Une tribune pour les luttes

mercredi 22 décembre 2004

00 h

20 h au Cinéma les Variétés à Marseille

projection spéciale à l’occasion de la sortie du film

TABOUS

en présence de la réalisatrice Mitra Farahani

Tabous (Zohre & Manouchehr)

Comment une religion peut-elle s’ériger en système politique qui s’immisce dans les sphères les plus intimes de notre vie privée et grève tout ce qui est en rapport avec la sexualité d’une aura d’anxiété ?

Dans l’Iran d’aujourd’hui, comment l’amour et la sexualité peuvent-ils se frayer un chemin à travers cette jungle d’interdits et de principes traditionnels et religieux ?

Ces questions sont au centre du film de Mitra Farahani qui comporte une partie documentaire et une partie mise en scène.
Après avoir mené les premières interviews, l’impression qui ressortait de ces entretiens ne coïncidait pas avec l’image qu’elle se faisait elle-même de son pays.

Mitra Farahani : « Si l’on demande aujourd’hui à quelqu’un, en Iran, de définir l’amour, sa réponse sera inévitablement remplie d’allusions poétiques. Personne ne parlera jamais de son propre passé ni d’évènements récents, mais on trouvera toujours la métaphore poétique adéquate. La poésie est d’une importance capitale en Iran. Son omniprésence dans le cinéma, dans la peinture, ou même dans le langage familier exerce une influence sur tout un chacun, même sur les hommes politiques et les membres de la classe religieuse dirigeante. Sans poésie, il est impossible de parler d’amour et de sexualité en Iran. Pour réaliser son film, la cinéaste s’est inspirée d’un poème d’Iraj Mirza qui parle sans équivoque d’amour et de désir. « Je voulais souligner les liens existant dans une société qui associait autrefois admirablement bien sa culture avec l’art d’aimer, alors qu’aujourd’hui, un couple qui s’embrasse doit se demander si c’est l’amour ou bien si c’est un crime, passible de bastonnade. »

Le mariage temporaire sigheh est une ancienne tradition qui perdure de nos jours dans le monde musulman chiite. Originellement, à une époque où les guerres laissaient grand nombre de veuves, il s’agissait de permettre à un homme marié de prendre sous sa protection autant de femmes qu’il voulait, sans se limiter aux quatre épouses légitimes autorisées par l’Islam. La simple lecture d’un verset du Coran faisait entrer temporairement la femme dans la famille, et lui permettait également d’avoir des rapports sexuels avec l’homme.

Mitra Farahani brosse le portrait de l’amour et du sexe dans l’Iran d’aujourd’hui.

Le film se compose d’une partie fiction, tournée en Super 8, l’adaptation d’un poème érotique persan du XIXe siècle écrit par Iraj Mirza (célèbre auteur iranien) et d’une partie documentaire qui regroupe une série d’entretiens sur la sexualité réalisés dans les milieux les plus divers et opposés de la société iranienne.

MITRA FARAHANI

Née en 1975 à Téhéran, Mitra Farahani étudie dès l’âge de 14 ans chez des maîtres de l’art pictural en Iran afin de se former au dessin et à la peinture.
Son travail de peintre lui permet d’obtenir en 1998 une bourse de résidente à la Cité Internationale des Arts à Paris.

En décembre 1999, elle réalise un happening intitulé : « vous êtes invité pour une cérémonie d’enterrement » où l’effacement d’une peinture murale symbolise l’enterrement de la culture en Iran.

En 1999, elle intègre à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs (Paris) afin d’étudier la vidéo.

Son premier documentaire de 26 minutes, « Juste une femme » (2001) montre les premiers jours en tant que femme d’une transsexuelle à Téhéran. Il obtient un important succès dans plusieurs festivals internationaux. En 2002, le film est sélectionné au festival de Berlin et remporte le prix spécial du jury aux Teddy Awards.

A partir de juillet 2001, Mitra Farahani travaille sur son second film : « Zohre et Manouchehr Tabous ».

Au terme de près de trois ans de tournage, le film est présenté au festival de Berlin 2004.

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