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Toujours la répression et criminalisation du mouvement social...

Communiqué de presse après le procès "surréaliste" des 11 "indignés" à Paris

R.V. au Tribunal de Grande Instance le 14 novembre 2011 à 9 heures à la 29ème chambre correctionnelle pour le rendu du délibéré ainsi qu´à la conférence de presse de 15 h

Article mis en ligne le mercredi 2 novembre 2011

Ce lundi 31 octobre, neuf «  indignés » ont comparu devant le TGI de Paris pour «  dégradation ou détérioration du bien d´autrui commise en réunion ».

Le procureur a requis cent jours d´amende à cinq euros par jour pour chaque personne mise en cause et trois mois de prison ferme pour l´une d´entre elles, pour la simple désolidarisation d’une vitre de fourgon de police.

Des déclarations corroborées par un témoin indiquent que la vitre était déjà décollée.

De plus, deux prévenus ne sont jamais montés dans ce fourgon.

L´avocat a souligné la disproportion de la peine requise au vu du manque de preuves matérielles et de l´absence de preuve d´élément moral : rien ne prouve qu´il y ait eu dégradation et encore moins intention de détérioration. L´avocat explique qu´une personne s´est appuyée involontairement sur la vitre après avoir trébuché et rappelle que le doute doit en tout état de cause bénéficier aux prévenus.

Nous vous invitons à vous rendre au Tribunal de Grande Instance le 14 novembre 2011 à 9 heures à la 29ème chambre correctionnelle pour le rendu du délibéré ainsi qu´à la conférence de presse de 15 h


Les Indignés au coeur d’un procès surréaliste pour avoir "décollé" une vitre

Les faits remontent au 19 septembre. Ce mercredi-là, après une manifestation, des "Indignés" font l’objet d’un contrôle d’identité et sont embarqués dans des cars de police.

"J’ai entendu, ce matin, juste avant notre affaire, des histoires de violences conjugales, des prévenus qui ont frappé leurs femmes de manière extrêmement violente. Et qu’est-ce qui a monopolisé la majorité de l’audience ? Une vitre", ironise l’avocat des "Indignés", Me Breham. "La police, la justice n’ont-ils rien d’autre à faire que de juger onze personnes pour une vitre décollée . Nous avons ici deux prévenus qui n’étaient pas dans le fourgon. Le chauffeur de camion, les policiers, les témoins, personne n’a été capable de dire qui a poussé la vitre, qui était dans cette soi-disant chaîne."
"La police elle-même n’ose pas dire que cette vitre aurait été brisée !"
Ce procès est surréaliste, c’est la première fois que je vois une affaire aussi vide. Ou la justice française est extrêmement diligente, ou on essaie de criminaliser la lutte sociale, d’en faire un procès pour l’exemple. J’ai déjà vu ça en Amérique du Sud, je ne pensais pas le voir en France",

Les prévenus, alignés, se succèdent à la barre, devant le micro. "Je n’ai rien vu, je n’ai rien fait, puisque je n’étais pas dans ce fourgon !", affirme Jérémy, 29 ans. Agent SNCF, il était place de la Bourse, le 21 septembre, au milieu d’une cinquantaine d’activistes du mouvement des Indignés. "Ils étaient assis sur le sol, formant un cercle pacifique. Les policiers sont arrivés, ils ont voulu les dégager", raconte-t-il.
"Un policier en civil m’a parlé avec violence, véhémence, poursuit le jeune homme. Il s’est dirigé vers moi, menaçant. En fuyant je me suis dirigé vers un gendarme qui m’a plaqué au sol puis embarqué dans un bus de police... Quelques minutes plus tard, la portière s’est ouverte et on m’a emmené avec une dizaine d’autres que je ne connaissais pas dans un autre fourgon, direction 40 heures de garde à vue, pour avoir dégradé une vitre dans un fourgon dans lequel je n’ai pas mis les pieds..."

Selon les "Indignés" la vitre du fourgon, qui tenait mal, ne s’est pas brisée, mais s’est tout simplement décollée quand certains d’entre eux se sont appuyés dessus, sans aucune violence.

La procureure Laurence Dané a décrit un tout autre scénario :
La situation aurait "dégénéré" et les prévenus qui pénétraient dans le fourgon auraient "poussé cette vitre de leurs mains dans une action collective et concertée".
Elle a requis trois mois de prison ferme contre Séverine, qui a reconnu avoir posé ses mains sur la fameuse vitre, et qui a déjà quatre condamnations à son casier pour conduite en état d’ivresse et/ou violences. _ Une peine de 100 jours-amende à cinq euros (soit 500 euros d’amende) a été requise contre les autres.

Me Breham fait remarquer au tribunal, présidé par Claudine Bucher, que la procureure n’avait "pas été capable de nous dire qui était dans cette chaîne" qui aurait abouti au "décollement" de la vitre. "On ne sais pas qui a poussé, si tant est que quelqu’un ait poussé !" Or "le doute profite aux mis en cause".
D’autant, a-t-il rappelé, qu’il est établi que deux prévenus n’étaient pas dans le fourgon. Et pour cause, l’un d’eux était à quelques kilomètres de là, chez son médecin !

Quant à Séverine qui "a eu l’hônneteté de dire qu’elle a appuyé sur la vitre, on la condamnerait à trois mois pour un joint défectueux ?!" s’est étranglé l’avocat, avant de pointer "le ridicule de la situation".

Délibéré "dans quinze jours".
Source AFP, Libé


Des photos de l’intervention des forces de l’ordre sont en ligne sur le site du « Nouvel Observateur ».
http://tempsreel.nouvelobs.com/gale...


Le procès des onze détenus pour un contrôle d’identité par la police française le 21 septembre place de la Bourse a été reporté au 31 octobre 2011 à 9:00 am par le Tribunal Correctionnel de Paris.

La seule charge qui pèse sur eux est la détérioration de bien public en réunion pour la vitre désajustée d’un fourgon de police.

Maître Brigitte Plaza a auditionné les détenus entre 1:00 et 3:30, ils avaient été isolés dans des cellules différentes mais toutes leurs versions des faits ont coïncidé.

Les détenus présentaient des symptômes d’épuisement et étaient transis de froid.

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