Une tribune pour les luttes

Collectif de soutien à Houria Bouteldja

Solidarité avec Houria Bouteldja

Pétition
+ Historique : Petite leçon de français d’une sous-sous-chienne aux souchiens malentendants par Houria Bouteldja

Article mis en ligne le samedi 8 octobre 2011

"Pour des raisons tenant aux difficultés d’organisation du tribunal de Toulouse, le procès qui m’a été intenté par l’Agrif, une association intégriste d’extrême-droite, pour avoir employé le néologisme « souchiens », sera reporté".

"Beaucoup d’entre vous se sont mobilisés de différentes manières pour m’apporter leur soutien. Je tiens à vous exprimer, ici, mes plus vifs remerciements.

Dès que je serai informée de la nouvelle date du procès, je ne manquerai pas de vous en informer afin, qu’ensemble, nous puissions signifier à tous ceux qui agitent l’épouvantail du « racisme anti-Blancs » pour délégitimer l’action anti-raciste, qu’ils perdent leur temps et que nous ne nous laisserons pas faire."

Houria Bouteldja


Le 12 octobre prochain, Houria Bouteldja, porte-parole du Parti des indigènes de la
république (PIR) comparaîtra devant le tribunal de Toulouse. Elle
est poursuivie pour «  propos racistes et plus précisément racisme
anti-blanc
 » par une association d’extrême-droite, l’AGRIF, créée
par Bernard Antony, un intégriste catholique, qui fut, entre autres
choses, l’animateur d’un comité de soutien à l’OAS en 1962.
L’accusation repose sur l’emploi par Houria Bouteldja du néologisme « 
souchien » (construit ironiquement à partir de l’expression « Français de souche ») au cours d’une émission de télévision diffusée
il y a bientôt 3 ans et demi.

RASSEMBLEMENT DEVANT LE TRIBUNAL DE GRANDE INSTANCE à 13 heures.

Procès à 14HOO salle 5 du TGI Procès à 14HOO salle 5 du TGI

LUTTES DE L’IMMIGRATION

LUTTES DES QUARTIERS POPULAIRES

LUTTES DES POPULATIONS ORIGINAIRES DES ANCIENNES COLONIES FRANÇAISES

NON À LA CRIMINALISATION D’UNE PAROLE LIBRE


Pétition :

http://www.petitionenligne.fr/petit...

Solidarité avec Houria Bouteldja : une accusation qui nous insulte tous

Militante de longue date contre toutes les discriminations racistes, Houria Bouteldja
est poursuivie pour injure raciale contre les Français. L’assignation se fonde sur des propos tenus lors d’une émission de télévision, où Houria a dit « souchiens » pour « Français de souche ». Cette initiative émane de l’AGRIF (Alliance Générale contre le Racisme et pour le respect de l’Identité Française et chrétienne), groupuscule toulousain connu pour ses positions d’un racisme extrémiste.

Que ceux-là mêmes qui exercent les pires violences à l’encontre des minorités puissent se présenter comme de courageux défenseurs des Français [blancs, de souche] insultés, ce n’est pas un fait isolé, c’est le signe d’une dérive inquiétante. Les soussignés déclarent qu’ils soutiennent Houria Bouteldja dans sa juste défense contre une accusation qui nous insulte tous.

PREMIERS SIGNATAIRES : Alain Badiou, philosophe ; Etienne Balibar, philosophe ; Saïd Bouamama, sociologue, militant ; François Burgat, politologue ; Sharon Courtoux, association Survie ; Christine Delphy, directrice de recherche au CNRS ; François Gèze , éditeur ; Jean-Marie Gleize, écrivain, professeur des universités ; Eric Hazan, éditeur ; Stéphane Lavignotte, pasteur ; Olivier Le Cour Grandmaison, universitaire ; Jean-Luc Nancy, philosophe ; Jacques Rancière, philosophe ; Denis Sieffert, directeur de la rédaction de Politis ; Odile Tobner, auteur de Du racisme français ; Enzo Traverso, Professeur de sciences politiques ; Antoine Volodine, écrivain.


07/10/2011

Avec les liens et la vidéo
http://www.rue89.com/2011/10/07/bou...

Bouteldja dit « Souchiens », le racisme anti-Blancs n’est rien

Eric Hazan
Editeur

Pour avoir parlé de « Souchiens » dans l’émission « Ce soir ou jamais ! » sur France 3 en juin 2007, Houria Bouteldja, qui lutte depuis longtemps contre toutes les discriminations, passe en jugement le 12 octobre devant le tribunal correctionnel de Toulouse pour «  injure contre les Français ».

L’action contre la porte-parole des Indigènes de la République est menée par l’Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l’identité française et chrétienne (Agrif), association connue pour ses actions contre l’homosexualité, l’IVG, etc.

Son président, Bernard Antony, qui fut député européen sous les couleurs du Front national, est également à la tête de l’organisation Chrétienté-Solidarité, dont le but est de lutter contre « le génocide français » qui a lieu «  par le jeu de l’immigration et de l’avortement » (Jeune Résistance, n° 32, automne 2003).

Nous sommes nombreux à avoir signé une pétition de soutien à Houria Bouteldja, estimant qu’il n’était pas décent de laisser «  défendre les Français » par des idéologues de la pureté ethnique – et que, d’ailleurs, les Français, qu’ils soient ou non « de souche », ne nous paraissaient pas véritablement menacés par les propos d’Houria Bouteldja.

Bref, nous voulions souligner combien était ridicule la résurgence de cette vieille antienne, le « racisme anti-Blancs ».

Or, voici que paraît, sur Rue89, une note de l’écrivain-blogueur Mouloud Akkouche, qui a pour titre : « Les “Souchiens” de Bouteldja : le racisme anti-Blancs existe » [ce titre n’est pas celui du blogueur, mais de Rue89, ndlr].

La fille d’une amie de M. Akkouche s’est fait traiter de « sale Française » dans son lycée de Montreuil (Seine-Saint-Denis), ville dont les collèges et lycées « sont fréquentés en majorité par des Noirs et Maghrébins ». Et, pour lui, le «  Souchiens » de Houria est « l’équivalent du “bruit et l’odeur” de Chirac, de “Durafour crématoire” et du “ point de détail de l’Histoire” de Jean-Marie Le Pen.

M. Akkouche, le racisme est inséparable de l’oppression

Il est à craindre que Mouloud Akkouche n’ait pas bien compris ce qu’est le racisme. Le racisme ne peut pas se ramener à un sentiment ni à une opinion. Il est inséparable de l’oppression exercée sur ses victimes. _ Aujourd’hui, en France, le racisme ne se résume pas à des propos de comptoir ou à des actes isolés ; c’est :

* la discrimination à l’embauche,
* les contrôles au faciès,
* les morts dans les fourgons de police,
* les patrouilles paramilitaires dans les zones “ sensibles ” où s’entassent, comme le souligne Akkouche, les Noirs et les Maghrébins.

Retourner l’accusation de racisme, l’utiliser pour stigmatiser les dominés de notre société post-coloniale, c’est faire semblant de croire à l’équivalence des oppresseurs et des opprimés.

Qu’il existe chez ceux-ci un sentiment de solidarité lié à leur “ couleur de peau ” et leur “ origine ” – en vérité, et en premier lieu, à leur condition commune face au racisme – ne change rien à l’affaire.

Qu’ils puissent parfois traduire leur hargne par des propos malsonnants, ce n’est que l’expression d’un “ racisme édenté ”, comme l’écrivait Albert Memmi dans “Portrait du colonisé, précédé du portrait du colonisateur” : inoffensif, impuissant, né de la ségrégation et du malheur.

Se fonder sur de tels propos ou sur un mot inventé par Houria Bouteldja pour dire “ le racisme anti-Blancs existe ”, c’est nier la réalité, laquelle finit toujours, parfois avec retard, par se venger.


Historique

Mille Bâbords 8610

Vendredi 30 mai 2008

Souchien ou sous-chien ?
Hortefeux s’en va-t-en guerre contre le racisme avec une "vigilance totale et permanente" !!!

+

Petite leçon de français d’une sous-sous-chienne aux souchiens malentendants
par Houria Bouteldja

jeudi 5 juillet 2007

SOUCHE, subst. fém.

A. Usuel Base du tronc d’un arbre (ou d’un grand arbuste) prolongée par ses racines.

B. P. anal. De souche. D’origine. Français de souche.

C. Biologie Ensemble des individus de même espèce provenant d’un ancêtre unique.

SOUCHIEN, SOUCHIENNE, adj. et nom, de souche.

Néologisme, formé par des descendants d’immigrés post-coloniaux qui après avoir été désignés successivement par les expressions : « Français musulmans », « nord-africains », « immigrés », « deuxième, troisième… cent trente et unième génération », « issus de l’immigration maghrébine ou africaine » puis à nouveau « Français musulmans » et enfin « issus de la diversité » sans parler dans un registre moins soutenu par les «  sidis », « bougnoules », « rats », « ratons », « crouilles », « melons », « bicots », « gris » ou encore l’intemporel «  négros », ont constaté que ce raffinement dans la péjoration raciste dont ils sont l’objet trouve son optimum savant dans un autre néologisme, banalisé et valorisant lui : « Français de souche ». Cette dernière expression utilisée publiquement pour la première fois, semble-t-il, par un certain Jean-Marie Le Pen en 1979, institutionnalisée depuis par des chercheurs ou démographes de l’INED, mais repris aussi par tout un chacun, est censée désigner ceux qui, parce que blancs, sont considérés comme les authentiques et légitimes habitants de ce pays par opposition avec les descendants de colonisés, sans racine ni attaches particulières, qui de ce fait ne constitueraient eux qu’une variété aérienne, délétère et volatile de l’espèce humaine.

Ainsi l’adjectif «  souchien » construit en toute francophonie à partir de « Français de souche » constitue une première contribution indigène à l’enrichissement de la langue que désormais doivent maîtriser ceux qui prétendent venir vivre au Paradis. Il permet de mettre en évidence le caractère inerte, pesant et figé de cette conception raciale des Français. Exactement comme a pu le faire l’humoriste Djamel Debouze avec son expression « Icissiens » (sans doute à partir du concept des « Gens d’Ici » cher au philosophe Alain Badiou) afin d’établir l’évidence de la légitimité pour tous à vivre dans ce pays à égalité de droit et de considération.

Evidemment « souchien » ne peut pas être confondu, comme le font volontairement certains philosophes médiatiques, journaux nationaux-républicains comme Marianne [1] ou autres officines laïco-intégristes comme Respublica [2]], à la trompe d’Eustache décidément bien emboutie, avec l’expression « sous-chiens », sinistre jeu de mot, révélateur tout à la fois de l’ état d’esprit de ceux qui prétendent l’avoir entendu autant que des méthodes malveillantes auxquelles ils ont recours puisque qu’ils tentent ensuite d’en attribuer la paternité au MIR. On ne sera pas étonné d’apprendre que parmi ces malentendants anti-indigènes qui assurent avoir compris «  sous-chien » au lieu de « souchien » figure l’inénarrable Alain Finkielkraut [3]] dont tous les sonotones de la terre ne pourront jamais corriger l’oreille désespérément sélective. En terme clairs lui et tous ceux qui aujourd’hui poussent des cris d’orfraies ne s’indignent guère du traitement sémantique administré à leurs concitoyens basanés. En revanche, si la notion de «  Français de souche », en 27 ans d’existence, n’a toujours pas heurté leurs oreilles délicates, c’est parce qu’elle traduit bien une certaine acception ethnique qu’ils se font de l’identité française. Celle-ci est une façon élégante de dire Français blanc. Ainsi pour tous, il est bien clair que Kanaks, Antillais et autres Réunionnais ne sauraient être qualifiés de «  Français de souches ». Leurs ancêtres pourtant n’étaient-ils pas formellement Français il y a au moins deux siècles à un moment où ceux de Messieurs Sarkozy, Finkielkraut, Devedjian ou Gallo étaient encore sujets Ottoman, austro-hongrois ou italien ?

Le plus indécent dans cette histoire, c’est que parmi les véritables "sous-chiens" (parce que traités comme tels) vivant dans ce pays, figurent précisément les noirs, les arabes, les musulmans et autres métèques. On se souvient que le (très grand) contrebassiste américain Charles Mingus, qui était métis noir-chinois et identifié comme noir, très mobilisé sur la question du combat anti-raciste, avait intitulé son autobiographie "Beneath the Underdog" : "en-dessous du sous-chien" !

Houria Bouteldja

[1] Marianne n° 532, « Petite leçon de racisme », signé J.D.

[2] Le lettre de Respublica n° 550

www.gaucherepublicaine.org/,article...

[3] Emission « Répliques » dans laquelle A. Finkielkraut affirme à F. Taddéi avoir entendu le tiret de « sous-chien »

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