Une tribune pour les luttes

appel à signer par les associations

Collectif 20 ans barakat

communiqué du 1 novembre 2004

Article mis en ligne le dimanche 14 novembre 2004

la signature est à envoyer sur le mail du collectif

barakat20ans chez aol.com

Nous empruntons l’illustration de cet appel au dessinateur Ali Dilem, qui publie dans le quotidien Liberté.

A l’occasion de la semaine internationale contre les violences faites aux femmes, il nous envoie (via Algériensemble) ce "cadeau" destiné à tous ceux qui luttent pour l’égalité des droits femmes-hommes..

Rappelons que Dilem est l’objet de harcèlements et poursuites judiciaires incessantes de la part des autorités algériennes.

Salut Dilem
(ndlr)



Le gouvernement algérien a examiné et adopté un avant-projet d’amendements du Code de la famille. Après plus de vingt ans de luttes plurielles et multiformes menées par les femmes pour des lois égalitaires, les amendements proposés sont loin - très loin - de mettre fin à toutes les discriminations dont elles sont victimes.

Une seule mesure constitue une avancée - sociale - réelle : il est fait obligation à l’époux, en cas de divorce, d’assurer à la mère qui a la garde des enfants, un logement décent, ou à défaut son loyer ou son maintien au domicile familial.

Les autres propositions d’amendements demeurent nettement insuffisantes et ne réalisent pas l’égalité proclamée :
- la polygamie, quoique plus restrictive, est maintenue ;
- l’autorité parentale pour la mère est accordée à la femme divorcée mais pas à la femme mariée ;
- le droit au divorce pour les femmes, s’il est étendu à trois motifs supplémentaires, est toujours conditionnel, et les hommes gardent leur pouvoir de répudiation ;
- l’obligation du " ouali " (tuteur matrimonial) n’est pas supprimée, elle est en option volontaire, ce qui laisse perdurer l’institution ;
- la disposition permettant un contrat de mariage " sur mesure ", qui existait déjà de fait, n’est accessible qu’aux personnes les plus informées ou les plus fortunées, qui, de toute façon, n’échapperont à aucune des dispositions discriminatoires du Code.

Ainsi les timides avancées à peine esquissées sont immédiatement neutralisées par des réserves qui en annulent les effets.

Sur d’autres questions importantes comme l’ interdiction de l’adoption, l’inégalité devant l’héritage, il n’y a aucun changement : le maintien de ces mesures discriminatoires incarne le déni flagrant de l’évolution de notre société et de la place qu’y occupent les femmes.

Les islamistes mènent aujourd’hui une campagne contre ces " réformettes " qui ne remettent pas en cause le Code de la famille. On aurait voulu les entendre vociférer aussi bruyamment lors du bradage économique du pays.

Ces propositions, malgré les gesticulations des partis islamistes et de certains conservateurs, montrent que la logique inégalitaire du Code de la famille est maintenue. Elles sont en décalage avec les réalités sociales du pays et sont loin de répondre aux aspirations des Algériennes et des Algériens.

Dans un projet censément élaboré pour réparer les injustices faites aux femmes, pourquoi s’entêter à organiser leur subordination en maintenant la polygamie - alors qu’elle n’est, en outre, pratiquée que de manière marginale (moins de 1%) ? Comment peut-on dénier à une mère la tutelle de ses enfants alors qu’elle s’en occupe pleinement ? Pourquoi continuer de refuser de reconnaître l’adoption alors que des milliers d’enfants orphelins vivent dans la désolation ?

Ces propositions d’amendement du Code de la famille ne sont qu’une comédie destinée à faire illusion auprès de l’opinion nationale et internationale. Bref, beaucoup de bruit pour pas grand-chose.

Pour représenter une avancée réellement significative, il faudrait au minimum :
- interdire la polygamie
- supprimer le tuteur matrimonial
- instituer l’autorité parentale conjointe
- instituer l’égalité en matière de divorce.

Depuis l’Indépendance, le mouvement des femmes algériennes n’a eu de cesse de revendiquer que l’égalité pratiquée sur le terrain des luttes soit traduite dans la loi. Dès sa promulgation en 1984, le Code de la famille a été dénoncé comme une loi inique et a provoqué des ravages dans les familles algériennes. C’est pourquoi nous avons réaffirmé en 2004 : 20 ANS BARAKAT !

Gouverner c’est choisir. Refuser l’égalité entre citoyens, c’est refuser la construction d’un Etat de droit. La loi sur la famille doit répondre aux aspirations de la société algérienne à plus de justice, c’est pourquoi nous réitérons notre revendication : abrogation du Code de la famille et promulgation de lois égalitaires.

Collectif " 20 ans barakat - Ile-de-France " :

Premiers signataires : APEL, ASFAD, Association " 20 ans Barakat ", ATF, Collectif Ruptures, Commission Nationale Femmes de la FASTI, FIL - ACB, Maison des femmes de Paris, MFPF, Pluri-elles - Algérie, RAJFIRE, ALFA de Nantes, .

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