Une tribune pour les luttes

Communiqué commun

Manger les animaux devient une obligation légale

Les végétariens se mobilisent

Article mis en ligne le samedi 8 octobre 2011

Par mail

Les végétariens* défendent leur liberté de conviction

Un décret vient d’être publié rendant obligatoires des règles de composition des repas dans l’ensemble de la restauration scolaire publique comme privée. Ces règles imposent à six millions d’enfants en âge scolaire la consommation de la viande, du poisson, des produits laitiers et des oeufs.

Des décrets analogues sont en préparation pour la quasi-totalité de la restauration collective en France, depuis la maternelle jusqu’aux établissements pour personnes âgées, en passant par les restaurants universitaires, les hôpitaux et les prisons.

C’est ainsi que la loi française, sous couvert d’une mesure de santé publique, interdit l’expression concrète d’une conviction.

Les citoyens végétariens se mobilisent pour défendre leur droit au choix alimentaire.


Une bonne nouvelle ? Pas pour les végétariens !

Un décret et un arrêté publiés au Journal officiel du 2 octobre dernier [1] imposent aux cantines scolaires le respect d’un ensemble de normes censées garantir l’équilibre nutritionnel des repas. Chaque repas doit obligatoirement comporter un « plat protidique », dont les protéines sont exclusivement d’origine animale (viande, poisson, oeufs ou fromage), en ignorance de l’existence de sources abondantes de protéines végétales, ainsi qu’un produit laitier, supposé représenter le seul moyen de couvrir les besoins en calcium, en ignorance de l’existence d’alternatives végétales et minérales. Une fréquence minimum obligatoire de certaines viandes (boeuf, veau, agneau ou abats de boucherie) et de poisson est spécifiée.

Il sera donc désormais impossible pour les usagers réguliers des cantines d’être végétariens, c’est-à-dire de l’être tous les jours. Quant à être végétalien, ce ne sera pas possible ne serait-ce que le temps d’un seul repas.
L’enfant végétarien qui parviendrait malgré tout à laisser la viande sur le bord de l’assiette serait contraint de consommer des repas carencés ; aucune alternative équilibrée n’étant proposée.

Une attaque contre la liberté de conviction

De nombreuses personnes dans le monde ont la conviction profonde que la consommation des animaux et des produits de leur exploitation n’est pas légitime. Le végétarisme et le végétalisme sont l’expression concrète incontournable de cette conviction.

Le décret gouvernemental porte atteinte aux libertés individuelles fondamentales en restreignant le libre exercice des convictions personnelles tel qu’il est proclamé par les Nations Unies :
Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion. Ce droit implique la liberté d’avoir une religion ou n’importe quelle conviction de son choix, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction, individuellement ou en commun, tant en public qu’en privé, par le culte et l’accomplissement des rites, les pratiques et l’enseignement [2].

Le traitement des animaux fait l’objet d’un débat d’opinion croissant en France, comme en témoigne la parution de plusieurs ouvrages récents mettant en cause, ou au contraire défendant, la légitimité de la consommation de la viande [3].

La volonté du gouvernement d’imposer dans ce contexte ses propres choix idéologiques et économiques est ouvertement admise :
Le ministre de l’Agriculture, Bruno Le Maire, a annoncé la mise en place d’un programme national pour l’alimentation vise aussi à freiner l’impact de certains discours, comme celui de l’ex-Beatle Paul McCartney qui a appelé en décembre, en marge du sommet de Copenhague, à une journée hebdomadaire sans viande pour lutter contre le réchauffement climatique. Cet appel avait suscité une levée de boucliers chez les éleveurs [4].


La poursuite d’un mensonge nutritionnel institutionnel

Depuis plusieurs années, à travers notamment des éditions successives du Plan National Nutrition Santé (PNNS) et de son visage public mangerbouger.fr, les pouvoirs publics diffament le végétarisme et le végétalisme.

Il est au contraire reconnu par de nombreuses autorités médicales et sanitaires dans le monde que l’on peut vivre, et bien, sans consommer de la viande et des produits animaux. Par exemple :

La position de l’Association Américaine de Diététique est que les alimentations végétariennes (y compris végétaliennes) bien conçues sont bonnes pour la santé, adéquates sur le plan nutritionnel et peuvent être bénéfiques pour la prévention et le traitement de certaines maladies. Les alimentations végétariennes bien conçues sont appropriées à tous les âges de la vie, y compris pendant la grossesse, l’allaitement, la petite enfance, l’enfance et l’adolescence, ainsi que pour les sportifs [5].

Le débat sur la légitimité de l’exploitation des animaux est de nature philosophique, éthique et politique et doit pouvoir se poursuivre. Il n’est pas acceptable que l’État français, sous couvert d’une mesure de santé publique fondée sur des contre-vérités nutritionnelles, veuille interdire ce débat par la mise hors-la-loi de l’expression concrète d’une conviction.

Les végétariens se mobilisent

Des collectifs et associations végétariens s’organisent partout en France pour exprimer leur indignation face à ce décret, alerter l’opinion publique et contester les affirmations nutritionnelles diffusées par les pouvoirs publics.

Ils appellent toutes les personnes et organisations soucieuses de défendre la liberté de conviction, quelles que soient leurs propres positions concernant l’exploitation animale, à joindre leur voix à ces protestations.

L’Initiative Citoyenne pour les Droits des Végétariens a déjà contacté les Nations Unies en mai dernier pour signaler des épisodes concrets de discrimination à l’encontre de personnes végétariennes en France[6]. Si le décret n’est pas retiré, l’ICDV annonce une nouvelle plainte contre la France pour violation de la liberté de conviction.

Signé par :

ACTA (Bordeaux)
Aquitaine Décroissance
ALARM (Marseille)
Animal Amnistie (Toulouse)
Animal Libre (Albi)
Animalsace
Animavie
Les Animaux de Maurice
APSARES
Association pour un homme plus humain
Association Végétarienne de France
Avis (Toulouse)
CABle (Besançon)
CLEDA (Paris)
CLAM (Montpellier)
Collectif Diois pour l’égalité (Die)
Convention Vie et Nature
Dignité animale (Lyon)
Droits des Animaux
Fondation Brigitte Bardot
ICDV
L214
One Voice
Nea (Rennes)
Rêv’Animal
Revégez-vous (Rennes)
Société végane
Végétariens Magazine
Veggie Pride
VegFest
VG56 (Morbihan)
Vivants (Sedan)

Mail : contact chez icdv.info

http://www.icdv.info/

notes :

* Les végétariens comprennent les végétaliens et les vegans. Les simples végétariens ne mangent pas de chairs : ni viandes ni poissons. Les végétaliens refusent tous produits alimentaires d’origine animale, ce qui inclut les ¦ufs et les laitages. Les vegans refusent d’utiliser des produits animaux également dans les domaines autres qu’alimentaire : ils ne portent par conséquent ni cuir, ni fourrure, n’utilisent pas de produits industriels testés sur des animaux, etc.

[1] Décret n° 2011-1227 du 30 septembre 2011 et arrêté du 30 septembre 2011. Ces textes font suite à la loi n°2010-874 du 27 juillet 2010 dite « loi de modernisation de l’agriculture et de la pêche », qui dispose que : « Les gestionnaires, publics et privés, des services de restauration scolaire et universitaire ainsi que des services de restauration des établissements d’accueil des enfants de moins de six ans, des établissements de santé, des établissements sociaux et médico-sociaux et des établissements pénitentiaires sont tenus de respecter des règles, déterminées par décret, relatives à la qualité nutritionnelle des repas qu’ils proposent . »

[2] Déclaration sur l’élimination de toutes formes d’intolérance et de discrimination fondées sur la religion ou la conviction, proclamée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 25 novembre 1981 (http://www2.ohchr.org/french/law/religion.htm), art. 1.1.

[3] En particulier Jonathan Safran Foer, Faut-il manger les animaux ? (Éd. de l’olivier, janvier 2011) ; Marcela Iacub, Confessions d’une mangeuse de viande - Pourquoi je ne suis plus carnivore (Fayard, mars 2011) ; Dominique Lestel, Apologie du carnivore (Fayard, avril 2011).

[4] Dépêche AFP du 21/01/2010.


Tract d’alerte

Vous trouverez ci-dessous le texte du tract d’alerte qu’un collectif d’associations et d’individus a rédigé pour le distribuer massivement à partir de fin septembre, notamment au Paris Vegan Day, mais aussi à d’autres occasions comme des foires bios ou autres rencontres. Vous pourrez également télécharger le tract mis en page, en couleur et en format pdf (cf. ci-dessous).

Alerte !
Manger des animaux devient une obligation !

Une pétition demandant que des menus végétariens équilibrés et variés soient disponibles chaque jour en restauration collective a déjà recueilli plus de 50 000 signatures 1. Pourtant, le gouvernement s’apprête à décréter des mesures totalement abusives qui risquent d’interdire ou d’entraver la présence de l’offre végétarienne en collectivité.

La loi n°2010-874 du 27 juillet 2010 dite « loi de modernisation de l’agriculture et de la pêche » contraint les services de restauration à respecter des « règles nutritionnelles » édictées par décret. Le décret qui sera prochainement promulgué va selon toute probabilité imposer la présence régulière de viande, poisson et produits laitiers dans les menus.

Produits animaux obligatoires

Les usagers de la restauration collective se verront contraints de consommer une grande quantité de produits animaux – ou bien réduits à ne pas manger grand chose !

Il sera très difficile aux végétariens d’obtenir une dérogation aux règles communes. Parmi eux, les végétaliens ont toutes les chances de se voir opposer un refus. Il sera impossible aux gestionnaires de la restauration collective d’innover en offrant chaque jour un menu végétarien comme menu principal, même si leur initiative est bien accueillie par les usagers.

Seront directement concernés six millions d’enfants qui mangent à la cantine, mais aussi les personnes âgées en maisons de retraite, les personnes hospitalisées, celles qui sont incarcérées, les bénéficiaires du portage de repas à domicile 2...

Ce décret, à paraître cette année, s’inspire des contre-vérités sur le végétarisme propagées depuis plusieurs années par le Plan National Nutrition Santé (PNNS).

Une offensive de l’industrie de l’élevage

Sous couvert de préoccupations diététiques, des choix d’ordre économique et idéologique sont imposés : les filières de l’élevage, qui ont participé à l’élaboration de la recommandation du GEMRCN 3 sur laquelle se fondera le décret, redoutent en effet une baisse de la consommation de produits animaux.

De fait, dès janvier 2010 le Ministre de l’Agriculture Bruno Le Maire avait annoncé la mise en place d’un programme national pour l’alimentation avec pour objectif prioritaire de défendre le secteur agricole 4, précisant : « Ces batailles contre la viande ne sont pas acceptables. » 5

Nous y voilà...

Opposons-nous à ce coup de force !

La condamnation du végétalisme par le PNNS et ses propos dissuasifs concernant le végétarisme ne s’appuient sur aucune base scientifique sérieuse 6.

La réglementation de la restauration collective en préparation va pérenniser le régime actuel d’énorme consommation de produits animaux, avec pour conséquences une souffrance animale extrême, mais aussi une contribution importante au réchauffement climatique, à la pollution de l’eau et de l’air, un gaspillage continu des ressources alimentaires et hydriques mondiales, et des effets alarmants sur la santé publique.

Elle empêchera les usagers de la restauration collective de se démarquer concrètement et symboliquement de l’exploitation animale en refusant la consommation de viande, poisson, lait et oeufs.

Si la teneur du décret est conforme à ce qui a été annoncé, il portera ainsi atteinte aux libertés individuelles fondamentales en restreignant le libre exercice des convictions personnelles.

Illustration non retenue pour le tract

<= Illustration non retenue

Enfin, en délivrant une telle position officielle, le gouvernement confirme les préjugés selon lesquels les alimentations sans produits animaux sont « restrictives », compliquées et dangereuses, préjugés que le corps médical, les professionnels de la restauration, de l’éducation, de l’information, les assistantes sociales, les juges, etc. risquent fort de relayer.

Pour toutes ces raisons, il importe de nous mobiliser pour refuser toute réglementation de la restauration collective imposant des normes de consommation de produits d’origine animale, alerter l’opinion publique, contester le bien-fondé des positions du PNNS sur le végétarisme, énoncer clairement leurs conséquences.

Des actions sont à mener sur la place publique ! Ensemble, associations, citoyennes, citoyens, nous serons plus forts pour défendre nos droits !

Rejoignez-nous !

ACTA, Aquitaine Décroissance, Animalsace, Animavie, APSARES, Association pour un homme plus humain, AVF, Avis, CABle, CLEDA, CLAM, Convention Vie et Nature, Générations spontanées contre le racisme et l ’islamophobie, ICDV, L214, One Voice, Nea, Revégez-vous, Société végane, Veggie Pride, VegFest, VG56, Vivants, etc.

Mail : contact chez icdv.info

http://www.icdv.info/

notes

1 Pétition de l’AVF pour des repas végétariens dans les collectivités, www.vegetarisme.fr.

2 Il est à craindre que les formes de restauration collective qui semblent échapper à la loi, comme la restauration d’entreprise ou les repas distribués aux démunis, s’alignent elles aussi sur les recommandations officielles.

3 Groupe d’Étude des Marchés de Restauration Collective et de Nutrition.

4 Cf. la dépêche AFP du 21/01/2010 qui explicitait : « Le ministre n’a pas précisé la date de lancement de ce programme qui vise aussi à freiner l’impact de certains discours, comme celui de l’ex-Beatle Paul McCartney qui a appelé en décembre, en marge du sommet de Copenhague, à une journée hebdomadaire sans viande pour lutter contre le réchauffement climatique. Cet appel avait suscité une levée de boucliers chez les éleveurs... »

5 Cf. G. Launay, « La filière viande sur le grill », Libération du 6 mars 2010, en ligne.

6 Cf. P. Sigler, « Les biais du PNNS », sur le site icdv.info.

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