Une tribune pour les luttes

Appel pour les Assises de l’anti-colonialisme post-colonial

« Nous sommes les indigènes de la République !... »

Article mis en ligne le dimanche 27 février 2005

Discriminés à l’embauche, au logement, à la santé, à l’école et aux loisirs, les personnes issues des colonies, anciennes ou actuelles, et de l’immigration post-coloniale sont les premières victimes de l’exclusion sociale et de la précarisation.

Indépendamment de leurs origines effectives, les populations des « quartiers » sont « indigénisées », reléguées aux marges de la société. Les « banlieues » sont dites « zones de non-droit » que la République est appelée à « reconquérir ». Contrôles au faciès, provocations diverses, persécutions de toutes sortes se multiplient tandis que les brutalités policières, parfois extrêmes, ne sont que rarement sanctionnées par une justice qui fonctionne à deux vitesses. Pour exonérer la République, on accuse nos parents de démission alors que nous savons les sacrifices, les efforts déployés, les souffrances endurées. Les mécanismes coloniaux de la gestion de l’islam sont remis à l’ordre du jour avec la constitution du Conseil français du Culte Musulman sous l’égide du ministère de l’Intérieur. Discriminatoire, sexiste, raciste, la loi anti-foulard est une loi d’exception aux relents coloniaux. Tout aussi colonial, le parcage des harkis et enfants de harkis. Les populations issues de la colonisation et de l’immigration sont aussi l’objet de discriminations politiques. Les rares élus sont généralement cantonnés au rôle de « beur » ou de « black » de service. On refuse le droit de vote à ceux qui ne sont pas « français », en même temps qu’on conteste « l’enracinement » de ceux qui le sont. Le droit du sol est remis en cause. Sans droit ni protection, menacées en permanence d’arrestation et d’expulsion, des dizaines de milliers de personnes sont privées de papiers. La liberté de circulation est déniée ; un nombre croissant de Maghrébins et d’Africains sont contraints à franchir les frontières illégalement au risque de leurs vies.

La France a été un Etat colonial...

Pendant plus de quatre siècles, elle a participé activement à la traite négrière et à la déportation des populations de l’Afrique sub-saharienne. Au prix de terribles massacres, les forces coloniales ont imposé leur joug sur des dizaines de peuples dont elles ont spolié les richesses, détruit les cultures, ruiné les traditions, nié l’histoire, effacé la mémoire. Les tirailleurs d’Afrique, chair à canon pendant les deux guerres mondiales, restent victimes d’une scandaleuse inégalité de traitement.

La France reste un Etat colonial !

En Nouvelle Calédonie, Guadeloupe, Martinique, Guyane, Réunion, Polynésie règnent répression et mépris du suffrage universel. Les enfants de ces colonies sont, en France, relégués au statut d’immigrés, de Français de seconde zone sans l’intégralité des droits. Dans certaines de ses anciennes colonies, la France continue de mener une politique de domination. Une part énorme des richesses locales est aspirée par l’ancienne métropole et le capital international. Son armée se conduit en Côte d’Ivoire comme en pays conquis.

Le traitement des populations issues de la colonisation prolonge, sans s’y réduire, la politique coloniale

Non seulement le principe de l’égalité devant la loi n’est pas respecté mais la loi elle-même n’est pas toujours égale (double peine, application du statut personnel aux femmes d’origine maghrébine, sub-saharienne...). La figure de l’« indigène » continue à hanter l’action politique, administrative et judiciaire ; elle innerve et s’imbrique à d’autres logiques d’oppression, de discrimination et d’exploitation sociales. Ainsi, aujourd’hui, dans le contexte du néo-libéralisme, on tente de faire jouer aux travailleurs immigrés le rôle de dérégulateurs du marché du travail pour étendre à l’ensemble du salariat encore plus de précarité et de flexibilité.

La gangrène coloniale s’empare des esprits

L’exacerbation des conflits dans le monde, en particulier au Moyen-Orient, se réfracte immédiatement au sein du débat français. Les intérêts de l’impérialisme américain, le néo-conservatisme de l’administration Bush rencontrent l’héritage colonial français. Une frange active du monde intellectuel, politique et médiatique français, tournant le dos aux combats progressistes dont elle se prévaut, se transforme en agents de la « pensée » bushienne.

Investissant l’espace de la communication, ces idéologues recyclent la thématique du « choc des civilisations » dans le langage local du conflit entre « République » et « communautarisme ». Comme aux heures glorieuses de la colonisation, on tente d’opposer les Berbères aux Arabes, les Juifs aux « Arabo-musulmans » et aux Noirs. Les jeunes « issus de l’immigration » sont ainsi accusés d’être le vecteur d’un nouvel anti-sémitisme. Sous le vocable jamais défini d’« intégrisme », les populations d’origine africaine, maghrébine ou musulmane sont désormais identifiées comme la Cinquième colonne d’une nouvelle barbarie qui menacerait l’Occident et ses « valeurs ».

Frauduleusement camouflée sous les drapeaux de la laïcité, de la citoyenneté et du féminisme, cette offensive réactionnaire s’empare des cerveaux et reconfigure la scène politique. Elle produit des ravages dans la société française. Déjà, elle est parvenue à imposer sa rhétorique au sein même des forces progressistes, comme une gangrène. Attribuer le monopole de l’imaginaire colonial et raciste à la seule extrême-droite est une imposture politique et historique. L’idéologie coloniale perdure, transversale aux grands courants d’idées qui composent le champ politique français.

La décolonisation de la République reste à l’ordre du jour !

La République de l’Egalité est un mythe. L’Etat et la société doivent opérer un retour critique radical sur leur passé-présent colonial. Il est temps que la France interroge ses Lumières, que l’universalisme égalitaire, affirmé pendant la Révolution Française, refoule ce nationalisme arc-bouté au « chauvinisme de l’universel », censé « civiliser » sauvages et sauvageons. Il est urgent de promouvoir des mesures radicales de justice et d’égalité qui mettent un terme aux discriminations racistes dans l’accès au travail, au logement, à la culture et à la citoyenneté. Il faut en finir avec les institutions qui ramènent les populations issues de la colonisation à un statut de sous-humanité.

Nos parents, nos grands-parents ont été mis en esclavage, colonisés, animalisés. Mais ils n’ont pas été broyés. Ils ont préservé leur dignité d’humains à travers la résistance héroïque qu’ils ont mené pour s’arracher au joug colonial. Nous sommes leurs héritiers comme nous sommes les héritiers de ces Français qui ont résisté à la barbarie nazie et de tous ceux qui se sont engagés avec les opprimés, démontrant, par leur engagement et leurs sacrifices, que la lutte anti-coloniale est indissociable du combat pour l’égalité sociale, la justice et la citoyenneté. Dien Bien Phu est leur victoire. Dien Bien Phu n’est pas une défaite mais une victoire de la liberté, de l’égalité et de la fraternité !

Pour ces mêmes raisons, nous sommes aux côtés de tous les peuples (de l’Afrique à la Palestine, de l’Irak à la Tchétchènie, des Caraïbes à l’Amérique latine...) qui luttent pour leur émancipation, contre toute les formes de domination impérialiste, coloniale ou néo-coloniale.

NOUS, descendants d’esclaves et de déportés africains, filles et fils de colonisés et d’immigrés, NOUS, Français et non-Français vivants en France, militantes et militants engagé-es dans les luttes contre l’oppression et les discriminations produites par la République post-coloniale, lançons un appel à celles et ceux qui sont parties prenantes de ces combats à se réunir en Assises de l’anti-colonialisme en vue de contribuer à l’émergence d’une dynamique autonome qui interpelle le système politique et ses acteurs, et, au-delà, l’ensemble de la société française, dans la perspective d’un combat commun de tous les opprimés et exploités pour une démocratie sociale véritablement égalitaire et universelle.

Le 8 mai 1945 , la République révèle ses paradoxes : le jour même où les Français fêtent la capitulation nazie, une répression inouïe s’abat sur les colonisés algériens du Nord-Constantinois : des milliers de morts !

Le 8 mai prochain, 60ème anniversaire de ce massacre, poursuivons le combat anticolonial par la première Marche des indigènes de la République !

Pour signer cet Appel :

toutesegaux.free.fr/article.php3 ?id_article=90

oumma.com/petition-colonisation.php3 ?id_article=1355

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Vos commentaires

  • Le 2 mars 2005 à 21:58, par meriam cheikh En réponse à : > « Nous sommes les indigènes de la République !... »

    Concernant l’appel, nous sommes plusieurs individus d’Aix et de Marseille à l’avoir signé. Nous avons par là même, émis le souhait de créer sur la région un collectif pour les assises de l’anti-colonialisme post-colonial.
    Si vous êtes des individus, associations et que vous souhaitez nous rejoindre et faire en sorte, tous ensemble, de renouer avec une véritable marche pour l’égalité, vous pouvez nous contacter au mail suivant : meriamcheikh42 chez hotmail.com

    Il est important aujourd’hui que chaque français puisse avoir un regard critique sur l’histoire de son pays. Il est temps que chaque citoyen renoue avec le combat contre le racisme et les exclusions. Il est plus que primordial de dénoncer la double exclusion dont sont victimes les français d’origine étrangères, de dénoncer l’exclusion, la précarité qui touche grand nombre de français. Disons non aux représentations méprisantes, erronées, irrecevables accolées aux termes "arabes", "musulmans", "noirs". Ensemble, ne laissons pas les politiques determiner, définir pour nous.

    Salutations,

    Mériam

  • Le 6 mai 2005 à 19:31, par Zoltar En réponse à : > « Nous sommes les indigènes de la République !... »

    À Mériam et aux autres,

    Je ne suis absolument pas d’accord avec l’intitulé "Nous sommes les INDIGÈNES de la République", pour des raisons qui sont d’abord d’ordre sémantique.
    INDIGÈNE signifie en effet "qui est né sur le pays dont on parle" et s’agissant de la France il n’y a quasiment que des INDIGÈNES ou aborigènes ou encore autochtones.
    Je suis donc indigène moi aussi et les ancêtres qui m’ont précédé en terre de France depuis au moins 10 siècles l’étaient également.
    La terminologie d’aborigène est donc mal choisie et génératrice de mille ambiguïtés potentielles.

    Mais puisque c’est l’intention de culpabiliser les citoyens de France avec ce gadget qui a été retenue revenons au début de la colonisation de l’Algérie par exemple. Les colonisateurs ont utilisé l’appellation "Indigènes" à juste titre pour désigner les natifs de la terre d’Algérie, les autochtones, les aborigènes. Quoi de plus normal et de plus correct au départ ?
    Ce qui est moins convenable du point de vue lexical c’est de ne pas avoir appellé les "pieds noirs" indigènes, à leur tour puisque ceux qui étaient nés sur ces terres étaient bien des indigènes de ce Maghreb sans la moindre discussion possible.

    Alors, si je désapprouve complètement ( depuis toujours) la colonisation et ses méfaits, son mépris de l’humain et l’afficahge d’une supériorité de civilisation et de ses "représentants", de même que toutes les pratiques d’esclavage ou d’exploitation qui ont été la règle durant des siècles, je dénonce aussi fort les amalgames qui sont faits entre la mauvaise perception du statut d’indigène, telle qu’elle a été reçue par les peuples colonisés et le statut actuel de beaucoup de citoyens français dont le patronyme rappelle qu’ils sont d’origine maghrébine ou d’un pays qui autrefois fut colonisé par une puissance coloniale (et pas seulement la France, évidemment.)

    Je ne nie pas qu’il yait ou qu’il puisse y avoir des problèmes spécifiques d’intégration pour eux à l’heure actuelle mais c’est surtout dans la perception qu’ils ont d’un éventuel rejet dû à leur origine. Les Ingigènes de très vieille souche et dotés de noms aussi communs que Jean Dupont ou Michel Durand subissent exactement les mêmes galères ! La différence, c’est qu’ils ne peuvent pas dire que c’est à cause de leur patronyme qu’on les a rejetés. On leur déclare à eux aussi qu’il y a des dizaines de gens comme eux qui attendent à la porte pour la même place.
    D’accord, les personnes d’origine étrangère même lointaine sont frappés aussi par ce marasme mais les Africains pas plus que d’autres.
    Je trouve donc cet appel inepte et très mal intitulé.

    Je trouve par ailleurs qu’il se développe actuellement en Europe et dans d’autres endroits du monde un type de racisme très virulent que je qualifierais de racisme anti-occidental et/ou anti-blancs.
    Je n’approuverai pas davantage celui là que les autres contre lesquels je me suis battu et notamment pour le Maghreb et l’Afrique sub Saharienne.
    D’autre part, je vois se mettre en place une "discrimination positive" qui, si j’en étais le bénéficiaire possible me révulserait et me révolterait car elle pré-suppose une forme avérée d’infériorité de ceux qui en bénéficieraient.

    Bien à vous Mériam

    Zoltar

    Indigène de France

  • Le 10 juin 2005 à 20:35, par Malek En réponse à : > « Nous sommes les indigènes de la République !... »

    BONJOUR

    il est triste de constater que ce site de toutes les solidarités se soit laissé berner par les responsables de ce collectif des Indigènes de la République.

    Ce collectif est une attaque aux lois de la République Française qui garantissent les libertés individuelles à tout un chacun, libertés qu’on ne trouve pas d’ailleurs dans les pays d’origine des immigrés. Ils feraient mieux d’utiliser cette énergie pour réclamer la Démocratie et la Liberté dans le pays d’origine, puisque nous sommes tous immigrés à cause de conditions économiques désastreuses et pour un manque de respect des droits de l’Homme et des Femmes en Afrique du Nord ou ailleurs.

    Ce collectif est orchestré par les Intégristes Islamistes soutenus par Tariq Ramadan et ses sbires afin de s’attaquer à la société laïque qu’est la France et qui dérange ces gens qui veulent islamiser le monde. Ils sont contre le fait que la religion soit une affaire privée qu’on peut avoir ou pas, comme le précise la constitution française qui stipule aussi qu’on peut en changer.

    Ils manipulent les gens, surtout des intellectuels français qui signent sans savoir ou ils mettent les pieds : ils cautionnent l’idéologie islamiste qui veut s’attaquer à la laïcité française.

    S’il vous plaît, les responsables de ce site tout à fait respectable, supprimez cet appel qui est un danger pour la France et les français et surtout l’écrasante majorité silencieuse qui ne considèrent nullement qu’ils sont colonisés.

    Merci

    Malek, militant associatif pour la laïcité à Lyon.

  • Le 22 février 2006 à 18:37 En réponse à : > « INDIGENES DE LA REPUBLIQUE MECONTENTs

    Quelques précisions...
    *

    Plusieurs personnes nous posent la question : y a-t-il une scission au sein des indigènes ? Quelle différence entre le « mouvement des indigènes de la République » et les « indigènes de la République » tout court ? Ceux, qui avaient lu un communiqué (signé par 19 personnes) envoyé début janvier sur la liste des signataires de l’Appel : « Nous sommes les indigènes de la République !... » ont déjà une petite idée. Ce communiqué avait mis en exergue le « sectarisme » de l’Equipe d’Animation qui s ?est emparée du « mouvement » des indigènes de la République depuis septembre 2005 (*). Elle est composée actuellement de 8 personnes dont un militant du PS et 7 autres membres appartenant à des associations, organisations ou mouvements : CEDETIM « Centre d’études et d’initiatives de solidarité internationale », MAI « Mouvement Autonome de l’Immigration du Nord », DiverCité, CCIPPP « Campagne Civile Internationale pour la Protection du Peuple Palestinien », CCP « Coordination des Comités Palestine », Les Motivé-e-s, et autres collectifs.
    En effet, depuis plusieurs mois, nous étions nombreux à alerter contre le « sectarisme » et la main mise de certains sur la direction du « mouvement » et à refuser la tournure que prenait l’orientation générale de celui-ci. La participation des associations, organisations ou mouvements dans le combat des « indigènes » est bien évidement la bienvenue. Mais participation ou soutien ne doivent pas signifier : diriger le « mouvement ». Car, ce faisant, le « mouvement » ne pourra plus se prévaloir d ?une quelconque autonomie et encore moins prétendre donner la parole, prioritairement, aux premiers concernés qui sont les descendants d ?indigènes. C’est une dérive par rapport au sens même de l’Appel : « Nous sommes les indigènes de la République !... » et l’orientation politique attendue par la plupart des signataires de cet Appel. Et ce n ?est pas tout ?
    Nous étions nombreux à avoir signé l’Appel sans être entièrement d’accord avec certaines approximations ou amalgames qu’il contient, ni avec le ton passionnel qui est le sien. Nous pensions rectifier le tir par la suite, notamment par rapport aux points suivants qui constituent pour nous le vrai combat politique qu’il fallait mener :
    1. Fixer comme objectif politique principal : la lutte pour l’égalité.
    2. Dire clairement que le passé colonial ou le post-colonialisme n’expliquent pas, à eux seuls, toutes les formes d’inégalité en France : discriminations, islamophobie, marginalisations, humiliations, etc., que vivent les personnes issues des ex-colonies. Les portugais, les italiens, polonais, avaient, eux aussi, subi en France les discriminations et la xénophobie bien que « blancs », de culture « judéo-chrétienne », et surtout non descendants d’anciens colonisés ou esclaves (les clichés xénophobes à l ?encontre des ROMS, des Tziganes, perdurent encore à nos jours). En revanche, des représentations et des pratiques de l’époque coloniale perdurent dans un contexte nouveau qui est celui de la mondialisation. C’est que l’inégalité qui caractérise l ?Etat de droit n ?est pas un phénomène périphérique, secondaire, pour l’essentiel elle est structurelle. C’est pourquoi l ?action à mener ne peut être de nature morale, juridique ou sociale, elle doit être politique.
    3. Affirmer que notre démarche ne saurait être une cristallisation des haines contre la société dans laquelle nous vivons, ou plus précisément contre ceux que certains appellent « blancs » ou « petits blancs ». Oui à la mémoire, oui pour tirer tous les enseignements utiles du passé colonial, oui pour la reconnaissance des crimes coloniaux ; mais ce devoir de mémoire et cette reconnaissance des crimes, ne sauraient être un règlement de comptes ou une vengeance à travers lesquels on attise les haines et on éveille à outrance les souffrances enfouies.
    4. Dire que les personnes issues de l’immigration ou de l’esclavage ne peuvent construire, toutes seules, une vraie dynamique politique sans l’aide de toutes celles et tous ceux qui luttent en commun pour l’égalité de tous. Le combat que nous voulons mener n’est pas celui des seuls « basanés » ou « noirs » (bien qu’ils soient les premiers concernés, les premiers touchés), c’est le combat dans lequel toute personne sensible à la question politique est appelée à adhérer.
    5. Dire que notre cause ne doit pas être opposition et confrontation systématiques avec les forces politiques de ce pays. Ce qui ne veut pas dire que nous devons être indifférents aux erreurs passées, présentes ou à venir des uns et des autres.
    Nous avons pensé que les choses allaient changer avec le temps. Que ce n’étaient que de simples erreurs de jeunesse qui finiraient par se dissiper à travers l ?action. Que l’Appel n’allait pas être vidé de sens pour se résumer à son titre : « Nous sommes les indigènes de la République ».
    Il n’en était rien ? Depuis plusieurs mois, rien n’a changé ! Bien au contraire, ceux qui se sont accaparés de la direction du « mouvement » continuaient à présenter aux médias une image conforme à leur attente : choquer, heurter, faire de l’audimat (il suffit par exemple de lire les nombreuses erreurs que comportaient les communiqués ; ainsi pouvait-on lire dans celui du 14/12/05 : « Et ce n ?est qu’un début. Le plan B de la décolonisation ne fait que commencer. Il se poursuivra jusqu’à la libération complète du territoire ». Dans celui du 8 février, la France est comparée au régime de l’Apartheid, etc.). Nous pouvions dès lors être présentés par certains médias comme un groupuscule « radical », « extrémiste », rongé par la haine, voulant faire croire que le legs colonial expliquerait l’ensemble des problèmes dans les banlieues.
    Plus encore, au lieu d’enraciner le mouvement dans les quartiers populaires autour des vrais problèmes (nous étions complètement absents lors des événements de Clichy-sous-Bois !), ils ont plutôt continué à rechercher tout ce qui participe au bruit médiatique. Or, comme chacun le sait, le bruit médiatique, aussi fréquent soit-il, ne saurait construire un mouvement capable de peser sur le champ politique ou pouvant réellement changer, en mieux, la situation de tous ceux et celles qui souffrent au quotidien.
    Nous n’étions résolument pas d’accord avec ces méthodes. Nous avons donc exprimé notre opposition dans plusieurs messages sur les listes de discussion et dans le communiqué de janvier 2006. C’est à la suite de cela, que ceux qui se sont saisis de la direction du « mouvement » ont décidé de s’organiser entre eux tout en excluant tous ceux et celles qui ne partagent pas leur vision des choses... Il y a donc eu une scission de fait, non déclarée publiquement !
    Le forum www.indigenes.org/forum et le site www.indigenes.org n’ont, désormais, aucun rapport avec le « mouvement » des indigènes de la république.
    Nous tenons à clairement le préciser, nous étions, sommes et le resterons plus que jamais fermement attaché à la thèse de l’Appel : les représentations et les pratiques du passé colonial continuent à agir sur le présent ?
    Le combat continue avec tous ceux et celles qui le souhaitent. Nous appellerons très prochainement à des réunions autour de nos objectifs en tant que citoyens militants pour l’égalité de tous. Toute personne concernée par ce combat politique est cordialement invitée.
    — -
    (*) Ce sectarisme est illustré par la décision prise le 04/02/06 par la Coordination Nationale (composée lors de cette réunion de 13 personnes dont les 8 membres de l’Equipe d’Animation) concernant l’AG du 18-19 février 2006, puisque, les signataires initialement conviés à contribuer à l’organisation et la structuration du « mouvement » ainsi qu’à l ?élection du bureau et du CA de l’association « les indigènes de la République » ne sont plus sollicités. Les signataires sont invités uniquement à la seule « table ronde » à partir de 14h ! (voir ci-dessous les échanges postés sur la liste de discussion de la Coordination Nationale auxquels les signataires n ?ont pas eu droit). D’ailleurs, l’élection démocratique des membres de l’association « les indigènes de la République », tant promise lors de la réunion de la Coordination Nationale du 07/01/06 et sur les listes de discussion des collectifs, ne figure pas dans le programme de l’AG du 18-19 février 2006, ce qui confirme ce que nous avons dénoncé dans notre communiqué de janvier 2006 !
    Question d’un membre d’un collectif après avoir remarqué que l’AG du 18-19 février n’a pas été annoncée dans la lettre d’info N°2 envoyée le 8/02/06 sur la liste nationale des signataires de l ?Appel :
    « ?Histoire d’être au clair avec les infos à diffuser dans le réseau (en m’interrogeant tout de même sur le statut de ce document).
    Le 18 février l’G ne se tient plus ?
    (?)
    Hep ! A force de dysfonctionner on en arrive à tourner au ridicule. Hier ?j’ai "fait l’article" an l’annonçant et aujourd’hui je me retrouve "maquignon", il serait temps de diffuser l’info en temps utile.
    Hep 2 ! Si cette liste doit coordonner, il faudrait qu’elle s’en donne les moyens, je n’apprécie que très modéremment d’être abreuvé d’infos et de commentaires (tous plus intéressants et utiles et nécessaires) et de ne pas disposer du minimum pour travaille.
    Hep 3 ! J’extrapole peut-être sur un document, qui n’engage pas me semble-t-il le mouvement (je ne sais pas d’où il vient). Mais là je le dis poliment "ça me gonfle" »
    La réponse d ?un membre de l ?équipe d ?animation :
    « L’ag n’est pas publique, c’est la décision de la coordination, c’est pour ça que je n’ai pas donné l’info dans la liste d’information parce c’est une liste large ; donc tu n’est pas maquignon, et l’ag se passera sur trois moment samedi matin et après midi et dimanche matin.
    Pour info, le cr le dira plus en détail, on a admis que l’ag sera décisionnel, que participeront à l’ag les membres des collectifs + assoc nationale signataires + caravane ; Et que la décision qui émanera sur la structuration sera par vote, une voix pour chaque entité ;
    L’équipe d’animation se réunit aujourd’hui, fera partir un mail avec le programme et les détails relatifs à l’organisation et au déroulement de l’ag discuté et acté à la dernière coordination nationale.
    (?)
    La table ronde l’est »
    Commentaires d ?un membre d ?un collectif après la diffusion du compte-rendu la Coordination Nationale du 04/02/06 :
    « Nous ne nous attarderons donc que sur la place que vous avez souhaité donner lors de l’AG du Mouvement aux associations autres que les trois citées. La coordination du Mouvement des Indigènes de la République a décidé de réduire la voilure de ses partrenaires sans même en débattre, et de limiter ces partenariats de terrain, pourquoi pas.
    Nous regrettons la méthode utilisée ici, c’est à dire découvrir dans compte-rendu adressées à touTEs notre exclusion de fait, une semaine avant un rendez-vous retenu de longue date. Nous prenons donc acte que notre présence au sein du Mouvement comme celles d ?autres associations semble moins souhaitées par la coordination nationale...
    Sans nécessairement attendre une réponse différente, nous vous informons qu’il ne pourrait y avoir pour nous partcipation à un mouvement que nous soutenons sans à minima notre présence effective à son Assemblée Générale (les modalités de cette participation restant évidemment à préciser). De plus, dans le cas présent un minimum d’explication sur la nouvelle stratégie de partenariat mériterait d’être explicitée.
    Nous vous remercions de bien vouloir nous informer des suites que vous donnerez à ce courrier, pour notre part nous considérons que votre décision de ne exclure de l’AG consiste à ne plus nous considérer comme partie prenante du mouvement.des Indigènes de la République.
    Regrettant réellement votre décision »

  • Le 22 février 2006 à 18:39 En réponse à : > « Nous sommes les indigènes de la République !...Manifeste d’Indigènes déçus par des pratiques totalitaires qui tuent même l’essence de l’appel »

    Ci-dessous un manifeste d’indigènes déçus par des pratiques totalitaires qui tuent l’essence même de l’Appel : « Nous Sommes les indigènes de la Républiques !.. ».

    Nous prenons nos responsabilités pour dénoncer ouvertement ces pratiques car comme le dit le vieil adage "ne rien dire c’est cautionner" et dieu merci nous ne sommes pas des montons de panurges, si dieu nous a donner un cerveau c’est pour s’en servir à bon escient.

    Indigènes merci de réfléchir au sens de l’appel et où nous en sommes à ce jour.

    Bonne semaine


    De nombreuses personnes demandaient depuis l’Agora du 25/06/05 la mise en place d’une Association des Indigènes de la République, pouvant ester en justice. Mais aujourd’hui on ne peut pas applaudir, le cadeau du nouvel an, que vient de nous envoyer l’Equipe d’Animation : la création d’une Association dite « Les indigènes de la République », car on assiste en réalité à un rapt, à une prise d’otages des Indigènes de la République, des différents collectifs qui constituent le Mouvement.

    Où sont les valeurs démocratiques, la transparence dont le Bureau et le CA se sont gaussées ? Quelle est cette urgence qui fait que l’Association ait été mise en place en catimini, dans le plus grand secret et n’a même pas été rendu publique le 18 au Trabendo ou sur nos listes alors qu’elle existait depuis le 15/12/05 ? Aucun membre de l’Equipe d’Animation n’a daigné répondre aux questions que posaient le collectif 92 le 30/12/05. Il ne fallait pas révéler le secret ?
    (Pour ceux qui ne le savaient pas, une ancienne Association dite « Les Indigènes » déposée le 29/04/05 et dont les statuts se limitaient, d’après un courriel envoyé par sa secrétaire (Alix Héricord) sur nos listes le 31/12/05, à : « déposer le parcours de la Marche du 8 mai et ouvrir un compte... ». Courrier dans lequel il est précisé que le Président de cette Association est Laurent Lévy et que son trésorier est Bruno Adjignon...)

    L’Equipe d’Animation n’a pas le pouvoir de passer au-dessus de tous les Indigènes, elle n’a pas le droit de s’accaparer ce qui appartient à tous. Les Indigènes ont les possibilités de faire de réelles élections des membres de la nouvelle Association. Celle-ci n’a pas été établie par une décision collective et à ce titre nous ne pouvons la considérer comme légitime (elle n’a compétences pour exister à notre regard), et ce, malgré la petite fenêtre que ses membres ouvrent pour...plus tard des élections... Mais au train où cela va, peut-on encore faire confiance au membre de l’Equipe d’Animation ? Le rôle de l’Equipe d’Animation est d’assurer les tâches courantes du mouvement entre deux réunions de la Coordination Nationale. La création d’une Association ne relève pas de la vie courante, ni de l’urgence, ce d’autant qu’il suffisait de modifier les statuts et élire démocratiquement un Bureau et un CA pour l’Association déjà existante : « Les indigènes ».

    On ne peut accepter cette nouvelle Association dont les statuts, le Bureau et le CA n’ont pas été discutés par les Indigènes dans le cadre d’une concertation avec tous. Cette association où quelques personnes se sont arrogées toutes seules le droit, tels des monarques, de s’auto-désigner Président et Cie...

    Une mise à plat s’impose. Elle passe par l’annulation des décisions prises concernant cette nouvelle Association et l’ouverture d’un large débat sur la structuration du mouvement et ses objectifs, qui se conclurait en février lors des Assises.

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