Une tribune pour les luttes

Nouvelles acquisitions

Le Bulletin de la Médiathèque de Mille Bâbords n°5

avril 2012

Article mis en ligne le mercredi 11 avril 2012

contact-biblio chez millebabords.org

Permanences : le lundi de 14 à 17 h / le jeudi de 15 à 19 h

Abonnement 8 euros (ou plus par soutien). Gratuit pour les adhérents à Mille Bâbords.

Bulletin n°1 de la médiathèque, décembre 2011

Bulletin n°2 de la médiathèque, janvier 2012

Bulletin n°3 de la médiathèque, février 2012

Bulletin n°4 de la médiathèque, mars 2012

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Nous avons reçu...

Colonialisme / Néocolonialisme

  • La question coloniale dans "L’Humanité", 1904-2004 / Alain Ruscio - La Dispute, 2005

En appendice, liste de 2500 références d’articles parus sur la question coloniale entre 1904 et 2004
Bibliogr. p. 583-590

Ce n’est pas seulement de l’histoire du socialisme, puis du communisme français, qu’il s’agit ici. C’est de l’histoire de la France, présente un temps sur les cinq continents ; c’est de l’histoire du monde, car l’expansion coloniale, les guerres et les solidarités anticolonialistes, si elles ont lourdement pesé jusque dans un passé récent, ont aussi donné un visage à ce début de XXIe siècle, entre mondialisation et altermondialisme.
L’Humanité, fondée en avril 1904 par Jean Jaurès, devenue au lendemain du congrès de Tours, en 1920, le porte-parole du courant communiste, a naturellement été intensément confrontée tout au long du siècle écoulé à la question coloniale, à l’exploitation et à la violence qui y sont associées.
Le choix d’articles, les notes et commentaires d’Alain Ruscio restituent la continuité d’un engagement collectif anticolonialiste sans équivalent par sa durée et sa détermination ; ils montrent aussi à quel point cet engagement a plus d’une fois été menacé par des tentations d’accommodement, voire de renoncement, ou des bouleversements historiques qui venaient brouiller les repères familiers du combat.
Au fil des pages, on croisera les signatures de dirigeants socialistes et communistes, Jaurès, Léon Blum, Hô Chi Minh, mais aussi Marcel Cachin, Maurice Thorez, André Marty, Paul Vaillant-Couturier, Roland Leroy…, de journalistes, Gabriel Péri, Pierre Courtade, Madeleine Riffaud, Robert Lambotte, Yves Moreau, Jean-Émile Vidal…, d’intellectuels, militants ou compagnons de route, Anatole France, Octave Mirbeau, Charles-André Julien, Henri Barbusse, Charles Vildrac, Romain Rolland, Paul Éluard, Aragon, Roger Vailland…

Écologie politique

  • L’agent orange : Apocalypse Viêt Nam / André Bouny - Ed. Demi-Lune , 2010 

Si l’histoire de l’utilisation des poisons (venins et toxiques) remonte à la nuit des temps, la synthèse chimique a permis d’en démultiplier les effets maléfiques. Ainsi la guerre du Viêt Nam fut la plus grande guerre chimique de l’histoire de l’Humanité. L’objet de ce livre est d’expliquer précisément comment et pourquoi. On y apprend de quelle façon, aujourd hui encore, un demi-siècle après le début des épandages, la dioxine pénètre dans l’organisme, quelles maladies elle engendre, et les terribles effets tératogènes qu’elle inflige aux enfants. La description scientifique des agents chimiques utilisés est aussi précise que la technologie méthodique mise en oeuvre. Celle de l’effroyable catastrophe écologique fait prendre conscience que la destruction du règne végétal précède et précipite une dévastation plus terrible encore. Les nombreuses photographies exceptionnelles, signées de très grands noms, illustrent l’ampleur de la tragédie actuelle. Cartes géographiques, documents d’archives inédits et témoignages états-uniens viennent démontrer l’intentionnalité de ce véritable écocide. L’auteur propose en outre un nouveau calcul renversant du volume des agents chimiques déversés au Viêt Nam. Dans cet ouvrage exhaustif, il aborde la partie juridique avec les procédures intentées au nom des victimes vietnamiennes dans un lourd silence médiatique. À l’image du Tribunal international d’opinion qui s’est tenu en 2009 à Paris, ce livre a pour but d’informer le public, premier pas d’une prise de conscience sur la route de la réparation des torts et des souffrances, car il existe aussi un espoir... Un document bouleversant, comme l’Histoire officielle ne la raconte jamais, pour comprendre l’ampleur de la tragédie que vivent au quotidien une multitude de victimes de l’Agent Orange.

  • L’agriculture biologique pour nourrir l’humanité : démonstration / Jacques Caplat ; préface de Claude Aubert, - Actes Sud , 2012

L’agriculture biologique fait l’objet d’un véritablement engouement, tant de la part des consommateurs que des médias. Pourtant, ce mode de production agricole reste peu connu des citoyens et fait toujours l’objet de nombreuses approximations, tantôt positives, tantôt négatives. A partir d’une connaissance intime du sujet en étant lui même fils d’agriculteur et ancien conseiller agricole, Jacques Caplat explique dans cet ouvrage les fondements et pratiques concrètes de l’agriculture biologique. Sans angélisme ni illusion, l’auteur montre un champ des possibles de belle ampleur et un véritable espoir, tant en matière de protection de l’environnement que de production alimentaire mondiale, grâce à l’agriculture biologique.

Économie

  • AAA : Audit, Annulation, Autre politique / Damien Millet et Eric Toussaint, Eric. - Le Seuil , 2012

La prétendue " crise de la dette publique " est une crise de la finance privée délibérément mise à la charge des finances publiques par des gouvernements soumis aux marchés financiers. Cette crise est instrumentalisée par les politiques pour accréditer l’idée que les Européens n’ont plus les moyens de se payer des services publics et des protections sociales trop coûteuses. Ainsi se trouvent justifiées les plans de rigueurs imposés dans toute l’Europe et l’appel aux marchés et aux assurances privées pour occuper le terrain abandonné par les pouvoirs publics. Mais cette stratégie mène l’Europe à une impasse financière car la rigueur assèche les ressources publiques en maintenant la sous-activité des entreprises et le sous-emploi des travailleurs. Il est pourtant d’autres solutions pratiques, réalistes, plus justes socialement et plus efficaces économiquement. Un audit public de la dette permettrait d’identifier la part de la dette qui est légitime et soutenable, et la part qui est illégitime et ne doit pas être laissée à la charge des peuples. Forts de leur expertise et des expériences accumulées dans le règlement de la crise d’endettement des pays en développement, les deux principaux animateurs du Comité pour l’annulation de la dette du Tiers-Monde (CADTM) explicitent les moyens juridiques et techniques mobilisables immédiatement pour se débarrasser d’une dette excessive et pour sortir de la crise par la prospérité, au lieu de nous enfoncer plus avant dans l’impasse de l’austérité.

  • Leur grande trouille : journal intime de mes pulsions protectionnistes / François Ruffin - Les liens qui libèrent, 2011

Depuis dix ans, François Ruffin visite des usines, voit des ouvriers manifester, désespérer, et avec, toujours, au bout, la défaite. « Ça lasserait le plus vaillant des soldats, écrit-il, tant de défaites accumulées. Ça m’a lassé. Le dégoût est monté lentement, comme une marée. Mais là, avec les Parisot, il s’est installé, définitif. Il faut préparer la contre-offensive… » Quelle est leur grande trouille ? Leur peur bleue ? Il suffit de peu d’analyse. A chaque intervention du MEDEF, la même rengaine : « Nous attendons des responsables politiques qu’ils écartent toute mesure protectionniste » ; « nous sommes convaincus que nos économies retrouveront le chemin de la croissance à condition que les pays écartent les mesures protectionnistes »… Tous copains sur un thème, patrons européens, américains, canadiens, japonais repoussent ce spectre par un « refus commun de toute forme de protectionnisme ».
Vivement l’avenir ! A condition qu’il ressemble au présent… Plus absurde encore, cette lutte est fondamentale « pour nos économies mais aussi nos démocraties. » Car taxer les importations, c’est bien connu, voilà le prélude du fascisme… Voilà leur talon d’Achille. Contre leur libre-échange, des barrières douanières. Des taxes aux frontières. Des quotas d’importation. La grosse artillerie. C’est notre dernière arme.
Les seules batteries qui les feront reculer. Sans quoi, tel un hamster dans sa cage, nous serons condamnés à faire tourner notre roue, plus vite, toujours plus vite, parce que le hamster allemand, le hamster roumain, le hamster chinois, pédale bien plus vite – ou pour moins cher. Dans cette course mortifère le « travail » est réduit à un coût – qu’il faut sans cesse baisser. La Sécurité sociale, les retraites décentes, le salaire minimum deviennent des boulets qui nous ralentissent.
Les normes écologiques sont des « entraves » pour nos entreprises. A partir de reportages, de rencontres avec syndicalistes, patrons, économistes, douaniers, ce livre explore brillamment cette « hypothèse interdite ».

Éducation

  • Pédagogie et révolution : questions de classe et (re)lectures pédagogiques / Grégory Chambat- Libertalia , 2011

Cantonné à la seule question des moyens ou englué dans l’artificielle querelle opposant réac-publicains et pédagogistes, le débat autour de l’école est aujourd’hui dans l’impasse.
Proposer une relecture des « classiques » de la pédagogie et questionner leur actualité à la lumière des enjeux présents est une manière de réactiver cette inspiration révolutionnaire qui guidait les éducateurs d’hier. De Francisco Ferrer à Jacques Rancière, en passant par Célestin Freinet, Paulo Freire ou Ivan Illich, ce recueil de chroniques publiées dans la revue N’Autre école esquisse le bilan d’un siècle de pratiques et de luttes pour une éducation réellement émancipatrice.
Ce parcours pédagogique emprunte également des chemins oubliés ou plus inattendus : l’apport du syndicalisme révolutionnaire, de Fernand Pelloutier à Albert Thierry ou l’œuvre éducative de la révolution libertaire espagnole. Car, si la postérité a conservé la trace de quelques-unes des figures convoquées ici, elle ne doit pas nous faire oublier que le combat pour une école de la liberté et de l’égalité fut toujours une pratique collective et sociale. Dans le domaine de la pédagogie, comme dans celui de l’action militante, ceux qui savent de quoi ils parlent sont ceux qui font…

  • Enfants de l’immigration, une chance pour l’école : entretiens avec Joanna et Denis Peiron / Marie Rose Moro - Bayard , 2012

Et si la perspective changeait ? Si on cessait de voir comme un problème la présence au sein de l’école française d’un nombre croissant d’enfants de l’immigration ? Marie Rose Moro, directrice de la Maison de Solenn, Maison des adolescents de Cochin (Paris), reçoit en consultation de nombreux enfants de migrants en proie à l’échec scolaire. Elle livre ici un point de vue courageux et constructif : oui, on peut aider les enfants de migrants à réussir à l’école et à y être heureux et, de ce fait, permettre à tous les élèves d’accéder à une diversité, une altérité, qui les prépare à un monde de plus en plus ouvert et complexe.

Féminisme

  • Avorter : histoires des luttes et des conditions d’avortement des années 1960 à aujourd’hui / Collectif IVP - Éd. Tahin party , 2008

Cet ouvrage nous plonge dans l’histoire des revendications pour le droit de maîtriser sa fécondité. Une histoire peu, voire mal transmise à celles et ceux qui sont né-e-s après la loi Veil.
Il est aussi et avant tout un bilan, utile pour faire face aujourd’hui face aux attaques contre la possibilité d’avorter dans de bonnes conditions sanitaires et sans trafic financier.
Parce que c’est bien sur les conditions d’avortement que porte le débat : que l’Interruption Volontaire de Grossesse soit légale ou non, les femmes avortent. Mais si l’avortement est criminalisé d’une façon ou d’une autre, les femmes sont condamnées à le vivre comme quelque chose de difficile et de dangereux.

  • Femmes en flagrant délit d’indépendance / Gail Pheterson - Éd. Tahin party , 2010

Cet ouvrage retrace et actualise certains sujets phares du féminisme contemporain allant de la violence à la grossesse, la prostitution et la migration. Gail Pheterson explore les processus du camouflage des rapports de pouvoir entre les sexes et la résurgence des explications individuelles du sexisme par les notions de déviance, de pathologie et de criminalité, ou bien d’identité, de différence et d’orientation sexuelle. Inspirée par les débats féministes et leurs retombées dans la compréhension dominante des rapports sociaux de sexe, l’auteure prend comme guide la résistance des femmes aux impératifs sociaux.

Littérature

  • Le gang de la clef à molette : roman / Edward Abbey, - Gallmeister , 2005

Révoltés de voir le somptueux désert de l’Ouest défiguré par les grandes firmes industrielles, quatre insoumis décident d’entrer en lutte contre la “Machine”. Un vétéran du Vietnam accro à la bière et aux armes à feu, un chirurgien incendiaire entre deux âges, sa superbe maîtresse et un mormon nostalgique et polygame commencent à détruire ponts, routes et voies ferrées qui balafrent le désert. Armés de simples clefs à molette - et de dynamite - nos héros écologistes vont devoir affronter les représentants de l’ordre et de la morale lancés à leur poursuite. Commence alors une longue traque dans le désert.
Dénonciation cinglante du monde industriel moderne, hommage appuyé à la nature sauvage et hymne à la désobéissance civile, ce livre subversif à la verve tragi-comique sans égale est un grand roman épique de l’Ouest américain.

  • La cendre et les étoiles : chronique d’une révolution sociale / Cédric Rampeau - le Flibustier , 2011

« Jusqu’ici tout allait bien pour moi ; j’étais comme vous, ponctuel, discipliné, accommodant ; les désastres de la planète, le sacrifice du tiers-monde, ça m’embêtait bien un peu mais bon, ça a toujours été comme ça. Le monde marche depuis longtemps sur la tête mais tant que ce n’était pas sur la mienne… Les grands dirigeants se goinfrent de plus en plus mais je ne pensais pas qu’un jour ça aurait quelque chose à voir avec moi. Golden parachutes, stock-options, bonus, golden hello… ouais, bon, on a bien fini par s’y faire, on peut blaguer avec ça…
Et puis vlan ! Compression de personnel ! Putain ! la crise m’a surpris en pantoufles en train de regarder la télé ! Me voilà licencié ! Jeté à la porte comme un Kleenex !
D’un seul coup je suis de ceux qui paieront les violons du bal sans jamais avoir été invité à la fête Et ça va durer combien de temps cette plaisanterie ? »
Écrit en 2009, ce roman nous projette quelques années plus tard, en 2012. La crise économique continue ses ravages — licenciements massifs, délocalisations, plans d’austérité… — et le peuple n’en finit pas de payer. Mais ils sont quelques-uns, hommes et femmes, à ne plus vouloir jouer à ce jeu de dupes où les bénéfices sont privés et les pertes publiques. Rejetant toutes les institutions, ils construiront alors leur propre système avec ses entreprises, ses centres de soins, ses universités populaires, etc., tout un univers autogéré fondé sur la gratuité des échanges et l’autonomie de chacun.

Médias et Propagande

  • L’industrie du mensonge : Relations publiques, lobbying et démocratie / John Stauber et Sheldon Rampton - Agone , 2012

Éd. actualisée & complétée

En examinant le monde des lobbyistes, ce livre dévoile l’ampleur des manipulations pour transformer l’« opinion publique » et conforter les intérêts des grands groupes industriels. Des espions aux journalistes opportunistes, en passant par des scientifiques peu regardants et de faux manifestants, l’industrie des relations publiques utilise tous les canaux possibles pour que seule puisse être diffusée l’information qui arrange ses clients – gouvernements et multinationales, producteurs d’énergie nucléaire ou de tabac, de technologies polluantes, etc.
À ceux qui utilisent les méthodes du lobbying pour redresser les injustices sociales, protéger l’environnement, promouvoir les droits des minorités, défendre les travailleurs ou œuvrer pour le bonheur de leur communauté, nous avons voulu montrer que c’est une illusion de croire que ces techniques sont « neutres ». Même si toutes les organisations écologistes du monde mettaient leurs ressources en commun, elles ne disposeraient jamais d’un budget de relations publiques équivalent à celui d’un seul fabricant de pesticides décidé à défendre ses intérêts.

Philosophie

  • L’abstraction matérielle : l’argent au-delà de la morale et de l’économie / Pierre Zaoui et Laurence de Barros-Duchêne - La Découverte , 2011

En période troublée, le fondement de la politique consiste à décider entre la guerre et la paix, entre la mort et la vie. En période apaisée, cela consiste à décider de la création et de la distribution de l’argent. Décider des effets qu’on en escompte (la liberté individuelle ou l’aliénation du plus grand nombre) ou que l’on cherche à empêcher (la misère, des inégalités indécentes, la sécession des plus riches) ; décider de ce qui, dans la vie sociale, mérite d’être monétisé et de ce qui doit au contraire en être protégé ; décider de ce qui doit être cédé à la libre initiative de chacun et de ce qui doit en être prélevé par la puissance publique ou la pression sociale pour être ensuite redistribué suivant des modalités et des fins elles-mêmes à délibérer collectivement. Ce livre, issu des regards et des impasses croisés de l’économie et de la philosophie, cherche à montrer que l’argent est d’essence politique. Ce qui signifie au moins deux choses. D’abord qu’il n’y a pas là de vérité strictement morale ni strictement économique : il n’existe pas de bon rapport personnel à l’argent et pas davantage de science exacte de la monnaie - ni de la création monétaire, ni du juste prix, ni de sa juste répartition. Et ensuite que l’argent est avant tout politique en tant qu’il noue l’intime et le public, les pulsions et le froid calcul, les corps et les fantasmes, en bref le plus matériel et le plus abstrait. L’argent est une abstraction matérielle, un signe vide mais commun surgi du tréfonds de nos corps jouissants et qui détermine l’existence du plus grand nombre tant qu’il n’est pas pensé et pris en charge sans relâche par l’ensemble d’une communauté politique.

  • Résister en politique, résister en philosophie : avec Arendt, Castoriadis et Ivekovic / Caloz-Tschopp, Marie-Claire - la Dispute, 2008

"Tu me crois la marée et je suis le déluge ", écrivait Victor Hugo après l’échec de la Commune de Paris. Déluge des vaincus, des esclaves, des sans-part qui laisse un monde où les humains deviennent superflus. Le lourd héritage du vingtième siècle a bousculé l’imaginaire, la pensée, les projets, les passions de la politique et de la philosophie. Il a transformé notre rapport à l’avenir, au présent, au passé. Il a radicalement changé nos dilemmes dans l’action. Dans l’apartheid aujourd’hui mondialisé, Marie-Claire Caloz-Tschopp, professeure titulaire à l’université de Lausanne, nous invite à penser la résistance comme création politique et philosophique.
Résister avec : avec Hannah Arendt, pour dialoguer sur l’invention totalitaire du vingtième siècle, le poids des révolutions ; avec Cornelius Castoriadis, pour imaginer la puissance de la démocratie radicale, l’autonomie ; avec Rada Ivekovic, pour saisir le danger des guerres de fondation (partitions nationalistes, ethniques, sexistes), pratiquer la traduction de la citoyenneté cosmo-politique.
Résister pour : pour retisser les liens rompus entre politique et philosophie, pour désirer la liberté infinie, connaître la finitude humaine, refuser la destruction, choisir l’action humaine, la politique, la pensée. Cette œuvre de réouverture de l’humaine action réflexive s’inscrit en continuité avec ses précédents livres, « Les sans-État dans la philosophie de Hannah Arendt » (Payot, 2000), « Les étrangers aux frontières de l’Europe et le spectre des camps » (La Dispute, 2004).

Psychologie

  • Le corps en thérapie : du plaisir douloureux de la dépendance au plaisir orgastique de la liberté / Pascal Matrat - Chronique Sociale , 2011

Les dépendances constituent une réalité qui concerne un grand nombre de personnes à différents degrés. Dans certains cas, elles non que peu d’incidences sur le quotidien, mais pour beaucoup, elles représentent un véritable handicap. L’origine de ces dépendances est souvent à chercher clans les périodes les plus archaïques de la vie. Des circonstances traumatiques ont généré un manque, un vide intérieur accaparant toute la vie des personnes. Pour ne pas en souffrir, elles tentent continuellement, de manière irrépressible et compulsive, de le combler et de l’oublier par le recours à des plaisirs artificiellement créés. Si ceux-ci s’avèrent satisfaisants dans un premier temps, ils ne font à terme que creuser le fossé entre le sujet et la réalité, amenant progressivement celui-ci à l’ennui et à l’isolement. Face à cette problématique, la parole, qui reste au cœur du dispositif de soin, n’est souvent pas suffisante pour permettre aux personnes d’abandonner leur système de défenses et d’affronter leurs angoisses les plus profondes. Le travail corporel, par le biais de l’analyse reichienne, constitue un puissant levier pour effectuer ce travail. Grâce aux techniques très rigoureuses mises au point par Wilhelm Reich, la prise en compte du corps du patient permet à celui-ci de se réconcilier avec lui-même (et souvent avec un corps qu’il a délaissé), de retrouver le plaisir de vivre et de se reconnecter aux aspects les plus doux de sa pulsion de vie. L’engagement du soignant dans ce travail en profondeur est déterminant pour aider le sujet à restaurer de la confiance et du plaisir dans ses relations aux autres. Mais le travail reichien ne se résume pas uniquement à une technique. Il inclut également la dimension sociopolitique. Cela signifie que dans son travail, le soignant doit aussi prendre en compte le cadre institutionnel, social et juridique pour s’extraire des représentations, de la morale et des préjugés qui emprisonnent notamment les usagers de drogues.

Questions sociales

  • Les autoréductions : grèves d’usagers et luttes de classes en France et en Italie, 1972-1976 / Yann Collonges - Entremonde , 2010

L’autoréduction, c’est se réapproprier soi-même et collectivement des biens de consommation ou des services. C’est réduire les factures des loyers ou des impôts. C’est remettre en question les mécanismes de fixation des prix, cette machine de guerre contre les salariés. C’est l’action directe des usagers qui peut déboucher sur l’occupation d’un quartier entier et former un tout avec les grèves violentes. Voilà une nouvelle forme de lutte au cœur des centres urbains capitalistes.

  • Désobéir à Big Brother / Les Désobéissants- Éd. le Passager clandestin, 2011

Les progrès de la technologie aidant, pouvoirs publics et industriels mettent en place depuis plusieurs années une nouvelle société de surveillance. Le concept de « lutte anti-terroriste », contre un nouvel « ennemi intérieur » à la fois « clandestin » et « omniprésent » autorise toutes les dérogations aux droits et aux principes fondateurs de la République.
À travers la biométrie, les prélèvements ADN, les logiciels espions, les caméras de surveillance, les puces RFID, les GPS et même les téléphones portables ou les pass Navigo, les technologies de pointe entraînent une sophistication croissante des outils du contrôle policier et de la communication marchande. On est d’autant plus fondé à en redouter les atteintes potentielles contre les libertés que la question de leurs effets sur le lien social et de leur « efficacité » ne fait l’objet d’aucun débat public véritable. Après avoir fait le point sur la situation actuelle, cet ouvrage présente toute l’histoire de la désobéissance à Big Brother. Il recense les formes de désobéissance passées et présentes qui tentent de mettre en question et de résister à cette emprise du « tout sécuritaire ». Enfin, fidèle à l’esprit de la collection, ce livre expose des moyens d’actions individuels et collectifs, à mettre en œuvre aussi bien dans le réel — chez soi, au travail, dans l’espace public — que sur Internet. Souriez, vous êtes filmés !

Sociologie

  • Faire l’économie de la haine : douze essais pour une pensée critique / Alain Deneault - Ed. Ecosociété , 2011

En réunissant plusieurs textes écrits au fil des années sous l’influence théorique de Rancière et Simmel, Alain Deneault décode une censure insidieuse qui s’est installée à différents niveaux de notre société, rendant difficile d’appréhender le réel en dehors de schémas que chacun de nous a intériorisés. Parler de censure aujourd’hui ne signifie pas décrire des bureaux de censure propres à des régimes anciens, mais désigne plutôt la fabrication d’un discours, d’une version de la réalité qui exploite la crédulité du public. Les institutions financières, gouvernementales, judiciaires et sportives deviennent en quelque sorte un moule par lequel elles inculquent des modalités de compréhension des choses. La censure insidieuse rassemble ainsi des textes abordant ce processus sous différents angles. Au niveau judiciaire, il aborde l’enjeu des poursuites-bâillons qui neutralise les qualités essentielles au débat en société : penser et vouloir, des actions annihilées par la procédure judiciaire. Il analyse également la construction sémantique de la diffamation et ce qu’elle signifie dans la formation de l’opinion publique et du discours critique. De point de vue économique, l’auteur revient sur la formule « Faire l’économie de », qui désigne les efforts que l’on déploie pour arriver à ses fins. Enfin, il voit dans le sport de masse une illustration de l’apathie politique, mais aussi d’un exutoire où les foules, avides de communiquer leur pensée et leurs analyses, se rabattent sur le sport où le débat est enfin possible. Mais sous ces apparences ludiques, le sport de masse véhicule des schémas qui vont de la performance au machisme, en passant par l’eugénisme.

  • L’élite au pouvoir / C. Wright Mills - Agone, 2012

L’élite au pouvoir est composée d’hommes dont la position leur permet de transcender l’univers quotidien des hommes et des femmes ordinaires ; ils sont en position de prendre des décisions aux conséquences capitales. Ils commandent les principales hiérarchies et organisations de la société moderne. Ils font marcher la machine de l’État et défendent ses prérogatives. Ils dirigent l’appareil militaire. Ils détiennent les postes de commandement stratégiques de la structure sociale, où se trouvent centralisés les moyens efficaces d’exercer le pouvoir et de devenir riche et célèbre.
Ce livre offre des outils pour penser les catégories dirigeantes : différenciées à leur base, elles s’imbriquent à leur sommet et dépossèdent le grand public de son pouvoir sur la vie démocratique. Cette élite est clientéliste, clanique et corrompue. Il détaille aussi les conditions qui permettent à une telle situation de perdurer et entend expliquer comment le débat public se restreint souvent à un débat entre prescripteurs d’opinions.

Syndicalisme

  • L’action directe ; « suivi de » Le sabotage / Emile Pouget - le Flibustier , 2009 

Publié vers 1904, L’Action directe d’Émile Pouget est un appel à l’union et à la lutte des travailleurs contre l’exploitation capitaliste. Rejetant tout transfert de pouvoir à une quelconque autorité, à un quelconque parti, l’auteur les invite à s’organiser eux-mêmes pour résister et renverser la minorité possédante qui les « emploie ». Car c’est sur le terrain même de l’exploitation — dans les usines, dans les ateliers, dans les bureaux — que doit se conduire la révolution sociale. Ce n’est que par un combat direct et quotidien, un combat de détails d’abord mais visant à la transformation radicale du système de production par l’abolition du salariat, que les travailleurs pourront enfin se réapproprier leur travail et n’être plus les instruments de l’enrichissement personnel de quelques-uns.
Le Sabotage, paru vers 1910, constitue en quelque sorte le prolongement par l’exemple de l’appel lancé dans L’Action directe. Car il est une des formes (avec, entre autres, le boycott et la grève) que celle-ci peut prendre. Émile Pouget nous en retrace l’histoire et, à travers de nombreux exemples pris en Europe et aux États-Unis, nous indique les diverses manières de l’appliquer selon les situations. Reprenant l’idée capitaliste selon laquelle le travail n’est qu’une marchandise, cette méthode de résistance se fonde sur un principe simple : « À mauvaise paye, mauvais travail ! » Elle consiste alors à agir sur la production, en ralentissant son rythme ou en influant sur sa qualité, pour toucher le patronat là où c’est le plus douloureux pour lui : ses bénéfices.

Théorie politique : Anarchisme

  • Les bandits tragiques / Victor Méric - le Flibustier , 2010

Paru en 1926, Les Bandits tragiques raconte l’histoire de la bande à Bonnot, une poignée d’hommes encore jeunes lancés dans une épopée sanglante qui ne les conduira nulle part. L’auteur y relate dans le détail chaque épisode de leur course folle, examine leurs personnalités et revient sans indulgence sur le journal dont ils faisaient partie, L’Anarchie, porte-voix des individualistes fondé en 1905 par Albert Libertad. Il dépeint les théories illégalistes que l’on y défendait volontiers, selon lesquelles vol et fausse monnaie, en tant que réappropriation des biens acquis sur la base de l’exploitation sociale, étaient élevés au rang d’actes révolutionnaires. Il raconte enfin comment ces hommes, ces « en-dehors », refusant leur avenir tracé d’esclaves salariés, voulaient vivre en anarchistes ici et maintenant, sans attendre une hypothétique Révolution.
Mais l’aventure des bandits tragiques est surtout, pour Victor Méric, l’occasion de dénoncer le rouleau compresseur répressif qui s’est abattu sur les membres de L’Anarchie, et tout particulièrement sur Eugène Dieudonné. S’appuyant sur le seul témoignage d’un garçon de recette attaqué par la bande, la police l’accusa d’être l’un des agresseurs. Et malgré l’authentique alibi dont disposait l’accusé, malgré les multiples déclarations des véritables auteurs de l’attaque, il fut déclaré coupable et condamné à la peine de mort. On ne l’exécuta certes pas, sa peine ayant été au dernier moment commuée en travaux forcés à perpétuité. Mais il paya au prix fort sa proximité avec les bandits tragiques, en demeurant au bagne pendant plus de dix ans.

  • Mémoires et écrits : 1917-1932 / Nestor Ivanovitch Makhno - Ivrea , 2009

Nestor Ivanovitch Makhno (1888-1934) est issu de la paysannerie pauvre d’Ukraine orientale, berceau des Cosaques zaporogues. Sous son impulsion, entre 1917 et 1921, le groupe communiste libertaire de Gouliaï-Polié prit la tête du formidable mouvement insurrectionnel paysan dont l’intervention contre les troupes d’occupation austro-allemandes, puis contre les armées blanches, infléchit de manière décisive le cours de la guerre civile russe. Mais l’épopée de la guerre des partisans ne constitue qu’un aspect de l’histoire de la Makhnovchtchina. Makhno et les siens se battaient pour un nouvel ordre social " où il n’y aurait ni esclavage ni mensonge, ni honte, ni divinités méprisables, ni chaînes, où l’on ne pourrait acheter ni l’amour ni l’espace, où il n’y aurait que la vérité et la sincérité des hommes ". Sur un territoire de deux millions et demi d’habitants affranchi de tout pouvoir d’État, ils formèrent des communes agraires autonomes dotées des organes d’une démocratie directe : soviets libres et comités de base. Les insurgés makhnovistes croyaient sauver la révolution russe et mondiale - car ils ne luttaient pas seulement pour leur compte - et s’aperçurent trop tard qu’ils faisaient le jeu de la dictature d’un Parti-État dont les objectifs s’opposaient radicalement aux leurs. Malentendu tragique, non seulement pour eux-mêmes mais pour le projet révolutionnaire du xxe siècle - jusqu’à nos jours.

  • Les lois scélérates de 1893-1894 / Francis de Pressensé et Emile Pouget - le Flibustier , 2008

En mars 1892, l’anarchiste Ravachol fait exploser un immeuble parisien boulevard Saint-Germain. Ce n’est certes pas le premier attentat anarchiste en France, mais il inaugure une vaste série qui, en décembre 1893, touche directement le pouvoir politique : une bombe est jetée par Auguste Vaillant au sein de l’Assemblée en pleine séance des députés. Ainsi pris pour cible, le gouvernement fait alors adopter immédiatement deux lois graves, qui remettent profondément en question les libertés acquises. Mais les attentats continuèrent et, en juillet 1894, le président de la République lui-même, Sadi Carnot, est assassiné. Une troisième loi est alors aussitôt votée, renforçant encore la répression contre toute forme de propagande anarchiste. Ce sont ces trois lois que les anarchistes et, plus largement, les socialistes révolutionnaires désignèrent sous le terme de « lois scélérates ».
Publié en 1899 et jamais réédité depuis, l’ouvrage sur Les Lois scélérates de 1893-1894 analyse en trois textes l’esprit de ces lois d’abord, la manière dont elles furent adoptées et finalement imposées par le gouvernement ensuite, et enfin les condamnations auxquelles elles donnèrent lieu. Reprenant les faits eux-mêmes de l’histoire de ces lois, ces textes mettent clairement en lumière la façon dont le pouvoir politique et juridique a profité de la menace anarchiste pour promulguer et appliquer des lois destinées à réprimer toute contestation révolutionnaire, au mépris des principes fondamentaux de la République et de l’État de droit.
En nous montrant ainsi dans le détail comment un gouvernement élu peut exploiter l’émotion suscitée par certains événements pour se doter de lois liberticides, ce livre constitue aussi une dénonciation rigoureuse des manipulations et abus du pouvoir face à l’opposition politique et à la société civile. Une leçon précieuse en ce début de XXIe siècle, où la « lutte contre le terrorisme » et la « sécurité des citoyens » sont devenues les arguments inespérés des gouvernements occidentaux pour renforcer le contrôle des citoyens au mépris des libertés individuelles.

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