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La cité sous tension.


Article mis en ligne le mercredi 8 juin 2011

La cité sous tension.

La ville est ce paysage où s’affrontent la liberté et l’oppression. Que ce soit dans cette somme qu’est « La cité à Travers l’histoire » ou « Paris sous tension », on s’interroge sur l’urbanisme et le pouvoir. Si l’ouvrage de Lewis Mumford est cité par Debord , c’est Eric Hazan qui évoque le Paris de l’internationale lettriste se réunissant dans un café kabyle dans les années 50. L’historien américain a écrit en 1961 ce qui continue à être difficile à surpasser dans le domaine de l’histoire de la ville, depuis son apparition, des cités grecques aux villes américaines, de Londres à Rome ou Jérusalem. Si Mumford étudie à peine Paris, c’est qu’elle fut peu détruite, et qu’elle n’a jamais subi un incendie comparable à Londres en 1666 ou Lisbonne.

Par contre, chez Eric Hazan, à travers sept articles, on est invité à une balade dans une ville insurgée, rejouant avec passion la bataille de Paris en 1814, l’insurrection oubliée de 1848 menée par le prolétariat parisien absolument seul. S’y ajoutent le sombre Paris des Fleurs du mal, qui au XIXe siècle conservait encore certains aspects du moyen âge. Un Paris où Baudelaire s’identifiait aux pauvres, tout en restant un dandy. Si Mumford évoque assez peu Paris, il a de commun avec Hazan d’évoquer la littérature et les écrivains qui accompagnent la ville. Les mystères de Paris, Baudelaire monté sur les barricades de 1948, Balzac. Mumford s’attache à Proust, Stendhal ou Thackeray pour y chercher les mœurs de la bourgeoisie dans la ville reconquise.

On lui rendra hommage de souligner l’importance de la voiture dans la destruction de la ville, ce que délaisse l’auteur de la ville qui vient, sauf dans sa préface citant Debord encore : « Qui voit les rives de la Seine voit nos peines : on n’y trouve plus que des colonnes précipitées d’une fourmilière d’esclaves motorisés » Mumford insiste sur le rôle de l’automobile : « La circulation des véhicules exerça une influence décisive sur les plans des urbanistes. » La vitesse va commander aux hommes sacrifiant mêmes leurs activités les plus essentielles. Les constructions d’aéroport tels que la troisième piste d’Heathrow, finalement abandonné suite au Camp Action Climat ou Notre dame des Landes, se font au détriment de la vie et de l’avis de populations entières.

Qu’importe Hazan voit dans Paris le grand champ de bataille de la guerre civile en France. Cependant il admet que l’insurrection qui vient n’éclatera pas forcément à Paris, mais dans les cités de Province, à Rennes, qui souffle sur les braises du CPE, ou Grenoble qui fut un temps la seconde ville gauchiste de France.

Hazan se promène dans un Paris reconquis et dans sa préface aux Paradis infernaux, il ironise sur les soft gated community, montrant leurs côtés « heureux » et sécurisés. Il rappelle là le duel permanent entre liberté et sécurité qui s’agite au cœur des êtres mêmes. La ville mêlée a disparue et des quartiers tels que le Luxembourg sont devenus d’atroces quartiers riches.

la suite sur Fourmes de discours.

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