Une tribune pour les luttes

Internationalistes 13

Printemps égyptien : Le second souffle

Des milliers d’Egyptiens continuent à manifester dans tout le pays.
La place Tahrir est toujours occupée.
La police militaire réprime des grévistes à Ismaïlia. Des blessés, des arrestations.

Article mis en ligne le mardi 26 juillet 2011

26 juillet 2011

La police militaire réprime des grévistes à Ismaïlia. Des blessés.

Les ouvriers observent un mouvement de grève pour réclamer une hausse de leur salaire minimum à 1.200 Livres égyptiennes (environ 200 dollars) et des contrats à long-terme.

Au moins 15.000 travailleurs de la zone franche d’Ismaïlia en grève ont tenté de sortir du complexe industriel et ont été bloqués par la police militaire, ont rapporté des témoins. La zone est située sur la rive ouest du canal de Suez et quelque 80 usines spécialisées dans le textile et le cuir y sont installées. La police a tiré en l’air et bloqué la sortie du complexe. Les travailleurs ont ensuite lancé des pierres en direction des policiers qui ont répondu par des jets des mêmes projectiles.


23 juillet 2011

De violents affrontements entre manifestants réclamant des réformes et partisans des militaires au pouvoir ont éclaté samedi 23 juilletau Caire, faisant plus de deux cents blessés.

Selon le ministère de la Santé 231 personnes ont été blessées, dont 39 ont dû être transportées à l’hôpital et les autres soignées sur place.

Les manifestants pro-réformes se sont retrouvés coincés entre les soldats et la police anti-émeute d’un côté, et les partisans de l’armée en civil de l’autre.

Les manifestants ont finalement abandonné les lieux pour retourner sur la place Tahrir, dans le centre-ville, qu’ils occupent depuis une quinzaine de jours.

Malgré ses déclarations répétées en faveur de la démocratie et le soutien populaire dont elle a bénéficié pendant le soulèvement de janvier et février, l’armée est aujourd’hui de plus en plus critiquée.

Ministre de la Défense de M. Moubarak pendant vingt ans, M. Tantaoui a été personnellement mis en cause par les militants qui occupent la place Tahrir et manifestent dans d’autres villes du pays.

Ils reprochent aux autorités militaires la lenteur des réformes annoncées, le maintien de pratiques répressives héritées de l’ancien régime ou encore la présence de partisans de M. Moubarak au gouvernement et dans la haute administration.

Jeudi, un remaniement du gouvernement de transition conduit par Essam Charaf n’a pas apaisé la situation, une partie des ministres qui figurent dans le nouveau cabinet ayant déjà servi sous M. Moubarak.

Contrastant avec le ton apaisant du maréchal Tantaoui, le CSFA a émis samedi un communiqué mettant en cause le "mouvement du 6 avril", une organisation de jeunes accusée de "diviser le peuple et l’armée". Le groupe a démenti ces accusations.


17 juillet

Samedi, alors que la place Tahrir était le théâtre de nouvelles manifestations (depuis le 8 juillet, la foule a repris position sur cette place, symbole de la résistance), un des chefs de l’armée qui tentait de s’adresser aux manifestants a été contraint à rebrousser chemin. Sur fond de tensions croissantes entre contestataires et militaires au pouvoir, les manifestants ont chahuté le général Tarek al-Mahdi, membre du Conseil suprême des forces armées, l’obligeant à quitter la place.

Vendredi 15 juillet, des milliers d’Egyptiens avaient manifesté dans tout le pays, et en particulier sur cette place emblématique, pour pousser le Conseil à des réformes. Les Egyptiens qui ont participé à cette journée de mobilisation baptisée "vendredi du dernier avertissement" entendaient réclamer un plan clair et transparent pour la transition au sommet de l’Etat, accusant les militaires de s’être accaparé le pouvoir.

Dans un communiqué publié sur sa page Facebook, le Conseil suprême des forces armées s’est engagé à ne juger devant des tribunaux militaires que les affaires de viols, d’agressions de policiers et d’attaques armées. Mais l’armée a aussi prévenu que si elle comptait respecter les manifestations pacifiques, elle interviendrait en cas d’atteintes aux biens publics ou privés.

La multiplication des procès de civils devant des tribunaux militaires est l’une des causes ayant poussé des milliers d’Egyptiens à manifester à nouveau pour réclamer de vraies réformes.


http://www.youtube.com/watch?v=b2sp...

http://www.france24.com/fr/20110708...


www.internationalistes13.org

Printemps égyptien : Le second souffle
Zine Cherfaoui

le 09.07.11 | El Watan

Après une période de reflux de plusieurs semaines, la révolution démocratique égyptienne est en train de connaître un second souffle. Déçus par le retard accusé dans la mise en place des réformes politiques promises par le pouvoir militaire au printemps dernier, des milliers d’Egyptiens se sont donné rendez-vous, hier, sur l’emblématique place Tahrir, au Caire, pour exiger davantage de droits et le jugement des éléments des services de sécurité impliqués dans la répression sauvage du soulèvement des mois de janvier et février derniers.

Ils réclament particulièrement la tête de ceux qui ont causé la mort de près 900 manifestants. A ce jour, seul un policier a été condamné par contumace. Beaucoup de gens estiment également que rien n’a vraiment changé depuis la chute de Moubarak. Le mécontentement est général. En plus du Caire, des rassemblements regroupant des dizaines de milliers de personnes ont eu lieu à Alexandrie et à Suez. Ayant perdu une partie de ses illusions, la rue égyptienne demande maintenant rien de moins que le limogeage immédiat des responsables (militaires et civils) de l’ancien régime encore en poste dans le gouvernement et la levée de la loi sur l’état d’urgence en vigueur depuis 30 ans.
La relaxe, en début de semaine, de trois ex-ministres de Hosni Moubarak inculpés dans des affaires de corruption a aggravé le sentiment de frustration de la population.

Contre toute attente, un tribunal a décidé aussi d’accorder à 10 agents de police la liberté sous caution alors qu’ils avaient été présentés comme les assassins présumés de jeunes manifestants. Face à une telle situation d’impunité, les parents des Egyptiens morts durant les manifestations sont sortis cette semaine dans la rue pour réclamer justice. Le pouvoir a bien essayé de se rattraper pour calmer la population en remerciant notamment les maires élus sous M. Moubarak. L’initiative n’a cependant pas permis de calmer la colère de la rue.
Portée au pinacle au lendemain de la chute de Moubarak pour sa retenue durant le printemps arabe, l’armée égyptienne est aujourd’hui la cible d’importantes critiques. La population égyptienne l’accuse ouvertement de chercher à freiner les réformes politiques et à sauver certaines personnalités proches de Moubarak. En fait, l’armée égyptienne est aujourd’hui dans une position des plus inconfortables, c’est le moins qu’on puisse dire.

Moubarak tombe, un maréchal le remplace

Jusqu’à présent, les forces armées égyptiennes se sont comportées comme un allié de la « révolution ». Ce statut présente néanmoins des avantages et des inconvénients. Comme en Tunisie, la société égyptienne, grâce à l’armée, n’a pas souffert des drames sanglants qui suivent généralement une révolution. L’inconvénient est que même si elle a protégé la révolution, l’armée n’est pas révolutionnaire. Comme dans de nombreux pays arabes, elle est seulement favorable à des réformes définies et limitées. On ne peut pas vraiment dire, donc, comme cela a pu être dit ici et là, que le peuple et l’armée sont sur la même longueur d’onde. C’est la raison pour laquelle le peuple tente de maintenir une pression constante sur les militaires pour obtenir satisfaction à ses demandes.
Le tout est de savoir maintenant si le Conseil suprême des forces armées est prêt à céder un jour le pouvoir aux civils. Quoi qu’il en soit, les Egyptiens paraissent prêts à payer le prix qu’il faut pour arracher leur liberté. Il est certainement juste de dire que l’évolution de la « révolution démocratique » égyptienne déterminera aussi le devenir des autres révoltes dans le monde arabe.

Organisés à l’appel de mouvements de jeunes favorables à la démocratie et de partis laïcs, les rassemblements organisés hier à travers les grandes villes égyptiennes – et que le mouvement des Frères musulmans a rallié à la dernière minute – interviennent cinq mois après la chute du président Hosni Moubarak. Preuve de leur détermination : les manifestants présents place Tahrir brandissaient des banderoles réclamant la « Réalisation des promesses du printemps arabe ». « Notre révolution continue », pouvait-on lire sur une autre banderole. Un manifestant portait une pancarte où était écrit : « Nous n’avons pas vu de changement. Nous avons renversé Moubarak, mais nous avons un maréchal à la place », allusion faite au maréchal Hussein Tantaoui, chef du Conseil militaire qui dirige le pays.

Zine Cherfaoui

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Vos commentaires

  • Le 17 juillet 2011 à 17:33, par Christiane En réponse à : SYRIE : 1.600 morts et des milliers d’arrestations.

    Depuis le début du soulèvement à la mi-mars contre le régime alaouite, des centaines de milliers de Syriens sont notamment descendus dans la rue à Damas et sa banlieue, à Hassakeh et Idlib (nord-ouest), à Deraa (sud), à Lattaquié (côte ouest) ou encore à Homs et Hama (centre). Ils étaient des dizaines de milliers samedi dans la capitale.

    Pour l’heure, la répression a fait quelque 1.600 morts, selon les militants des droits de l’Homme. L’opposition syrienne avait dédié les manifestations de vendredi aux milliers de personnes arrêtées depuis le début du mouvement de protestation. Environ 15.000 sont toujours détenues, selon des militants.

  • Le 18 juillet 2011 à 20:57, par Christiane En réponse à : Maroc La lutte continue 17 juillet 2011

    LE PEUPLE MAROCAIN NE S’EST PAS ENCORE RENDU QUELQUES VIDEOS DE RASSEMBLEMENT QUI ONT EU LIEU UN PEU PARTOUT AU MAROC CE 17 JUILLET.

    http://www.youtube.com/watch?v=FSxj...

    La nouvelle constitution marocaine rejetée
    fr.lakome.com
    lakome.com Journal

  • Le 24 juillet 2011 à 10:21, par Christiane En réponse à : Un printemps révolutionnaire et féminin

    De la Tunisie au Yémen, les femmes ont eu un rôle décisif dans la vague de soulèvements qui a touché la région. Toutefois, le combat pour leurs droits est encore loin d’être terminé.

    Il n’a pas été question d’égalité des sexes pendant le printemps arabe. Toutes les femmes des pays impliqués vous le diront, même si bon nombre d’entre elles craignent que tous les risques qu’elles ont pris ne soient pas récompensés et que les hommes, bien contents de voir les femmes manifester pour la liberté, ne le soient plus autant lorsqu’il s’agira de voir celles-ci siéger au Parlement ou participer au gou­ver­nement et aux conseils d’administration des entreprises. Une manifestante égyptienne a même dit à Catherine Ashton, la haute représentante de l’UE pour les ­Affaires étrangères, qui s’est rendue récemment sur la place Tahrir, au Caire : “Les hommes étaient bien contents que je sois là pour réclamer le départ d’Hosni Moubarak. Mais, maintenant qu’il est parti, ils veulent juste que je rentre chez moi.”

    07.07.2011 | The Guardian

    http://www.courrierinternational.co...

  • Le 25 juillet 2011 à 09:48, par Christiane En réponse à : Maroc Le peupleoccupe la rue tous les dimanches depuis 6 mois

    LA LUTTE CONTINUE AU MAROC CELA FAIT MAINTENANT 6 MOIS QUE LE PEUPLE OCCUPE LES RUES TOUS LES DIMANCHE
    SANS QUE CELA N AIT LE MOINDRE ECCHO DANS LES PAYS OCCIDENTAUX !!!!!!!!!

    http://www.youtube.com/watch?v=w59v...

    http://www.youtube.com/watch?v=FSxj...

  • Le 26 juillet 2011 à 10:44, par Christiane En réponse à : Maroc - 24 juillet : succès des marches hebdomadaires du mouvement du 20 février

    Les jeunes du mouvement du 20 février ont organisé avec succès leur marche hebdomadaire. Ceux qui misent sur l’essoufflement du mouvement ne peuvent qu’être lamentablement déçus.

    La marche du 24 juillet a drainé une foule importante. Les bidonvillois-es et les travailleurs ont constitué l’ossature de la marche qui a parcouru un certain nombre de quartiers populaires. Les barrages des forces de répression ont empêché la foule de passer par la place Al Karama, mais pas d’incidents particuliers à signaler.
    Les composantes du MVT20FEVRIER agissent (jusqu’à présent) dans une parfaite harmonie.
    BRAVO JEUNESSE !

    Photos de la marche du 24 juillet
    http://nsa28.casimages.com/img/2011...

    http://nsa27.casimages.com/img/2011...

    http://nsa28.casimages.com/img/2011...

    http://nsa28.casimages.com/img/2011...

    Lire la suite, plus d’infos, photos, videos :
    http://solidmar.blogspot.com/2011/0...

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