Une tribune pour les luttes

15 juin 2011 - Grève générale et énormes manifestations en Grèce. 16 juin : les "Indignés " sont toujours en grand nombre devant le parlement pour que la dette soit renégociée.

Aux citoyens "indignés" de Grèce et d’Europe, par Mikis Theodorakis

+ Motion de l’assemblée populaire de la place Syntagma[1] + Grèce : Une révolte sans précédent sous le silence des médias par Yorgos Mitralias
+ Le mouvement des indignés grecs se renforce, par Ilias Ziogas
+ Révolte populaire de masse en Grèce par Yorgos Mitralias

Article mis en ligne le vendredi 24 juin 2011

Voir les excellentes photos de :
http://www.boston.com/bigpicture/20...


http://www.internationalistes13.org...

Grèce. Motion de l’assemblée populaire de la place Syntagma[1] *

Nous sommes des centaines de milliers de travailleurs, de chômeurs, d’étudiants, de retraités, d’immigrés à avoir encerclé le Parlement aujourd’hui et à avoir submergé la place Syntagma. Des milliers de grévistes ont réuni leurs voix, en affirmant qu’on ne décide plus pour nous sans nous, que le « plan de moyen terme »[2] ne passera pas.
En même temps, dans de nombreuses autres villes grecques, des occupations des mairies et des bâtiments des conseils régionaux ont eu lieu. Ceci est un exemple d’action, une initiative qu’il faut élargir partout.

Le Parlement entouré de barrières de fer, Athènes assiégé par la police et les députés qui n’ont pu entrer au Parlement qu’accompagnés par les forces spéciales de la police ont prouvé que les dernières traces de légitimité sociale du gouvernement ont été perdues.
Les attaques policières meurtrières et la cruelle violence d’État n’ont pas fait plier les milliers de manifestants qui sont restés à Syntagma, parmi les gaz lacrymogènes.

Aujourd’hui, les citoyens d’Athènes et de toute la Grèce ont écrit une page d’histoire grâce à leur détermination. C’est la première fois, depuis les Iouliana[3], que le peuple s’affronte au gouvernement. Cela va de soi que nous resterons sur les places publiques jusqu’au départ définitif et le non-retour, sous quelque masque que ce soit, de tout ceux qui ont mené à l’impasse actuelle : FMI, Mémorandum[4], Troïka[5], UE, gouvernements, banques et tous ceux qui nous exploitent.

Le « plan de moyen terme » ne sera pas voté, quels que soient ceux qu’on ait en face de nous. On ne se laissera pas mener en bateau par les manœuvres du système politique et du gouvernement. Nous ne négocions pas et nous ne renégocions pas. Le vote de confiance au gouvernement, c’est un vote de confiance au Mémorandum et au « plan de moyen terme ». La veille du vote de confiance au gouvernement, l’assemblée populaire de Syntagma devra demander à tous les syndicats, les bourses du travail, à la GSEE[6] et l’ADEDY[7] de déclarer le jour du vote de confiance, jour de Grève générale, et, avec tous les travailleurs, nous encerclerons le Parlement en revendiquant la chute du gouvernement. Tous dans la rue ce jour-là pour le renverser !

Nous appelons tous les syndicats à organiser des grèves reconductibles.

Tous les jours, sur la place Syntagma, tous les soirs à l’assemblée populaire et le dimanche 19 juin tous dans la rue ! Solidarité avec les personnes blessées et arrêtées ; nous demandons leur libération immédiate.

Place Syntagma, le 15 juin 2011

* Traduction et notes de I. K. (NPA).

1 Syntagma = Constitution. La place Syntagma avec la place Omonoia marquent le centre ville d’Athènes. Le Parlement est situé à Syntagma, ainsi que le ministère des finances publiques. Depuis le 25 mai 2011, un rassemblement populaire massif y est maintenu.

2 « Plan de moyen terme ». Il s’agit de la cinquième tranche du plan de financement de la dette grecque par la « Troïka » UE-BCE-FMI (Union européenne, Banque centrale européenne, Fonds monétaire international), qui impose des privatisations massives et contrôlés par les créanciers d’une énorme partie des actifs publics (sociétés, terres…). Ce plan était censé être voté au Parlement le 15 juin 2011, le jour où la grève générale a rejoint le rassemblement populaire à Syntagma.

3 Iouliana. Ainsi sont appelés les événements de juillet 1965, quand des manifestations populaires massives ont eu lieu à Athènes, pour dénoncer l’ingérence de la famille royale dans les « res publica » du pays. Cette période a marqué le début d’une longue instabilité politique qui aboutit au coup d’État militaire du 21 avril 1967.

4 Mémorandum. Le texte qui décrit le plan de financement de la dette grecque par le FMI, l’UE et la BCE, imposant des plans d’imposition de multiples mesures structurelles.

5 Troïka. Littéralement, un carrosse russe à trois chevaux d’attelage. Au sens figuré, un trio. En Grèce, on appelle « Troïka » le trio UE-BCE-FMI.

6 GSEE. Confédération Générale des Ouvriers de Grèce : structure syndicale du niveau national qui regroupe les syndicats du privé.

7 ADEDY. Administration Supérieure des Unions (syndicales) du Public : structure syndicale du niveau national qui regroupe les syndicats du public.


mercredi 15 juin 2011

Grèce : Une révolte sans précédent sous le silence des médias

C’est désormais par centaines de milliers que les Indignés grecs déclarent la guerre a leurs bourreaux néolibéraux !

Deux semaines après ses débuts, le mouvement des « Indignés » grecs fait déborder les places des villes du pays par des foules énormes criant leur colère, et fait trembler le gouvernement Papandreou et ses soutiens locaux et internationaux. Ce n’est plus ni une simple protestation ni même une mobilisation d’ampleur contre les mesures d’austérité. Désormais, c’est une véritable révolte populaire qui balaie la Grèce ! Une révolte qui crie haut et fort son refus de payer «  leur crise » et « leur dette » tout en vomissant le bipartisme néolibéral sinon l’ensemble d’un personnel politique aux abois.
Combien étaient-ils à la Place de Syntagma (place de la Constitution) au centre d’Athènes, juste en face du Parlement, le dimanche 5 juin 2011 ? Difficile a dire car une des particularités de ces rassemblements populaires est que, faute de discours central ou de concert, il y a un va et vient permanent de manifestants. Mais, en tenant compte des responsables du métro d’Athènes, qui savent comment calculer le nombre de leurs passagers, il y a eu un minimum de 250.000 personnes confluant à Syntagma à cette mémorable soirée ! En somme, plusieurs centaines des milliers si on y ajoute les foules «  historiques » rassemblées aux places centrales des dizaines d’autres villes grecques.

A ce moment s’impose pourtant une interrogation : comment est-ce possible qu’un tel mouvement de masse qui, en plus est en train d’ébranler un gouvernement grec au centre de l’intérêt européen, soit passé sous un silence assourdissant par tous les medias occidentaux ? Pendant, ses 12 premiers jours, pratiquement pas un mot, pas une image de ces foules sans précédent hurlant leur colère contre le FMI, la Commission Européenne, la Troïka (FMI, Commission européenne et Banque centrale européenne) et aussi Mme Merkel et le gotha néolibéral international. Absolument rien. Sauf de temps en temps, quelques lignes sur « des centaines de manifestants » aux rues d’Athènes, a l’appel de la CGT grecque. Etrange prédilection pour les manifs squelettiques des bureaucrates syndicaux totalement déconsidérés au moment ou à quelques centaines de mètres plus loin d’énormes foules manifestent jusqu’à très tard après minuit depuis deux semaines…
Il s’agit bel et bien d’une censure aux dimensions inconnues jusqu’à aujourd’hui. D’une censure politique très organisée et méthodique, motivée par le souci de bloquer la contagion de ce mouvement grec, de l’empêcher de faire tache d’huile en Europe ! Face à cette nouvelle arme de la Sainte Alliance de temps modernes, il faudra qu’on réagisse tous ensemble, tant pour dénoncer ce scandale que pour trouver les moyens de contourner cette interdiction d’informer les opinions publiques, par le développement de la communication entre les mouvements sociaux de toute l’Europe et la création et le renforcement de nos propres medias alternatifs…

Revenant aux Indignés grecs (Aganaktismeni, en grec), il faut remarquer qu’il s’agit d’un mouvement de plus en plus populaire ou même plébéien, à l’image d’une société grecque façonnée par 25 ans de domination absolue de l’idéologie (néolibérale) cynique, patriotarde, raciste et individualiste qui a tout transformé en marchandises. C’est pourquoi l’image qui en émerge est souvent contradictoire, mêlant le meilleur et le pire dans les idées comme dans les actes de chacun des manifestants ! Comme par exemple, quand la même personne manifeste de façon ostentatoire un patriotisme grec aux allures racistes tout en brandissant un drapeau tunisien (ou espagnol, égyptien, portugais, irlandais et argentin) pour manifester sa solidarité… internationaliste aux peuples en lutte de ces pays.
Doit-on conclure alors qu’on est en présence d’une foule de manifestants schizophrènes ? Absolument pas. Comme il n’y a ni de miracles, ni de révoltes sociales politiquement « pures », le mouvement des Indignés grecs se radicalise à vue d’œil tout en étant marqué par ces 25 ans de désastre social et moral. Mais, attention : toutes ses « tares » se subordonnent à sa caractéristique principale qui est son rejet radical du Mémorandum, de la Troïka, de la dette publique, du gouvernement, de l’austérité, de la corruption, de cette démocratie parlementaire fictive, de la Commission Européenne, en somme du système dans son ensemble !

Ce n’est pas donc un hasard que les centaines des milliers d’Indignés grecs s’époumonent depuis 14 jours en répétant des mots d’ordre éloquents tels que « On ne doit rien, on ne vend rien, on ne paye rien », « On ne vend et on ne se vend pas », « Qu’ils s’aillent maintenant tous, Mémorandum, Troïka, gouvernement et dette » ou « Nous restons jusqu’à ce qu’ils s’aillent ». C’est un fait que des mots d’ordre de ce genre unissent tous les manifestants, comme d’ailleurs tout ce qui a trait au refus d’assumer et de payer la dette publique |1|. C’est d’ailleurs pourquoi la campagne de l’Initiative pour une Commission d’audit de la dette publique fait un réel tabac pratiquement dans tout le pays. Son stand en pleine Place de Syntagma est en permanence assiégé par une foule de gens voulant signer son appel |2| ou offrir leurs services comme volontaires…

D’abord presque totalement inorganisés, les Indignés de Syntagma se sont offert progressivement une organisation dont le summum est l’Assemblée populaire qui attire chaque soir à 21 h. plusieurs centaines de participants devant quelques milliers d’auditeurs très attentifs. Les débats sont souvent d’une grande qualité (p.ex. celui sur la dette publique), dépassant de loin tout ce qu’il y a de mieux sur les grandes chaines de télévision. Et tout ca malgré le bruit (on est en plein centre d’une ville de 4 millions d’habitants), le va-et-vient des dizaines des milliers de gens et surtout, la composition hétéroclite de ces auditoires monstres au milieu d’un campement permanent qui ressemble par moments à une vraie Tour de Babel.

Toutes ces vertus de la « Démocratie directe » expérimentée jour après jour à Syntagma, ne doivent pas nous faire oublier ses faiblesses, ses ambiguïtés ou ses tares comme p.ex. son allergie initiale à tout ce qui a trait aux partis, aux syndicats ou a toute collectivité établie. Si c’est indiscutable que cette aversion pour les « partis » est dominante dans les foules des Indignés grecs qui ont tendance à rejeter l’ensemble du monde politique sans distinction, il faut quand même noter l’évolution spectaculaire de l’Assemblée Populaire, tant à Athènes qu’à Salonique, qui est passé du rejet des syndicats à l’invitation de faire aboutir leurs manifestations à Syntagma afin que leurs travailleurs rejoignent les Indignés…

Evidemment, ce n’est pas un secret que, le temps passant, il y a eu une clarification du paysage politique de la Place de Syntagma, la droite et l’extrême droite populaire étant représentée parmi la foule en haut de la Place, juste devant le Parlement, et la gauche radicale et anarchisante occupant la Place elle-même et contrôlant l’Assemblée populaire et le campement permanent. Sans aucun doute, bien que cette gauche radicale donne le ton et laisse son empreinte sur toutes les activités et manifestations à Syntagma, les colorant d’un rouge profond, on ne peut pas conclure que les diverses nuances de la droite populiste, patriotarde, raciste ou même carrément néo-nazi vont cesser leurs tentatives d’influencer cet immense mouvement populaire. Elles vont persister et tout dépend, en dernière analyse, de la capacité de l’avant-garde du mouvement de l’enraciner profondément dans les quartiers, les lieux de travail et les écoles tout en le dotant d’objectifs clairs faisant le pont entre ses énormes besoins immédiats et sa rage vengeresse et anti système.

Assez différent de son homologue espagnol par ses dimensions, sa composition sociale, sa radicalité et son hétérogénéité politique, le Syntagma grec partage avec la Place Tahrir du Caire ou la Puerta del Sol de Madrid la même haine pour l’élite politique et économique qui accapare et vide de tout contenu la Démocratie parlementaire bourgeoise aux temps du néolibéralisme le plus arrogant et inhumain. En même temps, il est traversé par le même désir participatif, démocratique et non violent qui marque profondément toute révolte populaire en ce début du XXIème siècle.
Notre conclusion ne peut être que très provisoire : indépendamment de la suite des événements, qui s’annoncent déjà cataclysmiques, le mouvement actuel des Indignés grecs aura marqué un tournant dans l’histoire du pays. Désormais tout est possible et rien ne sera plus comme avant…

Yorgos Mitralias

Yorgos Mitralias anime le comité grec contre la dette qui est membre du réseau international CADTM. Voir le site du comité grec :http://www.contra-xreos.gr/


Portfolio sonore
Grève générale en Grèce : des milliers d’Athéniens devant le Parlement
http://www.lemonde.fr/europe/portfo...

Jeudi 16 juin 2011

Pour ne pas priver le pays de l’argent frais dont il a besoin, les ministres devraient quand même donner à cette occasion leur feu vert au versement "début juillet" de la prochaine tranche de prêts prévue dans le cadre du plan d’aide de 110 milliards d’euros mis sur pied en 2010 et courant sur trois ans, a dit Olli Rehn.

"Cela signifie que le financement de la dette souveraine grecque peut maintenant être garanti jusqu’en septembre, tandis que nous prendrons les décisions pour le moyen terme, à savoir pour l’après septembre, en juillet", a-t-il poursuivi.


Mercredi 15 juin

Une troisième grève générale avait lieu ce mercredi 15 juin en Grèce à l’appel des syndicats. Des milliers de personnes sont descendues dans les rues du centre d’Athènes pour protester contre un plan de rigueur économique supplémentaire, débattu au parlement

http://www.dailymotion.com/video/xj...

Cette manifestation atypique regroupait des syndicats traditionnels et des milliers de membres du groupe de résistance populaire des "Indignés" qui campent depuis le 25 mai au coeur d’Athènes, juste devant le Parlement.


En direct en grec sur :
http://www.xodrobizeli.gr/2011/05/livestream_25.html

Aujourd’hui,grève générale contre un nouveau plan de rigueur préparé par le gouvernement, qui tente d’obtenir une deuxième aide financière de la zone euro et du FMI pour ce pays au bord de la faillite.

Après une première vague d’austérité en 2010 et sous la pression croisée des marchés, qui lui interdisent l’accès au refinancement, et de ses créanciers (UE et FMI) qui demandent des efforts d’austérité en échange de leur secours financier, le gouvernement socialiste de Georges Papandréou a décidé de poursuivre la rigueur.

Il a présenté au Parlement un projet de budget à moyen terme qui devrait entraîner des économies nouvelles de 28,4 milliards d’euros d’ici à 2015 et prévoit des privatisations massives.

Ce nouveau plan a mis le feu aux poudres dans le pays, plongé dans la récession pour la troisième année consécutive : les syndicats ont appelé à une grève générale, la troisième depuis le début de l’année. Le mouvement de protestation populaire des "indignés", lancé le 25 mai, ne cesse de se renforcer.

Tôt ce mercredi matin, des milliers d’indignés et de membre de groupes de gauche, mais aussi de droite nationaliste, affluaient sur la place centrale de Syntagma devant le parlement à Athènes, submergée par des drapeaux grecs et espagnols ainsi que des banderoles, dont plusieurs indiquaient "No pasaran" ("ils ne passeront pas", en espagnol) et "Résistez".

Campant sur la place Syntagma depuis trois semaines, les "indignés" grecs ont prévu de former une chaîne humaine et d’encercler le parlement, où doit commencer mercredi l’examen du projet de loi budgétaire comprenant un nouveau volet d’austérité d’ici à 2015.

La police a placé dans la nuit une barre de fer en travers de la rue, devant l’entrée du parlement. Des dizaines de fourgons de police sont stationnés afin de permettre l’accès aux députés et de freiner la foule.

Plusieurs artères autour du parlement ont été fermées à la circulation et aux piétons. Les rassemblements à l’appel du syndicat du privé (GSEE) et du public (Adedy) devaient commencer en fin de matinée.



Aux citoyens "indignés" de Grèce et d’Europe, par Mikis Theodorakis

« Nous saluons les dizaines de milliers, voire les centaines de milliers de nos concitoyens, jeunes pour la plupart, qui se sont rassemblés sur les places de toutes les grandes villes pour manifester leur indignation à l’occasion de la commémoration du mémorandum (accord cadre signe entre le gouvernement grec, l’UE, le FMI et la BCE, en Mai 2010 et renouvelé depuis régulièrement), demandant le départ du gouvernement de la Honte et de tout le personnel politique qui a géré le bien public, détruisant, pillant et asservissant la Grèce. La place de tous ces individus n’est pas au Parlement, mais en prison.

Nous saluons les premières Assemblées générales qui se déroulent dans les centres de nos villes et la démocratie immédiate que s’efforce de découvrir le mouvement inédit de notre jeunesse. Nous saluons les travailleurs de la fonction publique qui ont entrepris manifestations, grèves et occupations pour défendre un Etat qui, plutôt que le démantèlement prévu par le FMI, a désespérément besoin d’une amélioration et d’une réforme radicales. Par leurs mobilisations, les travailleurs de l’Hellenic Postbank, de la Régie nationale d’électricité et de la Société publique de loterie et de paris sportifs défendent le patrimoine du peuple grec qu’entendent piller les banques étrangères, par le truchement de leur gouvernement fantoche à Athènes.

Le pacifisme exemplaire de ces manifestations a démontré que lorsque la police et les agents provocateurs ne reçoivent pas l’ordre d’intervenir, le sang ne coule pas. Nous appelons les policiers grecs à ne pas être les instruments des forces obscures qui tenteront certainement, à un moment donné, de réprimer dans le sang les jeunes et les travailleurs. Leur place, leur devoir et leur intérêt est d’être aux côtés du peuple grec, des protestations et des revendications pacifiques de celui-ci, aux côtés de la Grèce et non des forces obscures qui dictent leur politique au gouvernement actuel.

Un an après le vote du mémorandum, tout semble attester son échec. Après cette expérience, on ne peut plus s’autoriser la moindre illusion. La voie qu’a emprunté et continue de suivre le gouvernement, sous la tutelle des banques et des instances étrangères, de Goldman Sachs et de ses employés européens, mènent la Grèce à la catastrophe. Il est impératif que cela cesse immédiatement, il est impératif qu’ils partent immédiatement. Jour après jour, leurs pratiques révèlent leur dangerosité pour le pays. Il est étonnant que le procureur général ne soit pas encore intervenu contre le Ministre de l’Economie et des Finances, après les récentes déclarations tenues par ce dernier sur l’imminence de la faillite et l’absence de ressources budgétaires.

Pourquoi n’est-il pas intervenu suite aux déclarations du président de la Fédération des patrons de l’industrie et de la commissaire européenne grecque Mari Damanaki sur une sortie de l’euro ? Pourquoi n’est-il pas intervenu contre le terrorisme de masse avec lequel un gouvernement en faillite, sous le diktat de la Troïka [UE - FMI - BCE], tente une nouvelle de fois d’extorquer le peuple grec ? Par leur catastrophisme, leurs allusions tragiques et tout ce qu’ils inventent et déblatèrent pour effrayer les Grecs, ils ont réussi à humilier le pays dans le monde entier et à le mener réellement au bord de la faillite. Si un chef d’entreprise s’exprimait de la même façon que le fait le Premier ministre et ses ministres lorsqu’ils parlent de la Grèce, il se retrouverait immédiatement derrière les barreaux pour malversation grave.

Nous nous adressons aussi aux peuples européens. Notre combat n’est pas seulement celui de la Grèce, il aspire à une Europe libre, indépendante et démocratique. Ne croyez pas vos gouvernements lorsqu’ils prétendent que votre argent sert à aider la Grèce. Ne croyez-pas les mensonges grossiers et absurdes de journaux compromis qui veulent vous convaincre que le problème est dû soi-disant à la paresse des Grecs alors que, d’après les données de l’Institut statistique européen, ceux-ci travaillent plus que tous les autres Européens ! Les travailleurs ne sont pas responsables de la crise ; le capitalisme financier et les politiciens à sa botte sont ceux qui l’ont provoquée et qui l’exploitent. Leurs programmes de « sauvetage de la Grèce » aident seulement les banques étrangères, celles précisément qui, par l’intermédiaire des politiciens et des gouvernements à leur solde, ont imposé le modèle politique qui a mené à la crise actuelle.

Il n’y a pas d’autre solution qu’une restructuration radicale de la dette, en Grèce, mais aussi dans toute l’Europe. Il est impensable que les banques et les détenteurs de capitaux responsables de la crise actuelle ne déboursent pas un centime pour réparer les dommages qu’ils ont causés. Il ne faut pas que les banquiers constituent la seule profession sécurisée de la planète !

Il n’y pas d’autre solution que de remplacer l’actuel modèle économique européen, conçu pour générer des dettes, et revenir à une politique de stimulation de la demande et du développement, à un protectionnisme doté d’un contrôle drastique de la Finance. Si les Etats ne s’imposent pas sur les marchés, ces derniers les engloutiront, en même temps que la démocratie et tous les acquis de la civilisation européenne. La démocratie est née à Athènes quand Solon a annulé les dettes des pauvres envers les riches.Il ne faut pas autoriser aujourd’hui les banques à détruire la démocratie européenne, à extorquer les sommes gigantesques qu’elles ont elle-même générées sous forme de dettes.

Comment peut-on proposer un ancien collaborateur de la Goldman Sachs pour diriger la Banque centrale européenne ? De quelle sorte de gouvernements, de quelle sorte de politiciens disposons-nous en Europe ? Nous ne vous demandons pas de soutenir notre combat par solidarité, ni parce que notre territoire a été le berceau de Platon et Aristote, Périclès et Protagoras, des concepts de démocratie, de liberté et d’Europe. Nous ne vous demandons pas un traitement de faveur parce que nous avons subi, en tant que pays, l’une des pires catastrophes européennes aux années 1940 et nous avons lutté de façon exemplaire pour que le fascisme ne s’installe pas sur le continent.

Nous vous demandons de le faire dans votre propre intérêt. Si vous autorisez aujourd’hui le sacrifice des sociétés grecque, irlandaise, portugaise et espagnole sur l’autel de la dette et des banques, ce sera bientôt votre tour. Vous ne prospérerez pas au milieu des ruines des sociétés européennes. Nous avons tardé de notre côté, mais nous nous sommes réveillés. Bâtissons ensemble une Europe nouvelle ; une Europe démocratique, prospère, pacifique, digne de son histoire, de ses luttes et de son esprit. Résistez au totalitarisme des marchés qui menace de démanteler l’Europe en la transformant en tiers-monde, qui monte les peuples européens les uns contre les autres, qui détruit notre continent en suscitant le retour du fascisme. »

Le Comite Consultative du Mouvement de Citoyens Indépendants. « L’ Etincel » (*)

(*) Créé à l’initiative de Mikis Theodorakis


http://bellaciao.org/fr/spip.php?article118032

La Grèce à la veille de la grève générale du 15 juin et du vote ? sur le second plan de sauvetage du capital :

Le mouvement des indignés grecs se renforce

Par Ilias Ziogas

Le dimanche 5 juin 2011 restera comme une date significative dans l’histoire grecque. Ce jour-là, Athènes a connu sa plus grande manifestation depuis 30 ans, au douzième jour consécutif des manifestations des «  indignés » qui ont commencé le 25 mai de manière spontanée au travers des réseaux sociaux. L’assemblée populaire célébrée sur la Place Syntagma (Constitution) a décidé de tenter de bloquer le vote par le parlement du second « plan de sauvetage » que le gouvernement a décidé avec la troïka de l’UE, du FMI et de la BCE.

La Place de la Constitution, en face du parlement, était entièrement remplie de gens. En outre, les participants occupaient toutes les rues adjacentes jusqu’à près d’un kilomètre dans chaque direction. La police parle de 80.000 manifestants, les grands médias évoquent plus de 200.000 personnes et médias alternatifs de près de 300.000. Quoi qu’il en soit, toutes les estimations convergent sur le fait que la participation a été double à celle du dimanche 29 mai.

Malgré la forte présence intimidatrice de la police anti-émeutes, l’événement a de nouveau été non violent et festif. De 18h jusqu’à l’aube, le peuple n’a pas cessé d’exprimer sa rage contre le parlement, avec des slogans, des chansons, et le geste typique d’insulte grec ; la paume ouverte.

Les cris de «  Dehors ! Dehors ! » et «  Nous ne payerons jamais » vibraient dans le centre de la ville. Certains portaient des drapeaux grecs et d’autres des drapeaux espagnols ou d’autres pays de la Méditerranée. Un groupe d’immigrés égyptiens, portant une pancarte sur laquelle on lisait « La Place Tahrir salue la Place de la Constitution » a été reçu par un tonnerre d’applaudissements.

A 21 heures s’est déroulée une assemblée populaire géante. Plus de 5000 personnes se sont assises dans le cœur de la place pour participer à ce processus de « démocratie directe » revendiqué par la mobilisation, avec des milliers d’autres assistant autour. L’émotion et la joie ont explosé quand sont apparues sur un écran géant les images en direct depuis la Puerta del Sol à Madrid.

Aux salutations fraternelles et chaleureuses des camarades espagnols, l’assemblée a répondu avec des applaudissements et le slogan « le peuple uni ne sera jamais vaincu » chanté en espagnol. C’est avec le même enthousiasme que furent reçus les salutations d’autres mouvements en Amérique latine, particulièrement ceux des Mères de la Place de Mai en Argentine.

A côté des aspects « quantitatifs », au fil des jours, le mouvement des indignés grec semble renforcer son organisation et radicaliser son discours. L’assemblée athénienne a décidé d’empêcher le vote parlementaire sur le second plan de sauvetage que le gouvernement a accordé avec la « troïka ».

L’idée est de bloquer le parlement dès la veille du vote, afin que les députés ne puissent même pas entrer dans l’hémicycle. La date de ce vote est prévue pour la fin du mois de juin, et l’assemblée a formé des groupes pour concrétiser un plan d’action.

Cependant, l’horizon du mouvement va plus loin que l’actualité politique et des questions de la crise et de la dette publique. Si le slogan central reste « Nous ne devons rien, nous ne vendrons rien et nous ne payerons rien », les places grecques donnent lieu à processus de formation et d’imagination collectives qui tournent les regards vers une société radicalement différente de celle d’aujourd’hui.

Dans des assemblées thématiques, avec la participation d’intellectuels et d’académiciens, on discute des possibilités d’un système politique réellement démocratique et d’une organisation de la vie économique qui corresponde aux besoins de tous et non aux profits de quelques uns. L’idée de lutter pour une Assemblée Constituante afin de concrétiser ces changements dans une nouvelle constitution gagne du terrain.....


Révolte populaire de masse en Grèce

par Yorgos Mitralias

8 juin

Deux semaines après ses débuts, le mouvement des « Indignés » grecs fait déborder les places des villes du pays par des foules énormes criant leur colère, et fait trembler le gouvernement Papandreou et ses soutiens locaux et internationaux. Ce n’est plus ni une simple protestation ni même une mobilisation d’ampleur contre les mesures d’austérité.

Désormais, c’est une véritable révolte populaire qui balaie la Grèce ! Une révolte qui crie haut et fort son refus de payer « leur crise » et « leur dette » tout (...)

http://www.cadtm.org/Revolte-populaire-de-masse-en

LE BANKRUN, retraits des depots des banques par les particuliers aussi, s’accelere indiquant le refus et le scepticisme des solutions de la Troika et une desobeissance civile contre l’Etat des banques.

LEUR SEUIL D’INCOMPÉTENCE, par François Leclerc

http://www.pauljorion.com/blog/?p=25183

[Grèce] Indignations et Bankrun

http://forum.reelledemocratie.fr/viewtopic.php?f=17&t=689&start=30

La Grèce au bord de la révolution

samedi 11 juin 2011, par Robert Paris

La Grèce au bord de la révolution

(extraits des blogs sur la situation en Grèce)

......Depuis deux semaines maintenant des dizaines de milliers de grecs se réunissent devant le parlement à Athènes, place Syntagma (la Constitution) ainsi que dans des dizaines d’autres villes.

Suivant l’exemple des espagnols qui ont défilé dans l’indépendance envers tout syndicat ou parti politique, les grecs réclament aussi la mise en place d’une réelle démocratie.

Les grecs sont de plus en plus nombreux à débattre, à chanter, à se rencontrer et à dormir dans la rue afin de se réapproprier l’espace public et de créer directement la démocratie.

Ainsi, le 5 juin les estimations varient entre 100 000 et 500 000 grecs manifestant devant le parlement.

La situation grecque est tendue pour les élus, les politiciens et les banquiers.

Ainsi une réunion du PASOK (parti socialiste) a été encerclée par des manifestant qui clament leur colère face aux injustices. Des autres réunions ont été interrompues par des "indignés" qui ne veulent résolument pas laisser le monopole de la parole et de la décision aux hommes politiques. Les politiciens ont même dû fuir le parlement par les issues de secours face à l’ampleur des manifestations anti-système toute proches. Des barbelés y ont été disposés afin de dissuader les citoyens "indignés" d’occuper ce lieu de pouvoir. Pour enrayer la situation révolutionnaire, Papandréou, le premier ministre socialiste au pouvoir réfléchit sur un référendum politique et économique. Pas sûr que ça contente les grecs.

Toutes ces informations sont disponibles dans la presse grecque qu’il faut traduire, pas dans la notre bien sûr, qui ne donne que le point de vue des marchés et de l’Union Européenne. Mais depuis un jour il semblerait que plus aucune information ne ressorte sur les "indignés", la presse grecque a du recevoir l’ordre de taire l’information pour affaiblir le mouvement.

Il est sûrement trop tard, les grecs sont déjà au courant et nous risquons ces jours-ci d’assister à la première révolution post-démocratie..

http://www.matierevolution.org/spip.php?article1859

l’enjeu du rassemblement de « Syntagma » :

Pendant que la democratie “reelle/directe” s’exerce dans les assemblées sur les places publiques,nuit et jour,la course de vitesse est engagée, desobeissance generale et/ou referendum,le debat s’etend a la société, les journaux etc :

Résolution de l’Assemblée Populaire de la Place Sintagma

Athènes 27-28 mai 2011

http://forum.reelledemocratie.fr/viewtopic.php?f=13&t=329

Manifeste de l’Assemblée populaire de la place Syntagma », rendu public

Face à « la concentration monopolistique de la totalité du pouvoir entre les mains des détenteurs de l’État » et « l’hégémonie politique univoque des marchés », l’Assemblée populaire de la place Syntagma, en Grèce, vient d’adopter un manifeste destiné à rendre le pouvoir politique à une « société des citoyens » reconstituée...

http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/080611/grece-manifeste-pour-une-societe-des-citoyens


jeudi 9 juin 2011

GEORGES CONTOGEORGIS : LE 14 JUILLET 2011 LA BASTILLE A ATHENES !
NOUS PRENDRONS LE PARLEMENT HELLÉNIQUE AVEC LUI !

http://simone-le-baron.blogspot.com/2011/06/georges-contogeorgis-le-14-juillet-2011.html

Le contre feu du referendum/reforme de l’Etat grec propulsé,l’austerité ; les privatisations aux oubliettes :

.....Comme l’a reconnu le Premier ministre grec : « l’un des problèmes majeurs que nous avons eus dans la mise en œuvre de notre programme est la capacité de nos fonctionnaires à faire de profonds changements et réformes. »

Georges Papandréou envisage désormais d’organiser un référendum, non pas sur le programme d’austérité, mais sur « les grands changements » politiques et économiques qu’il veut effectuer afin de passer par dessus les politiciens et fonctionnaires......

http://bruxelles.blogs.liberation.fr/coulisses/2011/06/la-gr%C3%A8ce-ou-les-%C3%A9curies-daugias.html

Le contre feu de l’UE, divisée et au bord de la panique :

Le défaut de paiement de la Grèce a été annoncé par Amadeu Altafaj, le porte-parole du commissaire aux Affaires économiques Olli Rehn ?

http://www.challenges.fr/actualites/monde/20110610.CHA6614/grece__la_zone_euro_vers_un_reechelonnement_de_la_dette.html

De la greve generale du 15 juin sortiront peut etre d’autres perspectives d’action et une jonction des mouvements pour un blocage general du pouvoir et donc des mesures prevues,votées ou pas ...

L’omerta des medias grecs et etrangers,permet deja d’affirmer que la suite a peu de chances d’etre televisée...

A la difference de l’Argentine,la crise rampante depuis 2007,a preparée la société grecque a une alternative legitimée,deja en debat et en chemin...

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Vos commentaires

  • Le 14 juin 2011 à 10:18, par Christiane En réponse à : “Debtocracy”, le documentaire qui secoue la Grèce

    http://owni.fr/2011/06/09/debtocrac...

    Né à Athènes, Aris Hatzistefanou, 34 ans, est un journaliste à toute épreuve depuis ses plus jeunes années. Journaliste en Palestine, puis à Londres pour la BBC, son émission de radio “infowar” sur la station grecque Sky Radio, très écoutée, fut arrêtée quelques jours seulement avant la publication du documentaire Debtocracy, dont le message est à contre-courant de la pensée dominante.

    Ce projet a attiré l’attention de plus d’un million de personnes en Grèce, et a popularisé une campagne nationale demandant une commission d’audit de la dette publique du pays.

    http://www.dailymotion.com/video/xi...

    "C’est clair que la Grèce ne peut repayer sa dette, que celle-ci soit légale ou pas, et quel que soit son montant et son taux d’intérêt. Plus de 350 milliards de dettes, c’est déjà trop. Très ironiquement, les marchés semblent plus lucides que le gouvernement, qui continue de dire que l’on peut trouver l’argent. Mais les marchés ne sont pas stupides. Les plans de sauvetage n’ont en vérité qu’un seul objectif : sauver les banques françaises et allemandes, qui tomberaient si la Grèce faisait banqueroute.

    Donc, de notre point de vue, nous ne devrions rien attendre des décideurs européens. Si nous attendons, il sera trop tard pour prendre les mesures nécessaires. Nous devons donc trouver nous même des solutions, et lancer des initiatives.

    Une fois que cela est dit, la première chose que nous devons faire et de mener un audit de la dette grecque, de manière à discerner la dette légale de celle qui ne l’est pas. Un certain nombre d’indices tendent à montrer qu’une grande partie de la dette est odieuse, voire illégale. Mais seule une commission d’audit saurait le démontrer. C’est pourquoi nous soutenons complètement cette initiative, même si nous soulignons l’importance que cette commission soit menée de manière transparente et démocratique. Pas par les parlementaires.

    Après, nous sommes plus radicaux que d’autres dans nos propositions car nous pensons que nous devrions stopper le remboursement de la dette, quitter l’euro, et nationaliser le secteur bancaire. Ce n’est pas quelque chose de facile à défendre, car cela parait très radical, mais même certains économistes et hommes politiques commencent aussi à étudier ces options.

    Nationaliser les banques peut sembler être une proposition communiste, mais j’y vois plutôt du pragmatisme : il faut protéger le pays d’une éventuelle fuite des capitaux vers l’étranger, dans le cas où nous quittons l’euro."

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