Une tribune pour les luttes

A Lyon comme à Marseille !

La Roumanie n’est pas Auschwitz, mais ici c’est déjà Vichy

MARCHE contre la traque des Rroms, Samedi 1er octobre à 14 h Place Bellecour

Article mis en ligne le vendredi 30 septembre 2011

Marche en solidarité aux personnes Rroms contre les persécutions de ces dernières semaines

En une semaine, la préfecture a expulsé 650 Rroms des lieux de vie qu’ils avaient construits. Familles avec femmes enceintes, enfants et bébés ont été pourchassés dans toute l’agglomération jour et nuit pendant deux jours. Empêchés de s’asseoir, de se reposer, dans l’impossibilité de manger ou de boire, ils ont erré à la recherche d’un endroit où s’installer.

Cette traque sys­té­ma­ti­que a été orga­ni­sée sous la direc­tion de la pré­fec­ture avec la par­ti­ci­pa­tion de toutes les poli­ces, gen­dar­me­rie, police natio­nale, police muni­ci­pale et même des socié­tés de sécu­rité pri­vées. C’est l’appli­ca­tion zélée de la poli­ti­que gou­ver­ne­men­tale et des nou­vel­les lois. Les popu­la­tions Rroms sont per­sé­cu­tées, dis­cri­mi­nées en Roumanie, en Bulgarie et ailleurs. Ici, elles sont écrasées, les lois leur inter­di­sent de tra­vailler, de séjour­ner plus de trois mois. Les ter­rains où ils cons­trui­sent des habi­tats pré­cai­res sont volon­tai­re­ment rendus insa­lu­bres par le refus de ramas­sage des ordu­res, par le refus d’accès à l’eau pota­ble, par exem­ple. Le har­cè­le­ment, l’expul­sion et la des­truc­tion pério­di­que de leurs lieux de vie, empê­chent de fait la sco­la­ri­sa­tion des enfants, l’accès aux soins et bien sûr d’avoir un toit, même pré­caire. Tout cela est insup­por­ta­ble, ne lais­sons pas faire.

MARCHE contre la traque des Rroms
Samedi 1er octo­bre à 14 h
Place Bellecour

Merci de venir avec un balu­chon sur le dos ou au bout d’un bâton, Il suffit d’un fou­lard, un tissu noué aux quatre coins autour d’un oreiller.

Enfants rroms, tra­qués, dés­co­la­ri­sés, Réagissons

P.-S.

Premiers signataires : C.L.A.S.S.E.S, Ligue des droits de l’homme, Parti Communiste, RESF, Attac, Mouvement de la Paix, Europe Écologie Les Verts du Rhône, Les Alternatifs


La Roumanie n’est pas Auschwitz, mais ici c’est déjà Vichy (1)

http://www.educationsansfrontieres.org/article38535.html

source : Mediapart (blog Philippe Alain)

Hier, 21 septembre 2011, ce sont encore 200 roms de l’agglomération lyonnaise qui ont été expulsés de leurs lieux de vie sur 4 camps. A Lyon, depuis une semaine, le préfet applique à la lettre la circulaire du 5 août 2010, pourtant illégale, et démentèle, un par un, tous les camps de roms.
Il fallait voir ces 25 enfants de l’autre côté du trottoir de la rue Eugène Pottier, le regard perdu, les yeux encore embués par le sommeil, ne comprenant pas pourquoi on leur envoyait une quinzaine de véhicules de police de si bon matin.

Ils avaient entre 6 mois et 12 ans. L’un d’entre eux avaient son cartable sur le dos. Ce matin, il n’ira pas à l’école.

La veille, l’OFII de monsieur Klarsfeld était passé pour proposer « l’aide au retour ». Pas un habitant n’en n’a voulu.

Stefan expliquait pourquoi :

- «  Qu’est ce que tu veux que je fasse de cet argent pour retourner en Roumanie ? Je suis en France depuis 2002, j’ai 5 enfants qui vont à l’école, l’OFII ne m’a jamais proposé un centime pour m’aider. A la place, ils donnent 300 € à des roumains qui sont là depuis une semaine et qui sont venus exprès pour ça… »

Le préfet du Rhône a déclaré qu’il ne voulait pas voir d’enfants mendier dans la rue. Il montre clairement aujourd’hui qu’il ne veut pas non plus les voir à l’école.

A peine les enfants rentrés et scolarisés à un endroit, il les expulse et les rejette à l’autre bout de la ville.

Le préfet du Rhône, reprenant les déclarations du ministre Apparu (2), à déclaré qu’à Lyon, il ne laisserait aucun enfant de moins de 10 ans dormir dehors. Rien qu’hier, il en a jeté une centaine à la rue dont les plus petits ont quelques mois.

La semaine dernière, après avoir trouvé le camp de Saint Fons, vide, le préfet a donné des consignes pour traquer, harceler et pourchasser les roms Saint Fons où qu’ils se trouvent. (A moins, que de tels agissements ne soient le fait de fonctionnaires particulièrement zélés qui agissent de leur plein gré). C’est ainsi qu’un groupe de 80 personnes dont une trentaine d’enfants se sont retrouvés à Chassieu, puis Décines, retour à Chassieu, Villeurbanne puis Vaulx en Velin.

A Chassieu, quand la police les a retrouvés dans une forêt au milieu de nulle part, ils ont été obligés de quitter les lieux. Ils faisaient 100 mètres, tenant d’une main leur enfant, de l’autre leur lourd baluchon, suivis à pied par des policiers. Dès qu’ils s’arrêtaient pour se reposer, la police les obligeait à repartir.

Cette traque à durée 2 jours et 2 nuits.

Finalement, à Vaulx en Velin, alors qu’ils étaient exténués, au bord de l’épuisement, la police les a chassés une dernière fois… Pour les conduire dans une usine occupée par une trentaine de roms…

Alors que depuis une semaine et le début des rafles, la police était passée dans tous les squats pour menacer d’expulsion immédiate tous les occupants s’ils accueillaient de nouvelles personnes, ici, la police a tenu le discours contraire. Un rom ma raconté que la police les avait menacés d’expulsion immédiate s’ils n’acceptaient pas le nouveau groupe…

Depuis le mardi 13 septembre et l’expulsion illégale des 140 personnes de la rue Marcel Mérieux (les premiers occupants étaient là depuis plus de 48 heures), le préfet à jeté dans la rue plus de 650 roms.

Mardi 20 septembre il en a expulsé par charter 150 dont une cinquantaine de Saint-Etienne.

En ce qui concerne le respect de la loi, celle-ci est bafouée en permanence. A une personne qui s’étonnait de la loi qui interdit d’expulser les squateurs au delà de 48 heures de présence, un officier supérieur de police à répondu : « ne vous inquiétez pas, on ne les laissera JAMAIS s’installer 48 heures. Cà, c’est notre travail. »

La police ne laisse pas 48 heures, elle n’hésite pas à intervenir au bout de quelques heures sur des terrains privés sans l’accord du propriétaire, elle intervient même au bout de 96 heures, sans se gêner.

En ce qui concerne les expulsions, la préfecture délivre maintenant des OQTF (Obligations de Quitter le Territoire Français) dès qu’un rom qui a déjà vécu sur le sol français l’a quitté et revient. En gros, on supprime le droit de libre-circulation et on exclut les roumains de l’Europe. Bien entendu, ce n’est que pour les roumains. Un touriste hollandais qui vient en caravane et multiplie les courts séjours, même s’il ne dépense rien en France, lui, ne sera pas inquiété…

En ce moment la police multiplie les contrôles au facies à l’encontre des roumains. Qu’on ne me dise pas que ce n’est pas ciblé sur les roumains, les contrôles sont effectués avec un policier spécialement venu de Bucarest qui pose les questions et traduit…

Relevé d’identité, fouille des sacs, confiscation des portables pour vérifier s’ils ne sont pas volés et enfin, questionnaire rapide pour connaître la situation administrative et la date d’entrée en France. Le tout précieusement consigné dans un petit carnet spécial.

Parfois, dans la foulée, convocation à la PAF pour se constituer un dossier d’expulsion.

Enfin, depuis longtemps déjà, la police arrête des enfants roms. Dans le métro, dans la rue, dans les déchetteries.

Voici le témoignage d’un enfant :

- «  Dans la déchetterie, il y avait un monsieur qui ressemblait à un clochard. Il fouillait dans les poubelles. Et puis d’un coup il a sauté la barrière et il nous a attrapé. Il a mis son bandeau de la police. Ensuite ils nous a amené au commissariat. Ils nous ont pris les empreintes, comme ça, tous les doigts et aussi la main et puis ils nous ont pris des photos, 3 photos et après il nous a dit de cracher sur un mouchoir qu’il a mis sur la table. Après, ils nous ont mis en garde à vue, jusqu’à 11 heures du soir et puis ils nous ont emmené dans un foyer. Ils ont pas voulu prévenir mes parents. »

Cet enfant à 11 ans, il vit en France depuis 5 ans. En 8 jours, il a été expulsé 4 fois de sa maison par la police. Il se déplace la peur au ventre, il ne va plus à l’école, il a perdu son sourire d’enfant, et son visage, déjà marqué par ces épreuves lui fait paraître des années de plus. Il est recensé, fiché, photographié et son ADN répertorié.

Alors je ne sais pas si la Roumanie c’est Auschwitz, monsieur Klarsfeld, mais je peux vous dire, et votre comparaison est à cet égard tout à fait bien trouvée, ici, pour les Roms, c’est déjà Vichy.

(1) 21 septembre 2011, Arno Klarsfeld, directeur de l’OFII (Office Français de l’Immigration et de l’Intégration) déclarait sur France Inter à propos des expulsions de roms : «  S’il n’y a pas de politique du chiffre, c’est-à-dire s’il n’y a pas d’aiguillon sur les préfets, alors les préfets ne font pas ce travail de renvoyer, non pas vers la mort, non pas vers Auschwitz… »

(2) « Il est hors de question qu’une seule famille se retrouve à la rue. Un enfant ne dort pas dehors en France en 2011 » (B. Apparu, Le monde, 20 juillet 2011)

« Jean-François Carenco s’est engagé à ce qu’aucune mère accompagnée d’enfants de moins de 10 ans ne dorme à la rue » (Le Progrès, 11 août 2011)

jeudi 22 septembre 2011.


Clermont-Ferrand, le 22 septembre 2011

Dans la nuit du 20 au 21 septembre 2011, Basrijé Bezjacu donnait naissance - à 26 semaines de grossesse - à une petite El Médina décédée dans les heures qui ont suivi.

Le 17 août dernier, Francis Lamy, préfet du Puy-de-Dôme, ordonnait l’arrestation à Clermont-Ferrand de la famille Bezjacu, et son transfert au Centre de Rétention de Lille. Cette famille Rom Kosovar, avec trois enfants de 10, 7 et 3 ans dont la maman était enceinte de 5 mois, était libérée quatre jours plus tard par un juge des libertés et de la détention. Dans sa décision, il soulignait au sujet de la mère que « le risque d’atteinte à sa santé et à la santé du bébé, consécutif au stress induit par la situation de rétention qui lui a été notifiée au petit matin, immédiatement suivie d’un déplacement géographique d’une durée de 10 heures, est totalement disproportionné au regard de l’objectif d’éloignement poursuivi par les autorités [...] Il ressort de l’ensemble de ces éléments que le traitement subi par cette famille est inhumain et dégradant. »
Ce qui n’empêchait pas le Secrétaire Général de la Préfecture, Jean-Bernard Bobin, de déclarer aux journalistes de La Montagne, dans l’édition du 22 août 2011 : « Le tribunal nous a donné raison sur tous les points. » Et Martine Couderc, directrice départementale de la police, de rajouter trois jours plus tard : « La prise en compte des besoins de la famille se fait dans des conditions humaines auxquelles tout fonctionnaire de police est très attaché. [...] Nous laissons le temps aux familles de préparer leurs bagages, nos véhicules sont équipés de lait maternisé, de couches-culottes, de sièges bébés. De plus, l’interpellation ne peut pas mal se passer, nous n’avons pas de pouvoir de coercition dans ce cadre-là de mission, les familles nous suivent de leur plein gré. [Le trajet vers Lille s’est passé] sans souci particulier. »

Pourtant, dès le retour de la famille à Clermont-Ferrand, madame Bezjacu était hospitalisée en urgence au service des grossesses à haut risque pour un décollement du placenta. L’un des médecins déclarait aux journalistes que « sur un plan de logique médicale, c’est une évidence que ce décollement du placenta est la conséquence directe de ce trimballement à Lille et du choc de l’arrestation. »

Aujourd’hui, une famille est en deuil ; la population clermontoise éplorée et choquée.

Le préfet du Puy-de-Dôme Francis Lamy, le Secrétaire Général de la Préfecture Jean-Bernard Bobin, la directrice départementale de la Sécurité Publique Martine Couderc vont-ils s’exprimer demain dans les médias pour dire qu’ils ont eu raison sur tout ? Que madame Bezjacu, son mari et leurs trois enfants sont partis au Centre de Rétention de Lille de leur plein gré dans des voitures munies de couches-culottes ? Ou bien vont-ils expliquer par voie de presse que madame Bezjacu n’a pas accouché prématurément et que la petite El Médina n’est pas morte ?

A moins qu’ils ne se taisent en un silence assourdissant...

Nous, militants du Réseau Éducation Sans Frontières 63, nous ne nous tairons pas.

NE NOUS TAISONS PAS

RASSEMBLEMENT
MERCREDI 28 SEPTEMBRE A 18H
DEVANT LA PRÉFECTURE DE CLERMONT-FERRAND

Nous nous opposons, plus que jamais, à la traque des étrangers, leur arrestation, leur emprisonnement dans les Centres de Rétention et leur expulsion. Nous dénonçons et condamnons, inlassablement, cette politique de l’immigration inhumaine et dégradante, à l’origine de drames quotidiens et qui engendre la mort.

Elèves de familles sans-papiers
Elèves en danger

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Vos commentaires

  • Le 23 septembre 2011 à 12:50, par Christiane En réponse à : La Roumanie n’est pas Auschwitz, mais ici c’est déjà Vichy (1)

    "Si mon objectif de 30 000 reconduites d’étrangers en situation irrégulière était atteint en 2011, il s’agirait du meilleur résultat historique enregistré par la France."
    Claude GUEANT, Ministre de l’Intérieur et de l’immigration, le 8 août 2011

    Hortefeux avait fixé l’objectif à 28 000, Guéant a décidé de le remonter à 30 000. Il a ajouté "Sur les 7 premiers mois de l’année, nous avons reconduit 17 500 étrangers, soit 4 % de plus que l’année dernière... De plus, grâce aux nouveaux instruments que donne la loi sur l’immigration... nous pouvons être plus efficaces..."

    Outre l’aspect monstrueux que révèlent de tels comptes d’apothicaires appliqués à des êtres humains, on peut s’interroger sur le sens de l’histoire, pour lui- même et pour notre pays, que défend Monsieur Guéant.

    Il y a un an, Hervé LE BRAS, Directeur d’étude à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (Revue La Recherche, N° 443, juillet/ août 2010), estimait de façon totalement scientifique le coût d’une expulsion à 76 700 € !
    Multipliez 76 700 par 30 000 et vous arriverez à l’effarante somme de 2 301 000 000 € !
    Imaginons tous les projets d’intégration, de co-développement... qui pourraient être menés avec un tel budget !
    Et en ces temps où l’on ne cesse de tout justifier au nom des déficits publics, pourquoi aucune voix ne s’élève-t-elle pour dénoncer un tel scandale ?

    Collectif Solidarité Migrants Oise

  • Le 23 septembre 2011 à 13:01, par Christiane En réponse à : Notre honnête "personnel" politique

    http://www.lemonde.fr/politique/art...

    M.Gaubert n’est pas encore averti que sa femme a témoigné, et pour cause : le juge Van Ruymbeke a tenu à ce que cette déposition reste confidentielle le plus longtemps possible. M. Hortefeux, lui, en sait pourtant déjà beaucoup. C’est ainsi que l’ex-ministre de l’intérieur, au mépris du secret de l’instruction, apprend à son ami que sa femme a été entendue par les enquêteurs.

    "Elle balance beaucoup apparemment, Hélène", avance M. Hortefeux. "Qu’est-ce que tu as comme infos là-dessus, toi, parce qu’elle me dit qu’elle dit rien ?", s’inquiète M. Gaubert. "Ça m’embête de te le dire par téléphone (…). Il y a beaucoup de choses, hein…", assure l’ex-ministre de l’intérieur. Manifestement, M. Hortefeux a eu accès aux déclarations sur procès-verbal d’Hélène de Yougoslavie, alors même qu’elles n’ont pas encore été cotées au dossier du juge Van Ruymbeke. "Je te raconterai, poursuit-il, mais ils ont énormément de choses (…). T’as eu Bazire, parce que visiblement il est lui dedans, dans cette histoire."

  • Le 26 septembre 2011 à 15:37, par Christiane En réponse à : Lyon : 43 Roms hébergés par une église

    Quarante-trois Roms, expulsés d’un campement à Lyon il y a deux semaines, ont été recueillis dans une église du quartier de Gerland et sont depuis mercredi dernier installés dans un garage sous l’édifice, a indiqué aujourd’hui le curé de la paroisse. "Les femmes et les enfants ont passé quatre nuits dans l’église Saint-Antoine, le temps que nous trouvions une solution. La seule possible, pour un mois, est le garage de la résidence des prêtres, qui se situe sous l’église et ne peut être utilisé par nos véhicules en raison de travaux bloquant l’entrée", a expliqué le père Matthieu Thouvenot.

    Selon le père Thouvenot, qui est soutenu par le diocèse, "il est possible de faire autre chose que des camps". "Ces gens ont la volonté de travailler, ils veulent scolariser leurs enfants. Par petits groupes, nous pensons pouvoir montrer l’exemple", assure-t-il.

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