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Travailler moins et gagner moins pour sauver son emploi

+ Gérard Filoche : "Sarkozy candidat au bazooka contre les droits du travail et les salaires"

Article mis en ligne le mardi 31 janvier 2012

Lundi, 30 Janvier 2012

Travailler moins et gagner moins pour sauver son emploi

http://www.actuchomage.org/20120130...

Parmi les mesures annoncées dimanche soir par not’ Président, la plus dangereuse — car vraiment tangible — est celle concernant les "accords compétitivité-emploi".

A l’évidence, tout le reste n’est qu’hypothétique. Sa "TVA sociale", c’est pour… octobre. Sa "taxe sur les transactions financières", c’est pour… août. Sa "banque de l’industrie" pour les PME, ses mesurettes sur le logement ou le relèvement du quota de jeunes en apprentissage dans les entreprises de plus de 250 salariés semblent autant de bouteilles à la mer jetées avant les élections.

Par contre, les futurs "accords compétitivité-emploi" sont, eux, à portée de main. Concoctée par l’UMP depuis plusieurs mois, la loi est quasi-prête. Inspirée de l’Allemagne et boostée en France par le patronat de la métallurgie (UIMM), son objectif consiste — soi-disant… — à préserver les emplois en modulant le temps de travail à la baisse ou à la hausse en fonction des aléas de la conjoncture, sans modification substantielle du contrat du travail, en imposant de travailler moins avec baisse de salaire, ou plus sans revalorisation salariale. Cette idée de génie fera une pierre trois coups : les 35 heures ainsi contournées seront indirectement abolies, tandis que l’Etat et les entreprises pourront réaliser de notables économies à la fois sur le paiement des heures supplémentaires et sur le financement du chômage partiel, au détriment des salariés à qui l’on demande de se sacrifier.

Il ne reste plus qu’à convoquer les partenaires sociaux pour qu’ils "négocient". Ce que François Fillon a fait : il leur donne deux mois. Dans ce cadre, bien évidemment, le patronat est en position de force avec la CFDT, son allié déguisé. En cas de "blocage idéologique" des partenaires sociaux — comprenez, des syndicats comme la CGT ou FO… —, le gouvernement tranchera : un texte sera présenté au Parlement pour « gérer la période transitoire » avant qu’un accord ne se trouve (la loi Larcher de 2007 impose, en effet, que les partenaires sociaux négocient avant qu’un texte social ne soit adopté, mais que des dispositions transitoires peuvent être prises « en cas d’urgence »).

« Je ne vois pas pourquoi l’Etat devrait s’immiscer dans un débat responsable à l’intérieur de l’entreprise », a justifié Nicolas Sarkozy. C’est pourquoi ces accords s’appliqueront « si une majorité de salariés se met d’accord dans une entreprise, pas une branche » pour « décider d’un délai de travail, pour décider de privilégier l’emploi sur le salaire ou le salaire sur l’emploi ». Pour être valable, l’accord devra, comme tout accord d’entreprise, être signé par des syndicats ayant recueilli au moins 30% des voix aux élections, sous réserve que les organisations pesant au moins 50% ne s’y opposent pas. Mais si l’accord est signé, tout salarié devra s’y soumettre. Là aussi, le rapport de force est totalement défavorable au salariat. Et dans les entreprises où il n’y a pas de syndicat, la majorité des travailleurs, gangrénés par la peur du chômage, pliera devant son employeur.

C’est pourquoi la mise en œuvre, à trois mois des élections présidentielles, de ce projet particulièrement antisocial mérite la plus grande vigilance.

SH


Sarkozy candidat au bazooka contre les droits du travail et les salaires

Gérard Filoche

http://www.filoche.net/2012/01/29/s...

29 janvier 2012 –

En fait, dans sa conférence répercutée sur 8 chaines de télévision, la duplicité de Sarkozy a été violente et totale, il a tenté en tant que président d’imposer de force, par la loi et avant l’élection, le programme qu’il veut défendre comme candidat.
Le coeur de son propos est simplement mensonger : « la crise est devenue plus grave, je n’y suis pour rien, mais je dois prendre de terribles et urgentes mesures tandis que mes adversaires électoraux parlent dans le vent… ».
Puis il y va au bazooka. Là, il faut le prendre au sérieux car c’est assez effrayant. Il a été arrogant, menaçant, cynique avec un culot de plomb au nom du chantage à l’emploi et à la dette.

On aurait pu croire que la situation imposait des mesures sociales et de relance : il a annoncé le plus grave programme antisocial depuis 70 ans. Rarement les exigences du Medef, des banquiers, actionnaires et rentiers n’auront été autant satisfaites. (Et aussi celles de Mme Merkel qui réclamait cela à Davos).

- Il décide que le code du travail doit s’effacer devant les contrats imposés au cas par cas par les employeurs : au nom du chantage au chômage, les employeurs pourront violer les durées légales du travail et les salaires en vigueur.

- Les « contrats de compétitivité » auront le pouvoir de s’imposer contre l’état de droit, contre l’ordre public social. Le salarié n’aura plus le droit de se réclamer de la continuité de son contrat pour s’y opposer. Même en cas de chômage partiel forcé et généralisé.

- Ainsi les 35 h ne seront plus tout à fait une durée légale puisqu’elles pourront être soumises au cas par cas aux accords d’entreprise. Lesquelles pourront ainsi ne plus payer les majorations des heures supplémentaires ce qui fera baisser les salaires (travailler encore plus mais en gagnant moins).

- La retraite à 62, à 65, à 67 ans s’imposera avec son cortége de décotes, de baisse des pensions, vu que la moyenne d’annuités cotisées actuelle est tombée à 35 annuités.

- Ainsi les salaires bruts payés par les patrons, les cotisations sociales seront abaissées et les pertes qui en résulteront dans les caisses de protection sociales seront compensées par une TVA que paieront tous les salariés. Il s’agit d’une baisse des salaires bruts d’un côté, d’une hausse de la TVA de + 1,6 % de l’autre côté.

Ce ton arrogant et surjoué utilisé, derrière quelques propos plus patelins et hypocrites, ne doit tromper personne, c’est une attaque sans précédent contre le droit du travail, et expressément contre les syndicats, contre les protections légales et conventionnelles existantes dans le but de «  baisser le coût du travail », c’est-à-dire les salaires.

Il faut s’opposer radicalement à lui :

- La crise, c’est Sa faute, la faute à SON système, la faute à SES amis du Fouquet’s, du CAC 40, c’est LUI qui a fait campagne en 2007 sur la déréglementation boursière, en faveur des « subprimes », des prêts hypothécaires, c’est SON monde qui a fait faillite, c’est LUI qui a provoqué la dette (+ 24 points) qui a provoqué le chômage ( 5 millions) qui a accru les inégalités de façon insupportable.

- Jamais la France n’a été aussi riche, et les richesses aussi mal réparties, la «  crise » est un instrument de chantage des banquiers et rentiers, des actionnaires et employeurs, pour obtenir en force des gains accrus de la part des salariés. Il faut reprendre aux riches et aux spéculateurs les centaines de milliards que Sarkozy leur a donnés depuis cinq ans

- La crise n’est pas due au coût du travail mais au contraire au fait que les salaires sont trop bas et le travail trop mal réparti : il faut hausser massivement les salaires et réduire les durées du travail. Vers un Smic à 1700 euros et une durée du travail à 32 h hebdomadaires. Il faut reconstruire un Code du travail qui protège les salariés et refasse de l’emploi régulé, bien payé et contrôlé : contrôle des licenciements, blocage de la précarité, égalité professionnelle salariale femmes hommes, droits syndicaux renforcés.

- Il faut attaquer frontalement son pillage des richesses pour le compte des riches, s’opposer à sa TVA anti-sociale, à ses attaques contre les cotisations sociales, contre le salaire brut. Il faut, contre tout ce qu’il a fait depuis cinq ans, une révolution fiscale qui corrige tous les pillages, la dette de cinq ans de sarkozysme, et qui fasse rentrer assez de recettes pour relancer l’économie.

dimanche 25 janvier 22 h

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