Une tribune pour les luttes

Charter, charter…

Article mis en ligne le dimanche 21 août 2011

Marseille le 21 août 2011

Si ce mot charter résonne pour certains d’entre nous comme une invitation au voyage à moindre coût, il symbolise et traduit toute une politique migratoire, dont vont encore faire les frais de nombreuses familles roumaines.

La pression des associations et l’écho médiatique ont contraint la ville de Marseille à apporter un premier élément de réponse en adaptant le dispositif d’accueil de l’unité d’urgence.

Si nous pouvons nous en féliciter, nous ne pouvons nous en satisfaire, car des centaines d’autres familles sont toujours dans des conditions de « survie » inacceptables, contraintes aujourd’hui à s’installer sur les trottoirs marseillais.

Toutefois, il ne faudrait pas que l’UHU se transforme en centre de rétention ouvert pour faciliter l’expulsion et enrichir les statistiques de M Guéant !

Nous entendons parfaitement que certaines familles décident de repartir en Roumanie ou Bulgarie, mais nous soutiendrons toutes celles et ceux qui souhaitent pouvoir résider et travailler à Marseille.

Pour la plupart, citoyens Roumains ou Bulgares, ils sont citoyens européens, mais subissent les dispositions transitoires de l’Etat français les empêchant de travailler.

Malgré tout, d’autres villes en France ont pris des dispositions nécessaires à l’accueil de ces familles.

Nous ne pouvons concevoir que Marseille, du haut de ses 2600 ans d’histoire de flux migratoire, n’ait pas la volonté d’être le fer de lance d’une politique d’ouverture et d’intégration, d’une politique basée sur des valeurs de solidarité et de respect des droits de l’Homme.

Une politique offensive qui affirmerait que l’immigration, loin d’être un problème, fait la richesse de cette ville, richesse économique, humaine et culturelle.

Réaffirmons ici que le traitement qui leur est infligé relève d’une politique politicienne qui va dans le sens du poil des électeurs, mais qui tourne résolument le dos aux questions que nous avons à nous poser pour un nouveau pacte citoyen.

Les familles roumaines de culture Rrom font l’objet d’un rejet d’une partie de la population marseillaise, comme ont pu l’être en leur temps les Italiens, les Espagnols, les Arméniens, les Maghrébins, nous en appelons à un éveil des consciences.

Il appartient aux responsables politiques et institutionnels d’apporter, dans le cadre de leurs domaines de compétences respectifs, des éléments de réponse et prévenir tout acte xénophobe lié aux tensions sociales générées par le « pourrissement d’une situation ».

Ils peuvent s’appuyer en cela sur l’expérience, l’expertise et les propositions concrètes d’associations qui œuvrent depuis de longues dates aux côtés des familles Rroms.

L’annonce faite en Mairie le jeudi 11 août de la tenue d’une table ronde allait dans le bon sens, mais nous craignons qu’il ne s’agisse que d’un effet d’annonce.

Nous ne tolèrerons pas que reprennent demain des expulsions sans solution et que la seule réponse soit le charter.

Pour la Fédération LDH 13
Bernard EYNAUD

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