Une tribune pour les luttes

samedi 5 février 2005

MARSEILLE

15 h

15 h au local du C.I.R.A. - 3, rue Saint-Dominique 13001 Marseille (angle Place des Capucines)

Conférence-débat organisée par le CIRA

Dans le chaudron de Zapata... Le Chiapas

avec Marc Tomsin

Le vendredi 3 décembre 2004 est à marquer d’une pierre blanche dans l’histoire du journalisme parisien : les lecteurs du "Monde" ont pu découvrir, sur une pleine page, que, au Chiapas - dans cet État mexicain de quatre millions d’habitants, à la frontière du Guatemala -, les zapatistes tentent de " changer le monde sans prendre le pouvoir ".

Il a fallu plus d’une décennie pour cela : les de la Grange et autres Abellard, obscurs journalistes qui ont déversé pendant des années dans les colonnes de ce quotidien leur mépris de l’organisation indienne rebelle, ont dû se retourner dans leurs placards. Les deux honnêtes reportages de Jean-Michel Caroit, à San Cristobal de las Casas et à Oventic, "caracol" (centre d’accueil civil et espace de coordination) zapatiste, n’expliquent cependant pas la raison de ce soudain regain d’intérêt pour la situation dans les montagnes du Sud-Est mexicain.

Pour comprendre la transformation sociale en cours au Chiapas, il n’y a pas de meilleure approche que le livre de Gloria Muñoz Ramirez "EZLN : 20 et 10, le feu et la parole", traduit de l’espagnol par Joani Hocquenghem, qui vient de paraître chez Nautilus.

Ce remarquable document historique permet de réfléchir sur le chemin parcouru par les zapatistes, qui viennent de fêter les vingt et un ans de leur organisation. On y voit effectivement les métamorphoses de ce mouvement paysan indigène, de la création, le 17 novembre 1983, de l’Armée zapatiste de libération nationale (EZLN) par six insurgés dans la selva Lacandona à celle, en août 2003, des "caracoles" et des "conseils de bon gouvernement" par des milliers d’hommes et de femmes réunis à Oventic, dans les hautes terres du Chiapas, dont les communautés rurales s’engagent sur la voie de l’auto-organisation dans la résistance à l’État mexicain qui refuse de reconnaître leurs droits, leur culture et leur autonomie.

Ce mouvement qui s’est révélé au monde par une insurrection au passage d’une année à l’autre pourrait bien être celui du passage d’un monde à un autre. Par le respect de l’autonomie des organisations sociales auxquelles s’adressent les zapatistes pour former un réseau de résistance hors de l’emprise des partis, au Mexique et dans le monde, comme par la pratique de l’autogouvernement, dans les villages et dans leur coordination régionale, de l’autogestion, au niveau des coopératives paysannes et d’artisanat, l’expérience en cours dans les communes autonomes concerne directement les anarchistes : comment reconstruire une société à partir de la base, en pratiquant la démocratie directe, fondée sur l’assemblée.

C’est dans la confrontation sociale que s’enracine la solidarité, ce n’est pas dans l’assistance humanitaire à des peuples victimes ou dans le "lobbying" de spécialistes des questions indigènes auprès des gouvernants et des institutions. La rébellion paysanne zapatiste a toujours dit que le plus efficace soutien qui puisse lui être apporté passait par le combat contre les exploiteurs et la domination partout où nous sommes.

"Le Monde libertaire", hors-série n° 26, décembre 2004 - janvier 2005 (extraits)

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