Une tribune pour les luttes

Halte à la chasse au Rroms !

Rectificatif à l’émission de FR3 "Les Roms à Marseille et en Provence" Dominique idir

+ Rroms on the road again par Anne-Aurélie Morell

Article mis en ligne le mardi 6 décembre 2011


3 décembre 2011

Quelle ne fut pas ma surprise de voir sur France 3 (http://provence-alpes.france3.fr/in...)une famille que je connais bien Gabriella et ses deux enfants : Roxana et Ioan.

Par contre l’histoire à Marseille ne fut pas celle décrite par la journaliste.

Elle n’était pas sur le terrain de Chanterelle et ne s’est jamais retrouvée Porte d’Aix.

Elle est arrivée à La Capelette début Septembre 2011 et a vécu au début dans une cabane construite par sa cousine Sabina.

Le 20 Septembre 2011 il y a eu destruction de ce terrain et des cabanes .

Nous avons même eu l’ honneur ce jour-là de recevoir la visite du préfet Gardére qui a dit à une jeune femme rrom : vous n’avez pas honte de faire vivre vos enfants comme ça.
Cette jeune femme n’a pas d’enfants.

Plusieurs policiers nous ont d’ailleurs confié leur désespoir de devoir expulser de pauvres gens qui partent sans rien dire et ne se révoltent jamais mais parait-il, il faut faire des expulsions spectaculaires.

Donc tout le monde part et se retrouve à dormir sur les trottoirs aux abords du terrain et on les chasse des trottoirs.

Gabriella n’a jamais vécu ce genre d’expérience,elle est venue pour travailler : vendre ce qu’elle trouve dans les poubelles mais là aussi on les empêche tous les jours et on n’a pas l’idée de créer un vrai marché aux Puces ce qui rendrait service à de nombreuses personnes car les fins de mois sont de plus en plus difficiles.

Visiblement les poubelles sont aussi chasse gardée.

La dernière solution qui reste est la Madrague-Ville à condition d’accepter le retour en Roumanie.

Je l’accompagne à la Madrague Ville.
Elle n’a pas pu gagner d’argent mais pense qu’elle aura l’aide au retour 300 euros pour elle et 100 euros par enfant.

La veille de son départ sa famille m’appelle et me demande si elle va avoir l’argent.Tout le monde est très inquiet pour elle si elle repart sans rien.
Sa famille est une femme seule avec 2 enfants et infirme qui a été relogée temporairement à l’hôtel par les associations.

Personne ne peut réellement me répondre.

Je décide de l’accompagner jusqu’à Marignane pour voir comment ça se passe.Je la retrouve à la Gare Saint Charles on prend le bus on va au RDV à Marignane.
Il y a l’agent de l’OFFI et elle me dit on lui paie l’avion mais on ne lui donne pas l’aide financière car elle n’est pas là depuis plus de trois mois.
Les passeports des enfants étaient tout récents.

Elle se mets à pleurer très pudiquement et je lui donne ce que j’ai pour qu’elle puisse arriver avec un peu de sous.

Voici la réalité doublée du fait que même si on travaille en Roumanie la vie étant très chère on n’arrive pas à subvenir aux besoins de sa famille .

Elle est repartie car elle n’avait pas le choix.

Comparez maintenant mon témoignage avec celui de France 3.

Ci-joint les photos du départ.

Dominique Idir


Voir l’émission de France 3 la Voix est Libre du 3 décembre "les Roms à Marseille et en Provence"

http://provence-alpes.france3.fr/in...


Rroms on the road again

A lire avec les photos et les documents sur le site de med’in Marseille

Publié le 1er décembre 2011

Alors que le Conseil de l’Europe vient de condamner la France pour avoir violer la Charte sociale européenne suite aux expulsions de ressortissants Bulgares et Roumains Rroms de l’été 2010, les désintégrations de bidonvilles se poursuivent. A Marseille, trois campements sont en sursis pour quelques jours encore. On fait le point.


Dans une quinzaine de jours, le campement de la rue Zoccola ne sera plus.

« A la veille de Noël, on va mettre des gens à la rue, alors qu’ils y sont déjà » peste Jean-Paul Kopp, de Rencontres Tsiganes. Une expulsion parmi tant d’autres de bidonvilles rroms, procédure devenue habitude litanique d’une France qui a mal à son identité nationale. Pour preuve, la décision sur ce cas du tribunal administratif, validant le principe de l’évacuation du terrain tout en en repoussant son exécution, et surtout pointant la responsabilité des institutions locales - municipales et communautaires - dans l’envenimement de la situation.

Avant le petit terrain qui donne dos à l’Unité d’hébergement d’urgence de la Madrague et aux puces, dans le XVe arrondissement de Marseille, ceux de Cap Pinède et Plombières ont connu pareil sort. Plus ou moins légalement, plus ou moins violemment. Comme à l’église Saint-Martin d’Arenc où une famille d’une dizaine de membres a essuyé les gaz lacrymogènes des forces de l’ordre, occasionnant chez l’un d’eux une chute, avec pour conséquence une fracture du col du fémur. Les pompiers avaient été appelés par un voisin témoin de la scène. « Nous allons essayer d’alerter le procureur de la République par lettre, pour l’interpeller sur ce qui s’est passé. On ne va pas aller au commissariat porter plainte ! », poursuit le responsable associatif, qui s’interroge sur le lien de causalité entre le préfet de police Alain Gardère qui trinque avec des riverains à l’expulsion de Rroms (« un préfet à l’apéro pour fêter le départ des Rroms », La Provence du 20 novembre), et des fonctionnaires de police qui «  se lâchent ». Pour Jean-Paul Kopp en effet, « Alain Gardère donne un mauvais signe à ses troupes qui se disent : c’est bon, sur les Rroms, on peut y aller ». Une entaille dans le pacte républicain que dénonce la section marseillaise des 15/16 de la Ligue des droits de l’Homme rappellant que « suite à l’expulsion scandaleuse, militaro-policière et médiatique, en août dernier, de la porte d’Aix, une élue représentant le maire Jean-Claude Gaudin avait promis la tenue d’une table ronde pour trouver des solutions concrètes à ces expulsions « spectacles » sans solution d’accueil pérenne ».


Marseille n’est pas l’Europe

Ce jeudi 1er décembre doit également tomber la décision de justice concernant un terrain dans le quartier de la Capelette (Xe), avec de fortes probabilités là encore pour qu’une évacuation soit prononcée. Enfin, le campement de fortune vers Capitaine Gèze attend de connaître son destin. Des expulsions collectives - souvent appariées à la distribution d’Obligations de quitter le territoire (OQTF) - qui interviennent tandis que le Conseil de l’Europe vient de condamner mi-novembre la France pour «  discrimination », par la voix du Comité européen des droits sociaux (CEDS). En cause, les évacuations massives menées à l’été 2010, après le discours de Grenoble prononcé par le président français Nicolas Sarkozy, et la publication d’une circulaire ciblant particulièrement « les campements de Rroms ». (voir notre frise chronologique).

Dans son rapport au Comité des ministres, le Conseil qui répond à une réclamation déposée fin 2010 par le Centre sur les droits au logement et les expulsions (COHRE) « estime qu’il est démontré en l’espèce que les renvois des Rroms d’origine roumaine et bulgare vers leurs pays d’origine se sont fondés sur la mise en œuvre d’un dispositif discriminatoire visant directement et collectivement ces personnes et familles rroms. [... et] considère que ces retours dits « volontaires » ont en pratique déguisé des retours forcés sous la forme d’expulsions collectives ».

Le gouvernement français s’est défendu de toute ambition discriminatoire arguant « que beaucoup de migrants rroms se trouvent sur le territoire français en situation irrégulière. Par conséquent, lorsque les ressortissants communautaires concernés ne disposent pas des moyens d’existence suffisants pour ne pas devenir [...] une charge pour le système d’assistance sociale de l’État membre d’accueil, ils n’ont pas droit au séjour. Ils peuvent donc faire l’objet de décisions préfectorales d’expulsion. Dans certains cas une prise en charge humanitaire et financière des individus concernés est prévue. Ces règles s’appliquent de la même manière à tous les ressortissants communautaires et donc ne sont pas discriminatoires ». Autre ligne de défense : « ces mesures d’éloignement du territoire poursuivaient le but de maintenir l’ordre public et de sauvegarder la sécurité intérieure sans pour autant viser des populations en raison de leur origine ethnique ».

Un argumentaire auquel le Conseil n’a apparemment pas été sensible, concluant « que les expulsions des Rroms de leurs logements et de la France qui ont eu lieu pendant l’été 2010 constituent une violation de l’article 16 (droit de la famille à une protection sociale, juridique et économique), de l’article 31 (droit au logement) et de l’article 19§8 (droit des travailleurs migrants et de leurs familles à la protection et à l’assistance - garanties relatives à l’expulsion) » de la Charte sociale européenne révisée dont notre pays est signataire.

Si Jean-Paul Kopp regrette que « la condamnation du conseil européen arrive un peu tard, parce que visant des faits qui remontent à l’année dernière », elle pourrait toutefois avoir un impact à court terme sur la politique gouvernementale. Mais l’acteur associatif - qui participait le week-end dernier à Paris à une réunion du réseau RomEurope - ne se fait pas d’illusions : « les expulsions reprendront très vite ».

- Samedi 3 décembre, sur l’antenne de France 3 Provence Alpes, l’émission de débat La Voix est Libre posera la question de la présence et de la prise en compte des Rroms en France et dans la région. Vous pouvez d’ores et déjà participer aux discussions qui se prolongeront sur le web avec un tchat.
http://provence-alpes.france3.fr/la...

Rapport Conseil Européen Rroms en FranceEuropean Committee of Social Rights
http://www.scribd.com/doc/74361534/...

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Vos commentaires

  • Le 21 décembre 2011 à 22:18, par Docteur GADEA José En réponse à : Rectificatif à l’émission de FR3 "Les Roms à Marseille et en Provence" Dominique idir

    Je connais tout particulièrement Attila et Eva Lacatus intervewés en Roumanie par votre journaliste. Ils sont rentrés à Caetate di Balta avec un projet éonomique de vente de légumes aidés par le Secours catholique de Toulon en lien avec Caritas Blaj ; Un mot malheureux s’est glissé dans le commentaire de votre journaliste. Effectivement Eva faisait la manche place de la Liberté à Toulon mais je me porte garant des valeurs morales de ce couple . je ne peux accepter que le mot "vol" ait pu être employé à leur sujet."La famille ne vole plus, ne mendie plus " sont des mots qui ne rendent pas compte de la réalité de leur existence. Certes Eva ne retournera plus jamais mendier mais c’est une personne intègre , et qui s’est battue honetement pour survivre et rentrer avec son mari . Je les ai personellement reçu à mon domicile et je ne peux accepter que le moindre soupçon puisse mettre en cause leur intégrité morale.

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