Une tribune pour les luttes

Dossier Grèce

Deux témoignages de Grèce.
+ Mordorandum : vers une Grèce du tiers monde.
+ Appel de Mikis Theodorakis à l’opinion internationale.

Dimanche 12 février : 100.000 manifestants contre le plan de rigueur, de nombreux bâtiments en feu
+ Liens avec 8 autres articles très intéressants dans les "commentaires"

Article mis en ligne le samedi 25 février 2012

Mikis Theodorakis, le 12 février 2012, sous les gaz lacrymogènes.

« Je veux les regarder dans les yeux avant qu’ils votent » a déclaré le célèbre compositeur Mikis Theodorakisaux aux journalistes avant d’entrer dans le parlement grec. »Ils se préparent à voter pour la mort de la Grèce » a-t-il souligné. Mikis Theodorakis, 85 ans, et Manolis Glezos, 89 ans, avait appelé les gens à manifester devant le Parlement ce dimanche.

Les deux hommes se rendirent ensemble à joindre à la manifestation, quand ils ont été victimes du gaz lacrymogène tiré par la police. Ils ont tous deux été traités au cabinet médical du Parlement.

«  Nous envoyons un message d’optimisme. Nous nous sommes battus et cette fois nous allons gagner », a déclaré Theodorakis, qui avait combattu pendant la guerre civile et la dictature militaire et qui a été condamné plusieurs fois à exil.

source : keeptalkinggreece.

Voir plus bas l’appel de Mikis Theodorakis : " la vérité pour la Grèce" et "Les banques ramèneront le fascisme en Europe !"



Mordorandum : vers une Grèce du tiers monde
13 février 2012
Par Okeanos

avec photos et vidéos

Le mordorandum est passé. 199 députés ont dit « Nai se ola » – oui pour tout – cette nuit. Les députés des 2 partis majoritaires (PASOK et ND) ayant voté «  non » ont été exclus de leurs partis respectifs. Athènes était en feu toute la soirée. Des bâtiments incendiés. Des dizaines de blessés. Des morceaux de marcbre jonchent encore les rues ce matin et il semble que l’air soit complètement irrespirable : les odeurs de gaz lacrymogène se mêlent à celles des restes de bâtiments en feu. Bienvenue dans le fabuleux monde du Mordorandum.

http://www.okeanews.fr/mordorandum/


Bellaciao

Deux témoignages de Grèce.

http://bellaciao.org/fr/spip.php?article125288

lundi 13 février 2012

Le premier d’une française qui vit là bas depuis 20 ans.

Le deuxième d’une Luxembourgeoise, fondatrice du groupe « initiatives des femmes contre la dette grecque », mariée à un économiste grec -membre du CADTM, et co-fondateur de l’ELE (le comité pour la constitution d’une Commission d’Audit de la Dette Grecque).

1) Une française qui vit là bas depuis 20 ans.

A lire la une du Monde, vous ne risquez pas la surinformation à propos de la Grèce...

Donc, les chefs des 3 partis soutenant le gouvernement non élu de Papadimos (ex Goldman Sachs, ex gouverneur de la Banque Centrale de Grèce...), à savoir : Papandréou (Pasok), Samaras ((Néa Dimokratia, droite), Karatzaferis (Laos, extrême-droite) se sont réunis, pour faire semblant de négocier (on savait depuis le départ qu’ils diraient oui à toutes les exigences de la Troïka.

Résultat des courses : (j’en oublie forcément)

1) suppression des conventions collectives, tout le monde à la même enseigne, élargissement de la dérégulation, emploi à temps partiel, conditions d’embauche spéciales pour les - de 25 ans (voir + bas)

2) baisse de 22% du salaire minimum (le portant à 600 euros bruts ; soit env. 480 nets) cela influe sur TOUTES les primes (enfants, mariage, diplômes...) qui s’ajoutent éventuellement au salaire de base et sont calculées à partir du salaire min.

3) 10% de baisse en plus pour les - de 25 ans (donc salaire de base à 527 euros bruts pour eux, moins de 400 euros net, à condition bien sûr de travailler à plein temps).

4) gel du salaire minimum pour 3 ans (jusqu’en 2015)

5) gel des primes à l’ancienneté tant que le chômage ne sera pas à moins de 10% (les calendes grecques, quoi)

6) baisse de 2% des cotisations sociales en 2012, et de 13% en 2013

7) baisse des grilles des salaires dans la fonction publique (et bien sûr ce n’est pas la première)

8) baisse de 15% des retraites complémentaires (pour toutes les retraites complémentaires, quel que soit le montant total perçu par les retraités)

9) la question des retraites principales reste ouverte

10) baisse de 15% des retraites principales à DEI (équivalent d’EDF), OTE (le téléphone) et dans les banques nationalisées ou semi

11) suppression directe de 15.000 postes dans la fonction publique, et de 150.000 (par non reconduction de postes après retraites, etc...) d’ici 2015.

Les enfants font cours dans des écoles sans chauffage, on attend toujours les livres (mais ça ça paraît franchement anodin comparé à tout le reste), pour faire des examens à l’hôpital, il faut avancer les frais (et être remboursé à 70%, si la caisse de Sécu existe encore à la date du remboursement...)et comme on ne paie pas nos impôts divers (on est imposable à partir de 5.000 euros par an..., + impôt sur la propriété, et bon nombre de Grecs, pauvres par ailleurs, sont propriétaires, etc etc.),... on nous fait une ponction à la source sur nos salaires.

Mon dernier salaire (janvier, sans la ponction automatique d’environ 30euros pour impôts, et avant les baisses annoncées aujourd’hui) était de 758 euros. Byzance, quoi.

Mon loyer est de 320 euros, le fuel est à 1,06 euros le litre, l’essence à 1.69 (dans le meilleur des cas), le pain à 1.60 le kg, les patates à 0.8, le lait à 1.2 ...

Dans les médias, on subit une offensive de propagande incroyable (« c’est dur, mais il faut ça pour se sauver », « c’est l’occasion de mettre de l’ordre avec tous ces tricheurs » etc...), et ceux, pas nombreux et seulement dans les médias alternatifs, boycottés et censurés systématiquement, qui affirment qu’il faut dire non, refuser ce prêt et tout ce qui va avec, et retourner à la drachme qui nous permettrait enfin de nous remettre debout (parce que tant qu’on est ficelés par la monnaie commune, on ne peut rien faire, sinon être plongés encore un peu plus dans la récession), sont accusés de folie, communisme, enfin bref de tous les maux de l’humanité.

Le gouvernement NON ELU et placé là au mépris de la constitution, signe un arrêt condamnant la Grèce pour les 50 prochaines années (ce n’est pas une exagération). C’est systématique, organisé, délibéré, et ça fonctionne.

Les Allemands, après avoir retiré leur demande de placer un proconsul en Grèce (ça a provoqué un tollé, même chez les Allemands ! ), insistent pour que soit créé un compte spécial, destiné au service de la dette, et géré... par eux (les créanciers). On ne précise nulle part qu’ils veulent, c’est un fait, que ce compte soit alimenté non seulement par le prêt à venir, mais aussi par les recettes de l’Etat, si besoin est.

Ca a un nom : colonisation.

On va monter à Athènes avec Christos, on ne sait franchement pas trop pour quoi faire, encore, je vous tiendrai informés. Je sais que vous faites tout ce que vous pouvez pour faire passer les infos, continuez, c’est la première chose à faire, on a vraiment besoin de votre soutien.

Beau cadeau d’anniversaire pour Cécilia, hein ? ... bon, on lui fera quand même quelque chose d’aussi sympa que possible, sans doute la semaine prochaine.

On pense à vous, on vous embrasse

2)

Mediapart publie le discours de Sonia Mitralia, membre du comité grec contre la dette, prononcé le 24 janvier dernier devant le Conseil de l’Europe à Strasbourg. Elle y rappelle que le « droit international oblige (...)les Etats à donner la priorité à la satisfaction des besoins élémentaires de leurs citoyens et non pas au remboursement de leurs dettes ».

Presque deux ans après le début du traitement de choc imposé par la Banque centrale européenne, la Commission européenne et le Fonds monétaire international à la Grèce,son bilan est catastrophique, révoltant et inhumain . Tout d’abord, même les inspirateurs de ces politiques admettent maintenant ouvertement non seulement leur échec patent, mais aussi que leurs recettes étaient dès le début totalement erronées, irréalistes, inefficaces et même contre-productives. En voici une illustration qui concerne non pas une question secondaire mais le c¦ur du problème, la dette publique grecque elle-même. Selon tous les responsables du désastre grec, si leurs politiques (d’austérité plus que draconienne) s’avéraient efficaces à 100%, ce qui est d’ailleurs totalement illusoire, la dette publique grecque serait ramenée en 2020 à 120% de PIB national, c’est-à-dire au taux qui était le sien... en 2009 quand tout ce jeu de massacre a commencé ! En somme, ce qu’ils nous disent maintenant cyniquement, c’est qu’ils ont détruit toute une société européenne ... absolument pour rien !

Mais, comme si tout cela ne suffisait pas, ils persistent à imposer aux Grecs –mais aussi pratiquement à tout le monde– exactement les mêmes politiques qu’eux-mêmes admettent en échec. C’est ainsi qu’on est désormais en Grèce au septième «  Mémorandum » d’austérité et de destruction de services publics, après que les six premiers ont fait preuve d’une totale inefficacité ! On assiste au Portugal, en Irlande, en Italie, en Espagne et un peu partout en Europe à l’application de ces mêmes plans d’austérité draconienne qui aboutissent partout au même résultat, c’est-à-dire enfoncer les économies et les populations dans une récession et un marasme toujours plus profonds.

En réalité, des expressions telles que «  austérité draconienne » sont absolument insuffisantes pour décrire ce qui est en train de se passer en Grèce. Les salaires et les retraites sont amputés de 50 % ou même, dans certains cas, de 70 %. La malnutrition fait des ravages parmi les enfants de l’école primaire, la faim fait son apparition surtout dans les grandes villes du pays dont le centre est désormais occupé par des dizaines, des milliers de SDF misérables, affamés et en haillons. Le chômage atteint désormais 20 % de la population et 45 % des jeunes (49,5 % pour les jeunes femmes). Les services publics sont liquidés ou privatisés avec comme conséquence que les lits d’hôpitaux sont réduits (par décision gouvernementale) de 40 %, qu’il faut payer très cher même pour accoucher, qu’il n’y a plus dans les hôpitaux publics de pansements ou de médicaments de base comme des aspirines. L’Etat grec n’est toujours pas capable, en janvier 2012, de fournir aux élèves les livres de l’année scolaire commencée en septembre passé. Des dizaines de milliers de citoyens grecs handicapés, infirmes ou souffrants de maladies rares se voient condamnés à une mort certaine et à brève échéance après que l’Etat grec leur a coupé les subsides et les médicaments. Le nombre de tentatives de suicide s’accroît à une vitesse hallucinante, comme d’ailleurs celui des séropositifs et des toxicomanes abandonnés désormais à leur sort par les autorités. Des millions de femmes grecques se voient maintenant chargées des tâches normalement assumées par l’Etat à travers ses services publics quand ceux-ci n’étaient pas encore démantelés ou privatisés par les politiques d’austérité. La conséquence en est un véritable calvaire pour ces femmes grecques : non seulement elles sont les premières à être licenciées et sont contraintes d’assumer les tâches des services publics en travaillant de plus en plus gratuitement à la maison, mais elles sont aussi directement visées par la réapparition de l’oppression patriarcale qui sert d’alibi idéologique au retour forcé des femmes au foyer familial.

On pourrait continuer presque à l’infini cette description de la déchéance de la population grecque . Mais, même en se limitant à ce qu’on vient de dire, on constate qu’on se trouve devant une situation sociale qui correspond parfaitement à la définition de l’état de nécessité ou de danger reconnu depuis longtemps par le droit international. Et ce même droit international oblige expressément les Etats à donner la priorité à la satisfaction des besoins élémentaires de leurs citoyens et non pas au remboursement de leurs dettes.

Comme le souligne la Commission du droit international de l’ONU à propos de l’état de nécessité : « On ne peut attendre d’un État qu’il ferme ses écoles et ses universités et ses tribunaux, qu’il abandonne les services publics de telle sorte qu’il livre sa communauté au chaos et à l’anarchie simplement pour ainsi disposer de l’argent pour rembourser ses créanciers étrangers ou nationaux. Il y a des limites à ce qu’on peut raisonnablement attendre d’un État, de la même façon que pour un individu. »

Notre position, partagée par des millions de Grecs, est claire et nette et se résume au respect du droit international. Les Grecs ne doivent pas payer une dette qui n’est pas la leur pour plusieurs raisons.

Primo, parce-que l’ONU et les conventions internationales –signées par leur pays mais aussi par les pays de leurs créanciers– intiment à l’Etat grec de satisfaire en toute priorité non pas ses créanciers mais plutôt ses obligations envers ses nationaux et les étrangers qui se trouvent sous sa juridiction.

Secundo, parce-que cette dette publique grecque, ou au moins une part très importante, semble réunir tout les attributs d’une dette odieuse, et en tout cas illégitime, que le droit international intime de ne pas rembourser. C’est d’ailleurs pourquoi il faudrait tout faire pour faciliter la tâche de la campagne grecque pour l’audit citoyen de cette dette afin d’identifier sa part illégitime –et non pas tout faire pour l’empêcher, comme l’Etat grec le pratique maintenant.

Notre conclusion est catégorique : la tragédie grecque n’est ni fatale ni insoluble. La solution existe et la répudiation, l’annulation et le non paiement de la dette publique grecque en font partie en tant que premier pas dans la bonne direction. C’est-à-dire, vers le salut de tout un peuple européen menacé par une catastrophe humanitaire sans précédent en temps de paix...


UN APPEL DE MIKIS THEODORAKIS A L’OPINION PUBLIQUE INTERNATIONALE

16.02.2012

Mikis Theodorakis s’explique

Un complot international est en cours, visant à mener à terme la destruction de mon pays. Les assaillants ont commencé en 1975, avec comme cible la culture grecque moderne, puis ils ont poursuivi la décomposition de notre histoire récente et de notre identité nationale et aujourd’hui ils essaient de nous exterminer physiquement par le chômage, la famine et la misère. Si le peuple grec ne se soulève pas pour les arrêter, le risque de disparition de la Grèce est bien réel. Je la vois arriver dans les dix prochaines années. Le seul élément qui va survivre de notre pays sera la mémoire de notre civilisation et de nos luttes pour la liberté.

Jusqu’en 2009, la situation économique de la Grèce n’avait rien de très grave. Les grandes plaies de notre économie étaient les dépenses immodérées pour l’achat du matériel de guerre et la corruption d’une partie du monde politique, financier et médiatique. Mais une part de responsabilité appartient aussi aux Etats étrangers, parmi eux l’Allemagne, la France, L’Angleterre et les Etats-Unis qui gagnaient des milliards d’euros au dépens de notre richesse nationale par la vente annuelle de matériel de guerre. Ce saignement constant nous a écrasés et ne nous permettait plus d’aller de l’avant, alors qu’il était la source d’enrichissement d’autres pays. On peut dire la même chose pour le problème de la corruption. Par exemple, l’entreprise allemande Siemens avait une branche spéciale pour corrompre des Grecs, afin de mieux placer ses produits sur le marché grec. Ainsi le peuple grec a été victime de ce duo des prédateurs allemands et grecs qui s’enrichissaient au dépens de la Grèce.

Il est évident que ces deux grandes plaies auraient pu être évitées si les dirigeants des deux parties politiques pro-américains n’avaient pas été infiltrés par la corruption. Cette richesse, produit du travail du peuple grec, était ainsi drainée vers les coffres-forts de pays étrangers. Les politiciens ont essayé de compenser cette fuite d’argent par un recours à des emprunts excessifs qui résultaient en une dette publique de 300 milliards d’euros, soit 130% du PNB (Produit National Brut).

Par cette arnaque, les étrangers gagnaient doublement : d’une part, par la vente d’armes et de leurs produits et d’autre part, par les intérêts sur l’argent prêté au gouvernement (et non pas au peuple). Comme nous l’avons vu, le peuple grec était la principale victime dans les deux cas. Un seul exemple suffira pour vous convaincre : en 1986, Andreas Papandreou a emprunté un milliard de dollars à une banque d’un grand pays européen. Les intérêts de cet emprunt n’ont été remboursés qu’en 2010 et ils s’élevaient à 54 milliards d’euros.

L’année passée, M. Juncker a déclaré qu’il avait remarqué lui-même l’hémorragie financière massive de la Grèce qui était due aux dépenses excessives (et forcées) pour l’achat de matériel de guerre – de l’Allemagne et la France en particulier. Et il a conclu que ces vendeurs nous conduisaient à un désastre certain. Hélas, il a avoué qu’il n’a rien fait pour contrecarrer cela, afin de ne pas nuire aux intérêts des pays amis !

En 2008, la grande crise économique est arrivée en Europe. L’économie grecque n’a pas été épargnée. Cependant, le niveau de vie qui était jusque-là assez haut (la Grèce se classait parmi les 30 pays les plus riches du monde), est resté pratiquement inchangé, malgré une augmentation de la dette publique. La dette publique ne se traduit pas nécessairement par une crise économique. La dette des grands pays tels que les États-Unis et l’Allemagne sont estimées à des milliers de milliards d’euros. Les facteurs déterminants sont la croissance économique et la production. Si ces deux facteurs sont positifs, il est possible d’emprunter auprès des grandes banques à un taux d’intérêt inférieur à 5%, jusqu’à ce que la crise soit passée.

En 2009, (en novembre), au moment de l’arrivée de G. Papandréou au pouvoir, nous étions exactement dans cette position. Pour faire comprendre ce que le peuple grec pense aujourd’hui de sa politique désastreuse, je cite deux chiffres : aux élections de 2009 PASOK - le parti politique de G. Papandreou - a remporté 44% des voix. Aujourd’hui, les sondages ne lui donnent plus que 6%.

M. Papandréou aurait pu faire face à la crise économique (qui reflétait celle de l’Europe) avec des prêts de banques étrangères au taux habituel, c’est-à-dire inférieur à 5%. S’il l’avait fait, notre pays n’aurait pas eu de problème. Comme nous étions dans une phase de croissance économique, notre niveau de vie se serait amélioré.

Mais M. Papandréou avait déjà commencé sa conspiration contre le peuple grec en été 2009, lorsqu’il a rencontré secrètement M. Strauss-Kahn, dans le but de passer la Grèce sous la tutelle du FMI. Cette révélation a été divulguée par l’ancien président du FMI.

Pour y arriver, la situation économique de notre pays devait être déformée, afin que les banques étrangères aient peur et augmentent les taux d’intérêt de prêt à des montants prohibitifs. Cette opération onéreuse a commencé avec l’augmentation artificielle du déficit publique de 12% à 15% pour l’année 2009 (n.d.t : M. Andreas Georgiou, président du conseil d’administration de l’Institut National de Statistique, ELSTAT, a subitement décidé en 2009, sans demander l’accord, ni informer son conseil d’administration, de comptabiliser dans le calcul du déficit public certains organismes et entreprises publiques qui ne l’avaient jamais été auparavant dans aucun autre pays européen, excepté la Norvège. L’objectif était de faire passer le déficit de la Grèce au-dessus de celui de l’Irlande (14%), afin que ce soit elle qui joue le rôle de maillon faible de l’Europe.)
Pour ce forfait, le procureur M. Pepònis a déféré M. Papandréou et M. Papakonstantinou (ministre des Finances) à la justice, il y a 20 jours.

Ensuite, M. Papandréou et le ministre des finances ont mené une campagne de discrédit pendant 5 mois, au cours de laquelle ils ont essayé de persuader les étrangers que la Grèce est, comme le Titanic, en train de couler, que les Grecs sont corrompus, paresseux et donc incapables de faire face aux besoins du pays. Après chacune de leurs déclarations, les taux d’intérêt montaient, afin que la Grèce ne puisse plus faire des emprunts et afin de donner un caractère de sauvetage à notre adhésion au FMI et à la Banque Centrale Européenne. En réalité, c’était le début de notre fin.

En mai 2010, un ministre, celui des finances, a signé le fameux Mémorandum (Mnimònio, en grec), c’est-à-dire notre soumission à nos prêteurs. D’après le Droit grec, l’adoption d’un tel accord nécessite d’être mis aux voix et d’être approuvé par les trois cinquièmes des députés. Donc, le Mémorandum et la Troïka qui nous gouvernent, fonctionnent illégalement - non seulement par rapport au Droit grec, mais aussi au Droit européen.

Depuis lors, en supposant que notre parcours vers la mort soit représenté par un escalier de 20 marches, nous avons déjà parcouru plus de la moitié du chemin. Imaginez que le Mémorandum accorde aux étrangers notre indépendance nationale et le trésor publique, à savoir : nos ports, nos aéroports, le réseau routier, l’électricité, l’eau, toute la richesse naturelle (souterraine et sous-marine) etc. Même nos monuments historiques, comme l’Acropole, Delphes, Olympie, Epidaure etc. après avoir renoncé à tous nos droits.

La production a été freinée, le taux de chômage a grimpé à 18%, 80’000 magasins ont fermé, tout comme des milliers d’usines et des centaines d’artisanats. Un total de 432’000 entreprises ont déposé leur bilan. Des dizaines de milliers de jeunes scientifiques quittent notre pays qui s’enfonce de plus en plus dans les ténèbres du Moyen Age. Des milliers de personnes qui étaient aisés jusqu’à un temps récent, sont maintenant à la recherche de nourriture dans les ordures et dorment sur le trottoir.

Entretemps, nous sommes censés vivre grâce à la générosité de nos prêteurs d’argent, les banques européennes et le FMI. En fait, l’intégralité du paquet de dizaines de milliards d’euros versé pour la Grèce, retourne à son expéditeur, tandis que nous sommes de plus en plus endettés à cause des intérêts insupportables. Et parce qu’il est nécessaire de maintenir en fonction l’Etat, les hôpitaux et les écoles, la Troïka charge la classe moyenne et inférieure de notre société de taxes exorbitantes qui mènent directement à la famine. La dernière fois que nous avons vécu une situation de famine généralisée dans notre pays était au début de l’occupation allemande, en 1941, avec près de 300’000 morts en six mois seulement. De nos jours, le spectre de la famine revient dans notre pays infortuné et calomnié.

Si vous pensez que l’occupation allemande nous a coûté un million de morts et la destruction complète de notre pays, comment pouvons-nous accepter, nous les Grecs, les menaces de Mme Merkel et l’intention des allemands de nous imposer un nouveau Gauleiter... mais cette fois-ci, il sera porteur d’une cravate...

La période de l’occupation allemande, de 1941 jusqu’à octobre 1944, prouve à quel point la Grèce est un pays riche, et à quel point les Grecs sont travailleurs et conscients (conscience du devoir de liberté et de l’amour pour la patrie).

Lorsque les SS et la famine tuaient un million de personnes et la Wehrmacht détruisait notre pays, confisquait toute la production agricole et l’or de nos banques, les Grecs ont pu survivre grâce à la création du Mouvement de Solidarité Nationale et d’une armée de partisans comptant 100’000 soldats, – ce qui a retenu 20 divisions allemandes dans notre pays.

En même temps, non seulement les Grecs ont-ils survécu grâce à leur application au travail, mais il y a eu lieu, dans des conditions d’occupation, un grand développement de l’art grec moderne, en particulier dans le domaine de la littérature et de la musique.

La Grèce a choisi la voie du sacrifice pour la liberté et la survie en même temps.

Nous avons été attaqués, nous avons répondu avec Solidarité et Résistance et nous avons survécu. Nous faisons maintenant exactement la même chose, avec la certitude que le peuple grec sera finalement vainqueur. Ce message est envoyé à Mme Merkel et M. Schäuble, en soulignant que je reste un ami du peuple allemand et un admirateur de sa grande contribution à la science, la philosophie, l’art et la musique en particulier. La meilleure preuve de cela est le fait que j’ai confié l’intégralité de mon œuvre musicale à deux éditeurs allemands, Schott et Breitkopf, qui sont parmi les plus grands éditeurs dans le monde, et ma collaboration avec eux est très amicale.

Ils menacent de nous expulser de l’Europe. S’ils ne veulent une fois pas de nous, c’est dix fois que nous ne voulons pas faire partie de l’Europe de Merkel – Sarkozy.

Aujourd’hui, dimanche 12 février, moi et Manolis Glezos – le héros qui a arraché la croix gammée de l’Acropole, donnant ainsi le signal du début, non seulement de la résistance grecque, mais aussi de la résistance européenne contre Hitler – nous nous préparons à participer à une manifestation à Athènes. Nos rues et nos places vont être remplies de centaines de milliers de personnes qui manifesteront leur colère contre le gouvernement et la Troïka.

J’ai entendu hier le premier ministre-banquier dire, en s’adressant au peuple grec, que nous avons presque touché le fond. Mais qui nous a amené à ce point en deux ans ? Ce sont les mêmes qui, au lieu d’être en prison, menacent les députés, afin qu’ils votent pour le nouveau Mémorandum pire que le premier, qui sera appliqué par les mêmes personnes qui nous ont amenés là où nous sommes. Pourquoi ? Parce que c’est ce que le FMI et l’Eurogroup nous obligent à faire, en nous menaçant que, si nous n’obéissons pas, c’est la faillite... Ici l’on joue du théâtre de l’absurde. Les cercles qui nous haïssent (grecs et étrangers) et qui sont les seuls responsables de la situation dramatique de notre pays, nous menacent et nous font du chantage, afin de pouvoir poursuivre leur œuvre destructrice, jusqu’à notre extinction définitive.

Au cours des siècles, nous avons survécu dans des conditions très difficiles. Il est certain que, non seulement les grecs vont survivre, mais ils vont aussi revivre s’ils nous amènent de force à l’avant-dernière marche de l’escalier avant la mort.

A présent je consacre toutes mes forces à unir le peuple grec. J’essaie de le convaincre que la Troïka et le FMI ne sont pas une route à sens unique. Qu’il y a une autre solution : changer l’orientation de notre nation. Se tourner vers la Russie pour une coopération économique et la formation de partenariats qui nous aideront à mettre en valeur la richesse de notre pays en des termes favorables à notre intérêt national.

Je propose de ne plus acheter du matériel militaire des Allemands et des Français. Nous allons tout faire pour que l’Allemagne nous paie les réparations de guerre dues. Ces réparations s’élèvent, avec les intérêts, à 500 milliards d’euros.

La seule force capable de faire ces changements révolutionnaires, c’est le peuple grec uni en un Front de Résistance et de Solidarité pour que la Troïka (FMI et banques européennes) soit chassée du pays. En parallèle, il faut considérer comme nuls tous ses actes illégaux (prêts, dettes, intérêts, impôts, achats de la richesse publique). Bien sûr, leurs partenaires grecs – qui ont déjà été condamnés dans l’esprit de notre peuple en tant que traîtres –, doivent être punis.

Je suis entièrement concentré sur ce but (l’Union du peuple en un Front) et je suis persuadé que nous l’atteindrons. Je me suis battu les armes à la main contre l’occupation hitlérienne. J’ai vu les cachots de la Gestapo. J’ai été condamné à mort par les Allemands et j’ai miraculeusement survécu. En 1967, j’ai fondé PAM (Patriotikò Mètopo - front patriotique), la première organisation de résistance contre la junte militaire. Je me suis battu dans la clandestinité. J’ai été arrêté et emprisonné dans « l’abattoir » de la police de la junte. Finalement, j’ai encore survécu.

Aujourd’hui, j’ai 87 ans, et il est très probable que je ne serai pas vivant le jour du sauvetage de ma patrie bien-aimée. Mais je vais mourir la conscience tranquille, parce que je continuerai jusqu’à la fin de faire mon Devoir envers les idéaux de Liberté et de Droit.

Athènes, 12.02.2012

Mikis Theodorakis

Traduit du grec par Georgios Sgourdos
« Spitha »-Etincelle de Lausanne, Suisse.
Relecture : Guy Wagner

http://fr.mikis-theodorakis.net/index.php/article/articleview/558/1/100/


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Vos commentaires

  • Le 14 février 2012 à 10:26, par Christiane En réponse à : La Peau de la Grèce Karine Berger

    http://alternatives-economiques.fr/...

    (...)

    La dette grecque est passée de 263 milliards en 2008 à 355 milliards en 2011. Le Pib grec est lui passé de 233 milliards à 218 milliards. Le chômage de 8% à 18%.Et avec un taux d’intérêt officiel à 32%,

    (...)

    Petite parenthèse technique. Une dette est contractée avec de l’argent « inventé » ; les institutions autorisées à créer de la monnaie (grosso modo les banques commerciales mais il n’y a pas qu’elles) font du crédit en créant de la monnaie. En revanche les intérêts de cette dette sont remboursés (un Etat ne rembourse en pratique jamais le capital) avec du « vrai » argent.
    (...)Il se trouve que en Grèce du fait à la fois des plans d’austérité extrêmes, et de la panique, il n’y a pas de la croissance mais de la récession : le PIB diminue d’année en année… et sans doute pour longtemps. Dans le même temps le taux d’intérêt s’envole… y compris (et c’est peut-être le plus scandaleux) celui réclamé par les pays européens et le FMI.

  • Le 14 février 2012 à 12:40, par Christiane En réponse à : Fainéants de Grecs ! Le cliché idéal

    http://www.presseurop.eu/fr/content...

    (...)

    De nombreux fantasmes

    Prenons l’exemple le plus épineux, la paresse et l’opulence des Sudistes, en particulier des Grecs. Les données de l’OCDE montrent clairement qu’en moyenne, les Grecs travaillent chaque année plus d’heures (2 109) que les autres Européens – que les Allemands zélés par exemple (1 419).

    Evidemment, on peut facilement objecter que les heures travaillées ne signifient pas travail effectif, que l’on peut rester 12 heures au travail et en passer la moitié à rechercher des recettes exotiques sur Internet. A partir de là, la discussion s’enlise dans la productivité du travail, plus compliquée à calculer, car elle dépend de facteurs sans rapport avec l’assiduité (le niveau technologique, la qualité de l’encadrement, etc...)

    Un autre fantasme est celui lié à l’âge de la retraite des Grecs. Les chiffres d’Eurostat montrent également qu’ils partent à la retraite en moyenne à 61,7 ans, un âge plus élevé qu’en Allemagne ou en France. Certes, les fonctionnaires grecs peuvent prendre leur retraite après 17,5 années de travail, avec la moitié de leur rémunération, mais c’est juste un détail.

    La rumeur selon laquelle le secteur public est disproportionné est elle aussi démentie par les chiffres. Selon les rapports de l’OIT (Organisation internationale du travail), les fonctionnaires représentent en Grèce 22,3% du total des actifs, tandis qu’en France, ce pourcentage est de 30%, de 27% aux Pays-Bas, de 20% au Royaume-Uni.

  • Le 15 février 2012 à 11:07, par Christiane En réponse à : Carnet de notes d’un anthropologue en Grèce

    Mardi 14 février 2012

    http://greekcrisisnow.blogspot.com/...

    Témoignages sur la manifestation très massive, place de la Constitution, étouffée par un usage alors sans précédent, de produits chimiques par la police dite anti-emeute, s’attaquant aux citoyens qui manifestaient.

    (...)" J’ai reçu des messages, y compris depuis la France sur le fait que des gens ayant manifesté dimanche à Syntagma ont déclaré avoir remarqué avec étonnement que certains policiers ne parlaient pas le grec. Alors des préparatifs ou des prémices de l’intervention de l’EUROGENDFOR ? La force européenne spéciale, en Grèce, car la crise économique accompagnée d’une agitation sociale donnera à Bruxelles l’occasion de tester la capacité de réponse du groupe secret qui a été créé pour lutter contre les troubles et les soulèvement populaires en Europe. Eh bien, cette rumeur circule depuis des mois déjà en Grèce, et on sait que du temps du gouvernement Papandréou, un campement lui était destiné à proximité de la vile de Larissa (centre du pays), informations alors issues de la presse écrite. Les journaux avait mentionné des informations selon lesquelles, cette unité avait en partie débarqué en Grèce en Octobre 2011 en provenance d’Italie, et par voie maritime, utilisant les liaisons maritimes entre les deux pays. Le gouvernement avait alors démenti._ Mais sur la présence effective de cette... « unité-cadeau » de l’U.E., je n’ai pas d’information précise. Seulement, l’avenir court parfois plus vite que les rumeurs.

  • Le 15 février 2012 à 11:55, par Christiane En réponse à : Grèce : désastre humanitaire et responsabilité des créanciers, par Gaël Giraud

    http://contreinfo.info/article.php3?id_article=3212

    (...)

    Ce que nous faisons aujourd’hui, c’est mettre la totalité de notre économie au service de la finance, au point que comme vous le savez, on discute aujourd’hui dans les salles de marché en ces termes : les actifs nationaux grecs étant de 250 milliards, si on privatise la totalité on récupère au moins 250 milliards. Au moins c’est déjà ça, que l’on aura encore tondu sur le dos du mouton grec.

    Vous savez qu’aujourd’hui en Grèce, la situation est celle d’un désastre humanitaire. De jeunes grecs aujourd’hui au chômage, qui n’ont plus aucune ressource, puisqu’il n’y a pas de RMI, pas de RSA, ni d’allocation de chômage en Grèce, s’inoculent le virus du Sida pour pouvoir bénéficier des allocations destinées au séropositifs, 600 euros par mois, qui sont les seules qui n’ont pas encore été supprimées.

    Le taux de VIH en Grèce a augmenté de 50% en un an, et la présidente du département de santé en Grèce vient de faire une déclaration catastrophée à la presse grecque en disant : voilà, il y a des jeunes grecs qui s’inoculent aujourd’hui le Sida pour pouvoir survivre.

    Voyez où nous en sommes en Grèce.

    (...)

  • Le 16 février 2012 à 09:31, par Christiane En réponse à : "Ici Athènes, nous sommes les cobayes..." Récit, en direct d’Athènes.

    http://reporterre.net/spip.php?arti...

    (...)

    Version Paris Match, c’est effectivement très impressionnant. Rien, mais rien du tout sur la foule immense, pacifique, qui s’en est pris plein les poumons (y compris Mikis Théodorakis, compositeur et véritable symbole pour les Grecs, et Manolis Glezos, symbole encore plus énorme, c’est lui qui a descendu le drapeau allemand de l’Acropole, pendant l’occupation. Ils ont aujourd’hui respectivement 88 et 90 ans, eh bien il s’est trouvé des flics pour les menacer de leurs matraques, et leur balancer leurs lacrymo, oui).

    Ils avaient la trouille, oui, jusque dans leurs chaussettes, qu’on montre les images de cette mer de monde bruissante de colère et de désespoir. Pour la première fois, les gens ne bougeaient que pour se soulager à coup de Maalox, puis revenir se planter au même endroit.

    Les chaînes de télé montrent toutes les mêmes images, là, on se rend compte de la mainmise du pouvoir. Les journalistes "analysent" les dégâts, maintenant qu’ils sont rassurés sur l’avenir (désormais rose bonbon, ouf, le mémorandum est passé, on aura désormais un salaire minimum de 480 euros par mois net ; donc la croissance va reprendre d’une minute à l’autre ; bon, il faut se serrer un peu la ceinture, ok, mais on n’est pas irresponsables, nous les députés, on assume et on signe...) ; on se désole que 100 personnes risquent de perdre leur emploi à cause des dégâts causés. Rien sur les 15.000 fonctionnaires qui vont perdre leur poste, ni sur les orphelinats qui ferment, tout simplement...

    Ils ont signé, les salauds, il n’y en a eu que 45 pour se rebeller contre la ligne donnée par leur parti (dont deux de l’extrême droite, qui ont signé pour, malgré la position de leur chef).

    (...)

  • Le 19 février 2012 à 11:12, par Christiane En réponse à : Grèce : un journal contrôlé et édité par ses propres salariés

    par Moissis Litsis, le 18 février 2012

    Nous publions, sous forme de tribune, la « Tribune Libre » de Moissis Litsis, dirigeant du mouvement greviste des 800 travailleurs et travailleuses du grand quotidien grec Eleftherotypia (Liberté de la presse).

    http://www.acrimed.org/article3775.html

    Ça y est ! C’est fait ! Les travailleurs d’Eleftherotypia, un des plus grands et plus prestigieux quotidiens grecs, vont de l’avant dans la grande entreprise de l’édition de leur propre journal, « Les Travailleurs à Eleftherotypia » !

    Depuis le mercredi 15 février, les kiosques dans tout le pays affichent à côté des journaux habituels un journal de plus, écrit par ses propres salariés. Un journal qui ne cherche pas seulement à mettre en évidence la lutte des travailleurs de Eleftherotypia, mais qui veut aussi être un journal d’information complète, spécialement en cette période si critique pour la Grèce.

    (...)

  • Le 19 février 2012 à 12:44, par Christiane En réponse à : Grâce à l’Europe, la Grèce n’a plus besoin de colonels pour s’imposer la dictature

    http://www.agoravox.fr/actualites/e...

    (...)

    Quand l’UE nous impose ses pompiers pyromanes

    Mario Draghi, directeur de la Banque centrale européenne, Mario Monti nouveau Président désigné par l’oligarchie au poste de Président du Conseil italien et Lucas Papademos, Premier Ministre grec non élu ont un point commun : tous trois sont directement issus de ce système bancaire cynique et impitoyable, ils font partie des principaux concepteurs -enthousiastes- de la machine infernale qui nous a plongés dans la crise effroyable où nous sommes aujourd’hui.

    Mario Draghi, qui, après avoir siégé dans nombre de conseils d’administration de banques, fut vice-président pour l’Europe de Goldman Sachs, de 2002 à 2006. Avant de devenir gouverneur de la Banque d’Italie, puis aujourd’hui donc directeur de la BCE, en charge d’administrer la purge d’austérité aveugle que l’Europe inflige à la Grèce, avant de l’imposer au Portugal, à l’Irlande, à l’Italie, à l’Espagne, et bientôt, n’en doutons pas un instant, à la France.

    Mario Monti est lui aussi un ancien de Goldman Sachs. Après avoir été commissaire européen de 1994 à 2004 -et donc tout comme son compatriote Draghi aux affaires lors de la naissance de l’Euro et de la définition totalement irresponsable de sa zone monétaire- il fut nommé conseiller international… de Goldman Sachs en 2005 ! Pour services rendus, sans doute !

    Goldman Sachs, qui permit donc à la Grèce, on le sait aujourd’hui, et moyennant une rétribution de 300 millions d’euros, de mentir lors de la présentation de ses dettes et déficit à l’époque de son « examen d’entrée » dans la zone Euro, l’aidant à falsifier très largement ses comptes notamment par la levée de fonds hors bilan et par le biais du tristement fameux produit financier “swap”.

    Lucas Papademos n’est pas plus étranger à cette grande manipulation politico-financière. Car s’il n’a pas travaillé directement pour Goldman Sachs, il fut bien de 1994 à 2002 le gouverneur de la banque centrale de Grèce. Il participa donc à ce titre activement à cette gigantesque falsification financière.

    Aujourd’hui donc, l’Europe de Bruxelles récompense -en les désignant quasiment par décret impérial- ceux-là même qui sont le plus directement responsables du désastre ! Les responsables sont honorés et promus ! Les plus eurosceptiques d’entre nous pouvaient-ils seulement imaginer une telle ignominie ? Pareille indécence ?

    (...)

  • Le 25 février 2012 à 20:07, par Christiane En réponse à : Argentine : « Nous avons sauvé les gens plutôt que les banques »

    L’ancien ministre de l’Economie argentin, Roberto Lavagna, a sorti son pays de la crise en 2002, en se passant des services du FMI. Il préconise la même solution pour la Grèce.
    Recueilli par Gérard Thomas, à Buenos Aires

    http://www.liberation.fr/economie/0...

    (...)

    Quelles sont les grandes similitudes entre la crise argentine de 2001-2002 et la crise grecque ?

    Au plan économique, tout est semblable. L’Argentine avait établi une parité fixe entre le peso et le dollar, la Grèce est ficelée à l’euro, perdant ainsi le contrôle de sa monnaie. Un taux de change fixe associant des pays à forte productivité et d’autres dont la compétitivité est beaucoup plus faible ne peut qu’engendrer une crise. La Grèce est déjà dans sa quatrième année de récession, l’Argentine l’était également. Le déficit fiscal, le déficit des comptes courants, la chute vertigineuse du PIB, l’endettement, l’explosion du chômage... toutes les grandes données macro-économiques sont similaires. En revanche, la situation sociale de la Grèce est bien meilleure que celle de l’Argentine à l’époque. Au plan institutionnel, l’Argentine était par ailleurs un pays isolé alors que la Grèce fait partie de l’ensemble économique le plus puissant du monde.

    Comment avez-vous tiré l’Argentine du chaos ?

    (...)

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