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Actu-chômage

Réduction du chômage : la botte des contrats aidés

De quoi faire baisser artificiellement les chiffres d’ici les élections !

Article mis en ligne le mercredi 3 août 2011

A lire avec les liens :
http://www.actuchomage.org/20110802...

Mardi, 02 Août 2011

273.000 CUI seront débloqués au 2e semestre. De quoi faire baisser artificiellement les chiffres d’ici les élections !

Pensant que la crise était derrière nous, le gouvernement n’en avait tout d’abord programmé que 390.000 (contre 520.000 en 2010), mais la persistance des mauvais chiffres du chômage l’a conduit à changer de braquet. Au final, en 2011, on approchera du volume de l’année dernière : 440.000 contrats aidés financés par l’Etat, au total 500.000 en comptant ceux cofinancés par les Conseils généraux.

La circulaire DGEFP du 30 juin 2011 précise les objectifs et cibles pour le second semestre : 236.000 contrats d’accompagnement dans l’emploi (CAE, secteur non marchand) et 37.000 contrats initiative-emploi (CIE, secteur marchand), nous dévoile Localtis. Soit une botte de 273.000 emplois aidés qui tombe à pic non seulement pour sauver l’honneur de Xavier Bertrand mais aussi améliorer les chances du candidat de l’UMP, cette réserve permettant d’obtenir un effet maximum sur les statistiques du chômage au printemps 2012.

Des contrats qui aident les employeurs, pas les chômeurs

Ils s’adressent toujours aux mêmes publics : chômeurs de longue durée, "seniors" ou jeunes connaissant des difficultés particulières d’accès à l’emploi, résidents des quartiers prioritaires de la politique de la ville, allocataires de minima sociaux et travailleurs handicapés. Parqués en catégorie E, les signataires de ces misérables contrats (dont les durées moyennes sont de 9 mois et 22 heures/hebdo payées au Smic) échapperont aux chiffres officiels des « demandeurs d’emploi tenus d’accomplir des actes positifs de recherche » bêtement régurgités par les JT.

On ajoutera que les CUI doivent être obligatoirement assortis d’« actions de formation » en lien avec « la réalisation du projet professionnel » des intéressés afin de favoriser leur réinsertion dans l’emploi. Mais dans plus de 60% des cas, l’engagement n’est pas respecté.

En réalité, ces CUI sont une aubaine pour les employeurs : le taux moyen de prise en charge est de 70%, celui des CAE cofinancés peut être porté à 80%, tandis que celui des ateliers et chantiers d’insertion (ACI) s’élève à 105%. Le chômeur, lui, n’y gagne quasiment rien.

Des contrats qui aident… le gouvernement

S’ils coûtent cher à l’Etat (2,5 milliards à l’année) et que leurs performances en matière de réinsertion professionnelle sont faibles (taux d’insertion dans le non marchand : 40% seulement), leur intérêt statistique est, lui, avéré. C’est donc sur ce pis-aller systématique — la quantité primant sur la qualité — que Nicolas Sarkozy achèvera son mandat, en espérant que l’apparente amélioration des chiffres du chômage trompera les électeurs qui doutent, à juste titre, de l’efficacité de son bilan.

Et quand Valérie Pécresse annonce que « le gouvernement va accélérer la mise en place des mesures de son dernier plan emploi pour atteindre son objectif de ramener le chômage sous 9% de la population active d’ici à la fin de l’année », il y a encore tromperie puisque la rétention des contrats aidés visant à retarder, donc optimiser leur effet statistique, a sciemment été planifiée.

SH

A (re)lire :

Ces contrats aidés qui servent mal l’emploi
Coûteux, complexes et peu efficaces en termes d’insertion professionnelle, ils restent l’arme antichômage préférée des politiques français. Un bilan de 5 pages paru en 2006 dans L’Expansion, toujours d’actualité...

400.000 contrats aidés par an : Pour qui, pourquoi, comment ?
Le tour d’horizon de la CGT-Chômeurs...


http://www.actuchomage.org/20110728...

143.400 emplois salariés créés en 2010 : la belle affaire !

Jeudi, 28 Juillet 2011

Tel est le nombre de créations nettes recensées par Pôle Emploi. Un score bien dérisoire à l’aune des 500.000 destructions laissées par la crise, et un fourre-tout où la quantité escamote la qualité.

Lire ici la dépêche standard publiée dans Les Echos.

Le blah-blah est toujours le même : on se veut positif (avec une progression de 0,9% par rapport à 2009 [1], « la reprise a été au rendez-vous »…), on se limite à régurgiter un communiqué officiel et, faute d’approfondir, on minimise le total des destructions d’emplois depuis 2008 qui oscille, selon les sources, entre 400.000 et 600.000… Et il reste toujours 3 millions d’inscrits à Pôle Emploi "sans activité aucune" à satisfaire.

Ce qui est le plus frappant, c’est que ce chiffrage ne dévoile jamais la nature des emplois créés. En effet, toute "création de poste" est bonne à comptabiliser pour peu que l’entreprise cotise à l’assurance chômage : on y trouve donc pêle-mêle les missions d’intérim (de plus en plus courtes) et les CDD, les jobs occasionnels ou saisonniers, à temps partiel ou très partiels qui ne permettent ni de vivre, ni de se projeter. D’ailleurs, pour Pôle Emploi, le CDI n’est plus la norme et dans ses statistiques, tout emploi dont la durée dépasse 6 mois est considéré comme "durable" : c’est pour dire !

Mais au final, sur ces 140.000 "créations", quel est le volume d’emplois pérennes et de qualité ? On ne le saura pas. A combien d’emplois équivalents temps plein correspondent-elles en réalité ? Mystère et boule de gomme.

Par contre, on noie le poisson avec des données par secteurs d’activité et par régions : ça remplit du papier.

Faute d’une Christine Lagarde se réjouissant de « clignotants » qui « sont au vert », c’est là-dessus que Xavier Bertrand va s’appuyer pour nous convaincre que la crise est derrière nous.

SH

[1] On note en parallèle une baisse de 0,9% des établissements affiliés à l’Unedic...
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Vos commentaires

  • Le 4 août 2011 à 11:28, par ECOLE DES CANDIDATS En réponse à : Réduction du chômage : la botte des contrats aidés

    Bonjour,
    Notre association « école des candidats » forme les candidats aux élections, à la maîtrise des 9 concepts fondamentaux d’une campagne électorale :
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