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Tricastin : Areva ne veut pas d’observateurs indépendants lors des inspections de l’ASN

Article mis en ligne le mardi 19 juillet 2011

Sous la pression de l’exigence citoyenne, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a proposé au chef de fil de la destruction atomique "Areva" que des observateurs de la Clige (Commission Locale d’Information sur les Grands Equipements ... du site nucléaire de Tricastin) et des représentants du personnel participent aux inspections sur le site du Tricastin. Réponse du groupe Areva qui craint la transparence et la vérité : Nein. Circulez pauvres citoyens et riverains, y’a rien à voir !

« Nous ne souhaitons pas de tiers durant ces inspections, qui doivent se limiter à une relation contrôleur-contrôlé » a expliqué Frédéric De Agostini vendredi lors de la réunion de la Cligeet à Valence. Le directeur d’Areva Tricastin dit craindre des « dérives ». Autrement dit que les citoyens se fassent par eux-même un avis et relèvent l’opacité et l’état critique de la filiaire nucléaire. Pour justifier l’imposition de sa "loi du silence" l’exploitant s’est réfugié derrière les informations indépendantes diffusées à la suite de l’incendie et de l’explosion du transformateur électrique EDF qui s’est produit la semaine passée sur le site de Tricastin.

L‘épaisse fumée noire a inquiété certains riverains ; et si l’ASN a pu noter qu’EDF « a fait des progrès » (quand même) depuis le précédent feu de transformateur survenu en juillet 2010, et que le préfet de la Drôme. Pierre-André Durand affirme que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes et que, en passant, « la sécheresse n’est pas un danger », les syndicats de l’entreprise sont eux beaucoup plus critiques.

« La plupart des pompiers de St-Paul-Trois-Châteaux ne sont pas formés aux risques technologiques » observe Stéphane Popoff de FO qui s’interroge sur l’organisation des secours. Areva dispose de moyens de secours importants qui sont restés au garage pendant l’incendie à la centrale EDF.

De son côté, Jean-Pierre Morichaud (administrateur de la Frapna/Fédération Rhône-Alpes de Protection de la NAture), répondant au directeur du site affirmant que "la sécheresse ne met pas en danger la centrale EDF car Il faut un débit de 170 m³/s pour faire fonctionner les quatre réacteurs et qu’à l’arrêt, il suffit de 8 m³/s pour les refroidir » rappelle que « la température de l’eau rejetée par la centrale avait posé problème lors de la canicule de 2003 ». En cas de fortes chaleurs, la centrale devra donc mettre ses réacteurs en sommeil. Autant les arrêter définitivement dès maintenant exige le Collectif antinucléaire 84.

Quelle relation contrôleur/contrôlés ? le véritable visage

A ce jour, en amont du Tricastin, la centrale nucléaire de Cruas ne peut rejeter dans le Rhône ses produits chimiques et radioactifs que lorsque le débit est supérieur à 500m3/s. Or, le 1er juin, EDF a déposé auprès de l’ASN une demande de dérogation (voir document ) pour pouvoir rejeter ces produits toxiques lorsque le débit est supérieur à 350m3/s seulement. La limite de 500m3/s, déjà fort laxiste, a été décidée pour tenter de fair croire à une préservation autant que faire se peut du Rhône par les pollutions majeures. Or, si la centrale parvient à obtenir l’autorisation d’effectuer ses rejets lorsque le débit est à peine supérieur à 350m3/s, la dilution sera encore plus mauvaise et les pollutions radioactives et chimiques seront encore plus graves. L’ASN doit donc, pour le Collectif antinucléaire de Vaucluse et environ, rejeter la demande de dérogation de la centrale de Cruas (et les éventuelles autres demandes de dérogation pour d’autres centrales).

ASN : un gendarme du nucléaire qui n’en est pas un réellement

L’ASN rappelle qu’elle n’est pas opposée à la présence d’observateurs, mais... qu’elle ne peut pas l’imposer à Areva ! Ainsi on constate encore une fois que, contre vents et marées et contre tous, Areva et le lobby nucléaire s’octroient le droit impérial de décider qui peut voir ou ne pas voir, qui a droit de cité ou pas, acceptant tout au plus des recommandations de l’ASN tout en bénéficiant d’autorisation d’exploitation sans pour autant être tenu de se conformer à celles-ci pendant plusieurs années ; Amplifiant ainsi la menace pesant sur les populations, les salariés et l’environnement.

Seul le maire socialiste de Saint-Paul et ancien ingénieur de l’industrie nucléaire, Jean-Michel Catelinois, semble à l’unisson des directives et décisions d’Areva, d’autant que la nouvelle réglementation limitant l’urbanisation autour des sites nucléaires pour des raisons de menaces sur la santé et les biens, ne lui plait guère : « On ne conteste pas les zones de danger mais la méthode. Alors on refusera un centre commercial à un kilomètre d’une centrale nucléaire, mais pas forcément des projets individuels"

Quoi qu’il en soit, c’est donc bien de l’exigence des populations et des actions déterminées qu’elle entreprend et développera que se dessinera un rapport de force contraignant les oligarques nucléocrates à céder devant la nécessité et l’urgence d’un arrêt immédiat et définitif du nucléaire.

en savoir plus : www.coordination-antinucleaire-sude...

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