Une tribune pour les luttes

Résistants et désobéisseurs des Services Publics

L’Appel de Toulouse

Une salariée de Pôle emploi en grève de la faim - Conseil de discipline national le 13 octobre
Rassemblement de soutien avec conférence de presse à 9h30 devant la Direction générale de Pôle Emploi à Paris, 1 avenue du Docteur Gley 75020 (M° Porte des Lilas).

Article mis en ligne le lundi 10 octobre 2011

http://www.actuchomage.org/20111006...


Une salariée de Pôle emploi en grève de la faim

Jeudi, 06 Octobre 2011

Conseillère dans une agence de Toulouse, Isabelle de Léon est la deuxième fonctionnaire en quelques jours à entrer en grève de la faim pour la défense du service public.

À quelques jours d’intervalle, une enseignante de la Manche fin septembre, et une salariée toulousaine de Pôle Emploi aujourd’hui, ont décidé d’entrer en grève de la faim pour dénoncer la destruction du service public. Sans s’être concertées, ces deux fonctionnaires qui s’opposent à la suppression de postes dans l’Éducation nationale pour l’une, à la fusion ANPE/Assedic pour l’autre, pourraient déclencher un mouvement de résistance et de désobéissance organisé susceptible de gagner l’ensemble des services publics.

C’est en tout cas le sens de « l’Appel de Toulouse » qui retentira aujourd’hui devant la direction régionale de Pôle Emploi Midi-Pyrénées, au moment où Isabelle de Léon démarrera son jeûne. L’an dernier, cette conseillère spécialisée dans l’accompagnement des demandeurs d’emploi a refusé d’appliquer l’EID (entretien d’inscription et de diagnostic), une nouvelle procédure dont l’usage acte mécaniquement, selon elle, la fusion ANPE/Assedic. Blâmée par sa direction régionale, la fonctionnaire n’a pas cédé. Obstination qui lui vaudra de comparaître devant un conseil de discipline national le 13 octobre prochain.


Prête à sacrifier son emploi

Dans un contexte d’indignation global qui a franchi l’Altlantique et s’étend désormais jusqu’au berceau du libéralisme, Isabelle de Léon, 54 ans, est prête à sacrifier son emploi — elle peut faire l’objet d’une mesure de licenciement — et sa santé sur l’autel du service public. « C’est un cri d’alarme. Je ne mettrai pas ma vie en danger », avertit toutefois la conseillère dont le jeûne doit déclencher, espère-t-elle, « une prise conscience collective, un mouvement de résistance organisé en faveur de la sauvegarde du service public.

Aujourd’hui, observe Isabelle de Léon, la fonction publique livre un combat désordonné et sporadique pour sa propre survie. Dans les secteurs de la santé, de l’éducation, de l’énergie, du social, chacun se bat dans son coin, sans aucune stratégie d’ensemble. Or, depuis que je suis moi-même en lutte, j’ai pu constater que nous nous heurtions tous aux mêmes problématiques. Il est clair que, face à une logique de démantèlement programmé du service public et de transfert de compétences au privé, nous devons opposer une riposte concertée dans laquelle se retrouveraient fonctionnaires et usagers attachés à un service public de qualité », suggère la salariée de Pôle Emploi, synthèse de l’ANPE et de l’Assedic qui, selon elle, ne fonctionne pas.

Aujourd’hui à midi, Isabelle de Léon installera donc un abri mobile devant la direction régionale de Pôle Emploi Midi-Pyrénées dans lequel elle accomplira sa grève de la faim et qui pourrait constituer le point de départ d’un « front de défense du service public ». D’ores et déjà, CnR31, Collectif de Défense des Services Publics Castelnaudary Lauragais, Collectif Résistance à la délation-31, Comité de Résistance Social, Convergence nationale des services publics, Coordination des Intermittent-es et Précaires Midi-Pyrénées (CIP-MP), GREF 31, Réseau des enseignants-désobéisseurs du 31, Réseau Emploi Formation Insertion, Robin des Bois de l’énergie 31, syndicats Pôle Emploi Midi-Pyrénées : CGT, SNU FSU, Solidaires Sud Emploi, Syndicat National des Chercheurs Scientifiques SNCS-FSU section Midi-Pyrénées et Sud santé-sociaux 31, ont signé « l’Appel de Toulouse ».

(Source : La Dépêche)

DERNIÈRE MINUTE : Isabelle de Léon s’est exprimée tout à l’heure lors d’un point de presse devant la direction régionale Midi-Pyrénées => LIRE ICI http://www.liberation.fr/depeches/0...

Voir la vidéo là :
Les désobéisseurs des services publics lancent « l’appel de Toulouse »
http://www.youtube.com/watch?v=DRGi...

L’intersyndicale CGT-FO-SNU-SUD Pôle Emploi organise un rassemblement de soutien avec conférence de presse qui se tiendra jeudi prochain le 13 octobre à 9h30 devant la Direction générale de Pôle Emploi à Paris, 1 avenue du Docteur Gley 75020 (M° Porte des Lilas). Ceux qui souhaitent soutenir Isabelle lors de son passage devant la commission disciplinaire sont les bienvenus.



L’Appel de Toulouse

« Nous sommes citoyens, usagers et salariés, agents ou fonctionnaires des services publics ou remplissant des missions de service public. Nous nous élevons ensemble contre leur destruction et la dégradation du service rendu au public.

Ce gouvernement fusionne, démantèle, privatise. Il manipule ! Il organise l’inefficience des services publics et les rends inopérants pour remplir leur mission d’intérêt général. Il réduit les effectifs, diminue les moyens, change les métiers, réorganise, désorganise… provocant ainsi l’insatisfaction, la souffrance des usagers et des salariés. En diffusant une mauvaise image des services publics et en opposant usagers et agents, il prépare leur disparition.

Les services publics sont : la Santé, l’Éducation, la Justice, les Services sociaux, les Universités et la Recherche, les Organismes sociaux (CAF, Sécurité Sociale, Pôle emploi…), la Police, les Pompiers, les crèches municipales, les Services territoriaux, l’Équipement et l’aménagement du territoire, les transports, la Poste, la SNCF, l’accès à l’eau, au gaz, à l’électricité… Tout ce qui est légitimement accessible à tous et qui rend notre quotidien confortable.

Nous avons déjà laissé beaucoup de ces secteurs échapper à la régulation de l’État, certains ont disparu, d’autres sont privatisés ou en voie de l’être… Jusqu’où allons-nous les laisser nous dépouiller de ce qui ne leur appartient pas ?

Les générations précédentes avaient eu la prudence de garantir un accès gratuit et régulé à ces services de façon à ce que tous puissent en bénéficier, sur l’ensemble du territoire. De quel droit ce gouvernement s’autorise t-il à modifier des structures aussi fondamentales - et constitutionnel les - de notre société, à l’encontre des intérêts de la population qu’il est censé servir ?

Il agit peut-être légalement, en votant des lois de circonstance, mais illégitimement en ne prenant en compte ni l’intérêt de tous, ni les importantes manifestations de la rue, et en instrumentalisa nt l’action sociale à des fins sécuritaires.

Il y a un dysfonctionnement dans notre système déclaré « démocratique » ; et devant ce constat beaucoup d’entre nous se sont démobilisés, invoquant une impuissance face aux politiques, eux-mêmes confrontés à leur propre impuissance face aux marchés… D’impuissance en impuissance : nous laissons faire et ce que nous redoutons se réalise.

Pourtant, nous pouvons cesser de nous abriter derrière ce discours de « ça ne sert à rien », arrêter d’être fatalistes, retrouver notre capacité à nous indigner, à réagir, et à agir. Car sans nous « ils ne sont rien », qu’ils soient politiques ou grands gestionnaires, c’est nous qui sommes sur le terrain à faire ou à subir ce qu’ils nous demandent d’accomplir contre nous mêmes tous les jours.

Il est donc temps, pour nous et pour les générations à venir :
• de porter un coup d’arrêt à la destruction organisée de nos droits et acquis sociaux, de nos structures de solidarité et de fraternité ;
• d’arrêter de subir et de contribuer au fonctionnement de ce qui peut nous nuire ou nuire à nos concitoyens ;
• de refuser de céder à la division (les vieux contre les jeunes, les travailleurs contre les chômeurs, les salariés du privé contre les « fonctionnaires », les « intégrés » contre les étrangers…), à la mise en concurrence généralisée des salariés au cœur des entreprises et des établissements publics (les places sur le marché de l’emploi sont chères et ils s’en servent…).

Il dépend de nous, une fois encore dans l’histoire, de leur rappeler qu’ils ne sont là que sur mandat, et qu’ils sont révocables. Ils nous demandent des sacrifices, exigeons des comptes !

Il s’agit d’un appel, un appel à la résistance, à la désobéissance ouverte ou discrète, où que vous soyez, qui que vous soyez, vous pouvez agir pour vous et pour nous tous. Dans chaque secteur d’activité, chaque jour, nous pouvons faire différemment ou ne pas faire, pour arrêter cette déconstruction et la contrer le plus possible.

C’est un appel à Tous. Nous demandons à chacun d’agir à sa mesure, nous appelons aussi les personnalités à s’engager publiquement, médiatiquement : que ceux qui savent, disent, haut et fort, seuls ou en collectifs : historiens, sociologues, juristes, économistes, intellectuels, journalistes…

Retrouvons le sens de nos responsabilités : celles de citoyens actifs, celles de membres solidaires d’une collectivité, celles de parents soucieux de l’avenir de leurs enfants. »

Résistants et désobéisseurs des Services Publics

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