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Etude Rexecode : Xavier Bertrand s’engouffre dans l’imposture

Article mis en ligne le vendredi 13 janvier 2012

A lire avec les liens :
http://www.actuchomage.org/20120113...

Vendredi, 13 Janvier 2012

Le ministre s’en est aussitôt emparé pour nous dire qu’« il faut travailler davantage » et qu’« on fasse travailler davantage de monde ».

Si besoin, une petite séance de rattrapage sur cette étude qui prétend que la durée effective annuelle de travail des salariés à temps plein en France est, avec la Finlande, la plus faible d’Europe. Il est bon de savoir que COE-Rexecode est un cabinet d’études économiques proche du grand patronat, dont les adhérents sont la quasi-totalité des principales banques françaises ainsi que des groupes comme Bouygues, Areva, PSA, Lafarge ou L’Oréal.

Puis l’immédiate et très prévisible réaction de Xavier Bertrand à ces résultats contestables (et d’ailleurs contestés).

Il faut travailler davantage ? Mais comment, alors que les plans d’austérité appliqués un peu partout sont une erreur monumentale qui nous pousse au bord de la récession, que les suppressions d’emplois reprennent de plus belle et qu’en ce moment, chaque jour en France, quelque 1.000 personnes s’inscrivent au chômage ?

Travailler davantage ? La plupart de nos 20% de salariés à temps partiel — dont la majorité sont des femmes — aimeraient bien. Même chose pour les salariés à temps plein qui vont bientôt goûter aux joies d’un chômage partiel facilité...

Travailler tout court ? Parlez-en à nos 3 millions de chômeuses & chômeurs officiels.

Faire travailler davantage de monde ? Comprendre : partager la pénurie, et à vil prix. Ils nous disent que le travail n’est pas un gâteau qu’on se partage : c’est pourtant ce qu’ils sont en train de faire, à la portion congrue. Leur solution ? Mettre la gomme sur les contrats aidés avant la présidentielle pour faire sortir des statistiques quelque 250.000 chômeurs qu’on va momentanément occuper 20 heures par semaine payées au Smic ou, dans la même veine, obliger des RSAstes à travailler 7 heures. Que du jetable sans avenir, et une véritable mise à mort des 35 heures au quotidien.

Et Xavier Bertrand de rajouter : « Si malgré ce classement, la France réussit à se maintenir, c’est parce qu’il y a une formidable productivité en France. Mais la productivité ne suffit pas, il faut aussi la compétitivité. […] Les "accords compétitivité-emploi" sont aussi l’occasion de revenir sur les 35 heures ». Nous y voilà !

Et que contiennent ces "accords compétitivité-emploi" ? Notamment la possibilité, pour les employeurs, de réduire à loisir la durée du travail — et donc, de la rémunération — sans modification du contrat : en cas de refus du salarié de travailler moins pour gagner moins au nom de l’adaptation de son entreprise aux aléas de la conjoncture, il sera licencié pour motif personnel et non économique, ce qui est plus difficilement contestable aux Prud’hommes (dont on rappelle que, pour les saisir, il faut désormais s’acquitter d’une contribution de 35 €).

C’est pourquoi Xavier Bertrand atteint le comble de l’ignominie quand il déclare : « Des 35 heures, on en est sortis mais pas dans toutes les têtes. Il faut en sortir sans faire payer une deuxième fois la facture aux ouvriers et salariés »... Hallucinant !

« Le "travailler plus" a toujours son sens », conclut l’hypocrite avec panache. Sauf que l’UMP ne veut pas augmenter la durée effective du travail, bien au contraire : on se dirige de plus en plus vers l’activité réduite, l’institutionnalisation de la précarité et de l’emploi en miettes qui contribuent à tirer vers le bas l’ensemble des salaires. L’UMP joue donc sur les mots car son véritable objectif n’est que l’augmentation de la durée légale du travail qui permet, par exemple, de relever le seuil de déclenchement du paiement des heures supplémentaires en cas de reprise de l’activité. Que voulez-vous, pour renouer avec la compétitivité, il n’y a pas de petites économies, et il revient aux salariés d’en payer le prix.

SH

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