Une tribune pour les luttes

Besoin d’argent ?... 300 € si tu renonces à avorter !

Blog Super Féministe

Article mis en ligne le lundi 30 avril 2012

http://superfeministe.blogspot.fr/

S’il y a une supériorité qu’on peut reconnaître au camp des anti-IVG, c’est qu’ils sont blindés de thunes ! Tracts en quadrichromie, campagnes massives de courriers, actions de lobbying auprès des représentants politiques, achat de liens commerciaux sur le Net, il y a de l’argent qui circule ! Et oui que voulez-vous, ce n’est pas par le pouvoir de la prière, par la sainteté de ses ouailles ou par la vente d’images pieuses qu’on étend son emprise de nos jours…

Alors forte de ce constat, voilà qu’en Allemagne une organisation anti-IVG investit aujourd’hui le domaine de l’assurance-maladie (1), et ça donne ça : une mutuelle allemande promet à ses assurées une prime de de 300 € contre la promesse de ne jamais avorter, ni d’inciter quiconque à le faire. Il faut également adhérer à une organisation anti-IVG. La somme est versée à la naissance du premier enfant (parce qu’il ne suffit pas de promettre, il faut vous y mettre, manquerait plus qu’une femme ne souhaitant pas d’enfant, ou pire une lesbienne, profite indûment de l’aubaine). Pour la mutuelle qui a noué une alliance avec l’organisation ProLife, la démarche répondrait à un intérêt financier plus qu’idéologique, puisque cette mesure lui aurait attiré près de 1200 nouveaux clients… Alors heureusement la loi allemande oblige les mutuelles à un principe de neutralité et au remboursement des avortements légaux : les autorités vont donc y regarder de plus près, néanmoins cette initiative est inquiétante car elle révèle une nouvelle stratégie des anti-IVG. Cette organisation très catholique est d’ailleurs déjà présente en Suisse où elle s’est alliée à deux grands groupes d’assurance maladie.

Dans un contexte de privatisation de la santé, l’influence de groupes anti-IVG sur les politiques de remboursement des mutuelles pourrait être désastreuse.
Et face à une précarisation croissante, des femmes seront-elles un jour poussées à devoir choisir entre le droit à disposer de leur corps et une somme d’argent ? Nos utérus sont donc plus que jamais au cœur d’enjeux politiques et financiers.

Val Vandale

Post scriptum : à l’heure où je finissais cet article, voilà que la documentaliste du Planning Familial 69 me signale les pratiques particulières d’une mutuelle bien française celle-là, Fidelis Santé (2). Se référant clairement à la doctrine catholique, cette mutuelle ne rembourse ni l’IVG, cela va de soi, ni l’IMG (Interruption médicale de grossesse, en cas de malformation grave du fœtus par exemple), ni la contraception, ni l’aide médicale à la procréation. Elle favorise également les familles nombreuses (surprime à partir du 3ème enfant), et reverse une partie de ses bénéfices à certaines associations bien sympathiques telles que la fondation Jérôme Lejeune et autres anti-IVG… Et il semble que la loi française ne trouve rien à redire à ce type de pratiques, l’adhésion à une complémentaire étant facultative !

1 - info relayée par le réseau CNDF/CADAC, citant l’agence Reuteurs. Voir le site Myeurop, http://fr.myeurop.info/2012/02/16/3...>,

2 – voir l’article de Stéphanie Lacaze, http://www.liberation.fr/societe/01...

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