Une tribune pour les luttes

Indigné-e-s de Mayotte

Mayotte : Violences policières condamnées en justice !

Appel à Vigilance Citoyenne

Article mis en ligne le dimanche 29 janvier 2012

Le 25 janvier 2012 à l’initiative des IndignéEs de Mayotte, un
rassemblement pacifique a été organisé devant le tribunal
correctionnel de Mamoudzou à l’occasion de la comparution immédiate de
deux policiers du Centre de Rétention Administrative (CRA) poursuivis
pour avoir battu une femme à l’aide de leur matraque.

Rappel des faits : le 5 janvier, une jeune femme retenue au CRA de
Pamandzi interpellait les Policiers de l’Air et des Frontières (PAF)
pour qu’ils agissent en faveur d’un vieux monsieur handicapé. Un
premier agent de la PAF énervé s’en prend à elle, l’étrangle et la
frappe, puis un deuxième la sort de la cellule réservée aux femmes,
l’enferme seule dans « la salle de transit » et lui assène de nombreux
coups de matraques. Les hématomes constatés sur la victime dépassent
pour certains les 15cm de diamètre !

C’est devant une salle d’audience pleine que les juges ont écouté
pendant près de 3h les récits contradictoires des deux policiers face
à leur victime. Dès l’ouverture de ce procès, les magistrats ont
soulevé l’ampleur médiatique de ce dossier et ont appelé au calme
pendant l’audience, bien conscients de la pression populaire. A
plusieurs reprises, ils ont rappelé que les policiers se devaient
d’avoir un comportement irréprochable. Le président a manifesté son
dégoût face aux dérives constatées des deux agents : les violences
physiques abusives et les propos racistes ne sauraient être tolérées.

Verdict : les 2 agents de la PAF sont condamnés à 6 mois de prison
avec sursis, 6 mois de suspension de travail et à verser 1000 euros à
la victime.

Nous, les IndignéEs, sommes satisfaitEs d’avoir pu constater que cette
fois Justice soit faite, en respect du principe de séparation des
pouvoirs de l’Etat, séparation essentielle au bon déroulement de la
démocratie.
Nous déplorons la rareté de ces procès et invitons touTEs
les habitantEs de Mayotte à dénoncer tout manquement à leurs droits
fondamentaux. Nous pensons aujourd’hui à toutes celles et ceux qui
n’ont pas la possibilité de porter plainte suite à de tels abus
(personnes expulsées, victimes de pressions policières…).

Notre rassemblement portait aussi sur les violences policières en
général. Nous souhaitions rappeler entre autres la répression
inadaptée lors du mouvement contre la vie chère (flashballs, lacrymos,
chars anti-émeutes), ainsi que l’illégalité des contrôles d’identité
réalisés la nuit, au domicile des personnes, ou dans les véhicules...
Ces procès sont rares alors que les faits à l’origine sont réguliers à
Mayotte ! C’est pourquoi nous avons multiplié les interventions
médiatiques afin de mettre en lumière cette affaire.

Lors du rassemblement, nous avons choisi de relire certains articles
du Code de Déontologie de la police nationale contenant des principes
si souvent bafoués :
- Art. 1er. - La police nationale concourt, sur l’ensemble du
territoire, à la garantie des libertés et à la défense des
institutions de la République, au maintien de la paix et de l’ordre
publics et à la protection des personnes et des biens.
- Art. 2. - La police nationale s’acquitte de ses missions dans le
respect de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, de la
Constitution, des conventions internationales et des lois.
- Art. 7. - Le fonctionnaire de la police nationale (…) a le respect
absolu des personnes, quelles que soient leur nationalité ou leurs
origines, leur condition sociale ou leurs convictions politiques,
religieuses ou philosophiques.
- Art. 10. - Toute personne appréhendée est placée sous la
responsabilité et la protection de la police ; elle ne doit subir, de
la part des fonctionnaires de police ou de tiers, aucune violence ni
aucun traitement inhumain ou dégradant.

Pendant toute la durée du rassemblement, les passants et les
automobilistes ont fait un bon accueil aux messages et aux
interventions du collectif appelant à une vigilance citoyenne du
fonctionnement de nos institutions :
Mayotte département : à quand le droit pour tous ? Vigilance citoyenne !
Pas de justice, pas de Paix !

Le collectif des IndignéEs de Mayotte poursuivra ses actions de
vigilance citoyenne face aux injustices encore trop présentes sur
l’île !
Nous appelons touTEs les habitantEs à rester vigilantEs, à
surveiller tous les agissements douteux des forces de l’ordre, à les
observer, les rapporter, les photographier ou les filmer.
Nous invitons toute personne intéressée à venir participer à nos
prochaines réunions ou actions collectives.

Les IndignéEs de Mayotte
indignés976 chez gmail.com

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