Une tribune pour les luttes

Un tortionnaire aux Invalides

Appel : Non à l’hommage officiel au général Bigeard

+ Dossier sur Bigeard et la torture.
"Ce sont les “justes”, tels le général Jacques de Bollardière et Paul Teitgen qu’il conviendrait d’honorer ! "
+ FANON face à Bigeard : L’Algérie face aux tortionnaires français (1957).

Article mis en ligne le dimanche 11 décembre 2011


http://www.nonabigeardauxinvalides.net/



L’appel « NON À L’HOMMAGE OFFICIEL AU GÉNÉRAL BIGEARD », contre le transfert aux Invalides des cendres de cet officier « baroudeur », au lourd passé indochinois et algérien, rencontre un grand succès.

Plus de 4.000 personnes de toutes opinions, de toutes origines, quatre jours seulement après la mise en ligne sur le site nonabigeardauxinvalides.net, se sont prononcées contre cette opération politicienne.

Des anciens ministres, des responsables politiques et syndicaux, des représentants d’associations, des élus, des intellectuels de renom, des artistes, des témoins et acteurs majeurs des guerres d’Indochine et d’Algérie, parmi lesquels des militaires, des citoyens de tous horizons soutiennent cette démarche.

Il nous faut cependant signaler que nous sommes également l’objet de menaces, de dénonciations haineuses, notamment sur des sites cultivant la nostalgie du temps des colonies et de l’Algérie française et / ou sur des sites d’extrême droite.

Cette pression ne nous fera évidemment pas dévier : nous continuons et continuerons notre action contre cette falsification du passé coloniale à visée électorale. Nous invitons nos concitoyens à signer et à faire signer cet appel en se rendant sur le site nonabigeardauxinvalides.net

A cet instant, il y a 4686 signatures enregistrées...

Appel : Non à l’hommage officiel au général Bigeard

De son vivant, le général Bigeard a toujours bénéficié de l’admiration des forces politiques les plus réactionnaires et de leur soutien actif. Et voici qu’une année après sa mort, il est de nouveau utilisé pour une manœuvre politicienne, orchestrée par le ministre de la Défense, dont le passé d’extrême droite est connu : le transfert aux Invalides de ses cendres.

Cette initiative est doublement pernicieuse.

D’une part, il y a une certaine indécence à mettre Bigeard au rang d’autres grands militaires qui y reposent, parfois depuis des siècles. On peut avoir des analyses critiques sur tel ou tel d’entre eux, mais beaucoup mirent leur génie au service de la défense du territoire français.

D’autre part, et surtout, une telle initiative serait une insulte à divers peuples qui acquirent au prix fort, naguère, leur indépendance. Ces pays sont libres depuis des décennies, ils ont le plus souvent des relations cordiales avec le nôtre. A-t-on pensé un instant quel signal le gouvernement français s’apprête à leur envoyer ? Est-ce du mépris à l’état pur ou de l’inconscience ?

On nous présente cet officier comme un héros des temps modernes, un modèle d’abnégation et de courage. Or, il a été un acteur de premier plan des guerres coloniales, un « baroudeur » sans principes, utilisant des méthodes souvent ignobles. En Indochine et en Algérie, il a laissé aux peuples, aux patriotes qu’il a combattus, aux prisonniers qu’il a « interrogés », de douloureux souvenirs. Aujourd’hui encore, dans bien des familles vietnamiennes et algériennes, qui pleurent toujours leurs morts, ou dont certains membres portent encore dans leur chair les plaies du passé, le nom de Bigeard sonne comme synonyme des pratiques les plus détestables de l’armée française.

Nous n’acceptons pas que la notion d’héroïsme soit liée à l’histoire de cet homme. Lors des guerres coloniales conduites par la France, les vrais héros étaient ceux qui, dans les pays colonisés, luttaient pour la liberté et l’indépendance de leurs peuples, ceux qui, en métropole, ont eu la lucidité de dénoncer ces conflits, si manifestement contraires au droit international, au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et à l’intérêt même de la nation française.

L’objectif aurait été de réveiller les guerres mémorielles que les manipulateurs à l’origine de cette initiative ne s’y seraient pas pris autrement.

Nous exigeons que le gouvernement français renonce à cette initiative historiquement infondée, politiquement dangereuse et humainement scandaleuse.


Un tortionnaire aux Invalides

par Jean-Pierre Dubois

Avec les photos :
http://lepetitblanquiste.hautetfort.com/archive/2010/06/18/art-175.html

Le général Bigeard, décédé l’année dernière, avait souhaité que ses cendres soient dispersées au-dessus de la cuvette de Dien Biên Phù, là où le corps expéditionnaire français a été définitivement vaincu par les combattants vietnamiens.

Les autorités vietnamiennes ont refusé ce cérémonial douteux.

Le ministère de la Défense vient donc d’annoncer que les cendres de l’illustre militaire seraient transférées à l’Hôtel des Invalides, à Paris.

Après le décès du général Bigeard, Nicolas Sarkozy, avait tenu à exprimer sa « profonde tristesse » et avait salué un «  très grand soldat » qui incarnait « pour les Français la figure héroïque du combattant ».

Beaucoup d’autres l’avaient suivi, jusqu’à Jean-Pierre Masseret, président socialiste du Conseil régional de Lorraine qui avait exprimé son « émotion » et sa « tristesse ».

C’est ainsi que toute la France bien-pensante, plus ou moins nostalgique de l’Empire colonial, s’était retrouvée unie dans cet ultime hommage.

LES GESTAPISTES FRANCAIS

Le 13 janvier 1955, sous le titre Votre Gestapo d’Algérie, Claude Bourdet [1], dénonce la torture pratiquée par la police et l’armée en Algérie.

Il écrit dans l’hebdomadaire France Observateur :

«  Le supplice de la baignoire, le gonflage à l’eau par l’anus, le courant électrique sur les muqueuses, les aisselles ou la colonne vertébrale, sont les procédés préférés, car bien appliqués ils ne laissent pas de traces visibles.

Le supplice de la faim est également constant.

Mais l’empalement sur une bouteille ou un bâton, les coups de poing, de pied, de nerf de bœuf ne sont pas non plus épargnés.

Tout ceci explique que les tortionnaires ne remettent les prisonniers au juge que cinq à dix jours après leur arrestation...

Une fois que les Gestapistes ont dicté et fait signer à leurs victimes à demi-mortes "l’aveu" qu’il leur plaît d’attribuer, le reste du séjour à la police sert à remettre le prisonnier en état, au besoin à le soigner (mais oui !) afin qu’il soit présentable lorsqu’on le mène au juge ».

A la fin de la guerre d’Algérie, De Gaule s’empresse de proclamer l’amnistie et empêche que ces crimes puissent être largement connus.

Henri Alleg, journaliste à Alger Républicain, lui-même torturé [2], remarque :

«  Les délits et crimes liés à la guerre d’Algérie ont été amnistiés [...]

Aucun autre événement de l’histoire de France n’a bénéficié d’une mesure aussi rapide et systématique. [...]

Un tortionnaire aurait la possibilité de faire condamner en diffamation sa victime si elle l’accusait ! Car l’amnistie est assortie d’une obligation d’amnésie ».[3]

BIGEARD LE TORTIONNAIRE

Il faut attendre juin 2000 et la publication par Le Monde du témoignage de Louisette Ighilahriz pour que ces pratiques soient publiquement et largement dévoilées.

En 1957, âgée de 20 ans, Louisette Ighilahriz est une combattante du Front de libération nationale (FLN).

Tombée, avec son commando, dans une embuscade tendue par les parachutistes du général Massu, elle est capturée et emmenée, grièvement blessée, au quartier général. Là, elle est torturée, sans relâche, trois mois durant.

Dans son récit, Louisette précise comment Massu, ou bien Bigeard, quand ils venaient la voir, l’insultaient et l’humiliaient avant de donner l’ordre de la torturer.

« Massu était brutal, infect. Bigeard n’était pas mieux ».

Louisette a souvent hurlé à Bigeard : «  Vous n’êtes pas un homme si vous ne m’achevez pas ».

Il lui répondait : «  Pas encore, pas encore ! ».

Elle ne doit sa survie qu’à un médecin militaire qui la découvre fin décembre 1957 et la fait transporter dans un hôpital où elle échappe à ses tortionnaires.

A la suite de ces révélations, Massu reconnaît que «  la torture avait été généralisée en Algérie » et « institutionnalisée avec la création du Centre de coordination interarmées (CCI) et des Dispositifs opérationnels de protection (DOP) ». Tout en affirmant n’y avoir «  jamais été directement mêlé ».

Même ligne de défense de Bigeard, pour qui la torture a été un « mal nécessaire » mais qui dément l’avoir pratiquée lui-même.

A l’annonce de la mort de son tortionnaire, Louisette Ighilahriz, a déclaré :

«  Chez nous, le nom de Marcel Bigeard est synonyme de mort et de torture. Il aurait pu libérer sa conscience avant de mourir.

J’en suis profondément déçue, malade ».

[1] Ancien Résistant, Claude Bourdet a participé à la fondation du mouvement Combat qu’il réprésente au Conseil national de la Résistance (CNR). Arrêté en 1944, il est déporté dans plusieurs camps de concentration dont celui de Buchenwald.

[2] Dans un livre - La question, Ed. de Minuit - Henri Alleg a raconté les sévices que lui ont fait subir des parachutistes français à Alger. Le gouvernement à direction socialiste en a immédiatement décrété la saisie au motif de « participation à une entreprise de démolition de l’armée ayant pour objet de nuire à la défense nationale ». Réimprimé en Suisse, le livre a été vendu et lu à des milliers d’exemplaires dans le monde entier y compris en France où sa diffusion a été clandestine.

[3] Le seul officier qui ait été sanctionné est le général de la Bollardière : il a été condamné à l’emprisonnement en forteresse pour avoir dit au général Massu que les méthodes qu’il employait le dégoûtaient et qu’il n’avait que du mépris à son égard. Ce militaire refusait les méthodes de répression et la torture.

Jean-Pierre Dubois - blanqui.29 chez orange.fr



Un dossier complet à lire sur
LDH Toulon http://www.ldh-toulon.net/


Raphaëlle Branche & Bruno Cabanes : “le passé colonial de l’armée française peut-il être donné en exemple ?”

http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article4741

article de la rubrique histoire et colonies

date de publication : vendredi 2 décembre 2011

Les deux historiens se penchent sur la signification symbolique de la décision de transférer les cendres du général Bigeard aux Invalides.

Raphaëlle Branche, historienne de la guerre d’Algérie, enseigne à l’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne et à l’Institut Universitaire de France.
Bruno Cabanes, historien de la première guerre mondiale, enseigne à l’Université Yale (Etats-Unis).

Le passé colonial de l’armée française peut-il être donné en exemple ?

LEMONDE.FR, le 2 décembre 2011

Comment commémorer la fin de la guerre d’Algérie ? Cette question délicate, que beaucoup se posent depuis plusieurs mois, semble avoir été résolue de la manière la plus maladroite.

Quelques jours après le 11-Novembre, le ministre de la défense a annoncé que le général Marcel Bigeard, combattant de la France libre et résistant, officier en Indochine puis en Algérie, allait entrer aux Invalides. Par cette décision exceptionnelle, il va rejoindre, dans ce panthéon militaire, une pléiade de généraux d’Empire et la plupart des Maréchaux de France de la première et de la seconde guerre mondiale.

La cérémonie interviendra sans doute en 2012. Elle s’inscrit donc, d’ores et déjà, dans le calendrier commémoratif de la guerre d’Algérie. Pour motiver cette décision du gouvernement français, on invoque le refus des autorités vietnamiennes d’accéder au dernier souhait du général défunt que ses cendres soient dispersées au-dessus du champ de bataille de Diên Biên Phu. Les Invalides, comme solution de rechange, comme sépulture de substitution : qui pourrait le croire ? La décision est si importante dans l’ordre de la symbolique militaire et nationale qu’on ne peut se satisfaire d’une telle explication.

Celui qui avait commencé sa carrière militaire par un engagement dans la Résistance, l’a prolongée par une longue campagne d’Extrême-Orient, qui s’achève dans le désastre de Diên Biên Phu et plusieurs mois de captivité. Il s’impose comme un baroudeur audacieux, doublé d’un grand chef militaire. Tout cela, nous ne l’oublions pas. En Algérie, sa renommée se trouble. Elle est associée aux pires excès de la guerre : interrogatoire sous la torture et méthodes antisubversives, qu’il enseigne et expose dans plusieurs ouvrages à grand succès. Il assume, vis-à-vis de ses hommes, l’usage de méthodes illégales. A l’époque, son nom est attaché à l’une des techniques de disparition mises en œuvre à Alger en 1957 (les "crevettes Bigeard").

Beaucoup de familles algériennes s’en souviennent aujourd’hui : Marcel Bigeard, c’est aussi la torture. Pendant la guerre, il utilise, en toute conscience, des méthodes radicales de lutte, alors que d’autres officiers, qui furent l’honneur de l’armée française, les refusèrent. Il y a dix ans encore, quand le général Aussaresses revendique les crimes commis pendant cette guerre, le général Massu choisit au contraire d’exprimer ses regrets. Marcel Bigeard, quant à lui, reste campé dans une position de déni et de mépris.

Choisir d’honorer le général Bigeard, c’est prétendre que l’ensemble de son passé militaire peut être qualifié de glorieux – alors qu’il n’en est rien. C’est aussi laisser imaginer que les guerres de décolonisation auxquelles son nom est surtout associé n’ont été que des combats militaires. Si le général Bigeard est le héros militaire qu’on nous présente, est-ce donc que la guerre, en tout cas en Algérie, a été gagnée militairement ? Ne serait-ce pas, en effet, que la guerre a été perdue politiquement ?

Une telle présentation ignore totalement la nature de ces conflits : ces guerres avaient pour but le maintien de la présence française et elles furent conduites par d’autres moyens que le seul combat militaire. En Algérie, dimension politique et dimension militaire furent si intimement mêlées qu’il fallut au général de Gaulle et à son premier ministre Michel Debré plus de deux ans avant de pouvoir espérer reprendre aux militaires le pouvoir politique exorbitant qu’ils avaient acquis de fait sur le terrain. Une telle présentation ignore aussi que l’Algérie de 1962 n’est pas un pays en paix, mais un pays occupé militairement par une armée dont l’ennemi est bloqué hors des frontières par deux barrages électrifiés surveillés en permanence. Si c’est à ce prix que l’adversaire militaire a été vaincu, cela ne veut pas dire que les conditions de la paix ont été réunies. Le départ des troupes françaises signifie aussi la fin de la souveraineté française : l’échec est donc total. En d’autres termes, si la guerre a été perdue politiquement, ce n’est pas parce que les politiques auraient trahi la victoire militaire mais bien parce que militaires et politiques œuvraient ensemble dans un sens politique qui a peu à peu perdu toute légitimité.

En honorant Marcel Bigeard, combattant de la France libre, de l’Indochine et de l’Algérie, en l’associant aux gloires militaires de la France, le gouvernement prend le risque de dénaturer profondément la réalité historique et d’adresser aux pays d’Afrique du Nord, quelques mois après le "printemps arabe", un message brouillé et provocateur. Les historiens n’ont pas pour mission d’alimenter le tribunal de l’opinion en jugeant les hommes de guerre du passé. Mais ils sont dans leur rôle lorsqu’ils rappellent les enjeux d’une inhumation officielle aux Invalides, qui n’est pas un acte anodin, à une époque où la France entretient des relations complexes avec son passé colonial. Imagine-t-on un seul instant que les hommes et les femmes qui tomberont dans le cadre des Opérations extérieures et seront célébrés aux Invalides vont être ainsi associés à la mémoire du général Bigeard ? Est-ce vraiment cette image que l’on veut donner de la relation entre l’armée et la République dans la France d’aujourd’hui ? Est-ce l’armée de Marcel Bigeard qui doit, en 2012, être donnée en exemple ?

Raphaëlle Branche & Bruno Cabanes


Bigeard aux Invalides : la justification du recours à la torture

http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article4718

date de publication : mardi 29 novembre 2011

Les cendres du général Marcel Bigeard, décédé en juin 2010, vont être transférées à l’Hôtel des Invalides à Paris [1].

Aux côtés des dépouilles de ses gloires militaires, la France honorera ainsi un général connu pour avoir couvert l’usage de la torture, notamment en Algérie – ce qui ne manquera pas de toucher nos amis algériens, à la veille du cinquantenaire de leur indépendance. Tout en se défendant de l’avoir personnellement pratiquée, Marcel Bigeard a en effet justifié le recours à la torture avec l’argument habituel – un « mal nécessaire » pour éviter les morts innocentes ... Mais, grâce aux amnisties successives, il n’a jamais eu à en répondre.

Amnesty International avait rappelé dans un communiqué, le 24 novembre 2000, que « en application des Conventions de Genève et du droit coutumier international », « les crimes contre l’humanité sont imprescriptibles » et que les responsables doivent être traduits en justice. Et l’organisation avait déploré « le manque de volonté politique des gouvernements français successifs [qui] a contribué à présenter la torture, les exécutions sommaires et les "disparitions" comme des maux nécessaires ».

Depuis lors, les gouvernements successifs n’ont pas considéré ce problème comme prioritaire. Heureusement qu’il s’était trouvé des “justes”, pour condamner ces “dérives” : le général de Bollardière, mais également Paul Teitgen dont nous reprenons ci-dessous un témoignage sur l’usage de la torture.

[Mis en ligne le 18 novembre 2011, mis à jour le 29]

Communiqué de presse d’Amnesty International [2]

France/Algérie : Les crimes contre l’humanité sont imprescriptibles

Le 24 novembre 2000

Amnesty International demande que les responsables des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis durant la guerre d’Algérie soient traduits en justice.

Des hauts responsables militaires français de la guerre d’Algérie (dont les généraux Jacques Massu et Paul Aussaresses) admettent aujourd’hui publiquement avoir ordonné ou pratiqué la torture et les exécutions extra judiciaires. D’autres continuent de se taire. Il s’agit de crimes qui continuent de bénéficier d’une impunité absolue.

Les crimes décrits par ces généraux constituent des crimes de guerre et peut-être même des crimes contre l’humanité qui doivent faire l’objet d’une enquête, et dont tous les responsables doivent être traduits en justice, et les victimes indemnisées.

En application des Conventions de Genève et du droit coutumier international, tous les États ont compétence universelle et doivent traduire en justice et punir les responsables des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. De tels principes doivent s’appliquer à la guerre d’indépendance d’Algérie (1954-1962) et pour toutes les parties.

Amnesty International rappelle que les aspects positifs du débat qui a lieu en ce moment en France se doivent d’être concrétisés par des mesures conformes aux principes internationaux qui régissent les crimes reconnus par ces généraux.

Reconnaître ces crimes ne saurait suffire. Le vrai débat porte sur l’impunité dont continuent de bénéficier leurs responsables et le déni de justice auquel continuent de faire face les victimes et leurs familles.

Les autorités françaises ont salué l’arrestation du général Pinochet en Angleterre. Il s’agit maintenant d’appliquer les principes qui ont gouverné leur attitude aux nouveaux développements qui se déroulent dans leur propre territoire à la suite des déclarations des généraux Massu et Aussaresses.

Les procédures judiciaires engagées ces dernières années en France (Barbie, Papon, et Touvier notamment) et ailleurs concernant des crimes perpétrés des décennies auparavant ont démontré que les impératifs de justice ne peuvent être effacés par le temps.

Le caractère imprescriptible de ces crimes est un fait reconnu par le droit international.

Amnesty International considère que le manque de volonté politique des gouvernements français successifs de traduire en justice les responsables de ces crimes a contribué a présenter la torture, les exécutions sommaires et les "disparitions" comme des maux nécessaires.

"La lutte contre l’impunité constitue la pierre d’angle de l’éradication de la torture et des crimes contre l’humanité" conclut AI.


Paul Teitgen : un “juste”

André Gazut a réalisé en 1974 un film sur Le général de Bollardière et la torture. Ce documentaire, qui demeure boycotté par toutes les télévisions françaises, a été programmé à Toulon, le 17 octobre 2001, en présence de Simone de Bollardière et d’André Gazut.

Voici un extrait (durée 4m 12sec) de ce film, accessible via le site de la 4acg [3], qui comporte le témoignage contre la torture de Paul Teitgen, secrétaire général de la préfecture d’Alger, chargé de la police d’août 1956 à septembre 1957 : [cliquez et patientez].

(...)

http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article4718


du Tonkin à Alger, des “violences de détail”, par Alain Ruscio

http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article4739

article de la rubrique torture

date de publication : mercredi 30 novembre 2011

Le récent projet de transférer les cendres du général Bigeard aux Invalides est à l’origine d’un texte de protestation qui a déjà été signé par 1.700 citoyennes et citoyens, parmi lesquels des personnalités de premier plan de la vie politique, sociale et intellectuelle française. À cette occasion, il est bon de rappeler que les tortures et exactions, qui connurent un apogée lors de la guerre d’Algérie, furent hélas très anciennes et très fréquentes sous les tropiques, à l’ombre du drapeau tricolore. C’est pourquoi nous reprenons cet article – initialement publié dans Le Monde diplomatique en juin 2001 – de l’historien Alain Ruscio, par ailleurs l’un des initiateurs de l’appel Non aux cendres de Bigeard aux Invalides.

Du Tonkin à Alger, des « violences de détail »

« La torture judiciaire, l’affreuse torture du Moyen Age, sévit non seulement à Madagascar, mais au Tonkin et au Soudan français. » Ce témoignage du député Paul Vigné d’Octon date de... 1900 [1]. Preuve, si besoin est, que la torture n’a pas commencé avec le général Massu. Pas plus qu’elle ne s’est limitée à l’Afrique du Nord.

Certes, durant la guerre d’Algérie, entre 1954-1955 et 1962, la torture a été crescendo un moyen massif de terreur, allant bien au-delà des rangs nationalistes ou « rebelles ». Mais si la focalisation du débat sur cette guerre à nulle autre pareille est largement justifiée, c’est l’ensemble de la colonisation qui doit être remis en question. La France officielle, de la monarchie de Juillet (1830) à la République de mai (1958) a organisé, suscité ou laissé se développer, selon les cas et selon les périodes, l’usage de la torture, de Hanoï à Nouméa, de Tananarive à Dakar, de Rabat à Tunis.

Pour expliquer une telle généralisation, il faut revenir au coeur des mentalités coloniales [2]. La conquête achevée, la « pacification » assurée, la France coloniale, imprégnée dans toutes ses fibres de sa « mission » (délivrer des territoires entiers du règne des ténèbres), est persuadée qu’elle est en train de réussir. Elle est fière de son bilan. Les « masses indigènes » lui sont, sans contestation possible, reconnaissantes. Elles profitent de la « paix française », qu’elles peuvent comparer aux misères et aux injustices du passé. Si, malgré tout, mouvements de protestation il y a, ils sont provoqués par des « meneurs » manipulés par «  l’étranger » trouvant quelque intérêt suspect à menacer l’harmonie. Ces fauteurs de troubles ne représentent, par définition, qu’une infime minorité. La répression se transforme donc, non en une manifestation de brutalité contre un peuple, mais en acte d’autodéfense contre des éléments malsains, la lie (politique et sociale) de la population.

La torture est fille naturelle de cet argumentaire : pour éviter que la lèpre n’attaque un organisme présumé sain, il faut isoler les germes menaçants, les extirper de l’organisme. En 1933, Albert de Pouvourville, grande plume « indochinoise », écrivain très connu des cercles coloniaux, écrit : « Il est évident qu’il ne sera jamais possible de rallier les nationalistes irréductibles. Il n’y a pas, en ce qui concerne cette catégorie d’individus, de réforme qui tienne (...). La seule politique à suivre à leur égard est celle de la répression impitoyable (...). Tout indigène qui se pare de l’étiquette révolutionnaire doit être hors la loi ; il ne faut pas qu’il y ait d’équivoque à ce sujet. Il est heureusement certain que le nombre de ces irréductibles n’est pas élevé, quelques centaines au plus pour le Nord-Annam, mais ils sont très ardents. Ce nombre augmenterait très vite si, par une générosité mal calculée, nous commettions la faute de composer avec eux, de leur témoigner de l’indulgence [3]. » Et comment faire, sinon utiliser d’emblée les méthodes les plus violentes pour isoler de tels germes ?

Parlant ainsi, le colonisateur construit lui-même le piège dans lequel il va s’enfermer. Il met sur la réalité (une nation rebelle) un masque opaque (le grand mythe de la minorité agissante). Seulement voilà : cette « minorité » est de plus en plus nombreuse et de plus en plus agissante. Plus le mouvement national croît, plus le divorce entre discours colonial et réalité est criant.


Petit à petit, l’habitude s’installe

Dès la période de la conquête, il n’est pas rare que l’on ait recours à des méthodes d’interrogatoire cruelles. Petit à petit, l’habitude de violenter les suspects, sous n’importe quel motif, s’installe. Comme l’écrit Alexis de Tocqueville, au tout début de l’occupation de l’Algérie : « Du moment où nous avons admis cette grande violence de la conquête, je crois que nous ne devons pas reculer devant les violences de détail qui sont absolument nécessaires pour la consolider [4]. » « Détail », le mot sonne étrangement à nos oreilles...

En Indochine, l’affrontement atteint un premier paroxysme. Dans les années 1930, les prisons débordent littéralement. Accompagnant Paul Reynaud, le ministre des colonies, Andrée Viollis, journaliste alors fort célèbre et peu suspecte d’extrémisme, rapporte de son voyage un livre explosif, Indochine S.O.S. [5]. « Il y a, écrit-elle, des tortures qu’on peut appeler classiques : privation de nourriture avec ration réduite à 30 grammes de riz par jour, coups de rotin sur les chevilles, sur la plante des pieds, tenailles appliquées aux tempes pour faire jaillir les yeux des orbites, poteau auquel le patient est attaché par les bras et suspendu à quelques centimètres du sol, entonnoir à pétrole, presse de bois, épingles sous les ongles, privation d’eau, particulièrement douloureuse pour les torturés qui brûlent de fièvre. » « Classique », en effet.

Mais il y a plus « moderne ». La torture à l’électricité est, déjà, formellement attestée : « Attacher un bout de fil de fer au bras ou à la jambe, introduire l’autre bout dans le sexe ; relier un fouet aux fils de fer entrelacés à un courant électrique ; attacher une des mains du prévenu par un fil métallique que l’on branche ensuite sur le circuit ... » Et Andrée Viollis de préciser que ces pratiques sont devenues journalières dans certains commissariats.

Ainsi, les « gégéneurs » d’Alger n’ont rien inventé. Dans les années 1930, sous les tropiques, à l’abri du drapeau français, toutes ces méthodes dégradantes existaient bel et bien. On se doute que les explosions nationalistes de l’après-seconde guerre mondiale vont accroître encore ces pratiques. Sétif 1945, Indochine 1946, Madagascar 1947... partout, le système colonial se fendille, partout la réponse est la même.

La France de 1945, qui vient de se délivrer, avec l’aide de ses alliés, de l’oppression nazie, n’a pas compris que le droit des nations à disposer d’elles-mêmes pouvait être appliqué à son empire. Elle esquisse certes une politique de réformes, mais elle tient par-dessus tout à sa souveraineté. Face à la contestation nationale qui s’exprime de plus en plus fort, elle a recours aux vieux schémas d’explication. La machine s’est emballée. Après 1945, les dirigeants français, ne sachant plus où donner de la tête, entament une généralisation de la répression qui trouvera son apogée lors de la guerre d’Algérie. Le coup de pouce initial est donné par le politique ; le contrôle des acteurs est en permanence et jusqu’au bout assuré par le politique.

C’est le cas à Madagascar. On connaît désormais le film des événements : la provocation de 1947 et ses suites, la répression de masse. Ce qui est moins connu, c’est la parodie de procès qui fut alors intentée aux dirigeants du Mouvement démocratique de rénovation malgache (MDRM). Lors des débats, Me Stibbe, leur principal défenseur avec Me Douzon, dénonça sans concessions la pratique fréquente de l’interrogatoire « musclé », de la torture, pour dire le mot, qui eut lieu pendant l’instruction. Il publia plus tard de nombreux témoignages et évoquait, dans un article d’Esprit, la généralisation de ces pratiques à l’ensemble de l’outre-mer... un an avant la guerre d’Algérie : «  Dans les affaires politiques, et singulièrement dans les affaires coloniales, écrit-il, l’emploi de ces procédés, qui tend à devenir systématique, demeure ignoré d’une trop grande fraction de l’opinion publique (...). Depuis 1947, il n’est guère de grands procès politiques coloniaux, à Madagascar, en Algérie, en Tunisie, au Maroc, où les accusés n’aient passé des aveux à la police et ne les aient rétractés ensuite en invoquant les plus horribles tortures [6]. » On se doute que l’affrontement majeur de cette même époque, la guerre d’Indochine, accroissant le fossé entre les communautés, a été un nouveau pas en avant dans l’horreur. Avec une dimension nouvelle : dans ces sombres pratiques, la police a été supplantée par l’armée.

Que la torture ait été utilisée lors de ce premier des deux grands conflits de décolonisation, il suffirait pour s’en convaincre de lire la « petite phrase », passée relativement inaperçue, du tout premier témoignage du général Massu, dans Le Monde : « Quand je suis arrivé en Algérie en 1955, je me souviens de l’avoir vu [Bigeard] en train d’interroger un malheureux avec la gégène (...). Je lui ai dit : "Mais qu’est-ce que vous faites là ?" Il m’a répondu : "On faisait déjà cela en Indochine, on ne va pas s’arrêter ici !" [7]. » Première preuve, sous une plume autorisée, que la torture fut au minimum utilisée, et probablement banalisée, malgré les dénégations de quelques nostalgiques. Au vu et au su de tous, ou presque.

« C’est comme ça partout »

EN tout cas, l’opinion publique, par bribes, commence à être informée. Dès 1945, alors que les pratiques nazies sont encore présentes dans tous les esprits, la presse se fait l’écho des méthodes détestables de la reconquête. Le journaliste Georges Altman dénonce, dans Franc-Tireur, les « représailles sauvages que les défenseurs d’un certain ordre colonial exercent envers les hommes du Viet-minh ». Puis : « On n’aura point réduit l’énorme tache de sang qui couvrait l’Europe pour laisser - parce que c’est si loin - s’étaler la tache de sang en Indochine française [8]. »

En 1949 éclate une affaire qui fait grand bruit, avant d’être soigneusement étouffée. Jacques Chegaray, un journaliste de L’Aube, quotidien du Mouvement républicain populaire (MRP), est envoyé en Indochine. Ce qu’il rapporte est très loin de ce qu’attendaient ses patrons : horrifié, il a recueilli le témoignage de tortionnaires qui, tranquillement, lui ont décrit diverses méthodes. Son quotidien refuse (évidemment) de publier son article. Il se tourne alors vers Témoignage chrétien, qui titre, le 29 juillet 1949 : « A côté de la machine à écrire, le mobilier d’un poste comprend une machine à faire parler. Les tortures en Indochine. » La publication de son témoignage, premier d’une longue série, dont des articles du grand savant orientaliste Paul Mus, est le signal d’une vaste polémique en France.

Donc, on pouvait savoir. Les Mémoires de certains « anciens d’Indo » – même si ce corps fait généralement bloc, encore actuellement, autour des valeurs qu’il défendait de 1945 à 1954 – en témoignent. On pense évidemment au général Jacques de Bollardière, qui rencontre la torture sur le sol vietnamien. Mais il la tient pour marginale, en tout cas non généralisée, ce qui explique son maintien au sein de l’armée [9].

On retrouve maintes traces de ces pratiques également sous la plume de Jules Roy. Jeune lieutenant-colonel, et déjà écrivain célèbre, il est volontaire pour l’Indochine. Ses premiers écrits ne laissent planer aucun doute sur son acceptation de la croisade anti-Viet-minh au nom de la défense du « monde libre ».

Mais ce qu’il voit en Indochine refroidit ses ardeurs : « Sur toutes les bases aériennes, à l’écart des pistes, étaient construites des cahutes qu’on évitait et d’où, la nuit, montaient des hurlements qu’on feignait de ne pas entendre. Sur la base de Tourane de mon camarade Marchal, où je disposais d’une certaine liberté de mouvement, on m’avait montré cela avec répugnance : les hommes de main des renseignements s’exerçaient là. Marchal me disait : "C’est comme ça partout, c’est obligé." Pourquoi ? Comment ? Un jour, au cours d’une nouvelle opération, comme je parcourais la zone en Jeep, j’aperçus devant une pagode un troupeau de paysans accroupis sous la garde de soldats. Je demandai à l’officier qui m’accompagnait ce que c’était. "Rien. Des suspects." Je demandai qu’on s’arrêtât. J’allai à la pagode, j’entrai : on amenait les files de Nha Que devant les tables où les spécialistes leur brisaient les couilles à la magnéto [10]. »

Il s’est passé moins de cent jours entre le Genève indochinois (20 juillet 1954) et le début de la guerre d’Algérie. Pas assez de temps pour que les « mauvaises habitudes » soient oubliées...

Juin 2001

Alain Ruscio

Notes

[1] Discours à la Chambre des députés, 19 novembre 1900.

[2] Lire Le Credo de l’Homme blanc, Complexe, Bruxelles, 1996.

[3] Griffes rouges sur l’Asie, Baudinière, Paris, 1933.

[4] Lettre au général Lamoricière, 5 avril 1846, citée par André Jardin, Alexis de Tocqueville, Hachette, Paris, 1984.

[5] Préface d’André Malraux, Gallimard, Paris, 1935.

[6] « Le mécanisme de la répression politique », Esprit, septembre 1953.

[7] 22 juin 2000.

[8] 22 décembre 1945.

[9] En mars 1957, il demandera à être relevé de son commandement en Algérie, pour protester contre la torture.

[10] Mémoires barbares, Albin Michel, Paris, 1989.


il y a cinquante ans, le général Jacques de Bollardière condamnait la pratique de la torture

http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article102

article de la rubrique torture > la guerre d’Algérie

date de publication : mercredi 28 novembre 2007

Jacques de Bollardière est le seul officier supérieur à avoir condamné ouvertement la pratique de la torture pendant la guerre d’Algérie.

En 1957, il tente par tous les moyens de dénoncer "certains procédés" en vigueur dans la recherche du renseignement en Algérie. Sa prise de position publique lui vaut une sanction de soixante jours d’arrêt ...

(...)

Jacques Paris de Bollardière est né le 16 décembre 1907, à Châteaubriant. Il sort de Saint-Cyr en 1930. En 1939, il est lieutenant à la Légion Étrangère dans le Sud marocain ; il reçoit le baptême du feu à Narvick.

Résistant de la première heure, il rejoint l’Angleterre en juin 1940, et participe à tous les combats des F.F.L. avec la 13e Demi-brigade de la Légion Étrangère. En avril 1944, il commande la mission Citronnelle dans le maquis des Ardennes. Jacques de Bollardière a été le soldat le plus décoré de la France libre : grand officier de la Légion d’honneur, compagnon de la Libération, deux fois décoré du DSO (Distinguished Service Order ) ...

Après un commandement en Indochine à la tête des troupes aéroportées, il est instructeur à l’École de Guerre. En 1956, il est muté en Algérie, et, en juillet de la même année, il est nommé général.

Jacques de Bollardière tente par tous les moyens de dénoncer "certains procédés" en vigueur dans la recherche du renseignement. En mars 1957, il demande à être relevé de son commandement en Algérie. Au même moment, Jean-Jacques Servan-Schreiber, redevenu directeur de l’Express, est inculpé d’atteinte au moral de l’armée pour avoir publié plusieurs articles relatant son expérience algérienne et dénonçant l’attitude du gouvernement français. Il demande alors à son ancien chef, de Bollardière, de lui écrire une lettre de soutien ; celle-ci parut dans l’Express du 29 mars 1957 :

Le 21 mars 1957

Mon cher Servan-Schreiber,

Vous me demandez si j’estime que les articles publiés dans « L’Express », sous votre signature, sont de nature à porter atteinte au moral de l’Armée et à la déshonorer aux yeux de l’opinion publique.

Vous avez servi pendant six mois sous mes ordres en Algérie avec un souci évident de nous aider à dégager, par une vue sincère et objective des réalités, des règles d’actionà la fois efficaces et dignes de notre Pays et de son Armée.

Je pense qu’il était hautement souhaitable qu’après avoir vécu notre action et partagé nos efforts, vous fassiez votre métier de journaliste en soulignant à l’opinion publique les aspects dramatiques de la guerre révolutionnaire à laquelle nous faisons face, et l’effroyable danger qu’il y aurait pour nous à perdre de vue, sous le prétexte fallacieux de l’efficacité immédiate, les valeurs morales qui seules ont fait jusqu’à maintenant la grandeur de notre civilisation et de notre Armée.

Je vous envoie l’assurance de mon estime ...

Sa lettre fait grand bruit et lui vaut, le 15 avril, une sanction de soixante jours d’arrêt à la forteresse de la Courneuve. Après quoi il est mis à l’écart : nommé successivement en Afrique centrale (A.E.F.), puis en Allemagne.

Le putsch d’Alger d’avril 1961 l’amène, à 53 ans, à prendre une retraite prématurée : "le putsch militaire d’Alger me détermine à quitter une armée qui se dresse contre le pays. Il ne pouvait être question pour moi de devenir le complice d’une aventure totalitaire".

Il s’occupe alors de formation professionnelle des adultes. Quelques années plus tard, il est l’un des fondateurs du Mouvement pour une Alternative non-violente, et publie en 1972 : Bataille d’Alger, bataille de l’homme.

Jacques de Bollardière s’est toujours référé à son éthique chrétienne, pour affirmer le devoir de chacun de respecter la dignité de l’autre. Il a écrit : "La guerre n’est qu’une dangereuse maladie d’une humanité infantile qui cherche douloureusement sa voie. La torture, ce dialogue dans l’horreur, n’est que l’envers affreux de la communication fraternelle. Elle dégrade celui qui l’inflige plus encore que celui qui la subit. Céder à la violence et à la torture, c’est, par impuissance à croire en l’homme, renoncer à construire un monde plus humain."

Jacques de Bollardière est décédé en février 1986, mais sa veuve, Simone de Bollardière, est l’une des signataires de l’appel des douze : le 31 octobre 2000, douze personnes, dont Henri Alleg qui survécut à "la question" et Josette Audin veuve d’un jeune mathématicien qui succomba, ont demandé une condamnation publique de l’usage de la torture pendant la guerre d’Algérie.

(...)

P.-S.

Le général de Bollardière est le seul officier supérieur qui n’ait pas été réintégré dans ses droits à la suite de la loi de réhabilitation de novembre 1982.



Voir aussi Mille Bâbords 14569

Général Bigeard : la mort d’un tortionnaire français
+ Témoignages de Louisette Ighilahriz


http://comaguer.over-blog.com/article-fanon-face-a-bigeard-91313757.html


FANON FACE A BIGEARD

La récente décision du gouvernement de transférer les cendres du général Bigeard aux Invalides et de le ranger ainsi au nombre des héros de la République a suscité une réelle émotion.
Bien que cette décision du candidat Sarkozy s’inspire d’une tactique électorale qui lui a réussi en 2007, à savoir attirer sur son nom par tous les moyens, y compris les plus douteux, le plus grand nombre possible de voix d’extrême-droite , elle ne peut pas masquer le fait qu’elle est une nouvelle manifestation d’un phénomène bien plus profond à savoir le cours outrageusement néocolonial de la politique de l’actuel gouvernement français.
L’enlèvement du Président Gbagbo, le renversement par la force du régime libyen et les préparatifs de « guerre civile » orchestrée en Syrie en sont une démonstration en politique étrangère, le niveau record du chômage dans les départements d’outre-mer en sont une autre en politique « intérieure ».
Honorer Bigeard c’est accepter la torture comme : « un mal nécessaire » ainsi qu’il le déclarait lui-même. Mais c’est surtout affirmer que dans ses rapports avec le colonisé, le colonisateur dévoile en torturant les limites de sa « moralité ». La torture fait donc partie intégrante du système politique colonial et Fanon qui a soigné des victimes de la torture le sait.
Relisons Frantz Fanon !

comaguer.over-blog.com

L’Algérie face aux tortionnaires français

Texte de Frantz Fanon publié dans El Moudjahid, N° 10, septembre 1957

La Révolution algérienne, par l’inspiration profondément humaine qui l’anime et son culte passionné de la liberté, procède depuis trois ans à la destruction méthodique d’un certain nombre de mystifications.

Certes, la Révolution algérienne restitue ses droits à l’existence nationale. Certes, elle témoigne de la volonté du peuple. Mais l’intérêt et la valeur de notre Révolution résident dans le message dont elle est porteuse.

Les pratiques authentiquement monstrueuses qui sont apparues depuis le 1er novembre 1954 étonnent surtout par leur généralisation… En réalité, l’attitude des troupes françaises en Algérie se situe dans une structure de domination policière, de racisme systématique, de déshumanisation poursuivie de façon rationnelle. La torture est inhérente à l’ensemble colonialiste.

La Révolution algérienne, en se proposant la libération du territoire national, vise, et la mort de cet ensemble, et l’élaboration d’une société nouvelle. L’indépendance de l’Algérie n’est pas seulement fin du colonialisme mais disparition, dans cette partie du monde, d’un germe de gangrène et d’une source d’épidémie.

La libération du territoire national algérien est une défaite pour le racisme et l’exploitation de l’homme ; elle inaugure le règne inconditionnel de la Justice.


La véritable contradiction

Les guerres de libération nationale sont souvent présentées comme exprimant les contradictions internes des pays colonialistes. La guerre franco-algérienne, bien que s’inscrivant dans un contexte historique caractérisé par l’éclosion simultanée et successive de mouvements de libération nationale, présente des particularités propres.

Colonie de peuplement déclarée territoire métropolitain. L’Algérie a vécu sous une domination policière et militaire jamais égalée en pays colonial. Ceci s’explique d’abord par le fait que l’Algérie n’a pratiquement jamais déposé les armes depuis 1830. Mais surtout, la France n’ignore pas l’importance de l’Algérie dans son dispositif colonial, et rien ne peut expliquer son obstination et ses incalculables efforts, sinon la certitude que l’indépendance de l’Algérie entraînera à brève échéance l’écroulement de son empire.

L’Algérie, située aux portes de la France, permet au monde occidental de voir dans le détail et comme au ralenti les contradictions de la situation coloniale. L’appel au contingent français, la mobilisation de plusieurs classes, le rappel des officiers et des sous-officiers, les invitations au sacrifice lancées périodiquement au peuple, les impôts et le blocage des salaires ont engagé la totalité de la Nation française dans cette guerre de reconquête coloniale.

L’enthousiasme généralisé, et quelquefois véritablement sanguinaire, qui a marqué la participation des ouvriers et des paysans français à la guerre contre le peuple algérien a ébranlé dans ses fondements la thèse d’un pays réel qui s’opposerait au pays légal.

Selon une phrase significative d’un des Présidents du Conseil français, la Nation s’est identifiée avec son armée qui se bat en Algérie.

La guerre d’Algérie est faite consciencieusement par tous les Français et les quelques critiques exprimées jusqu’ici par quelques individualistes évoquent uniquement certaines méthodes qui « précipitent la perte de l’Algérie ». Mais la reconquête coloniale dans son essence, l’expédition armée, la tentative d’étouffer la liberté d’un peuple ne sont pas condamnées.


La torture, nécessité fondamentale du monde colonial

Depuis quelques temps on parle beaucoup de tortures appliquées par les soldats français aux patriotes algériens. Des textes abondants, précis, effroyables, ont été publiés. Des comparaisons historiques ont été faites. Des personnalités étrangères, et parmi elles des Français, ont condamné ces pratiques.

Les Français qui s’insurgent contre la torture, ou en déplorent l’extension, font immanquablement penser à ces belles âmes dont parlait tel philosophe, et l’appellation « d’intellectuels fatigués » qui leur est donnée par leurs compatriotes Lacoste et Lejeune est très pertinente On ne peut à la fois vouloir le maintien de la domination française en Algérie et condamner les moyens de ce maintien.

La torture en Algérie n’est pas un accident, ou une erreur, ou une faute. Le colonialisme ne se comprend pas sans la possibilité de torturer, de violer ou de massacrer.

La torture est une modalité des relations occupant-occupé.

Les policiers français, qui pendant longtemps ont été les seuls à pratiquer ces tortures, ne l’ignorent pas. La nécessité de légitimer les tortures a toujours été considérée par eux comme un scandale et un paradoxe.


La torture, style de vie

Il reste que le système a des accidents, des pannes. Leur analyse est d’une extrême importance.

Au cours du premier trimestre 1956, des cas de policiers à la limite de la folie se sont révélés nombreux.

Les troubles qu’ils présentaient au sein du milieu familial (menaces de mort adressées à leur femme, sévices graves sur leurs enfants, insomnies, cauchemars, menaces continuelles de suicide9 et les fautes professionnelles dont ils se sont rendus coupables (rixes avec des collègues, laisser-aller dans le service, manque d’énergie, altitudes irrespectueuses avec leurs chefs) ont nécessité à maintes reprises des soins médicaux, l’affectation dans un autre service ou, plus souvent, une mutation en France.

L’apparition multiple d’organismes révolutionnaires dynamiques, les réactions foudroyantes de nos fédayins, l’implantation du F.L.N. sur l’ensemble du territoire national posaient aux policiers français des problèmes insurmontables. Le qui- vive permanent auquel les condamnait le F.L.N. semblait devoir expliquer l’irritabilité des policiers.

Or, rapidement, les policiers s’expliquent.

Ils frappent durement leurs enfants car ils croient être encore avec des Algériens.

Ils menacent leurs femmes car « toute la journée, je menace et j’exécute ».

Ils ne dorment pas, parce qu’ils entendent les cris et les lamentations de leurs victimes.

De tels faits posent évidemment certains problèmes. Sommes-nous en présence d’hommes torturés par le remords ?

S’agit-il d’une révolte de la conscience morale ?

Les tortures reconnues par ces policiers constituent-elles des exceptions ?
L’existence de ces policiers à la limite du pathologique indique-t-elle le caractère inhabituel, inaccoutumé, somme toute illégal de la torture ?

Autrement dit, le policier tortionnaire est-il en contradiction avec les « valeurs » de son groupe et du système qu’il défend ?

Après avoir nié l’existence des tortures en Algérie, les Français ont utilisé un double argument.

D’abord, a-t-il été affirmé, il s’agit de cas exceptionnels.

La plus grande démission des intellectuels français est d’avoir toléré ce mensonge. Des sanctions vont être prises, a dit le Gouvernement français, mais nous ne devons pas les rendre publiques. Comme si la torture d’un homme ou le massacre organisé ne relevaient pas tous deux du droit criminel public. La passion de la vérité et de la justice ne peut, sans se contester, accepter pareille supercherie.

La fuite devant les responsabilités

Mais les témoignages se faisaient de plus en plus nombreux, les tortures se révélant de moins en moins exceptionnelles, toute responsabilité fut rejetée sur des éléments étrangers servant dans l’armée française. Ce deuxième argument est important. Il montre à la fois le cynisme des autorités françaises et l’impossibilité croissante de ruser, de dissimuler, de mentir. Les Français, depuis un an, ne cessent de répéter que seuls d’anciens S.S. servant dans la Légion sont responsables des tortures. Or, la majorité des déserteurs de l’armée française sont des légionnaires étrangers. C’est parce que les méthodes policières françaises les révoltent que ces Allemands et ces Italiens abandonnent les rangs ennemis et rejoignent les unités de l’A.L.N.

C’est par dizaines que nous les interrogeons avant leur rapatriement. Ces anciens légionnaires sont unanimes : la cruauté et le sadisme des forces françaises sont effroyables.

En tout état de cause il importe de ne pas oublier que l’apparition de soldats tortionnaires remonte à l’hiver 1955. Pendant près d’un an, seuls les policiers ont torturé en Algérie.

On possède aujourd’hui des précisions sur les méthodes employées par les Français. De multiples témoignages ont été publiés et l’importante gamme des techniques, répertoriée. Toutefois, aucun élément n’a été fourni sur la doctrine, la philosophie de la torture. Des renseignements parvenus au F.L.N. éclairent singulièrement cette rationalisation.


Lofrédo et Podevin, théoriciens de la torture.

Les policiers français Lofrédo (commissaire à Alger) et Podevin (chef de la police judiciaire de Blida) ont précisé, à l’intention de leurs amis et au cours d’exposés techniques à leurs nouveaux collaborateurs, certaines des caractéristiques de leurs méthodes.

1) Plusieurs témoignages et des rapports convergents d’indicateurs désignent un Algérien comme jouant un rôle important dans l’organisation locale du F.L.N. Le patriote est arrêté et conduit dans les locaux de la P.J. On ne lui pose aucune question car, à ce moment de l’enquête, « nous ne connaissons pas la direction que doit prendre l’interrogatoire et le suspect ne doit pas se rendre compte de notre ignorance ». Le meilleur moyen consiste à briser sa résistance en utilisant la méthode dite de «  mise en train par l’exemple ».

Quelques jeeps quittent la P.J. et ramènent une dizaine d’Algériens ramassés au hasard dans la rue ou, plus fréquemment, dans un douar environnant. Les uns après les autres, en présence du suspect qui, seul, intéresse la police, ces hommes vont être torturés jusqu’à la mort. On estime qu’après 5 ou 6 assassinats, le véritable interrogatoire peut commencer.

2) La deuxième méthode consiste à torturer d’abord l’intéressé. Plusieurs séances sont nécessaires pour casser son énergie. Aucune question n’est posée au suspect. L’inspecteur Podevin, qui a largement utilisé cette méthode à Blida puis à Alger, avoue qu’il est difficile de ne rien dire lorsque le torturé demande des explications. Aussi faut-il se dépêcher de briser sa résistance.

A la sixième ou septième séance, on se contente de lui dire : on t’écoute.
Ici l’interrogatoire n’est absolument pas orienté. Le suspect, en principe, doit dire tout ce qu’il sait.

Dans les deux cas, le même phénomène est retrouvé : l’interrogatoire est différé.

Dans cette perspective où l’excuse de la fin tend de plus en plus à se détacher des moyens, il est normal que la torture devienne sa propre justification. Et le système colonialiste, pour être logique, doit accepter de revendiquer la torture comme un de ses éléments importants.

Les intellectuels français et la presse française

M. Martin-Chauffier, dans un rapport prudent où il n’est pas difficile de découvrir une semi-approbation, ne peut échapper à ce dilemme. L’argument de la torture exceptionnelle est repris ici avec une particulière vigueur. Toutefois l’auteur en arrive à reconnaître que « commis à l’étage inférieur, ces crimes se trouvent en quelque sorte couverts par la négligence des pouvoirs supérieurs à en prendre un suffisant souci, et menacent par la quasi-impunité qui les encourage à s’ériger en un véritable système ». La contradiction ne peut guère être niée et à la phrase suivante c’est un I.G.A.M.E., la plus haute autorité française en Algérie, qui approuve, conseille et légitime ces crimes. La prétendue ignorance des pouvoirs supérieurs est manifestement un mensonge et une duplicité.

M. Martin-Chauffier serait très étonné d’apprendre que son attitude est jugée ici incompréhensible. En réalité, la torture n’est pas un moyen d’obtenir des renseignements. On torture en Algérie par perversion sadique et c’est le seul mot valable du rapport de M. Martin-Chauffier : « Ce système, dit-il, a pour effet de pervertir ceux qui s’en font les instruments ».

M. G. M. Matte (Note de GD [1]), qui a participé aux expéditions françaises en Algérie, vient de publier quelques pages dans le numéro de juillet-août des «  Temps Modernes ». « Je me souviens, écrit-il, que de temps en temps, lorsque le cinéma ambulant du bataillon venait nous projeter un film, et qu’il ne plaisait pas, des soldats et des officiers se levaient et allaient tranquillement passer la fin de la soirée en compagnie des prisonniers… Les cris étaient en partie couverts par la musique du film ».

M. Mattei se révolte contre ces atteintes à la dignité et à l’honneur français. Et naturellement, il termine son témoignage par l’argument désormais classique des démocrates français : « Quelle génération nous prépare-t-on dans ce bouillon de culture qu’est aujourd’hui l’Algérie… ? Car « le plus grave », évidemment, « c’est ce qu’étaient devenus, après douze mois d’A.F.N., ces jeunes rappelés avec qui j’ai passé six mois : de véritables mercenaires ».

On ne peut trouver de meilleur exemple de ce que l’on doit somme toute appeler perversion du sens moral. Lorsque les intellectuels français, avec M. Mattei, reprennent en chœur « qu’il y a actuellement en Algérie une vaste entreprise de déshumanisation de la jeunesse française » ou déplorent que les appelés français « y apprennent le fascisme », il faut savoir que seules les conséquences morales de ces crimes sur l’âme des Français intéressent ces humanistes. La gravité de tortures et des « corvées de bois », l’horreur des viols de fillettes algériennes, sont perçues parce que leur existence menace une certaine idée de l’honneur français.

Il vaut la peine de méditer sur cette attitude. Pareille exclusion de l’Algérien, pareille ignorance de l’homme torturé ou de la famille massacrée, constituent un phénomène entièrement original. Il s’apparente à cette forme de pensée égocentrique, sociocentrique, qui est devenue la caractéristique des Français.
En réalité, il semble que la crainte d’une contamination morale (?) soit totalement vaine. Les policiers malades n’étaient point tourmentés par leurs consciences. S’ils maintiennent le rythme professionnel en dehors de leurs bureaux ou de leurs ateliers, en l’occurrence les salles de tortures, c’est parce qu’ils sont victimes du surmenage. Ce que réclamaient ces policiers, c’est moins un apaisement moral que la possibilité de reprendre les tortures.


Le système en question

Le policier qui torture en Algérie n’enfreint aucune loi. Ses actes se situent dans le cadre de l’institution colonialiste. En torturant, il manifeste une réelle fidélité au système. Aussi les soldats français ne peuvent-ils guère faire autrement sans condamner la domination française. Tout Français en Algérie doit se comporter en tortionnaire. Voulant rester en Algérie, il n’y a pour la France d’autre solution que le maintien d’une occupation militaire permanente et d’une puissante structure policière.

Les forces ennemies ne peuvent s’imaginer à quel point il leur est impossible de faire autre chose que d’évacuer le territoire national.

Le peuple algérien ne lutte pas contre les tortures, le viol des fillettes ou les assassinats collectifs. L’histoire de l’occupation française est jalonnée de tels crimes et en Kabylie, récemment encore, on faisait peur aux enfants en les menaçant d’ « appeler Bugeaud ».

Le peuple algérien n’ignore pas que la structure colonialiste repose sur la nécessité de torturer, de violer et de massacrer.

Aussi notre revendication est-elle d’emblée totale et absolue.

Les policiers sadiques qui ont perdu le sommeil et les soldats tortionnaires qui « risquent de se transformer en fascistes » nous posent, à nous Algériens, un problème précis. Comment modifier notre stratégie et intensifier notre combat pour que le territoire national soit, le plus tôt possible, libéré ?

Toute autre considération nous est radicalement étrangère.

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Vos commentaires

  • Le 4 décembre 2011 à 20:32, par Christiane En réponse à : Sa place est bien là. A côté des Napoléon, Lyautey, Nivelle...

    Bigeard aux Invalides ! Sa place est bien là. A côté des Napoléon, Lyautey, Nivelle...

    Car c’est le monument lui-même qui constitue une insulte à tous ceux qui sont morts des mains de l’armée française, dans les colonies ou soldats morts pour rien du premier conflit mondial.

    Alors pourquoi pas "le héros" de la guerre d’Indochine.

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