Une tribune pour les luttes

RESF 75

Expulsion. Monsieur Mo dans l’avion : ils l’avaient dit, ils l’ont fait.

Signez la pétition Pour le Retour de M. MO et la régularisation de son épouse !

Article mis en ligne le mercredi 18 janvier 2012

Article sur la famille Mo paru dans le Parisien.

article parisien

Pour rappel :

Rassemblement pour M. Mo mardi 24 janvier devant la mairie d’Aubervilliers à 18h

Signez et faites signez la pétition en ligne : http://resf.info/P2107


P2107 - Pour le Retour de M. MO et la régularisation de son épouse !

http://www.educationsansfrontieres....

Le 7 Janvier, Changfeng MO, un jeune père de famille de 28 ans, a été expulsé après 10 années de présence en France et 45 jours de rétention ! Il est parti sans avoir revu sa femme et ses enfants depuis le jour de son arrestation. Aujourd’hui, il erre très loin de chez lui quelque part à Beijing avec seulement quelques sous en poche. Aujourd’hui, ses enfants, Félix 3 ans, en maternelle à Aubervilliers, et Soufia bientôt 2 ans, tous deux nés en France, n’ont plus de père. Aujourd’hui sa femme Hongxia MO est privée de la présence de son mari et doit assurer seule le quotidien.

Pour le ministère de l’immigration, ce n’est qu’une expulsion de plus à mettre au tableau de chasse de M. Guéant ; pour nous tous, c’est surtout la vie brisée d’un homme, ce sont une femme et deux enfants jetés dans une précarité extrême et une famille déchirée de plus à mettre sur le compte de la politique inhumaine des quotas d’expulsions. En bafouant les droits fondamentaux, notamment les droits de l’enfant, la préfecture suivrait-elle de nouvelles directives d’un gouvernement prêt à tout pour conquérir de nouveaux électeurs ?

Parce que cette expulsion est une honte pour notre pays, parce que cette situation est intolérable, parce que, pour M. MO « chez lui », c’est ici et ce n’est pas en Chine, nous, parents, amis, soutiens, habitants d’Aubervilliers et d’ailleurs, demandons le retour immédiat de Changfeng MO et la régularisation de son épouse Hongxia MO.

Nous resterons mobilisés tant que M. Mo ne sera pas revenu auprès de sa famille en France, à Aubervilliers !
Merci de signer et de diffuser largement cette pétition.


http://blogs.mediapart.fr/blog/resf...

MONSIEUR MO DANS L’AVION :
ILS L’AVAIENT DIT, ILS L’ONT FAIT.

En ce samedi 7 janvier, nombreux sont les parents et leurs enfants qui s’adonnent aux joies de la confection de la galette des rois : les pâtes feuilletées se sont faites rares dans les supermarchés. Hongxia Mo, elle aussi aurait certainement bien aimé passer son après midi à cuisiner : une galette des rois, voilà qui aurait participé à son intégration à cette fameuse culture française dont on lui parle si souvent. Seulement voilà, Hongxia n’a pas pu : parce qu’elle a du partir à l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle, tenter désespérément de dire un dernier au revoir à son mari, qui est aussi le père de ses deux enfants âgés de 3 et 2 ans.

Encore un couple qui se sépare, penseront certains en hochant la tête. Non, pas un couple qui se sépare : un couple qui est séparé par l’Etat français. Définitivement. Changfeng Mo, 28 ans, sans papiers, depuis 10 ans sur le sol français, renvoyé à Beijing ville chinoise dont il n’est pas originaire et où il n’aura jamais le droit de résider (il n’obtiendra pas le hukou[1], ce qui le condamnera à une vie de bagne), ne reverra jamais ses enfants. Il ne pourra jamais revenir en France.

Oui, lecteur, tu as bien lu. Quand l’euro n’a jamais été à un cours aussi bas, quand l’Europe n’a jamais été aussi proche de l’implosion, quand le chômage n’a jamais été à un niveau aussi élevé et la consommation n’a jamais autant chuté, l’Etat français mobilise ses forces pour expulser un jeune homme en Chine, pour séparer un couple, pour faire en sorte que deux enfants jeunes ne voient plus jamais leur père. Est-ce vraiment pour permettre cette barbarie qu’une majorité d’électeurs a élu N. Sarkozy en 2007 ?

Changfeng a été mis ce soir, ligoté, dans un avion d’Air China, avec quelques euros en poche pour tout bagage. Voilà 45 jours qu’il était en rétention, 45 jours déjà qu’il était séparé de sa famille. Les condamnés à mort ont souvent droit à une dernière visite : Changfeng, lui, n’y a pas eu droit. Il est parti sans avoir revu sa femme ni ses enfants depuis le jour de son arrestation.

Le 28 décembre, il avait échappé à une première expulsion, grâce à une importante mobilisation citoyenne. Le 5 janvier, pour échapper à une seconde tentative d’expulsion, il s’était ouvert les veines. Aujourd’hui, samedi 7 janvier, son expulsion a été effective. Le coût direct financier de cette opération est énorme : 45 jours de rétention, deux billets d’avion pour Beijing annulé, plus les billets de l’escorte (deux policiers en civil), plus bien évidemment les billets d’aujourd’hui. Le coût humain est monstrueux : la vie d’un homme brisée, une femme et deux enfants jetés dans une précarité extrême. Monsieur Guéant ensuite pourra se gausser à bon escient de ces enfants d’immigrés qui ne réussissent pas très bien à l’école : dans quel état l’institutrice de Félix va-t-elle le retrouver lundi matin ? Tout ça pour quoi ? Pour remplir des quotas, dont, à partir de mai prochain, plus personne ne se préoccupera ? Si le gouvernement actuel a fondé depuis longtemps sa politique sur le rejet de l’autre et la chasse à l’étranger, augmentant chaque année ses tristement célèbres quotas d’expulsion, voilà bien longtemps que la préfecture de Paris n’avait osé expulser un père d’enfant scolarisé, reconnaissant l’institution de la famille comme un dernier rempart contre la sauvagerie. Ce soir, quand l’avion d’Air China a décollé, la violence de l’Etat a augmenté d’un cran.

La mobilisation, citoyenne et politique a été totale en cette journée du 7 janvier : dès le début d’après midi, le standard de la préfecture était saturé. Les standardistes, aimables et compréhensives expliquaient que le cabinet du préfet ne pouvait plus prendre d’appels car il était submergé de coups de fil : mais que le préfet était sensibilisé au dossier. Des personnalités politiques qui ont réussi à forcer le barrage du standard, se sont vues tenir des arguments fallacieux : le couple Mo était tout à la fois accusé de participer à des trafics illicites, mais aussi d’élever ses enfants dans un trop grand dénuement. Ainsi, les deux gamins seraient plus heureux en Chine ! Oui, lecteur, tu as bien lu : certains administratifs haut placés ont avancé que ces deux enfants, nés, domiciliés et scolarisés à Aubervilliers, de parents originaires d’un région chinoise extrêmement pauvre et qui n’auraient donc jamais le droit d’être scolarisés ou soignés dans une grande ville de Chine, seraient plus heureux dans ce pays qu’en France. Dans leur lutte farouche contre la pauvreté et les inégalités, nos décideurs politiques auraient-ils décidé d’envoyer en Chine les 8 millions de pauvres de notre pays, afin de leur donner l’espoir d’une vie meilleure ?

Ce qui a eu lieu aujourd’hui est honteux. Honteux pour la France, honteux pour ses habitants, honteux pour son gouvernement. Et ils ont été nombreux à avoir honte cet après midi, en venant même à raconter des contre-vérités pour justifier l’injustifiable. Dans l’avion, un policier a prêté son téléphone à Changfeng pour qu’il puisse une dernière fois appeler sa femme. Ce soir à Roissy, nous étions tous Chinois.

Annick Vignes (RESF 75)

[1] nul n’est supposé habiter ailleurs que ce que dicte son hukou. Ce système fait des 150 millions de migrants, des citoyens de seconde zone ; l’accès aux logements sociaux, école, santé, transports, supposent le bon hukou.

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