Une tribune pour les luttes

Guéant se rend en Turquie le 6 octobre : comme à chacune de ces rencontres on arrête des Kurdes à Marseille soi-disant pour "terrorisme"

Il faut bien mettre le gouvernement turc de bonne humeur pour essayer de lui vendre nos rafales !
+ Alliance anti-kurde : Guéant se rendra à Ankara
et "Turquie : vaste campagne d’arrestations de Kurdes"
par Maxime Azadi

Article mis en ligne le jeudi 29 septembre 2011

http://blogs.mediapart.fr/blog/maxime-azadi/

mardi 27 septembre 2011


Alliance anti-kurde : Guéant se rendra à Ankara

Le ministre de l’intérieur, Claude Guéant effectuera le 6 octobre une visite officielle à Ankara pour signer un accord de coopération contre le « terrorisme ». Une visite qui explique la récente opération policière visant la communauté kurde dans le sud de la France.

Au moment où la Turquie envisage de mener une préparation terrestre dans le nord d’Irak et aurait obtenu le feu vert du président américain Barack Obama à une liste de demandes, dont l’installation de drones Predator pour frapper et surveiller le PKK, Parti des travailleurs du Kurdistan, le ministre français Claude Guéant se rendra en Turquie.

Avant cette visite, la semaine dernière, le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan est parti aux Etats-Unis, le président turc Abdullah Gul s’est rendu en Allemagne et le vice-premier ministre Bulent Arinc a effectué une visite en Belgique, afin d’obtenir un soutien plus large pour continuer la campagne militaire et policière cotre les kurdes, intensifiée ces derniers mois.

PLUS DE 2500 KURDES ARRÊTÉS EN TROIS MOIS

Plus de 2500 personnes, dont trois maires, des centaines de responsables et membres actifs du parti kurde BDP, ont été arrêtées au cours de trois derniers mois en Turquie, rapportent les médias kurdes et les organisations des droits de l’homme.

Selon les médias turcs, le bras droit du président français Nicolas Sarkozy signera un accord de coopération qui contiendrait des «  mesures concrètes dans la lute contre le terrorisme ».

Le premier ministre Erdogan et le président Gul recevront également Claude Guéant lors de sa visite officielle.

La visite de Guéant, mis en cause pour des contrats avec la Libye en 2007, intervient après les arrestations médiatisées du 20 septembre dans le sud de la France et à Paris. Trois personnes, dont un père de 6 enfants, avaient été arrêtées et leurs maisons avaient été saccagées lors des perquisitions sur commission rogatoire du juge anti-terroriste parisien Thierry Fragnoli. Soupçonnés d’être les membres du PKK, il avait tous été libérés le 22 septembre, sans mis en examen.


KURDE, MONNAIE D’ÉCHANGE

Les kurdes sont souvent une monnaie d’échange entre les pays européens et la Turquie pour des intérêts économiques et politiques. La médiatisation de dernière opération contre la communauté kurde en France avait été considérée comme un message envoyé à Ankara.

Au moins 42 kurdes ont été arrêtés en France depuis dépit début de l’année pour des motifs politiques, contre 51 arrestations durant toute l’année de 2010. Ces chiffres portent à 176 le nombre d’arrestations depuis 2006.

Par ailleurs, le tribunal correctionnel de Paris devrait se prononcer le 2 novembre sur le sort de 18 politiciens et le centre culturel kurde à Paris poursuivis pour avoir financé le PKK, dans le cadre d’une enquête ouverte en 2006.


Mardi 20 septembre 2011

Ils ont "perquisitionné" un peu partout mais seul un ami kurde aurait été arrêté à Marseille.
Espérons qu’il sera bientôt libéré

Il l’a été au bout de 24 heures ! Beaucoup de bruit et d’agitation comme à chaque "opération" brandie contre le "danger terroriste".

Source AFP

Plusieurs membres présumés de l’organisation séparatiste kurde PKK ont été interpellés mardi matin à Marseille et dans la région Paca sur commission rogatoire du juge anti-terroriste parisien Thierry Fragnoli, a-t-on appris de source proche de l’enquête.

A Marseille, les policiers ont investi plusieurs domiciles et lieux dont la Maison du peuple kurde, située près de la Canebière. L’opération était menée par les services de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), qui visaient une demi-douzaine de personnes.




Rien n’a changé !

Communiqué de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) du 26 février 2010

Fédération des Bouches du Rhône

La chasse aux Kurdes est réouverte ?

(...)

Comme en avril 2007 à Paris et en janvier 2009 à Marseille, ce matin 26 février 2010, la police a interpellé 9 personnes à Marseille en fracassant leurs appartements et en investissant la Maison du Peuples Kurde, Boulevard Longchamp.

En 2007 et 2009, en dépit de plusieurs mois d’incarcération, aucune charge n’avait été retenue contre les soi-disant terroristes kurdes.

La LDH dénonce l’acharnement qui affecte un peuple déjà persécuté par des dictatures en Turquie, en Syrie et en Iran, acharnement facilité par des procédures pénales d’exception en vigueur dans notre pays
Elle s’interroge sur le lien qui pourrait exister entre ces évènements et certaines discussions commerciales en cours entre la France et la Turquie.

(...)

http://www.millebabords.org/spip.php?article13477


Voir aussi Mille Bâbords 17205 du 13/04/2011
La police française arrête cinq kurdes pour "accueillir" Erdogan

et 17731
Halte à la criminalisation du peuple Kurde en France



http://blogs.mediapart.fr/blog/maxime-azadi/

Turquie : vaste campagne d’arrestations de Kurdes
de : Maxime Azadi

mercredi 21 septembre 2011 - 11h42

Dans la « démocratie avancée » du premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, plus de 1 350 membres du principal parti kurde BDP, dont des dizaines de responsables et élus, ont été emprisonnés par la justice au cours de six derniers mois, a dénoncé le BDP, affirmant que la justice a agit sur ordre du premier ministre.

La Co-vice-présidente du Parti de la démocratie et de la paix (BDP), Meral Danis Bestas, a affirmé que la police a lancé une vaste campagne d’arrestations ces dernières semaines contre son parti. Rappelant les menaces du premier ministre contre le BDP, elle a dénoncé l’emprisonnement de 1356 membres du parti kurde, dont des responsables et des élus.


PIRE QUE DES ANNÉES 1990


« Il s’agit d’un chiffre effrayante et inacceptable »
a-t-elle dit, soulignant que le nombre des arrestations est pire que des années 1990. « Ces opérations montrent clairement que la justice n’est pas indépendante car, elles ont été lancées par la justice sur ordre du chef de l’exécutif, le premier ministre. »

192 000 PERSONNES JUGÉES DEPUIS 2009

Plus de 3 000 politiciens kurdes ont été emprisonnés depuis 2009, tandis que 192 000 personnes ont été jugées, hormis les six derniers mois, dans le cadre de la loi anti-terroriste (TMK) et des articles controversés du Code pénal turc, sous l’accusation d’être « membre d’une organisation terroriste » et de « soutenir » cette organisation, ajoute la co-vice-présidente.

Aujourd’hui, il n’y a aucun maire, dirigeant ou membre de l’assemblée d’une province qui n’a pas été l’objet de poursuites, a-t-elle dit. « Nous avons en prison neuf maires, six députés et 40 à 45 membres des assemblés municipales » a affirmé Bestas.

PLUS DE 260 ARRESTATIONS EN CINQ JOURS

Le 15 septembre, le premier ministre avait une nouvelle fois menacé les kurdes : « Ils ne devraient pas s’attendre de bonne foi ». Le 17 aout, il avait menacé de «  faire payer le prix » au BDP, sans le nommer, «  s’il ne prend pas de distances avec la terreur », affirmant que son pays était «  à bout de patience », suite à une embuscade du PKK contre les forces spéciales turques qui menaient une opération.

Depuis le week-end dernier, entre le 17 et le 21 septembre, plus de 260 personnes ont été arrêtées par la police, dont 160 à Istanbul, 56 à Sirnak et 33 à Urfa, selon un décompte du blog Maxime Azadi, à partir des articles publiés par les agences kurdes. Plus de 30 personnes parmi eux ont été envoyées en prison.

LE VRAI BILAN DU GOUVERNEMENT AKP

Le nombre des détenus dans les prisons ont argumenté de 100%, passant de 60 000 en 2002 à 120 000 en 2010. La violence envers la femme atteint une ampleur effrayante, avec une hausse de 1400 %. Aujourd’hui, environ 70 journalistes, kurdes pour la plupart, sont en prison, ce qui en fait le pays la plus grande prison du monde pour les journalistes. Des centaines de journaux, revues ou livres ont été interdits par les autorités. 73 enfants kurdes ont été tués par les forces de l’ordre depuis 2002, selon l’initiative « Bir Göz de Sen Ol » qui a publié les noms de 477 enfants kurdes tués ces 20 dernières années.

Plus de 3 000 membres actifs du BDP, dont des maires, députés, syndicalistes et des défenseurs de droits de l’homme ont été mis derrière les barreaux depuis 2009, dans le cadre de l’affaire KCK, l’Union des associations du Kurdistan (KCK), une organisation accusée de « terrorisme » et de « complicité » avec le PKK. Tous ceux qui militent pour la cause kurde risquent d’être arrêtés dans le cadre cette affaire, considérée comme un complot politique par les organisations kurdes.

LES ARRESTATIONS COMPARABLES AUX ANNÉES 1990

Les arrestations en masse rappellent les années 1990 et sont comparables à celles de l’époque de Tansu Ciller, l’ancien premier ministre entre 1993 et 1996. Usant de fonds secrets pour financer une organisation secrète, elle avait dressé une liste noire d’hommes d’affaires kurdes à abattre parce qu’ils sont soupçonnés de financer le PKK. En 1994, les bureaux du journal kurde, Ozgur Ulke, avaient été bombardés sur ordre de ce premier ministre.

Selon un bilan établi à partir des rapports sur la situation des droits de l’homme, 21 612 personnes ont été arrentées en 2002 contre 14 473 en 1994. Au cours l’année 2007, début de second mandat d’Erdogan, 7 191 personnes ont été arrêtées et 16 000 arrestations ont été effectuées en 2010. Un rapport de l’Association de droits de l’Homme (IHD) indique que 4 015 personnes ont été arrêtées au cours du premier semestre 2011, dans la seule région kurde, contre 2 430 sur la même période de l’année 2010. Le rapport constate 16 482 cas de violations des droits de l’homme au six premiers mois de l’année en cours, contre 13 219 cas en 2010. Le même rapport constate également 1 010 cas de tortures et de mauvais traitements au six premiers mois dans région kurde, contre 433 en 2010.


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Turquie : la justice enferme les maires kurdes

Par Maxime-Azadi

24 Septembre 2011

La justice turque a écroué vendredi 23 septembre trois maires BDP, principal parti kurde, dans le cadre d’une nouvelle campagne d’arrestations, tandis que la police a arrêté des centaines de membre de ce parti depuis début de septembre. « Le gouvernement AKP enferme tout un peuple » a dénoncé Gultan Kisanak, la co-présidente du BDP.

Le maire de Sirnak, voisine de l’Irak, Ramazan Uysal, le maire de Silopi Emin Togurlu, le maire d’Idil Resul Sadak et le responsable du BDP à Silopi ont été écroués vendredi par un tribunal de Diyarbakir, dans le cadre de l’affaire KCK, prétendue extension urbaine du PKK déclaré illégal. Il s’agit d’un affaire considéré par la communauté kurde comme un « complot politique » afin d’instaurer l’hégémonie d’AKP, brisant toute opposition.

Les politiciens et les élus kurdes sont dans la ligne de mire du gouvernement depuis Mars 2009, soit quelques jours après que le parti kurde avait rempoté 14 départements sur 17 et 98 villes dans les élections municipales, faisant perdre du terrain au parti d’Erdogan. Le BDP est aussi parvenu à faire élire 36 députés à la Grande Assemblée Nationale de Turquie, lors des élections législatives du 12 juin dernier. Mais le siège d’un député kurde a été annulé par la justice et avec lui, la libération de cinq autres qui sont toujours en prison a été refusée, ce qui a conduit le BDP à boycotter l’Assemblée turque.

DES MILLIERS DE MEMBRES DU BDP EN PRISON

Plus de 4 milles membres actifs du BDP sont actuellement en prison. Parmi eux figurent six députés, douze maires et des dizaines de membres des assemblés municipales. Dans la seule région de Sirnak, environ 80 membres du BPD, dont la plupart sont des responsables, ont été arrêtés entre le 17 et 23 septembre et 50 d’entre eux ont été écroués par la justice.

Les responsables kurdes affirment que plus de 1400 membres actifs du BDP ont été enfermés au cours de six derniers mois, tandis que des milliers de personnes ont été arrêtées par la police depuis débuté de l’année, dont près de 400 au cours de deux dernières semaines.

Pour les associations des droits de l’homme et le BDP, ces arrestations sont pires que celles des années noirs de 1990.

Le gouvernement AKP du premier ministre Recep Tayyip Erdoğan « enferment tout un peuple », a dénoncé Gultan Kisanak la co-présidente du BDP à Diyarbakir, capital du Kurdistan de Turquie.

Affirmant qu’il y avait moins de personne en prison sous l’accusation de terrorisme avant l’adoption de la loi anti-terroriste (LAT) en 2005 par le gouvernement Erdogan, alors qu’aujourd’hui ce nombre a atteint 12 000 personnes, dont plus de 4 000 membres actifs du BDP.

UNE POLITIQUE TRÈS DANGEREUSE !

Pour Aysel Tugluk, la co-présidente du Congres pour une société démocratique (DTK), une plateforme d’associations et mouvements kurdes, dont le BDP, le gouvernement tente de barrer la route à ceux qui sont pour une voie démocratique. « Il s’agit d’une politique très dangereuse » a-t-elle dit, soulignant que le DTK sera obligé de prendre une position si la répression continue. « Nous allons prendre une position très claire dans les jours prochains » a-t-elle ajouté.

«  Le gouvernement AKP veut faire taire les réactions démocratiques avant une éventuelle opération terrestre » dans le nord d’Irak, a dit de son coté Hasip Kaplan, le député kurde du BDP.

LA RUPTURE S’ACCÉLÈRE

Dénonçant un gouvernement « despotique », il a dit que le BDP et le peuple kurdes ne récoleront jamais face à la répression de la police d’AKP et protégeront leurs réalisations jusqu’à la liberté. Selon lui, la politique répressive du gouvernement accélère la rupture entre les kurdes et l’État turc.

Le BDP a appelé les kurdes à descendre dans la rue pour dénoncer l’injustice et la «  politique génocidaire » menée par le gouvernement contre les politiciens kurdes.

Tant que l’opposition kurde n’est pas réduite au silence, l’AKP ne pourra pas être seul maitre de la Turquie. Il détient déjà tous les leviers du pouvoir, armée, police, justice, services secrets et médias. Aujourd’hui, les kurdes restent la seule force d’opposition, mais aussi le plus grand problème du pays non résolu depuis la création de la République turque.

« Nos revendications sont légitimes et aucune force ne pourra nous faire taire » dit Hasip Kaplan, citant le droit à l’enseignement kurde, la reconnaissance officielle de l’identité kurde et une autonomie démocratique dans la région du Kurdistan parmi les revendications.

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Vos commentaires

  • Le 29 septembre 2011 à 12:57, par Christiane En réponse à : IPI : la Turquie est la plus grande prison pour les journalistes

    http://blogs.mediapart.fr/blog/maxime-azadi

    29 Septembre 2011 Par Maxime-Azadi

    L’Institut international de la presse (IPI) a appelé le gouvernement turc à libérer immédiatement tous les journalistes emprisonnés, dans la déclaration finale de sa 60e Assemblée générale.

    AU MOINS 64 JOURNALISTES EN PRISON

    Dans la déclaration finale, l’institut a exprimé « sa grave préoccupation devant le maintien en détention d’au moins 64 journalistes en Turquie ». Faisant référence à son rapport de juillet, l’IPI a rappelé que la Turquie est la plus grande prison du monde pour les journalistes devant la Chine et l’Iran. La déclaration appelle gouvernement turc à libérer immédiatement tous les journalistes emprisonnés.

    RSF : IL EST TROP FACILE D’ARRÊTER LES JOURNALISTES

    « La couverture de certains sujets reste systématiquement réprimée par la justice. Il est bien trop facile d’arrêter et de condamner des journalistes pour avoir fait leur métier ou exprimé une opinion ; de saisir leurs documents, de remonter à leurs sources. Et dans le contexte actuel de lutte pour le pouvoir féroce au sommet de tous les organes de l’État, la justice ne se prive pas de le faire » dénonçaient les Reporters sans frontières dans son rapport d’enquête publié le 16 juin 2011.

    Le 12 juin dernier, le commissaire aux Droits de l’Homme du Conseil de l’Europe, Thomas Hammarberg, avait également dénoncé la situation « particulièrement préoccupante » de la liberté d’expression et de la liberté des médias en Turquie. « Le respect et la protection de la liberté d’expression sont primordiaux pour les progrès de la démocratie en Turquie » avait déclaré le Commissaire.

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