Une tribune pour les luttes

Avec GEORGES GUMPEL, l’UJFP embarque pour GAZA

Article mis en ligne le mardi 28 juin 2011

http://www.ujfp.org/modules/news/article.php?storyid=942

Paris le 25 juin 2011

C’est notre camarade et ami Georges GUMPEL de Lyon qui portera la voix de l’UJFP sur le « Louise Michel », un des deux bateaux français avec le « Dignité-Al Karama » qui partiront en début de semaine prochaine avec les dix autres de la Flotille internationale vers Gaza. Leur but : dire non au blocus de Gaza installé par Israël depuis 4 ans à présent - un blocus illégal aux termes du droit international, et qui emprisonne un million et demi de personnes dans des conditions indignes dénoncées par l’UNWRA et de nombreuses ONG internationales.

Georges Gumpel a accepté la responsabilité d’agir au nom de tous les membres de l’UJFP et plus largement de tous les français juifs indignés par le blocus par l’occupation et la colonisation des territoires palestiniens occupés, et de dire NON ! Nous ne nous identifions pas à cette politique, nous refusons ses crimes, et surtout nous refusons d’être désignés d’office comme les soutiens inconditionnels d’Israël. Notre judéité comme notre humanité et notre citoyenneté, sont les moteurs de notre action contre l’injustice, contre les violations des droits humains et du droit international commises par Israël. Rien ne peut justifier ou légitimer le siège de Gaza, comme rien ne justifie les attaques incessantes dont cette étroite bande de terre est la cible depuis des années maintenant. La défaillance de la communauté internationale la rend complice de cette situation tragique . Georges Gumpel représente aussi le réseau européen des Juifs pour une paix juste auquel est affiliée l’UJFP. D’autres membres de ce réseau seront sur des bateaux européens avec le même message de solidarité avec la population de Gaza et de refus du blocus.

Né en 1937 à Paris d’une famille juive française laïque et totalement étrangère à la question du sionisme, il a exercé la profession de fleuriste décorateur jusqu’à sa retraite. Il est veuf et grand père de deux petites filles.
Victime du nazisme et des lois racistes et fascistes du gouvernement français de Vichy, il a été un enfant caché dès 1943 dans une institution religieuse lyonnaise, puis dans une famille de paysans pauvres de Haute-Loire jusqu’à la libération. Il est fils d’un déporté « mort pour la France » à Melk en Autriche en avril 1945.
Son père a été arrêté à Lyon fin juillet 1944 en distribuant des tracts, et déporté dans le convoi du 11 aout 1944 à Auschwitz.
Georges était partie civile au procès de Klaus Barbie à Lyon en 1987. Barbie était inculpé du seul chef d’accusation de crimes contre l’humanité, dont ceux relatifs au convoi du 11 aout 44 pour la déportation d’un nombre indéterminé d’hommes, de femmes et d’enfants (entre 600 et 800) .

Georges est devenu selon ses propres termes un « juif-politique » en 2000 lorsqu’il s’engage dans l’UJFP qu’il a contribué à construire et développer notamment dans sa région lyonnaise mais aussi nationalement. Il est membre du bureau national de l’UJFP.
Son engagement marque son refus des crimes commis par Israël envers les Palestiniens, crimes commis en utilisant et manipulant son histoire, et aussi son refus que des organisations juives comme le CRIF soutienne bruyamment la politique israélienne en son nom. Il s’engage aussi pour la défense des droits légitimes du peuple palestinien, pour la défense et le respect du droit international.
A travers ce combat il est devenu, dit-il, « un anti sioniste conséquent », exigeant l’application du droit international et que les auteurs des crimes commis dans les Territoires Palestiniens Occupés , à Gaza, soient jugés devant les instances internationales compétentes.
Engagé avec l’UJFP, en France contre le racisme et la xénophobie devenues politiques d’Etat, il trouve naturel et cohérent de cacher à son tour chez lui pendant quelques mois un jeune marocain sans papier menacé d’expulsion. Lors de l’arrestation de ce jeune homme il entendra stupéfait le commandant de la police des frontières Rhône Alpes lui dire : « nous avons toujours su qu’il était chez vous, mais vous comprenez bien que nous n’aurions jamais pu entrer chez vous. » Cette phrase pour lui comme pour nous illustre ce que l’on peut ou doit faire « en tant que juif » dans notre pays.
Il est convaincu comme nous tous que la campagne « un bateau français pour Gaza » correspond à un tournant majeur dans l’opinion publique française. Elle est l’expression du rejet profond par la société civile de la politique israélienne comme de la politique du gouvernement français et de l’Union Européenne.

Nous sommes fiers aujourd’hui avec lui que notre travail politique au sein du mouvement de solidarité ait su imposer notre voix et notre présence dans ce combat essentiel.
Georges est aujourd’hui un heureux passager du Louise Michel, il représente notre confiance et celle de la société civile toute entière dans la justice.


Je serai heu­reux si j’apprends qu’un seul de mes nou­veaux lec­teurs a com­pris com­bien il est risqué de suivre le chemin dont le point de départ est le fana­tisme natio­na­liste et la capi­tu­la­tion de la raison.
Primo Lévi : Si c’est un homme

http://rebellyon.info/Quelques-mots-avant-de-monter-a.html

« Quelques mots avant de monter à bord du Bateau pour Gaza », lettre de Georges Gumpel

Georges Gumpel, militant lyonnais de l’Union Juive Française pour la Paix, enfant caché et fils de déporté, partait il y a quelques jours dans le Bateau français pour Gaza au sein de la nouvelle flotille pour la liberté.
Il explique son parcours et son choix de participer à ce bateau pour Gaza à travers une lettre, reproduite ci-dessous.

Je suis né à Paris, en mars 1937 dans une famille juive fran­çaise que l’on disait israé­lite alors pour mar­quer la dif­fé­rence entre ces famil­les fran­çai­ses et celles qui venaient de l’Europe entière, fuyant le nazisme et le fas­cisme.
C’est à Paris que j’ai vécu la plus grande partie de ma vie.

Mon his­toire per­son­nelle avec Lyon remonte aux années noires de l’occu­pa­tion, de la col­la­bo­ra­tion, à l’été 1942 plus exac­te­ment, quand ma famille fuyant Paris est venue se réfu­gier ici du côté de Montchat.
Le cou­vent voisin nous ouvrait par­fois ses portes à nous les enfants : mes deux jeunes soeurs et moi, quand mes parents étaient infor­més de dan­gers de rafles....
En automne 1943, c’est aussi une ins­ti­tu­tion reli­gieuse lyon­naise qui m’a accueilli quel­ques mois avant que je sois défi­ni­ti­ve­ment caché en Haute Loire jusqu’à la Libération.
Lyon c’est aussi mon père, arrêté fin juillet en dis­tri­buant des tracts près de la gare Perrache.
Lyon c’est Montluc où il fût interné puis, le convoi du 11 août 1944....

Lyon ensuite s’est à nou­veau imposé à moi en 1987 au moment du procès de Klaus Barbie où nous étions - ma mère, mes soeurs et moi - Parties Civiles pour ce Convoi du 11 août, la dépor­ta­tion de mon père, sa mort ensuite mi avril 1945, dans le camp d’exter­mi­na­tion de Melk en Autriche.

Ce crime contre l’ Humanité parmi les mul­ti­ples autres crimes contre l’ Humanité dont Barbie avait à répon­dre.

Lyon est aujourd’hui la ville où j’ai décidé de vivre ma retraite.

Souvent, il m’est arrivé de lutter contre l’injus­tice, pour le droit des peu­ples à leur indé­pen­dance et à leur liberté dont celles, essen­tiel­les, du peuple Algérien.
Jamais, dans ces com­bats qui ont marqué ma jeu­nesse, ma vie tout court, il m’est venu à l’esprit de faire valoir mon iden­tité juive.
Comme beau­coup, j’étais anti­co­lo­nia­liste, inter­na­tio­na­liste comme on le disait alors.

La ques­tion Palestinienne, la guerre sans fin faite par l’Etat hébreu aux Palestiniens, l’uti­li­sa­tion par Israël de notre his­toire, des tra­gé­dies dont nous avions été les vic­ti­mes, pour légi­ti­mer ses crimes en Palestine, faire taire toutes cri­ti­ques, fus­sent-elles mini­mes, m’ont obligé ( c’est le cas pour beau­coup d’autres juifs ) à sortir de ma réserve, à pren­dre à bras le corps cette iden­tité juive qui jusqu’alors fai­sant partie de mon inti­mité, pour affir­mer mon refus de cette poli­ti­que cri­mi­nelle faite « en notre nom ».

Je suis de ceux qui pen­sent qu’aujourd’hui, en ce début du XXI siècle, il grand temps d’envi­sa­ger que le temps du nazisme, le temps de la col­la­bo­ra­tion, le temps des crimes dont nous avons été les vic­ti­mes, fait défi­ni­ti­ve­ment partie de l’ Histoire, que ce temps là appar­tient main­te­nant aux his­to­riens, que nous devrions, nous les sur­vi­vants, cesser de parler.

Mais Israël, para­doxa­le­ment, nous inter­dit le silence.

Mais les gens, ici en France, qui mono­po­li­sent «  en notre nom » la parole juive, eux aussi nous inter­di­sent le silence.

Et que dire du gou­ver­ne­ment fran­çais qui nous enferme dans un com­mu­nauta­risme cri­mi­nel,et laisse sup­po­ser, en même temps qu’il fait grand bruit autour de la pré­ten­due «  iden­tité natio­nale », que nous, juifs fran­çais, aurions éventuellement une double natio­na­lité - fran­çaise et israé­lienne - entre­te­nant ainsi le dis­cours israé­lien et celui des sio­nis­tes fran­çais, dis­cours favo­ri­sant la résur­gence du racisme et de l’anti­sé­mi­tisme ?

Ce gou­ver­ne­ment, lui aussi, nous inter­dit le silence .

Il faut donc parler ..

Aujourd’hui même, ce 21 juin 2011, aux infor­ma­tions de 7 heures, le chro­ni­queur nous par­lait de Justice Internationale, de crimes de guerre, de crimes contre l’ Humanité, de popu­la­tions civi­les mena­cées, en Syrie, en Libye, en Afrique et ailleurs, sans un mot pour ce qui est de la Palestine deve­nue pour tous une zone noire, invi­si­ble, innom­ma­ble même...

Sans un mot pour ces popu­la­tions civi­les pales­ti­nien­nes elles aussi en per­ma­nence mena­cées.

Il faut donc parler .

A Lyon jus­te­ment, où depuis le procès de Barbie en 1987, le Centre d’ Histoire de la Résistance et de la Déportation ( CHRD ) est devenu un lieu incontour­na­ble où des mil­liers et des mil­liers de jeunes et de moins jeunes vien­nent chaque année visi­ter ce lieu, voient le film consa­cré au procès, voient tous ces témoins qui ont défilé, des jours durant, dire devant le monde entier ce que Crimes contre l’Humanité signi­fiaient.

Je me sou­viens de la dépo­si­tion de Madame Zatlin le 27 mai, à propos de l’arres­ta­tion et la dépor­ta­tion des enfants d’Izieu , cette dépo­si­tion que l’on peut écouter dans le film au CHDR, cette dépo­si­tion / ques­tion au cours de laquelle elle demande à l’avocat de Barbie :
« Barbie a tou­jours dit qu’il s’occu­pait uni­que­ment des Résistants et des Maquisards ; ça veut dire des enne­mis de l’armée alle­mande.
Je demande : les enfants, les 44 enfants, c’étaient quoi ?
C’étaient des Résistants, c’étaient des Maquisards ?
Qu’est-ce qu’ils étaient ?
C’étaient des inno­cents !
Monsieur le Procureur, Messieurs les Jurés, les enfants sont des enfants, qu’ils soient blancs, qu’ils soient noirs, qu’ils soient juifs ».

Cette inter­ro­ga­tion / ques­tion est tou­jours actuelle, d’une grande actua­lité même, les enfants pales­ti­niens, les enfants de Gaza qui meu­rent par centaines, qui sont les prin­ci­pa­les vic­ti­mes plus exac­te­ment, qu’est ce qu’ils sont ?

Des résis­tants, des enne­mis d’ Israël ?

Simplement : ce sont des inno­cents.

Et la com­mu­nauté inter­na­tio­nale se tait. Les oublie com­plè­te­ment, nie leurs droits les plus élémentaires.

Je vais le samedi et le diman­che avec ma petite fille au Parc de la Tête d’Or.
Des mil­liers d’enfants comme elle jouent libre­ment, sans crainte, dans cet espace mer­veilleux.

Je vou­drais que les grands pères pales­ti­niens, ceux de Gaza, aient - comme moi - la joie de pou­voir pro­me­ner leurs petits enfants dans des jar­dins aussi tran­quilles pour leurs petits enfants que le parc de la Tête d’ Or, que leurs petits enfants, eux aussi, jouent aux jeux de leur âge sans crainte, libre­ment.

Des jar­dins et des jeux qui nous étaient inter­dits, à nous aussi enfants juifs, par Vichy. Souvenez - vous !

Voilà, je parle donc,

Dans quel­ques jours, je serai avec la délé­ga­tion fran­çaise sur le Bateau qui voguera vers Gaza pour dire - avec la Société Civile fran­çaise qui, par sa grande géné­ro­sité, a financé ce bateau - notre indi­gna­tion face à cette indif­fé­rence géné­rale, notre exi­gence à ce que cesse le blocus illé­gal et cri­mi­nel de Gaza, notre exi­gence qu’ Israël res­pecte enfin le Droit International, le Droit Humanitaire International.

Ces Droits Internationaux cons­truits dans le sang de nos parents.

Toutes et tous, nous refu­sons la capi­tu­la­tion de la raison.

Georges Gumpel
enfant caché,
fils de déporté « Mort pour la France » à Melk en Autriche,
Partie civile au procès Barbie,
membre de l’ Union Juive Française pour la Paix - UJFP.

Lyon le 21 juin 2011

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Vos commentaires

  • Le 28 juin 2011 à 13:55, par SpeedyLover En réponse à : Avec GEORGES GUMPEL, l’UJFP embarque pour GAZA

    J’apprécie grandement cet article qui ne prend pas partie et conserve son caractère informatif dans une histoire si compliquée que celle d’Israel.

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