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Les Kurdes, les Tchétchènes ...

A Nice, une victime collatérale de la campagne de Sarkozy ?

Aslan DASHLAKAEV s’est jeté par la fenêtre lorsque des policiers sur-armés et d’une "brutalité qui rappelait la police de la Russie" ont explosé la porte de l’appartement.
Voir en commentaire le message du cousin d’Aslan DASHLAKAEV

Article mis en ligne le dimanche 19 juin 2011

Aujourd’hui la communauté Tchétchéne de Nice est en deuil. Aslan DASHLAKAEV, un jeune homme "très bien", comme disent tous ceux qui le connaissaient, qui allait se marier dans quelques semaines, s’est jeté par la fenêtre lorsque des "militaires" (en fait des policiers) sur-armés et d’une "brutalité qui rappelait la police de la Russie" ont explosé le 7 juin la porte de l’appartement où il vivait avec quelques copains dans le quartier de Saint Charles à Nice. Un autre est sérieusement blessé et à l’hôpital, plusieurs autres (4 ?) sont arrêtés.


Le pôle anti-terroriste veille sur vous

Dès hier soir vers 22h00, le "ron-ron" des media et en particulier France Info a commencé à nous rassurer, il s’agissait d’une opération "anti-terroriste" et plus que la mort d’un jeune homme, ce que cette information devait nous apprendre, c’est qu’à nouveau, grâce à la justice d’exception qu’est le pôle anti-terroriste, la vigilance des pouvoirs publics et la fermeté du gouvernement, de nouveaux attentats en préparation ont été évités et donc des vies sauvées. L’article que les niçois ont pu lire dans Nice-Matin aujourd’hui, uniquement basé sur les déclarations des autorités, disait à peu près la même chose.


Mais est-ce bien sûr ?

Certes, c’est bien une opération quasi militaire pilotée depuis Paris par cette justice dite "anti-terroriste" qui a donné lieu à ce formidable résultat : 6, soi-disant, dangereux terroristes mis hors d’état de nuire.

Un terrorisme avéré celui du gouvernement Tchétchéne

Mais au fait qui dit que ce sont des terroristes ? La police de Russie et de Tchétchénie et le dictateur local Kadyrov dont les méthodes sont, elles à coup sûr, des méthodes terroristes. La hantise de ces Tchétchénes qui se sont certe opposés à la mise en place d’un tel système, largement islamisé, lorsqu’il vivaient en Tchétchénie, c’est de tomber dans les mains de la police Russe ou Tchétchéne. Il faut savoir quel sort les attend dans ce cas là. C’est non seulement la mort, mais celle-ci est en plus donnée dans des conditions les plus atroces possibles. Les méthodes préférées de Kadyrov et de ses sbires sont, par exemple, de découper en rondelles leurs opposants encore vivants. Ces exécutions et ces tortures sont parfois filmées puis mises sur internet, pour que tous ceux qui voudrait s’opposer, ne serait-ce qu’un peu, au pouvoir soient bien au courant des risques qu’ils prennent. Là nous avons un terrorisme avéré, c’est celui du pouvoir tchétchène avec la complicité du gouvernement russe. Pourtant, c’est bien à ces gens là que le gouvernement français a décidé depuis des années d’accorder sa confiance et de croire sans aucune réserve toute les dénonciations d’un prétendu "terrorisme", accusation bien pratique, puisque depuis le 11 septembre c’est devenu l’accusation suprême qui autorise tous les abus.

Selon les dires de son entourage, le jeune homme qui est mort, avait été plusieurs fois enlevé et très salement été torturé par les militaires Russes. Lorsqu’il a vu hier l’irruption chez lui de ces "militaires " dont les méthodes lui rappelait ce qu’il avait déjà vécu là-bas, impressionné par les armes, les cris, les détonations, les masques et les cagoules, ce jeune homme a fait une chose "folle", il a sauté du troisième étage. Face à deux dangers, il a choisi celui qui, par rapport à son expérience, lui semblait le moins grand. Rappelons que lors de l’arrestation de sans-papier ou de demandeur d’asile en situation EURODAC, cette réaction a déjà eu lieu plusieurs fois, provoquant plusieurs drames irrémédiables.


Les premiers actes médiatiques de la campagne de Sarkozy

Mais il est probable que la mort de ce jeune homme et le sort peu enviable qui va être celui de ses anciens compagnons d’infortune, soient le produit de quelque chose d’encore plus scandaleux. Il n’est pas impossible qu’ils soient les "victimes collatérales" de la campagne de Nicolas SARKOZY pour la présidentielle. A l’heure où ces lignes sont écrites, personne ne sait ce qui était reproché à ces prétendus terroristes. La police laisse filtrer qu’ils sont soupçonnés de préparer des attentats qui auraient dû se dérouler en Russie et ceci depuis Nice !! Une affirmation hautement surprenante, mais qu’il faudrait, au moins étayer avec quelques éléments, surtout quand on connaît un peu ces gens et leur inorganisation, mais surtout l’ensemble des problèmes dans lesquels ils se débattent pour simplement survivre et tenter de se construire une vie ici, où la Préfecture, le Maire de Nice, Estrosi, le Président du Conseil général, Eric Ciotti, leur ont fait savoir maintes fois qu’ils n’étaient pas les bienvenus.

Même si le Préfet n’est plus Lamy aujourd’hui, il n’y a qu’à se rappeler les déclarations incendiaires des ces trois personnes, lorsque nous avons tenté de trouver un toit pour l’hiver à 115 demandeurs d’asile (dont 50 enfants) aux 2/3 Tchétchénes en novembre-décembre dernier, en les hébergeant dans un immeuble vide appartenant au CHU. Il n’y a qu’à se rappeler, la célérité avec laquelle tous ces gens là ont fait expulser ces familles en plein mois de décembre, dès qu’elle ont obtenu une décision d’expulsion de la justice niçoise. Pourtant traditionnellement on n’expulse pas en hiver et cela depuis des siècles.

Nous savons ce qu’est la police "administrative" sous Sarkozy Il n’y a qu’à se rappeler les trois descentes de police dite "administrative" dans cet immeuble, pour tenter de venir cueillir à l’aube une ou deux familles venues en France demander l’asile politique, au prétexte qu’elles étaient préalablement passées par la Pologne. Ces interventions "musclées" s’étant faite à coup de bélier et de découpage de la porte de l’immeuble, puis défonçage des portes des appartements dans les étages. Grâce à ces actes héroïques deux mamans dont les maris avaient été tués par les sbires de Kadyrov et leurs enfants en bas âge ont été envoyées en Pologne. Ces descentes de police ayant brusquement cessé lorsque nous avons mis les images de l’une d’entre elle sur internet. Maintenant que nous savons ce qu’est une opération de police prétendument "administrative" sous Sarkozy, nous pouvons plus facilement imaginer ce qu’est une opération de "police antiterroriste". Rappelons que dans cet immeuble, il n’y avait que des demandeurs d’asile et donc des gens en situation régulière et surtout que chacun d’entre-eux disposaient d’une décision du Tribunal Administratif ordonnant au Préfet de les héberger. Pour autant, non seulement ils n’ont pas été hébergé, mais ils ont été expulsé en plein hiver, sans relogement !

Un fiasco

Après l’affaire des "Tarterets", GUEANT avait probablement prévu de largement médiatiser cette opération "anti-terroriste" (sic) effectuée à Nice et donc en territoire conquis pour l’UMP et les idées du FN, dont le gouvernement continue de plus en plus à se rapprocher. Toutefois, par rapport à hier sur France Info et ailleurs, les media ont largement baissé le ton aujourd’hui. Par exemple la matinale de France Inter n’a pas dit un mot, de ces fameux terroristes Tchétchènes et de la mise hors d’état de nuire de six d’entre-eux. Désormais c’est le "black-out" sur cette affaire, par exemple à 18h30, 24h00 après les faits, aucun journaliste n’était en mesure de dire à l’initiative de quel(s) juge(s) de la cellule anti-terroriste cette opération a été menée. Inutile de dire, que donc personne ne dispose de la moindre information sur ce qui est reproché à ces jeunes Tchétchènes. Bien sûr, on va ressortir les chefs d’accusations fourre-tout "d’association de malfaiteur" et "d’organisation de soutien logistique". Des grands mots pour qu’à la fin de cette enquête on s’aperçoive qu’il leur est reproché d’avoir pendant deux nuits hébergés quelqu’un de passage qui pourrait bien être un terroriste...

De tels événements vont-ils se produire régulièrement jusqu’à la présidentielle ?

Le traitement médiatique de l’affaire DSK, l’affaire des Tarterêts, celle d’hier à Nice sont-ils des événements indépendants, ou sont-ils le signal que Nicolas Sarkozy est entré en campagne pour la présidentielle de 2012 ? Nous serons fixés dans quelques semaines. Si de tels événements se répètent régulièrement et sont accompagnés d’une hyper-médiatisation, cela confirmera que Sarkozy a décidé d’utiliser une stratégie de la tension pour parvenir à être élu. Cela n’avait pas si mal réussi à Chirac en 2002, qui après avoir fait une campagne à fond à gauche en 1995, en a fait une à fond sur le thème de l’insécurité en 2002, parvenant ainsi à éliminer son principal adversaire (Lionel JOSPIN) au premier tour. Là, il s’agit à la fois de renouveler cet "exploit", mais aussi de placer Nicolas SARKOZY en position de "sauveur", en le faisant remonter dans les sondages au fil de ces opérations policières salvatrice.

C’est pour cela qu’on l’a fait descendre si bas dans les sondages. Quand on est très bas, on ne peut que remonter et cette remontée permet d’accréditer le fait qu’il existe une dynamique irrésistible. Ce que l’on veut que nous nous disions, c’est des choses comme qui d’autres en effet peut mieux que lui incarner une politique de fermeté nécessaire quand des banlieues vont s’enflammer ? Outre que cela est totalement anti-démocratique, au passage cette manœuvre écrasera de nombreuses vies de gens qui n’ont rien demandé d’autre que de pouvoir vivre à peu près tranquille. Mais après tout on ne fait pas d’omelette sans casser d’oeufs et c’est pour l’intérêt public, je vous l’assure, que nous œuvrons ainsi pour que notre "conducator" se maintienne à notre tête. Lui seul peut nous sauver, imaginez ce que notre Ve République finissante serait sans lui (sic).

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Vos commentaires

  • Le 17 juin 2011 à 23:01 En réponse à : A Nice, une victime collatérale de la campagne de Sarkozy ?

    Mon cousin, Aslan DASHLAKAEV a péri le 7 juin 2011, au cours d’une intervention répressive de la police française à l’encontre de Tchétchènes habitant à Nice. Il existe en Tchétchénie des milices particulièrement violentes et nous avons tous eu le sentiment de revivre ces horreurs qui nous ont fait nous réfugier en France.

    Des actions illégales et provocatrices des policiers sont à l’origine de la mort d’Arslan.

    Même maintenant, après la mort d’Aslan, les autorités et les médias continuent de diffuser des mensonges cyniques concernant « un réseau tchétchène de soutien technique et matériel » de la guerre libératrice dans le Caucase. Jusqu’à présent, il n’y en a aucune preuve, aucune accusation n’ a été portée à aucune des personnes interpellées, pourtant, les juridictions compétentes ainsi que les médias, en violant le principe de la présomption d’innocence, continuent à répandre des calomnies et des mensonges, en se substituant à la justice. Ce qui démontre l’existence d’une attitude sélective envers les citoyens ainsi que l’échec de cette opération diligentée par des juges.

    Nos informations sont claires :

    Aslan DASHLAKAEV n’appartenait pas à un groupement indépendantiste.
    Les autres jeunes gens interpellés n’appartenaient pas, eux non plus, à un groupement indépendantiste et ne se sont jamais soustraits aux convocations de police

    Suite à la mort d’un jeune homme innocent au cours d’une simple opération de police, afin de brouiller les pistes, les autorités ont décidé de recourir à un schéma standard sous l’étiquette de « la lutte antiterroriste ». L’action a été baptisée « opération spéciale de la DCRI » (Services secrets français) à l’encontre des « terroristes tchétchènes ».

    Je rappelle que ce n’est pas la première fois que les autorités françaises ont recours à une grossière diffamation au sujet des Tchétchènes. Il suffit de se rappeler l’affaire de 2005 concernant la tentative d’explosion de la Tour Eiffel par « des terroristes tchétchènes », alors qu’il s’agissait de personnes qui n’avaient jamais mis les pieds en Itchkérie.

    Depuis que j’ai perdu mon cousin, je veux connaître les responsables de sa mort.

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