Une tribune pour les luttes

Communiqué commun .
Contre la répression, la solidarité est notre arme.

Soutenons Giorgos arrêté pendant la lutte contre la casse des retraites de l’automne dernier

Procès le 22 Septembre au tribunal correctionnel de Montpellier :
1 mois de prison avec sursis, en ne s’appuyant sur aucun fait, mais exclusivement sur le seul principe du refus du fichage ADN.
+ "Pourquoi j’ai refusé de me soumettre au prélèvement ADN "

Article mis en ligne le vendredi 30 septembre 2011


http://blogs.lesinrocks.com/cestvou...

Pourquoi j’ai refusé de me soumettre au prélèvement ADN

La semaine dernière, Georgios, un anarchiste grec de 31 ans vivant en France, est condamné par le tribunal correctionnel de Montpellier à un mois de prison avec sursis (non portée au casier judiciaire) pour refus de prélèvement ADN. En octobre 2010, il avait été interpellé lors des manifestations contre la réforme des retraites mais a obtenu un non-lieu pour les dégradations dont il était accusé. Comme il avait été arrêté avec un petit couteau dans sa poche, la police lui avait également demandé son ADN, ce qu’il a refusé.

La jurisprudence en la matière n’est pas encore unifiée. En quelques mois, nous avons déjà croisé plusieurs cas de figures : en juillet à Boulogne-sur-Mer, le tribunal correctionnel a décidé de ne pas condamner des militants du réseau No Border pour leur refus de prélèvement, puisque les prévenus ont été relaxés du délit principal. En août 2010 à Paris, une présidente a estimé que des policiers avaient demandé abusivement l’ADN d’un homme jugé pour « attroupement armé ». Enfin à plusieurs reprises dans le cas de faucheurs d’OGM, la justice a estimé que le prélèvement ne se justifiait pas pour ce type d’actions.

Une semaine après sa condamnation, Georgios explique pourquoi il n’a pas souhaité obtempérer et fournir son ADN aux policiers qui l’ont arrêté.

1. J’ai refusé de donner mon ADN parce que je considère que c’est une atteinte à ma vie privée. La seule idée de donner une partie de mon corps aux services judiciaires et policiers m’effraie encore.

2. J’ai refusé de donner mon ADN car je m’oppose à la conception du monde selon laquelle ce qui est inné prédomine sur ce qui est acquis. Un seul exemple : en mars 2007, l’actuel président de la République avait déclaré :

« Il y a 1200 ou 1300 jeunes qui se suicident en France chaque année, ce n’est pas parce que leurs parents s’en sont mal occupés. Mais parce que génétiquement ils avaient une fragilité, une douleur préalable. »

Le fichage ADN ouvre la porte à une politique sécuritaire basé sur le caractère génétique : connaître l’ADN de l’ensemble de la population permettrait d’identifier les futurs suicidés ou les futurs criminels. Dans ce sens, le fichage généralisé de la population est un outil pour ceux et celles qui sont au pouvoir et qui se sentent libres de déterminer qui correspond aux normes et qui est déviant-e. Je n’accepte pas que notre identité soit réduite à ces informations génétiques, que ce bout de tissu biologique prédomine sur mon histoire, mon éducation, le contexte affectif, social et économique dans lequel j’ai grandi et dans lequel je vis.

3. J’ai refusé de donner mon ADN car je résiste au fichage de la population. Depuis des années l’État multiplie les fichiers qui comptent actuellement des millions des personnes ou plutôt des millions de codes : à titre d’exemple (et selon la CNIL) je mentionne :
- le fichier FNAEG (Fichier national automatisé des empreintes génétiques, 1’300’000 fiches début 2010)
- le fichier STIC (Système de Traitement des Infractions Constatées, 5 millions de « suspects » et 28 millions de victimes répertoriées)
- le fichier Base élèves
Parmi les promoteurs du fichage, nombreux sont qui ne cachent pas leur projet : le député UDF Jean-Christophe Lagarde, a souhaité que « le gouvernement réfléchisse à un fichier qui concerne l’ensemble de la population ». Sous prétexte de lutte contre l’insécurité et au nom d’un intérêt général qui n’existe pas, les gouvernement successifs ont multiplié les fichiers. Le fichage de la population entre dans le cadre de politiques de contrôle social, de surveillance continue et de répression. Depuis quinze ans, plus de 50 textes de lois ont affaire avec la sécurité. Mais peut-on croire que des mesures répressives et de fichage vont résoudre les problèmes sociaux ? Même si les mesures de contrôle se multiplient (vidéosurveillance, bornes biométriques dans les écoles, prélèvements ADN), elles ne sont pas parvenues à donner un sentiment de sécurité à la population.

4. J’ai refusé de donner mon ADN car je n’accepte pas le fichage de militant-e-s sociaux-les et politiques. Depuis la Loi sur la sécurité intérieure de 2003, le fichage ADN concerne la quasi totalité de des crimes et des délits (sauf crime financier…). Il n’est pas un hasard, selon moi, que le fichage ADN vise également les militant-e-s politiques et sociaux-les. Dans une société de plus en plus inégalitaire, où les riches deviennent plus riches et les pauvres se voient même criminalisé-e-s, dans une société où prédomine le dogme du « chacun pour soi », le fichage ADN est un outil de pression contre les personnes qui s’opposent aux injustices sociales.

5. J’ai refusé de donner mon ADN car je proteste contre les énormes intérêts financiers des industriels qui se cachent derrière ces politiques de la peur. Le marché de la “sécurité” représente plusieurs milliards d’euros, très souvent payés par les impôts de la population. Le cas du fichage ADN illustre bien la façon dont collaborent les patron-ne-s et les actionnaires des grandes entreprises investissant de l’argent pour notre « sécurité » et les défenseurs politiques du dogme « ordre et sécurité ». Je lutte contre ces politiques sécuritaires qui veulent faire de notre société un champ de surveillance, d’isolement des individus, de punition. Avec mes compagnes et compagnons, nous luttons pour que la peur soit remplacée par la solidarité, la soumission par la résistance, la résignation par l’auto-organisation.

6. J’ai refusé de donner mon ADN car c’est juridiquement absurde. En donnant aux enquêteurs le pouvoir de faire des prélèvements d’ADN et de les conserver, même sans condamnation ultérieure, le principe de présomption d’innocence est bafoué, remplacé par une présomption de culpabilité.

Courrier des lecteurs – Les Inrocks, 30 septembre 2011.


Une centaine de militants en soutien.

1 mois de prison avec sursis, en ne s’appuyant sur aucun fait, mais exclusivement sur le seul principe du refus du fichage ADN.

« Le tribunal ne trouve pas de motif à la relaxe et vous déclare coupable avec une peine de principe : un mois avec sursis. Mais comme vous n’êtes pas un bandit de grand chemin, cette condamnation ne sera pas inscrite à votre casier judiciaire. »

Giorgos et ses soutiens se réservent la possibilité de faire appel de ce jugement.


CONTRE LA RÉPRESSION LA SOLIDARITÉ EST NOTRE ARME

Le 21 Octobre 2010, dans le cadre de l’intensification de la lutte contre la casse des retraites de l’automne dernier, le collectif interprofessionnel contre la réforme des retraites, a décidé d’occuper partiellement l’Agence Pôle Emploi de l’avenue de Toulouse à Montpellier.

A cette période, le mouvement se radicalisait et les actions de blocage de l’économie s’intensifiaient, se généralisant dans tout le pays. Durant cette même période l’État a décidé de passer à la contre-offensive. S’appuyant sur les discours de médias qui parlent des «  casseurs » ou qui inventent une autre catégorie de « casseurs » (celles et ceux qui bloquent), le premier ministre condamne «  l’intimidation, les blocages et la violence » synonyme selon lui de « négation de la démocratie et du pacte républicain ». Et le porte parole du gouvernement assure que celui ci « ne laissera pas bloquer le pays par les piquets de grèves. »

Lors de cette action, des tracts ont été diffusés afin d’informer et de mobiliser les chômeurs et chômeuses comme les salarié-e-s du Pôle Emploi. Les discussions ont permis de nouer des contacts. Il a été décidé par la suite de partir en manifestation sur l’avenue de Toulouse.

Au bout de 5 minutes et après avoir parcouru environ 300 mètres, tout d’un coup (sans la moindre sommation) au moins deux voitures de la Police ont fondu sur le cortège. Simultanément, plusieurs policiers de la brigade anti-criminalité (BAC) ont violemment chargé les manifestant-e-s distribuant des coups de matraque. Les policiers ont arrêté et mis en garde à vue 5 personnes au total. Parmi elles, Giorgos, syndicaliste à la CNT, militant à la Coordination des Groupes Anarchistes, participant au mouvement social contre la réforme des retraites, a été arrêté.

Aucune charge n’a été retenue suite à l’action. Les 4 personnes arrêtées avec Giorgos ont été relâchées sans poursuites. Il en aurait été de même pour Giorgos s’il avait accepté de se soumettre au prélèvement ADN. Ce « crime » est passible d’1 an de prison ferme et de 15000 euros d’amende. Son opposition au contrôle social, s’est traduit ici par un refus de fichage génétique. Pour justifier les poursuites les policiers ont inculpé Giorgos pour port d’arme de 6ème catégorie : un «  Opinel » lui servant pour le pique-nique ! En fait ce n’était qu’une arrestation parmi des milliers d’autres pendant cette période. Depuis des années l’État organise la restriction de nos libertés et vise celles et ceux qui lui résistent en votant des lois : la LSQ (Loi sur la Sécurité Quotidienne) – la Loi Perben I - LSI (Loi sur la Sécurité Intérieure) – la Loi sur la prévention de la délinquance... et dernièrement la LOPSSI 2. Devant cette surenchère de lois criminalisant le mouvement social, il est nécessaire de s’organiser face à la répression et de défendre nos libertés.

Le procès de Giorgos est prévu le jeudi 22 septembre après-midi au Tribunal Correctionnel de Montpellier, place Pierre Flotte.

Nous demandons à toutes et à tous de venir à 13h45 le jeudi 22 septembre soutenir Giorgos pour montrer notre opposition à la criminalisation du mouvement social et à la surenchère sécuritaire.

Signataires : AL 34, UD CNT 34, CGA 34, EELV Montpellier, LDH Montpellier, NPA 34, Solidaires 34, SUD Éducation 34, SUD Étudiants 34

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