Une tribune pour les luttes

Préservons le patrimoine et la culture populaire.

Le No ! un espace de création en plein cœur de Marseille presque délogé ?

L’association le "NO" est convoquée pour la deuxième fois à comparaître devant un tribunal le Mercredi 7 décembre.

Article mis en ligne le mercredi 7 décembre 2011

COMMUNIQUE DE PRESSE

Marseille, le 5 décembre 2011

Le No ! un espace de création en plein cœur de Marseille presque délogé ?

Le théâtre Nau, vous en avez entendu parler ?

Un des plus vieux théâtre de Marseille (1840), encore en activité jusqu’en début d’année, à fermé ses portes et a été laissé à ses fantômes. Aucun appui de la Mairie pour aider aux travaux de rénovation prévus, cet espace a été remis en activité depuis 4 mois par une bande de joyeux résistants : l’association LE NO ! .

« Bien que la ville de Marseille prône la culture par le projet européen « Marseille 2013 », il est de plus en plus complexe pour la culture populaire, sociale et locale, d’exister » témoignent les membres de l’association.


Un lieu socio-culturel autogéré dans le 6ème arrondissement

Au «  No ! » (comme on l’appelle de manière courante), la volonté d’accès à la culture pour TOUS se traduit par la tolérance, l’ouverture et la gratuité pour les utilisateurs du lieu et les adhérents.

L’espace permet le maintien et la diffusion de la culture locale à travers la pluridisciplinarité de ses activités. Une vingtaine de compagnies répètent chaque semaine, 4 cours de danse, 10 peintres, un atelier bois, un bureau associatif/salle de réunion, un magasin gratuit. Le théâtre accueille spectacles, projections, artistes locaux et internationaux, le patrimoine culturel et historique du lieu se trouve ainsi mis en valeur. Autant de raisons pour que ce lieu perdure !

« Ici, on tente de mettre en valeur le patrimoine culturel du théâtre et de permettre aux murs de rester debout par le biais du collectif ! Ceci m’a permis de mener mon activité d’artisan ébeniste de manière simple et ouverte. J’ai rarement vu un lieu d’échange comme celui-ci » raconte Nicolas, un des utilisateurs régulier.


1500 adhérents en 2 mois ? Mais qui sont ils ?

Des grands des petits, des gens tout simplement …des enfants pour les après-midi contes, des habitants du quartiers qui partagent des repas de rue, des artistes qui viennent en résidence, des personnes engagées lors des projections et discussions. Un panel d’activités sont organisées dans le lieu qui permettent rencontres, partage et diversité culturelle et sociale.

L’association est convoquée pour la deuxième fois à comparaître devant un tribunal le Mercredi 7 décembre.

Un grand appel à soutien est lancé, pour tout ceux qui pensent qu’il est nécessaire de préserver le patrimoine et la culture populaire.

Vous pouvez les contacter par mail - associationleno chez gmail.com

Toutes les infos sur le lieu sont disponible sur
http://associationleno.marsnet.org


http://www.lamarseillaise.fr/theatr...

No ! et les trésors du Nau

07-12-2011

Convoquée au tribunal ce mercredi matin, l’association Le No ! exhume le patrimoine du théâtre qu’elle occupe.

Une volée de marches à descendre et s’ouvre la salle de l’ancien théâtre Nau : pas de siège, une jolie petite scène, un balcon, l’ensemble est quelque peu décrépi mais il a encore de beaux restes. Au rez-de-chaussée un hall/bar, dans les étages supérieurs qui abritaient les locaux de l’IMF (Institut méditerranéen de formation et recherche en travail social), quelques bureaux abandonnés, certains accueillant désormais matelas et sacs de couchage, ainsi que l’administration de l’association Le No !. Laquelle se prépare pour le procès qui doit avoir lieu ce matin : propriétaire des murs, le diocèse souhaite le départ des squatteurs, car un arrêté de péril a été pris mais également en vue de vendre les lieux, de participer à une opération immobilière – rien n’est encore fixé.

En avril 2011, après 167 ans d’activité, le théâtre Nau, dans le quartier de Notre-Dame-du-Mont, a fermé définitivement ses portes (il était déjà en sommeil depuis plusieurs années). L’association, qui a investi les lieux en juillet, a entrepris de remettre en marche la bicoque, artistiquement parlant et de l’explorer de fond en comble. Ce qui a conduit à quelques découvertes intéressantes en terme de patrimoine. Ainsi, les deux petits cabanons érigés dans la cour extérieure recelaient tout un stock de revues, carnets, textes théâtraux, etc., entreposés à la va-vite, sans précaution face aux atteintes extérieures. L’inventaire n’est pas achevé mais globalement ces écrits datent d’une période comprise entre 1860 et 1940.

En vrac, on y trouve de nombreux exemplaires du périodique L’Illustration théâtrale (des numéros de 1906 à 1937), des pièces (Labiche, etc.), nombre de partitions de chant, des carnets écrits à la plume (retranscriptions de pièces, notes de mise en scène, etc.) ou encore des textes interprétés par Fernandel. Ce dernier, qui habita dans les parages (du côté du Camas), s’y est produit à plusieurs reprises, à l’instar d’autres stars du passé comme le chanteur Andrex ou Fernand Sardou. C’est que le Nau eut son heure de gloire et tient sa place dans le patrimoine local pour ce qui est de la chanson, de l’opérette, du théâtre. C’est aussi là que fut créée en 1844 la Pastorale d’Antoine Maurel, jouée depuis chaque année à Marseille et ses environs.

Costumes, décors, affiches

Le «  peuple du No ! » a également découvert une quarantaine de sièges provenant de l’Opéra et précédemment fixés au sol du Nau. Ils étaient, bizarrement, enfermés dans des placards murés. Dans les cabanons stagnaient aussi des costumes : des habits ouvragés, faits main, allant d’une veste d’officier (1930) à des robes colorées, en passant par des toges, des capes, etc., que les squatteurs ont réintégrés au bâtiment principal, à l’abri, et qu’ils s’emploient à recouvrir de housses. Décidément mines inépuisables, les cabanons de la courette cachaient aussi des décors peints sur papier et dûment étiquetés « oratoire », « esplanade gare », « cigalon », « bateau corsaire » et autres « cabanons Martigues » ou « coupe d’or »… Sous la scène enfin, de vieilles affiches placardées à l’envers (pour isoler les murs peut-être) sont péniblement décollées à la vapeur par le « peuple du No ! ».
Lequel peuple, qui n’a pas oublié d’être finaud, voit dans ces petits trésors un intérêt double. Artistique et patrimonial, d’abord. A la tête (si l’on peut dire en parlant d’un « lieu socio-culturel autogéré ») des recherches, Ondine, légitimée par sa formation universitaire, insiste sur la valeur des objets désormais mis à l’abri et sur la volonté du No ! «  de les protéger, de les conserver et de faire ainsi valoir le lieu ». Par ricochet, ce qui est bon pour le patrimoine pourrait être bon pour l’association qui, faisant preuve de sérieux dans sa démarche, s’attirerait éventuellement la bienveillance des pouvoirs publics, ou plutôt éviterait leurs foudres (l’expulsion), cela dans un contexte pré-capitale culturelle 2013.

Succès public

D’autant que le « dossier » du No ! est loin d’être vide : le public s’y presse désormais, « entre 40 et 50 associations viennent régulièrement y travailler (théâtre, danse, peinture, lectures, un ébéniste…), détaille William, un des membres, et on compte maintenant 1 800 adhérents, contre 1 000 fin octobre ». Le succès s’explique notamment par « la diversité des propositions » – spectacles, concerts, expositions, débats, projections, etc – et, sans doute, par une localisation ad hoc, sociologiquement parlant (présence d’un public réceptif) et géographiquement (pas d’offre culturelle similaire dans les parages).

Quoi qu’il en soit, l’évacuation du squat reste une option. Pas sûr que la justice se prononce aujourd’hui (on attend plutôt un renvoi), alors Le No ! continue tranquillement ses activités. « Dans l’idéal, on aimerait rester et faire vivre le lieu mais, philosophe William, si on doit partir, qu’au moins le théâtre ne fasse pas l’objet d’une opération immobilière et que son patrimoine soit sauvegardé. On aura au moins fait ça. »

ANTOINE PATEFFOZ

Association le No !, 14, rue Ferdinand-Rey(6e), 04.86.97.93.64, associationleno.marsnet.org

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