Une tribune pour les luttes

Ces 600 milliards qui manquent à la France

Enquête au cœur de l’évasion fiscale

Article mis en ligne le samedi 21 avril 2012

Antoine Peillon

Date de parution 22/03/2012

Essais (H.C.)

192 pages - 15 € TTC

Extrait de l’introduction ;

600 milliards d’euros : c’est la somme astronomique qui se cache depuis des décennies dans les paradis fiscaux, soit près de 10% du patrimoine des Français. Comment cette évasion fiscale massive a-t-elle été rendue possible ? Et pourquoi l’évasion de ce patrimoine fait-elle l’objet d’une telle omerta judiciaire, alors que les institutions de contrôle, la police, la justice, la douane, les services de renseignements, etc. en possèdent l’essentiel des preuves ? Quand on connaît la situation des comptes publics de la France, la question mérite d’être posée…


A regarder
Vidéo interview :

http://www.vachane-overblog.com/art...


http://blogs.mediapart.fr/blog/gabr...

Enquête au coeur de l’évasion fiscale, Antoine Peillon, Seuil, 2012

(extraits de l’introduction)

« (…) quel est le montant total de l’évasion fiscale, en France, et donc quel est son coût réel pour les finances du pays ?

Ce phénomène est-il négligeable, ou bien pèse-t-il au contraire très lourdement sur les finances publiques et même sur l’économie de notre société ? Pour mes spécialistes, la réponse est claire : « Les avoirs dissimulés au fisc français sont presque de l’ordre de toute la recette fiscale annuelle du pays. Ils représentent même presque cinq fois le produit de l’impôt sur le revenu en 2010* ! »

(…)

L’évasion fiscale française s’élève, au minimum, à 590 milliards d’euros**, dont 108 milliards rien qu’en Suisse***. En conséquence, chaque année, plus d’un tiers de l’impôt potentiel sur les revenus français – soit près de 30 milliards d’euros – n’est pas perçu, rien que par la dissimulation de ces avoirs et des produits financiers dans les paradis fiscaux.

(…)

6 000 milliards d’euros sont détenus, en 2011, par les ménages du monde entier dans les paradis fiscaux et que les banques suisses gèrent, à elles seules, un tiers de ces fortunes offshore. Cela signifie qu’au niveau mondial, environ 8 % de la richesse financière des ménages du monde entier sont investis hors des frontières et hors de portée du fisc de leurs pays. Or cette proportion globale peut sans doute être majorée, pour l’Europe, jusqu’à 10 %, selon le jeune économiste. Dans une mise à jour de son travail sur «  la richesse manquante des nations », datée du 27 juillet 2011, Gabriel Zucman affirme qu’« un tiers de la richesse mondiale manquante est géré en Suisse… »****.

* La recette fiscale totale (recettes nettes du budget général) de la France, en 2010, est de 267,2 milliards d’euros. Celle de l’impôt sur le revenu est de 54,7 milliards d’euros, toujours en 2010.

**Soit 35 % de la dette publique record de la France, à la fin du troisième trimestre 2011 (1 688,9 milliards d’euros) !

*** La société genevoise d’ingénierie financière Helvea estimait les avoirs français privés placés sur des comptes suisses non déclarés à 80,4 milliards d’euros, en 2007.

**** Cette dernière affirmation est « basée sur les données de la Banque nationale suisse », selon l’économiste. »

Lire aussi

Comment UBS organise une fraude fiscale massive à partir de la France

Christian Chavagneux

http://alternatives-economiques.fr/...

C’est un livre explosif que publie aujourd’hui Antoine Peillon, grand reporter au journal La Croix. Bénéficiant d’informations de toute première main il montre comment la banque suisse UBS organise depuis la France un système massif d’évasion et de fraude fiscale vers les paradis fiscaux. A lire absolument.

Afin de mettre en contexte les informations incroyables auxquelles il a eu accès, le journaliste a croisé différentes sources bien informées pour estimer à 590 milliards d’euros l’ensemble des avoirs français dissimulés dans les paradis fiscaux, dont 220 milliards appartenant aux Français les plus riches (le reste étant le fait des entreprises). Environ la moitié de ce total (108 milliards) seraient dissimulés en Suisse, la dernière décennie voyant fuir environ 2,5 milliards d’avoirs par an. Depuis 2000, UBS France aurait soustrait en moyenne 85 millions d’euros au fisc français chaque année, ce qui montre son importance, mais souligne également combien d’autres établissements bancaires, y compris français, participent à ce genre d’activités.

Sous certaines hypothèses, ces donnés l’incitent à estimer à 30 milliards d’euros le manque à gagner de recettes fiscales du à la fraude internationale, soit un peu plus de 10 % du total des recettes. De son côté, la Commission européenne estime l’importance de la fraude fiscale de l’ordre de 2-2,5 % du PIB des pays européens, soit pour la France de l’ordre de 40 à 50 milliards d’euros au total dont 15-20 milliards de fraude internationale.

(...)

Antoine Peillon lance de nombreuses et graves accusations dans ce livre. Mais il est sûr de ses sources : des cadres écœurés d’UBS en France, en Suisse et des services secrets français. Les preuves dont ils disposent ont visiblement été transmises à plusieurs autorités de régulation, dont l’Autorité de contrôle prudentiel en charge de la surveillance du comportement des banques. Le parquet a été saisi mais ne bouge pas, assurant une forme de protection aux gros fraudeurs. C’est pour lever cette impunité que le journaliste a décidé d’écrire ce livre. Il faut le lire et le faire connaître, pour la démocratie.


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Vos commentaires

  • Le 19 avril 2012 à 10:51, par Christiane En réponse à : Banques privées : où sont les 1000 milliards d’euros de la BCE ?

    http://www.politis.fr/Banques-privees-ou-sont-les-1000,17970

    Le capitalisme financier regorge d’idées pour tirer profit de la dette publique des États européens. Le système bancaire européen peut remercier l"un de ses éminents représentants, Mario Draghi, président de la Banque centrale européen (BCE) et ancien de Goldman Sachs, banque qui s’est fait une spécialité de spéculer sur la dette des pays en difficulté. Car le système bancaire européen a bénéficié, fin décembre 2011 et fin février de 1 018 milliards d’euros de prêts à trois ans de la BCE, à un taux historiquement bas de 1 %, ce qui a mis en appétit les marchés financiers.

    (...)

    Les pays de la zone euro étant toujours englués dans la crise de la dette, que font donc les banques de la manne exceptionnelle de la BCE ? « Les plus frileuses replacent ces liquidités aux guichets de la BCE à un taux peu attractif plutôt que de prendre le risque de financer des entreprises, des ménages ou d’autres banques. Cependant, d’autres banques se livrent à des opérations de “carry trade” beaucoup plus juteuses. Elles empruntent à 1 % auprès de la BCE et prêtent ensuite aux gouvernements à des taux plus élevés" », analyse l’Expansion.

    (...)

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