Une tribune pour les luttes

Les raisons de notre opposition au projet d’Euromed©

Collectif "On se laisse pas faire !"

Article mis en ligne le dimanche 25 mars 2012

Le collectif On se laisse pas faire ! s’est formé en septembre 2011 suite à
une discussion publique menée sur la place Zoccola du quartier des Crottes. Il comprend à la fois des habitants des quartiers touchés par le secteur d’extension d’Euromed (Les Crottes, Oddo, Le Canet) et des marseillais d’autres quartiers ne pouvant rester impassibles devant les transformations urbaines que subit leur ville. C’est un besoin d’agir ensemble contre cette nouvelle agression d’un quartier populaire qui nous réunit.
On n’est pas à vendre !

Le « passif » d’Euromed© sur le premier secteur

(La Joliette – Arenc – la Porte d’Aix)

· L’utilisation de l’argent public :
De lourds investissements publics (voirie, tramway...) ont été réalisés
avec l’argent du contribuable pour « revaloriser » le quartier et permettre aux acteurs privés (comme les grands propriétaires fonciers de la rue de la République) d’attirer une nouvelle population faite de adres et de classes moyennes/hautes. Il suffit de regarder les publicités d’Euromed ou des promoteurs pour avoir confirmation du public visé. Si aujourd’hui une grande partie de la rue de la République est encore vide (appartements non-vendus, rez-dechaussée commerciaux en attente de repreneurs), le mal est fait : de nombreux habitants ont été chassés de leur logement, des commerces et ateliers d’artisans ont fermé ou ont dû se délocaliser en percevant des indemnités de misère. Les commerces de proximité qui avaient pris racine dans le quartier ont été mis dehors alors que les banques et les franchises des multinationales de l’habillement sont attendues les bras ouverts. Face aux difficultés d’approvisionnement alimentaire des riverains on parle aujourd’hui d’y insérer des « proximarkets » qui seront bien sûr chers et
permettront aux multinationales de s’implanter plus encore dans le
quartier. Le quartier est « durablement » transformé et rendu inaccessible pour une majorité. Ce que l’on voit aujourd’hui, c’est
l’augmentation des taxes foncières et taxes d’habitation, la généralisation du stationnement payant et la hausse du coût de la vie. Même les logements sociaux construits sont, pour beaucoup, des
logements haut de gamme aux loyers élevés (le logement social se décline en plusieurs catégories).

· Des pseudo-concertations :
Les concertations (obligatoires d’après la législation) orchestrées par
Euromed sur le premier périmètre n’ont servi qu’à confirmer les projets et plans guide réalisés en amont avant la consultation des habitants. Les objectifs des transformations urbaines planifiés ne sont pas discutés, seule une discussion sur les détails de moindre importance (configuration de l’espace vert, lignes blanches au sol pour les pistes cyclables, emplacement du terrain de pétanque) prétend donner l’impression aux habitants qu’ils décident de l’avenir de leur quartier.

· Des travaux au mépris des habitants du quartier :
Pendant toute la durée des travaux, les habitants ne sont pas pris en compte. Pendant des années les bâtiments et entrepots rachetés par Euromed sont fermés et murés , le quartier se transforme en un no man’s land où il ne fait pas bon vivre. Aux nuisances sonores liées aux travaux qui se réalisent sur des horaires extensibles s’ajoutent
l’encombrement de l’espace public (rues coupées, trottoirs et pistes cyclables supprimés) et une sécurité qui laisse à désirer (utilisation des grues par temps de fort mistral à proximité des écoles, obligeant les parents d’élèves à se mobiliser pour les faire stopper).

· Ceux qui comptent, ce sont les "nouveaux habitants" :
Euromed a commandé à l’Agence d’urbanisme de l’agglomération marseillaise une enquête d’opinion auprès des nouveaux habitants (voir La Provence du 5/01/12, "Euroméditerranée jugé par ses nouveaux habitants"). On apprend ainsi que l’ Euroméditerranéen-type est un jeune cadre, papa et actif qui aime son logement neuf (noté 15/20) mais
n’est pas encore satisfait par le quartier qu’il note avec un 9/20.

Sur le secteur d’extension :

· Un projet de planification urbaine parachuté sur le quartier :
Euromed est un projet de transformation urbaine qui ne prend pas comme point de départ les habitants et les activités actuelles du périmètre où il opère. Le projet ne tient pas compte du caractère ouvrier de ce quartier et des 700 entreprises qui y sont implantées. À
leur place, Euromed compte y attirer des « services à haute valeur ajoutée » (conseil, audit, informatique, banque, finance, assurance...) et y implanter un palais des congrès, des hôtels de luxe et des logements "haut de gamme". Dans le « nouveau quartier », les travailleurs actuels n’y auront pas leur place.
Euromed poursuit un modèle de développement économique délocalisation des activités industrielles, tertiarisation, spéculation immobilière) qui est responsable de la crise économique actuelle. Crise qu’on voudrait faire payer à la population par la remise en cause des salaires, de la couverture sociale, de l’augmentation de la TVA alors que les banques, elles, sont renflouées.
Deuxième objectif poursuivi : densifier la population (passer de 3000 à 30000 habitants). Dans le 15ème, au delà du périmètre d’Euromed, les habitants ont le soutien de la mairie pour s’opposer à la construction d’un immeuble de 8 étages dans un quartier où les maisons n’ont pas plus de 2 étages. Pourquoi les habitants des Crottes ne bénéficieraient-ils pas d’un même soutien ? Que deviendront les 3000 habitants actuels du quartier populaire des Crottes lorsqu’ils seront soumis au coût de la vie et à la hausse des loyers dans ce quartier « revalorisé » ? (L’objectif de 30000 habitants visé à terme ne signifie pas 3000 + 27000). Dans un quartier où la majorité du logement constitue
du "logement social de fait" (sans nécessairement de "bailleurs sociaux"), la proportion chutera et ne représentera plus que 20 à 30% des logements.


· Des « pleins pouvoirs » pour imposer la transformation urbaine :

Euromed, est labellisée « Opération d’Intérêt National » ce qui légalement lui donne des droits pour : Acquérir, au besoin par voie d’expropriation, des immeubles bâtis ou non bâtis / Céder ensuite des biens acquis par voie d’expropriation / Exercer le droit de préemption.

· Une intervention sur le terrain qui a déjà commencé :
Depuis plusieurs mois notre quartier fait l’objet d’attentions diverses : des imprimés pré-remplis ont été adressés aux locataires pour qu’ils formulent des demandes de logement social en dehors du quartier ;
des enquêtes auprès des commerçants sont menées au cours desquelles on demande par exemple à un salon de coiffure s’il serait capable de « coiffer une autre clientèle ». Euromed manifeste son droit de préemption et empêche ainsi les ventes de particulier à particulier.
Plusieurs bâtiments ont d’ores et déjà été rachetés et murés pour des travaux envisagés dans dix ans... C’est petit à petit un quartier qui devient mort où il est de plus en plus difficile de vivre non-isolé. Comment faire des projets personnels dans un quartier voué à être en
grande partie rasé ?

L’existence d’un collectif pour se défendre montre que nous ne sommes pas résignés. D’autres projets urbains ou de développements économiques planifiés d’en haut ont dû reculer face à la mobilisation de la population. C’est ce défi que nous voulons partager avec le plus grand nombre.

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