Une tribune pour les luttes

Référendum grec : une première avancée démocratique


Article mis en ligne le mercredi 2 novembre 2011

L’annonce (hélas trop tardive) par M. Papandréou de l’organisation d’un référendum sur le plan européen « d’aide » à la Grèce est une première avancée de la démocratie face aux plans d’austérité qui s’abattent partout en Europe. Tout dépendra de la question posée et des conditions du débat pour que ce référendum ne soit pas une manipulation politique. Mais c’est aussi l’occasion d’un réel débat citoyen, qui fasse écho aux revendications populaires pour plus de démocratie... à l’image du référendum en Islande, qui s’est soldé par un rejet du vaste plan d’austérité sociale prévu.

Le plan européen d’aide à la Grèce, même s’il organise un défaut partiel et de toutes façons inévitable de la Grèce sur sa dette, ne résout aucun des problèmes de fond posés par les incohérences de la zone euro et l’irresponsabilité de la finance. Il aggrave encore l’austérité et la tutelle de la «  troïka » - Commission, BCE, FMI - sur le peuple grec. Les oligarchies européennes pensaient pouvoir imposer à leurs peuples les exigences des banques et des prêteurs en s’abritant derrière des majorités parlementaires. Mais les politiques d’austérité qui sont en train de détruire la Grèce, et qui s’étendent progressivement dans le reste de l’Europe, suscitent de trop fortes résistances sociales.

Les citoyens ne se reconnaissent plus dans une classe politique inféodée aux dogmes et aux intérêts de la finance. « Vous ne nous représentez pas ! », ce cri des Indignés à la classe politique, est devenu une évidence. La décision de M. Papandréou, pourtant représentant archétypique de l’oligarchie politique grecque, de donner la parole au peuple est donc une bonne nouvelle. Même si Nicolas Sarkozy, à l’image de la plupart des dirigeants européens, est "consterné" par cette décision où il ne voit que démagogie et irresponsabilité...

Bien sûr, la machine médiatique va se mettre en branle, en Grèce et en Europe, comme en France en 2005 à propos du traité constitutionnel européen. Les droites et une certaine gauche vont fustiger l’archaïsme et le nationalisme des Grecs qui voudraient soit-disant quitter l’Europe et briser l’euro. Mais c’est rigoureusement l’inverse : le peuple grec, en défendant ses droits sociaux et sa souveraineté démocratique, défend les droits de tous les peuples européens. Les mouvements sociaux européens doivent soutenir le mouvement grec qui rejette ces politiques d’hyperaustérité destructrices et mortifères. La victoire du « non » au référendum grec ne résoudra pas à elle seule la crise actuelle.

Mais elle posera concrètement la nécessité d’une alternative au modèle néolibéral, qui devra commencer par la dénonciation des dettes illégitimes, le refus des politiques de régression sociale, la reconquête de la souveraineté démocratique sur notre monnaie commune, l’euro. Attac mettra dans les semaines à venir toute son énergie pour construire la solidarité européenne avec le peuple grec, faire triompher le non à l’austérité, et poser les premiers jalons de la refondation d’une Europe démocratique et solidaire.

Attac France

Nice, le 1er novembre 2011

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Vos commentaires

  • Le 3 novembre 2011 à 17:50, par Christiane En réponse à : "Pourquoi paierions-nous ? Pour les dettes ? Ce ne sont pas les nôtres"

    http://www.lemonde.fr/crise-financi...

    (...)

    M. Polychroniadis est un militant. Mercredi 2 novembre, il tient un bureau de vote dans une école de la banlieue nord d’Athènes où il travaille comme instituteur et où il est candidat pour être représentant syndical.

    Depuis deux ans, il milite aussi dans un autre mouvement, très présent dans les manifestations, appelé "Den plirono" ("Je ne paie pas"). Ce mouvement s’est fait connaître en laissant libre passage aux automobilistes aux péages des autoroutes pour protester contre les hausses des tarifs. Il continue ses actions aujourd’hui en s’opposant au très impopulaire impôt sur la propriété, qui est directement prélevé sur la facture d’électricité. Si le contribuable ne paye pas, son électricité sera coupée.

    "Pourquoi paierions-nous ? Pour les dettes ? Mais ce ne sont pas les nôtres, ce sont celles des politiciens et du capital. Nous n’avons pas besoin de toutes ces armes que nous vendent les Français et les Allemands", explique le syndicaliste.

    Le mouvement "Den plirono", qui revendique plus de 20 000 membres, est organisé. "C’est un mouvement de désobéissance, poursuit M. Polychroniadis. Nous savons que nous nous mettons hors la loi, mais si nous voulons renverser le gouvernement, il faut prendre des risques. Nous n’avons pas peur du gouvernement. S’ils veulent couper nos compteurs d’électricité, nous irons les remplacer. Nous sommes équipés pour ça."

    (...)

    Le gouvernement a publié sur Internet la liste de 6 000 entreprises qui devaient plus de 150 000 euros à l’Etat, pour un montant global de 30 milliards. Là encore, l’exemple vient d’en haut. L’entreprise qui doit le plus d’argent à l’Etat lui appartient : il s’agit de la compagnie de chemins de fer, avec 1,2 milliard d’euros d’arriérés d’impôts.

    Depuis la publication de cette liste, en septembre, aucune information n’a circulé sur l’argent récupéré. Une liste des particuliers devant le plus d’argent vient également d’être diffusée, mais seulement auprès des parlementaires.

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