A Clair Soleil, parents et profs broient du noir

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20-05-2011

Tous les matins depuis deux semaines, les parents d’élèves de l’école Clair Soleil à Marseille bloquent l’école. Les suppressions de postes prévues à la rentrée sont vécues comme une injustice de trop.

« La précarité, on l’accepte dans notre vie de tous les jours, mais là ce n’est plus possible, parce qu’il s’agit de l’avenir de nos enfants ». Pour Nora Zouara dont la fille est scolarisée en classe de CP à l’école Clair Soleil dans le 14e arrondissement de Marseille, l’éducation est la seule chose qui reste de solide dans des quartiers à l’abandon. Depuis que de mauvaises nouvelles sont tombées pour la rentrée, tous les matins elle bloque l’accès de l’école. Quinze jours que cela dure, et des parents prêts à tenir jusqu’aux grandes vacances s’il le faut.

L’annonce de la suppression du maître de RASED spécialisé dans la prise en charge de la difficulté et celle des deux assistants d’éducation chargés des activités extra-scolaire, comme la bibliothèque et l’informatique, a provoqué un vrai sentiment d’injustice et de colère mêlé. Tout de suite, les parents se sont montrés «  très motivés. » Certains pour la première fois de leur vie vont décider de participer à un mouvement organisé pour la défense de l’école. «  Il y a beaucoup d’élèves en difficulté, de parents divorcés, de familles qui ne savent ni lire, ni écrire. » Dans des quartiers où la mixité sociale est un leurre, les enfants ont besoin d’un peu plus d’aide qu’ailleurs. Les parents ont bien compris que s’ils n’agissaient pas maintenant, à la rentrée, ce serait trop tard.
Beaucoup se déclarent trop souvent impuissants face à la difficulté de leurs enfants. « On se donne du mal, on fait le maximum, mais il y a des choses qui relèvent de spécialistes ». Sans l’intervention du maître spécialisé (RASED) qui a détecté la dyscalculie de sa fille, Sylvie Brachina aurait été incapable de lui venir en aide. Le fils d’Anna ne voulait pas lire. Elle a essayé toutes les méthodes, qui se sont toutes soldées par un échec. «  Le maître spécialisé lui a fourni le déclic ». « C’est comme s’il n’y avait plus de spécialistes dans les hôpitaux. » Tous les parents à des degrés divers évoquent l’aide apportée à leur enfants, qui leur a permis de passer un cap difficile et d’acquérir le statut d’écolier.

« La difficulté », un mot qui revient souvent dans la bouche de ces parents. «  La prise en charge de la difficulté, c’est pas du luxe. » Surtout dans un établissement de 9 classes, pleines comme un œuf et qui à chaque rentrée refuse de nouveaux élèves. Depuis plus de 10 ans l’école qui attend des travaux de rénovation s’est agrandie dans des préfabriqués. Du provisoire qui dure encore. Faute de places, l’activité bibliothèque se déroule dans un couloir. Il y un manque de considération pour les familles, les enseignants qui vivent et travaillent dans ce quartier. « On nous enlève les moyens de nous intégrer » résume cette mère d’élève. L’école avait pourtant nourri tous leurs espoirs. « Pour nos enfants c’est l’avenir. C’est là que l’on apprend à maîtriser les langages, à devenir citoyen. » Aujourd’hui l’école est source d’angoisse.

(...)

Reportage Catherine Walgenwitz
Photo Migué Mariotti

Les parents d’élèves poursuivent le blocage de l’école Clair Soleil dans le 14ème arrondissement de Marseille.

Nous, parents d’élèves de l’école Clair Soleil poursuivons le blocage de l’école depuis maintenant 5 jours !!

Nous protestons contre la suppression du poste du RASED et des postes des aides éducateurs de notre école.
Ces suppressions nous semblent intolérables au vue des
besoins de nos enfants.

Demain MARDI 17 MAI : NOUVEAU BLOCAGE DE L’ECOLE à 8H20.

Les
parents d’élèves de l’école Clair Soleil.
bd Charles Moretti
13014
MARSEILLE.