveau sous le soleil... Nicolas Sarkozy est reparti en campagne, usant des mêmes recettes qu’en 2007. Sauf qu’aujourd’hui, elles sont sérieusement éculées ! Le plus mauvais président de la Ve République — et de la République tout court — sait qu’il est en difficulté, que la majorité des Français l’a démasqué et le déteste, que son bilan est un fiasco et qu’il ne sera pas réélu l’année prochaine. Alors, déployant l’énergie du désespoir avec toute la malfaisance dont il est capable, c’est de manière résolument pathétique qu’il persiste et signe sur son terrain favori : diviser les Français en distillant la haine afin de les dresser les uns contre les autres. Sauf que ce petit jeu se retourne contre lui-même.


« Attention M. Sarko, vous serez chômeur en 2012 ! »

Plus personne n’est dupe. Pas besoin de démonstration appuyée : il suffit de lire les réactions unanimes des internautes à cette actualité. Florilège.

« Génial ce mec, il a trouvé un moyen de créer des emplois. Métier d’avenir ==> contrôleur de chômeur. C’est bien la seule chose qu’il aura fait de positif contre le chômage ! Le gros avantage quand même, c’est que les chômeurs invisibles ne seront pas contrôlés puisqu’ils sont sortis des statistiques. LAMENTABLE !!! », lit-on ici en commentaire de l’article de 20minutes.fr. Et d’autres suivent :

« Je me souviens de son "Je ne laisserai personne sur le bord de la route", nan il laissera plutôt des cadavres. Ce mec est un malade. »

« Lui aussi est chômeur, puisqu’il ne fait rien depuis qu’il est président. Donc il a vraiment besoin d’être contrôlé ! »

Passons à Libération...

« Le parfait discours du petit salaud
Du boulot il n’y en a plus, c’est tout. Punir ceux qui sont hors du travail à un instant donné, c’est juste de la barbarie. Validée par la terreur d’une bonne moitié de la population active qui ne doit qu’à la chance, ou au hasard, de ne pas être de l’autre côté de la barrière. »

« Ce type est un désespoir vivant. »

« Adieu, Nicolas, ta carrière est foutue, tu nous le montres tous les jours. »

« "Puisque nous commençons à sortir de la crise"
Euh... c’est vrai, ça ? Quelqu’un peut confirmer ? »

« Contrôles "plus précis et plus exigeants"…
… sur les chômeurs payés par l’Élysée : Brice Hortefeux, Claude Guéant, Jean Sarkozy, Henri Guaino, Eric Woerth, Fadela Amara, Bernard Kouchner, Jean-Marie Bockel, Eric Besson, Patrick Buisson etc
 »

Et ça continue dans Le Point...

« Fort avec les faibles et faible avec les forts.
Comment un être aussi commun (quelconque, banal, trivial, vulgaire : au choix) a-t-il pu se faire élire à ce poste ? »

« Et la fraude fiscale qui coûte des milliards ? Il n’en parle jamais. Il ne veut pas fâcher ses copains du Fouquet’s.
C’est tellement plus porteur et démago de se pavaner à côté d’ouvriers et de taper sur des chômeurs qui seraient des fraudeurs. »

« Quel sinistre personnage !
Ça faisait longtemps qu’il n’avait pas tapé sur une catégorie de français... Et c’est plus facile de s’attaquer à ceux qui n’ont plus rien qu’à ceux qui détiennent toutes les richesses et qui nous ont mis dans cette crise.
Triste Président qui sans cesse parle à tort et à travers pour exister, qui dit blanc un jour et noir le lendemain. Je le plains d’être à ce point inconséquent.
Il ferait mieux de s’attaquer aux banques pour qui la crise n’est qu’un lointain souvenir, alors que chaque jour nous en subissons les conséquences. Qu’a-t-il fait ? Il a sauvé le système ? Pour que ce système nous égorge encore plus ! Il a aidé ses copains avec notre argent, sur notre dos et maintenant contre nous.
je n’espère qu’une chose : qu’il n’ose même plus se représenter tellement il a divisé les Français avec ses débats débiles. Il a détruit la fonction de Président. Un Président ça rassemble ça donne une vision de l’avenir, ça œuvre à la bonne marche du pays en donnant l’élan.
Lui ? Ppffffff... Il désespère. »

Allez, on arrête là. Pas besoin de vous faire un dessin : Nicolas Sarkozy est grillé, définitivement.

SH

Post-scriptum : J’aurais voulu constater les réactions des lecteurs du Figaro.fr. Mais, sauf erreur de ma part, aucun article n’a été publié sur le sujet..


http://www.actuchomage.org/20110406...

Mercredi, 06 Avril 2011

Travail forcé : Pierre Lang plagie David Cameron

Mercredi dernier, à l’Assemblée nationale, le député-maire UMP de Moselle a déposé une proposition de loi visant à obliger les chômeurs indemnisés depuis plus de six mois ainsi que les bénéficiaires du revenu de solidarité active à effectuer gratuitement des travaux d’intérêt général en contrepartie de leurs allocations.

Cette proposition de loi n°3281 est, pour l’instant, renvoyée à la Commission des affaires sociales, « à défaut de constitution d’une commission spéciale dans les délais prévus par les articles 30 et 31 du Règlement ».

Dans l’exposé des motifs, Pierre Lang ne cache pas s’inspirer de l’initiative du gouvernement britannique de David Cameron (qu’il qualifie pudiquement de « centre-droit » alors qu’il est ultraconservateur). Peut-être encore par pudeur évite-t-il de fustiger ouvertement tous ces oisifs qui profitent de la solidarité nationale. Sous couvert d’humanisme, estimant que « l’absence de travail conduit à une désocialisation progressive et à une perte d’employabilité », il prétend vouloir apporter son aide : « Le but de cette mesure est d’éviter toute exclusion prolongée du monde du travail qui conduit à la perte des repères, des habitudes, et du contact professionnel avec autrui », justifie-t-il.

Il propose donc « de favoriser le retour à l’emploi en demandant aux chômeurs indemnisés depuis plus de six mois, et aux bénéficiaires du revenu de solidarité active, de réaliser 20 heures de travail par semaine au service des collectivités locales (mairies, intercommunalités…) mais aussi des hôpitaux, maisons de retraite, ou de grands établissements publics tels que l’Office national des forêts. Ces personnes pourraient ainsi apporter une contribution au service de la société, en contrepartie des allocations ou des aides perçues [nous y voilà !], afin d’aider à des tâches d’intérêt général : débroussaillage, entretien des forêts, chemins ou espaces publics… »

Le vernis d’humanisme s’effrite rapidement dans les articles 2 et 4 de sa proposition où des sanctions — couper les vivres — en cas de refus sont alors évoquées. L’empressement à réquisitionner cette main d’œuvre dès le sixième mois de chômage laisse pantois, comme si les allocations chômage relevaient de la charité publique et non d’un régime assuranciel pour lequel on a cotisé. On note également que le terme « travaux d’intérêt général » (ou TIG), usuellement employé pour définir une peine prononcée à titre de peine principale ou en complément d’une peine d’emprisonnement avec sursis, crée un amalgame entre chômeurs et délinquants. Quant aux 20 heures hebdomadaires de "bénévolat obligatoire" que ces esclaves d’un nouveau genre devront offrir à une société dite "moderne", mais totalement infichue de fournir à tous des emplois qui permettent de vivre et de se projeter, l’auteur ne précise même pas si elles seront permanentes ou périodiques.


Qui est Pierre Lang ?

A 63 ans, ce pharmacien-biologiste directeur d’un laboratoire d’analyses médicales et maire de la commune de Freyming-Merlebach (57) s’était illustré, au mois de janvier, dans un vaudeville ici relaté par Paris Match. Débouté, le "cocu le plus célèbre de France", qui siège à l’extrême droite de l’hémicycle, fut aussi partisan du rétablissement de la peine de mort pour les auteurs d’actes terroristes (proposition de loi n°1521 du 8 avril 2004 avec MM. Dassault, Vanneste, Auclair, Joissains, Raoult, Myard et Chassain… bref, le gratin des réacs). Cette fois-ci, en ce qui concerne le rétablissement du STO pour les chômeurs et les pauvres, il est seul à plaider.

De la « valeur travail » au travail gratuit

Le gouvernement de Nicolas Sarkozy a supprimé des centaines de milliers d’emplois publics et étranglé financièrement de nombreuses collectivités locales, qui à leur tour cherchent à faire des économies. Pour leur permettre de boucher les trous à moindre coût, le gouvernement a relancé les emplois aidés, que les chômeurs de longue durée sont souvent obligés d’accepter alors qu’ils y perdent. Même chose pour le secteur associatif, dont le rôle se substitue de plus en plus à celui d’un Etat qui non seulement se désengage, mais s’applique à réduire leurs subsides. Afin de maintenir leurs activités, outre le bénévolat, les associations font aussi appel à l’emploi subventionné : bon marché et jetables, contrats aidés et service civique filent bon train.

Du travail, il y en a, mais pas question de le payer à sa juste valeur ! Le dernier « plan emploi » de Nicolas Sarkozy envoie déjà des chômeurs trier des ordures ménagères en CUI. Nettement plus bucolique, Pierre Lang veut les faire débroussailler les forêts gratis. Sa proposition va dans le même sens que la politique d’austérité menée outre Manche par David Cameron, qui a décidé de supprimer 330.000 emplois publics en quatre ans : de quoi dégager des postes pour les chômeurs, désormais obligés de travailler à l’œil pour la collectivité sous couvert de « casser le cycle de la dépendance » et mettre fin à la « culture de l’assistanat » alors qu’il s’agit, tout bêtement, de remédier sans frais à une pénurie orchestrée, la coercition étant le nerf du dispositif.

A cette occasion, dans son article « Sarko en a rêvé, Cameron l’a fait… », le journaliste du Figaro Marc Landré rappelait avec pertinence que faire travailler gratuitement les allocataires de minima sociaux était inscrit dans le "projet pour la France" du chef de l’Etat, véritable torchon publié en 2006.

Le travail forcé est pourtant interdit

Pierre Lang et la plupart de ceux qui nous gouvernent méprisent déjà les articles 23 et 25 de la Déclaration universelle des Droits de l’homme, sans oublier l’article 11 du Préambule de notre Constitution. A force de coups de canif répétés dans notre contrat républicain, l’esprit d’une bonne partie de nos concitoyens a fini par s’accommoder de la trahison permanente de ces textes fondateurs.

Pierre Lang compte aller plus loin en s’asseyant, lui aussi, sur l’article 1er de la Convention sur l’abolition du travail forcé de 1957 adoptée par les membres de l’Organisation internationale du travail (OIT) — dont fait partie la France ainsi que la Grande-Bretagne et l’Allemagne, pays des jobs à 1 € — qui stipule que ses signataires ne doivent aucunement recourir au travail forcé ou obligatoire, que ce soit «  en tant que méthode de mobilisation et d’utilisation de la main-d’oeuvre à des fins de développement économique » [valable pour les contrats aidés ou les jobs à 1 €] ou « en tant que mesure de discipline du travail » [valable pour les chômeurs britanniques].

Grâce à la crise, on n’est plus à une violation près. Ainsi, l’initiative du député Lang confirme la théorie du capitalisme du désastre, brillamment démontrée par Naomi Klein dans son livre « La stratégie du choc » dont nous vous recommandons vivement la lecture.

S


A lire aussi :


Pôle-Emploi amplifie les difficultés d’embauche

par Jean-François Couvrat

A lire avec les illustrations et les liens sur :
http://dechiffrages.blog.lemonde.fr...

07 avril 2011

En France, le taux des emplois vacants est un des plus faibles d’Europe, selon Eurostat : pas plus de 0,6%, contre 0,9% en Italie, 1% en Suède et… 2,7% en Allemagne. Il est donc difficile de prétendre que les entreprises françaises connaissent de sérieuses difficultés de recrutement.

Pourtant, chaque année depuis 2002, Pôle-Emploi publie son enquête sur les besoins en main d’œuvre (BMO), avec ce morceau de choix : une bonne partie des entreprises ayant des projets de recrutement expriment leur crainte de réaliser ceux-ci avec difficultés.

Ainsi, lorsque Pôle-Emploi les a interrogés en décembre 2010, avant même d’avoir rédigé la moindre petite annonce, 38% des recruteurs potentiels en 2011 pressentaient déjà les obstacles qu’il leur faudrait surmonter. Cela représente 586.112 projets de recrutements sur 1.542.376 recensés.

Pas moins de 81,4% d’entre eux prévoyaient que les candidats répondant à leur offre n’auraient pas le profil adéquat - manque d’expérience, de diplôme, de motivation. Quelque 70,8% anticipaient une pénurie de candidats. A peine un tiers envisageait des difficultés liées aux conditions de travail, et moins d’un cinquième un déficit d’image.

Pôle-Emploi ne s’est d’ailleurs pas contenté d’interroger les recruteurs sur leurs difficultés à recruter. Il a aussi interrogé les non-recruteurs sur les difficultés qu’ils auraient pu redouter, s’ils avaient envisagé d’embaucher. On frissonne.

Et peu importe que la proportion des recrutements dit « difficiles » ait diminué de 58,5% en 2002 à 38% en 2011. Peu importe que les embauches réelles, en proportion des emplois existants, se soient accrues de 37% en 2003 à 43% en 2009, selon le ministère du Travail. Peu importe que la plupart des projets de recrutements s’adressent à des non-qualifiés, alors qu’on ne cesse de persuader les jeunes que le diplôme assure l’embauche. Pôle-Emploi a réussi, une fois encore, à installer les difficultés d’embauche à la «  Une » des journaux.

Nicolas Sarkozy pourra ainsi continuer à répéter, à chaque occasion, qu’il y a dans ce pays « 500.000 offres d’emplois non pourvues » - un chiffre sorti de nulle part mais propre à frapper les esprits, en suggérant que les chômeurs le sont par paresse, car ils refusent les offres d’emplois qu’on leur fait.

Pôle-Emploi montre d’ailleurs le petit bout du nez de son enquête, dans une de ses deux notes de synthèse. Alors que la plupart des chômeurs recherchent un emploi en contrat à durée indéterminée (CDI), près de 55% des projets de recrutement des employeurs sont des contrats à durée déterminée (CDD). Comment le dissimuler ? En saucissonnant les CDD, afin d’écrire ceci, page 2 :
« Les établissements recruteurs envisagent le plus souvent de proposer des postes en CDI. C’est le cas pour 45,3 % d’entre eux. Les propositions de CDD de 6 mois ou plus concernent 23,2 % des recruteurs et les CDD de moins de 6 mois sont envisagés par 38,9 % des employeurs. »

C’est ainsi qu’à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), une agence de publicité recherche, via Pôle-Emploi, « un distributeur de magazines gratuits, bon relationnel, vif et dynamique », pour un CDD d’un jour, en réalité deux heures payées 9 euros chacune.

Imaginez qu’un nonchalant grincheux se présente. Pour le recruteur, les difficultés commencent.

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