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Actu-chômage

Tabac, alcool, sodas : un coup de massue sur les pauvres

Il n’y a pas que fumer qui tue !

Article mis en ligne le samedi 27 août 2011

Avec les liens :
http://www.actuchomage.org/20110824...

Mercredi, 24 Août 2011

Tandis qu’une poignée de nantis contribuera symboliquement à l’effort national, les chômeurs et les plus modestes paieront un lourd tribut.

On a fait tout un foin autour de la taxation des super-riches. Résultat, la « contribution exceptionnelle sur les hauts revenus » concernera quelque 10.000 contribuables qui s’acquitteront d’une gentille ponction de 3% pour un revenu fiscal de référence dépassant 500.000 €... Une paille à côté des milliards de cadeaux prodigués depuis des lustres. Comme le dit très justement la sociologue Monique Pinçon-Charlot, c’est un écran de fumée (c’est le cas de le dire). « Nous, les riches, ironise-t-elle, on fait une opération de communication qui va peut-être nous décharger de 200 millions, et vous le peuple, vous payez le prix fort ! »

Pour acheter la paix sociale à huit mois des présidentielles et éviter aux syndicats d’appeler les salariés à se mobiliser dès la rentrée, ils n’ont pas osé rogner encore sur leurs acquis, ni augmenter la TVA. Il fallait obéir à « un principe de justice, de cohésion sociale, un impératif moral », tout en opérant des frappes chirurgicales. Les riches ne sont pas nombreux et ont beaucoup d’argent. Les pauvres n’ont pas beaucoup d’argent, mais ils sont nombreux. Et en taxant les cigarettes, les alcools forts et « les boissons à sucre ajouté » au nom de la santé publique, ce n’est pas 200 millions d’euros mais 1 milliard qui va vite rentrer dans les caisses. Si visiblement, selon les micro-trottoirs du JT de TF1, des badauds issus des classes moyennes ne semblent pas dupes du discours sanitaire « hypocrite » tenu par M. Fillon, ils se résignent. Mais pour les classes modestes, l’impact de ces hausses sur leur budget déjà très serré sera conséquent.


Là où y’a de la géhenne, y’a pas d’plaisir

Certes, les Smicards et les pauvres ont depuis longtemps renoncé au Chivas Regal : ils boivent plutôt de la bière ou du vin — visiblement épargnés par la mesure — qui sont plus abordables. Mais ils devront être plus regardants sur les sodas et se rabattre sur les "light" (bah oui, hein, l’obésité touche davantage les pauvres que les riches : c’est ainsi que l’UMP compte les faire maigrir, c’est pour leur bien !).

Un chômeur sur deux fume, a dit Roselyne Bachelot. Et la hausse de la consommation de tabac en France serait liée à celle du chômage : c’est « un effet crise ». Un chômeur sur deux contribuera donc à redresser les finances publiques : +6% immédiatement et rebelote l’année prochaine (notez, en comparaison, que la taxation des super-riches ne s’élève, elle, qu’à 3%…). Le paquet de blondes à 5,40 € passera à 5,75 €, puis à 6,10 € : un vrai coup de massue.

Pourtant, si Roselyne Bachelot avait pris conscience du lien entre précarité et addiction au tabac, ni elle ni ses amis de l’UMP n’ont daigné intégrer dans leurs petites cervelles que son prix ne freine pas l’addiction. En janvier 2009 dans Libération, le tabacologue Robert Molimard expliquait qu’en l’augmentant, on augmentait les conduites à risques, et on ne faisait qu’accentuer l’exclusion d’une partie des plus défavorisés. Il insistait sur le fait que ces êtres humains, stressés, angoissés, isolés et contraints aux privations (ça tombe bien : la cigarette coupe la faim) sont, tout simplement, à la recherche de détente et de plaisir.

De la rigueur à la rigor mortis

Mais la recherche de détente et de plaisir chez les pauvres, pour l’UMP, c’est franchement indécent. Et la seule addiction tolérée, c’est celle à l’argent qui obsède les fortunés.

Tous ces gueux qui ne paient pas d’impôt sur le revenu, quand bien même ont-ils du mal à régler leur facture de gaz ou à honorer leur loyer, doivent apporter leur concours à cette grande mascarade : pas de chichis ! Et si l’UMP sait qu’inciter les chômeurs et les pauvres à arrêter de fumer en les étranglant ne sert strictement à rien, elle sait, par contre, que plus ces gueux fument, picolent ou ingurgitent des sodas, moins longtemps ils survivent : de cette façon, on économise sur les retraites et le minimum vieillesse. C’est-y pas beau ?

SH

Il n’y a pas que fumer qui tue http://www.actuchomage.org/20110824...

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