Une tribune pour les luttes


La machine à expulser (Bellota film sur Canal plus)

+ Expulsion violente aujourd’hui jeudi 28 septembre d’une famille tchétchène avec 8 enfants
Voir vidéo de l’arrestation !!
+ Communiqué CIMADE : Un avion militaire pour expulser une famille ordinaire

Article mis en ligne le jeudi 29 septembre 2011

La machine à expulser

Documentaire sur le caractère de plus en plus barbare des conditions d’arrestation et de rétention en France, diffusé par Canal Plus.

http://static2.canalplus.fr/canal-plus-la-machine/expulser.html


La vidéo de l’arrestation à La Roche sur Yon de la famille tchétchène DZHANARALIEV
http://www.educationsansfrontieres....
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Témoignage

Nous étions 70 personnes (40 tchétchènes et une trentaine de militants) à manifester hier soir devant le CRA en soutien à la famille tchétchène. Nous avons tous été très choqués de voir que le père de famille était séparé de sa famille par des grilles dans une zone attenante.

Le centre de rétention de Saint-Jacques, près de Rennes, est le seul du grand Ouest. Il a été ouvert en 2007.

8h ce matin, la famille appelle un compatriote présent au rassemblement la veille pour l’informer qu’on vient de leur annoncer un départ immédiat. L’alerte expulsion est lancée.

J’arrive au CRA 20 mn plus tard et j’assiste seule et impuissante à l’embarquement contraint de la famille dans l’escorte : La famille est groupée près du greffe. Madame Dzhanaraliev crie "non, non, non" et s’agenouille au sol pour exprimer son refus de partir. Elle est portée par les policiers dans le véhicule. J’aperçois ensuite un homme porté à l’horizontale par 6 policiers. Je pense alors qu’il s’agit du père de famille, mais je comprends quelques minutes plus tard en le voyant sortir calmement avec ses enfants qu’il s’agissait du fils aîné, celui qui a déjà subi des violences en Pologne....

La communauté tchétchène commence à arriver mais il est déjà trop tard. 3 véhicules de police viennent d’embarquer la famille sous mes yeux. Nous sommes tous abasourdis, puis nous recevons un appel de la famille qui nous informe qu’il se trouve à l’aéroport de Rennes St Jacques qui se trouve juste derrière le CRA. Nous nous y rendons immédiatement. Nous repérons un avion en bout de piste entourés de véhicules policiers. Évidemment nous nous renseignons au guichet, aucun vol régulier n’est prévu à destination de la Pologne. Nous réussissons à établir une dernière conversation par tel avec le père de famille. Celui-ci nous dit que ces 2 fils aînés ont été attachés et sont déjà dans l’avion...puis plus rien, son tel est coupé.
L’avion décolle à 9h43.


La Cimade

Communiqué de presse - 29 septembre 2011

Un avion militaire pour expulser une famille ordinaire

Ils étaient arrivés mardi au centre de rétention de Rennes après une arrestation musclée à La Roche-sur-Yon. Déjà le dispositif policier avait été des plus impressionnants. Les gardes mobiles arrivés en nombre (50) avaient bloqué l’accès à la rue et avait au petit matin embarqué la famille dans la précipitation.

Un avion était prévu le lendemain mais le vol a été retardé en raison des problèmes de santé du plus jeune fils. En effet dès son arrivée au centre, ce dernier, qui est sujet de problèmes cardiaques, a présenté des signes médicaux inquiétants, notamment d’importants saignements du nez. Il avait alors été hospitalisé pour la nuit puis était ressorti hier en milieu de journée.

Depuis leur arrivée au centre, les enfants ne s’alimentaient plus. Ce matin, à leur réveil vers 8h, ils ont été prévenus qu’ils devaient rassembler leurs affaires pour un embarquement immédiat. Ayant été victimes de violences lors de leur premier passage en Pologne, et dans la peur de voir se répéter ce scénario, la mère et le plus âgé des fils ont essayé d’opposer sans succès une résistance. Ils ont alors été contraints de prendre le départ et portés jusque dans la voiture qui les emmenait à quelques centaines de mètre plus loin, sur les pistes de l’aéroport de Saint Jacques de la Lande. Là, certains des membres de la famille, deux des enfants selon leur père, ont été physiquement entravés à leur embarquement à bord d’un avion spécial qui a été affrété afin qu’ils soient expulsés le plus rapidement possible.

Depuis cet été, ce sont 8 familles dont 19 enfants qui sont passées au centre de rétention de Rennes. C’est la première qui est embarquée, dans des conditions aussi inhumaines et spectaculaires.

La Cimade dénonce l’enfermement des enfants et la disproportion insensée des moyens mis en œuvre contre cette famille composée de 8 enfants dont le plus jeune n’a à peine 2 ans. Encore une fois, l’administration bafoue la dignité d’une famille au nom d’une politique du chiffre qui n’a aucun sens.


Communiqué RESF

Jeudi 29 septembre 2011

A 6.00 heures ce matin, à la mosquée de la Roche sur Yon, une cinquantaine de gardes mobiles, policiers et représentants de la préfecture sont venus réveiller et interpeller une famille tchétchène de 2 adultes et 8 enfants, la famille Dzhanaraliev.

Rue bloquée dans le quartier, déploiement de force sans commune mesure avec la situation d’une famille paisible ne représentant aucun danger et dont 7 des 8 enfants âgés de 2 à 18 ans, sont scolarisés à La Roche sur Yon.

Tout ce cirque policier pour renvoyer en Pologne, pays supposé de leur entrée en Europe. Juridiquement et administrativement cette réadmission est contestable et une saisine du Conseil d’état est en cours.

De plus lors de leur passage en Pologne, ils ont subi des maltraitances, ce qui explique leur demande de d’asile en France. Or, le 22 septembre, la cour de justice européenne, par la voix de son procureur général, a statué sur le fait que des demandeurs d’asile ne peuvent être transférés vers un autre état membre, lorsqu’il y a pour eux un risque d’une atteinte grave aux droits que la Charte des droits fondamentaux leur garantit.

La famille bouleversée, en détresse, avec les enfants en pleurs, a seulement pu contacter la bénévole de la Cimade qui les suivait depuis plusieurs semaines.

Arrivés sur place, aucun membre des associations qui les ont soutenus depuis leur présence à La Roche sur Yon (Vendée) n’a été admis à les assister, les réconforter, lors de cette opération. Le fort dispositif de sécurité empêchait tout contact avec la famille et même tout accès à la rue.

Rien ne justifiait l’heure, l’urgence et un tel déploiement des forces de l’ordre.

Dans quel état se trouvent les enfants ayant subi une telle interpellation matinale ?

Au-delà de la violence inhérente à un tel évènement, il convient de préciser que le plus jeune des enfants est atteint d’une pathologie cardiaque ayant nécessité une opération lourde. L’avis d’un cardiologue pédiatrique est indispensable avant tout long déplacement.

Une nouvelle fois, on stigmatise ceux qui aident des personnes en détresse, on bafoue les plus élémentaires des droits de protection de l’enfance et on crée, sous la pression d’un ministère de plus en plus répressif, un climat malsain, propice à toutes les interprétations.

Une nouvelle fois, la France s’apprête à bafouer le droit communautaire et à s’abstraire d’une décision de justice.

RESF Vendée demande que cessent ces situations inadmissibles. L’Etat doit permettre aux associations de remplir leur mission en toute circonstance.

L’humanité doit prendre le pas sur les chiffres.

L’indignation des élus, des associations, des mouvements politiques et syndicaux qui suivent cette famille est totale !

Histoire récente :

Pendant la guerre de 1994 en Tchétchénie le père a aidé des combattants. 13 hommes de sa famille ont été tués dans cette période.

A la fin de la guerre pourchassés par le gouvernement prorusse, ils se sont cachés pendant 3 ans environ, se séparant et bougeant sans cesse.

En 2006, la situation devient intenable, le père est recherché et menacé, ils partent en Pologne avec leur passeport, demandent l’asile, obtiennent un droit de séjour de 2 ans mais sans le statut de réfugiés

En Pologne, ils ont subi des maltraitances, (en particulier un des enfants est violemment battu gardant des séquelles physiques et psychologiques importantes)

Ils ont pris peur et la famille sans avoir pu informer le père se réfugie au Danemark.

En mars 2010, le Danemark les renvoie en Pologne. Devant l’angoisse des enfants.

ils n’y restent que 2 jours et repartent en Tchétchénie toujours sans le père.

Ils sont 1 mois tranquilles puis ils sont sommés de dire où est le père et comme moyen de pression les 2 enfants ainés sont séquestrés une nuit par des paramilitaires. Depuis l’ainé est resté mutique.

En octobre 2010, en insécurité totale ils se réfugient au Danemark, qui demande leur retour vers la Pologne.

Terrorisés, ils rejoignent le frère de Madame en séjour régulier en Suède.

Le père qui n’avait pas revu sa famille les rejoint en Suède. Même histoire, la Suède demande le retour en Pologne.

Ils fuient de nouveau mais cette fois ci vers la France (Strasbourg) pensant pouvoir demander l’asile car ayant quitté l’UE pendant plus de 6 mois. Les preuves de leur séjour en 2010 en Tchétchénie sont jugées non probantes par le préfet du Bas Rhin. Celui-ci refuse leur admission et ordonne leur retour immédiat en Pologne.

La famille arrive alors en Vendée en juin 2011, est accueillie par les associations locales d’aide et ces 3 derniers mois est logée en modulaire dans la cour de la mosquée avec l’accord et l’aide de la Mairie.

Ils se trouvent au centre de rétention de Rennes et risquent leur renvoi de nouveau vers la Pologne alors que ne sont pas connus les résultats des derniers recours – Conseil d’état en particulier.

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