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Syrie : les forces de sécurité doivent être maîtrisées après une violente répression

Article mis en ligne le jeudi 14 avril 2011

http://www.amnesty.org/fr/news-and-...

14 avril 2011

Le président syrien Bachar el Assad doit maîtriser les forces de sécurité du pays et empêcher d’autres homicides illégaux d’avoir lieu, a déclaré Amnesty International jeudi 14 avril, alors que la ville de Banias était toujours en état de siège et que l’armée aurait arrêté tous les hommes et les garçons de plus de 15 ans à Baïda, un village voisin.

«  La crise des droits humains en Syrie s’amplifie de jour en jour, pratiquement d’heure en heure », a déclaré Malcolm Smart, directeur du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.

« Le gouvernement semble résolu à tenter d’écraser toute dissidence par les moyens les plus répressifs, c’est-à-dire en ouvrant le feu sur des manifestants pacifiques, en procédant à des arrestations massives, et en assiégeant les zones où la population a osé réclamer des réformes. Cela doit cesser. Le président syrien doit y mettre un terme. »

Amnesty International a reçu des listes contenant les noms d’au moins 200 personnes tuées depuis le début des manifestations dans le pays, le 18 mars, mais le nombre réel de morts pourrait être bien plus élevé. Bien que le gouvernement affirme que les principaux coupables seraient des «  bandes armées » de l’opposition, la plupart de ces personnes ont été tuées par les tirs à balles réelles des forces de sécurité ou d’hommes en civil agissant à leurs côtés.

« Les affirmations et les démentis du gouvernement sonnent creux. Ils sont fermement contredits par les récits de témoins qui nous sont parvenus des principales villes où se concentrent les troubles – Deraa, Damas, Lattaquié et maintenant Banias – qui font état de recours à la force meurtrière et parlent notamment de tireurs embusqués du gouvernement ouvrant le feu sur les manifestants, ayant pour résultat des homicides illégaux », a déclaré Malcom Smart.

« Pour connaître la vérité, il faut qu’une enquête indépendante, exhaustive et minutieuse soit menée de toute urgence. C’est ce qu’exige le droit international lorsque d’aussi graves violations des droits humains sont signalées, mais les autorités syriennes n’ont pas encore ordonné la tenue de cette enquête et n’ont donc pas encore rempli leurs obligations internationales. »

Le droit international exige également que les responsables d’homicides illégaux et d’autres graves violations soient traduits en justice dans le cadre de procédures équitables.

« En pratique, les forces de sécurité syriennes ont été autorisées pendant des années à torturer et à commettre des homicides illégaux en toute impunité », a expliqué Malcolm Smart.

«  Il est grand temps qu’elles soient mises au pas et qu’elles soient tenues de répondre pleinement de leurs actes, conformément au droit.

La ville côtière de Banias est touchée par les manifestations depuis le 8 avril et pratiquement assiégée par les forces de sécurité depuis le 9 avril au soir. Des postes de contrôle ont été établis pour entrer dans la ville ou en sortir et, selon certaines informations, l’approvisionnement en eau et en électricité aurait été coupé. Il semble que les forces de sécurité prennent plus particulièrement pur cible les quartiers et villages musulmans sunnites, tels que Baïda, al Basatin et Beit Jnad.

À Baïda, au moins 200 hommes et garçons de 15 ans et plus auraient été rassemblés lors d’une fouille systématique des maisons le 12 avril et auraient tous été arrêtés par des hommes armés en civil encadrés par l’armée syrienne. Un témoin a expliqué à Amnesty International que les hommes armés avaient le visage couvert et qu’ils avaient ouvert le feu à diverses reprises durant l’opération. Les personnes arrêtées semblent avoir été battues, menottées et obligées à scander des slogans en faveur du gouvernement. On ignore précisément combien de ces hommes et de ces garçons sont encore détenus.

Les manifestations à Banias semblent avoir débuté pacifiquement mais avoir pris par la suite un tour violent. Les informations concernant ce retournement de situation sont contradictoires. Selon l’agence de presse officielle syrienne SANA, le ministre de l’Intérieur aurait affirmé que les actes de violence ont commencé lorsque les membres d’un groupe armé s’opposant au gouvernement auraient ouvert le feu sur un bus transportant des soldats, tuant neuf militaires. D’autres sources indiquent que des soldats auraient été abattus par d’autres membres de l’armée lorsqu’ils ont refusé de retourner leurs armes contre les manifestants.

Bien qu’Amnesty International ait régulièrement demandé que des enquêtes soient menées sur les assassinats politiques de masse perpétrés par le passé, les autorités syriennes n’ont jamais rendu publique la moindre information relative à l’ouverture d’enquêtes ou à la prise de mesures disciplinaires.

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