Une tribune pour les luttes

Les voeux de Mille Bâbords

Editorial du n° 142 Cette Semaine

Difficile d’envoyer un message de voeux en cette nouvelle année ou la planète est endeuillée.
Ainsi même devant les catastrophes naturelles les peuples sont inégaux. L’esprit humain cherche à comprendre : comment des scientifiques peuvent - ils déclarer qu’ils ne savaient pas comment avertir les population concernées ? Aucune « Intelligence Agency », aucune agence de presse, ni même CNN, n’était disponible ni joignable pour éviter cette hécatombe. Les ondes se sont tues.

Mais aujourd’hui Radios et Télés nous invitent au SPECTACLE : devant nos yeux effarés des pays entiers sombrent dans l’abîme. Car ce que révèlent les images c’est que la misère et le sous-développement sont de formidables multiplicateurs des caprices de la nature. Deux siècles de développement incommensurable des forces productives, de progrès de la « science » jusqu’à l’insensé et au ridicule laissent les trois quarts de l’humanité nue face à la cruauté des éléments.

L’immense accumulation de richesse provoquée par le capitalisme, (le colonialisme, l’impérialisme...) ne peut toujours pas profiter aux peuples du monde pour une bonne raison : il est toujours en place. Le mécanisme du profit maximum règle toujours l’économie de la planète et le développement des économies de nombreux pays n’est pas plus « durable » qu’un château de carte. Faute d’avoir su choisir l’alternative « socialisme ou barbarie », c’est le deuxième terme qui nous échoit.

Pourtant l’émotion populaire est immense et commence à porter des fruits : les gouvernements se sentent obligés de faire un geste pour ne pas être ridiculisés par la générosité populaire et surtout partout dans le monde se tissent d’authentiques liens de solidarité (voir à ce propos sur notre site les communiqués de Via Campésina et du Cadtm) qui peuvent laisser espérer que « quelque chose » se continuera lorsque les feux de la rampe seront éteints.

Car la mobilisation de ces derniers jours n’est que le pâle reflet de ce que peut le peuple (quand il veut). Mais enfin que nous manque t-il pour que ce monde change et devienne enfin humain ? La conscience que nous sommes des millions (des centaines de millions) à vouloir que ça change : la conscience de la puissance du peuple. Et le Tsunami qui emportera le capitalisme naîtra de ce besoin de justice et de liberté que même l’occident n’a pu complètement oublier. Que les peuples du monde fraternisent et ils sauront que l’égalité veut d’autres lois : oui l’économie doit permettre à tous et toutes sur terre d’avoir accès à l’eau potable, à une nourriture de qualité, à des logements décents, à de beaux vêtements, à des soins dignes du troisième millénaire, à une éducation universaliste....

Noam Chomsky dit quelque part que le monde changera quand nous y consacrerons du temps.
Qu’avons-nous de plus important et de plus urgent à faire ?

Au travail !

Bonne année 2005 à toutes et à tous !

Retour en haut de la page