Une tribune pour les luttes

La « compassion » de Christine Lagarde et la spoliation du peuple grec

Jean-Jacques Chavigné, Gérard Filoche
+ Nouveau procès par appel de Guinot contre Gérard Filoche RV le 5 juin 12 h 30 Palais de justice de Paris M°Cité

Article mis en ligne le jeudi 31 mai 2012

http://www.filoche.net/

Mardi 29 mai 2012

Dans une interview au quotidien britannique The Guardian, la directrice générale du FMI estimait que les Grecs devraient «  s’entraider mutuellement en payant leurs impôts ».

Elle aurait dû préciser qui était visé par ses propos : le salarié à 800 euros par mois, l’armateur grec que la Constitution et la loi dispensent de tout impôt, l’Eglise orthodoxe qui ne paie qu’un impôt dérisoire alors qu’elle est (de très loin) le premier propriétaire foncier du pays ? C’est bien évidemment le salarié à 800 euros (ou moins) que vise Madame Lagarde. Si ce n’était pas le cas, pourquoi n’aurait-elle pas demandé à l’Union européenne et à la Suisse de mettre en place les moyens juridiques pour taxer les centaines de milliards placés dans les banques suisses par les Grecs fortunés ?

Christine Lagarde trouve normal que la faute des parents retombe sur leurs enfants (les enfants des armateurs, ceux des popes ?). Les parents ne paient pas d’impôts, il est logique que les enfants grecs soient privés de services publics. Ce qui veut dire, si l’on écoute vraiment Christine Lagarde, qu’il est normal que les enfants grecs soit privés d’école et de soins médicaux.

La Directrice générale du FMI ajoute que sa compassion va d’abord aux enfants du Niger car « ils ont encore plus besoin d’aide que les gens d’Athènes ». Mais si les enfants du Niger sont dans une grande pauvreté, le FMI en porte toute sa responsabilité. Il a «  aidé » le Niger et les pays africains comme il « aide » aujourd’hui la Grèce. Utilisant comme moyen de pression la dette publique des pays africains, le FMI et la Banque mondiale ont, en effet, imposé leurs « plans d’ajustements structurels » à ces pays. Cela veut dire qu’ils les ont obligés à renoncer à satisfaire les besoins de leur population pour tourner leurs économies vers l’exportation afin d’obtenir les capitaux nécessaires au remboursement et au paiement des intérêts de leurs dettes publiques. Les cultures vivrières (mil, sorgho …) ont donc dû faire place à des cultures destinées à l’exportation (coton, riz…). Voilà pourquoi les enfants africains souffrent de famine et de malnutrition. Ils n’ont pas besoin de la compassion de Christine Lagarde. Ils auraient plutôt besoin que la FMI change de politique et ne soit plus au service de la Finance mais des Êtres humains.

Les propos de Madame Lagarde, aussi odieux soient-ils, ont au moins un mérite, c’est de prévenir les peuples européens de ce qui les attend. La Finance dont madame Lagarde est l’une des plus éminente porte-parole, est prête à les affamer (c’est là que serait censé commencer la compassion de la Directrice générale du FMI), à les priver de leurs droits sociaux les plus élémentaires plutôt que de renoncer à la plus petite partie parcelle de ses intérêts.

La seule chose qui fonctionne avec la Finance, comme avec la Commission européenne et le FMI, c’est le rapport de forces. Chercher à « rassurer les marchés » nous mène partout à la catastrophe sociale, démocratique et financière : en Grèce, en Espagne, dans toute l’Union européenne. «  Dominons la Finance », comme l’avait proposé François Hollande. Menaçons-la de ne pas rembourser la dette publique (pour l’essentiel aux mains des banques), organisons partout des audits de la dette publique pour déterminer publiquement, collectivement, démocratiquement quelle part de la dette est illégitime et ne doit pas faire l’objet de paiement d’intérêts ou de remboursement du capital. Nous la verrons aussitôt perdre de sa superbe et reculer pour essayer de sauver ce qui resterait à sauver de ses créances. L’intervention de Madame Lagarde dans l’élection législative grecque de juin prochain, au moyen de l’entretien accordé à «  The Guardian », indique sans ambiguïté à quel point la Finance est au bord de la crise de nerf. C’est le second mérite de cet interview.

Quant aux in-informés qui dénoncent les « aides » à la Grèce et les « fautes » de son peuple :

Les "aides" ne vont pas à la Grèce. Elles vont, au fur et à mesure de l’arrivée à échéance des titres de la dette publique grecque, au remboursement de ces titres. La Grèce ne perçoit pas un seul euro de cette "aide" qui, à l’initiative de Merkel et Sarkozy va d’ailleurs sur un compte bloqué dont la seule fonction est de rembourser les créanciers de la dette publique grecque. Tout va aux créanciers de la Grèce, c’est-à-dire aux banques, aux assurances et maintenant à la BCE qui a pris leur relais, transformant la dette privée des banques en dette publique européenne.

Si la Grèce décidait de ne plus rembourser les intérêts de sa dette, son déficit primaire serait de l’ordre de 2 ou 3 %. Si elle décidait de ne plus rembourser les titres de sa dette arrivés à échéance, son budget serait excédentaire. Elle n’aurait donc aucun mal à payer ses fonctionnaires, contrairement à ce que les principaux médias répètent comme des perroquets.

Le Parlement grec qui s’était "engagé" à respecter le "mémorandum" c’est-à-dire le plan de destruction social de la Grèce, au nom des Grecs, ne représentait plus le pays. Il avait élu en 2009 dans un toute autre contexte. Les dernières élections l’ont montré : 33 % des Grecs seulement se reconnaissent dans les partis (Nouvelle Démocratie et Pasok) qui se sont engagés à approuver le mémorandum.

L’UE et le FMI qui avaient obligés le PASOK et Nouvelle Démocratie à signer l’engagement de respecter le mémorandum quel que soit le résultat des élections se sont tirés une balle dans le pied. Ces partis ont été largement distancé, justement parce qu’ils avaient signé cet engagement. Ils ont permis à tous les partis (en en premier lieu à SYRIZA) qui refusaient ce mémorandum d’obtenir plus de 2/3 des suffrages. Maintenant l’UE, la BCE, le FMI, Mme Merkel, la troïka essaient de violer la démocratie, d’imposer leur dictature pour forcer la main du peuple lors des deuxièmes élections du 27 juin.

En réalité, la Grèce aurait toutes les chances de gagner le bras de fer qu’elle engagerait avec l’Union européenne si elle décidait de ne plus rembourser sa dette puis de la renégocier (comme l’Argentine en 2000). Le milliardaire américain Paul Getty avait bien compris ce type de phénomène lorsqu’il affirmait "Si vous devez 1 000 $ à votre banquier, il vous tient mais si vous lui devez 1 000 0000 $, c’est vous qui la tenez".

La dette de la Grèce n’est pas remboursable. l’austérité voulue par le FMI et l’UE ne fait que l’enfoncer chaque jour davantage. Actuellement, la destruction sociale due aux 9 plans d’austérité imposés depuis 4 ans, l’ont augmenté à 160 points par rapport au PIB, et tous les fameux plans d’aide ne prévoient de la ramener qu’à 120,5 points /PIB… en 2020 !

Cette dette est la conséquence de l’éclatement de la bulle immobilière et de la crise bancaire de 2007-2008trafiquée par Goldman Sachs, du surarmement inutile (des sous marins achetés à Thyssen Krupp, 1,2 milliard), du coût des jeux Olympiques de 2004, de l’évasion de capitaux de l’oligarchie, des énormes passe-droits fiscaux accordés aux Grecs les plus riches, aux armateurs et à l’Eglise orthodoxe. Les Grecs ordinaires n’ont aucune raison de rembourser les banques qui, gavées par les milliards d’euros et de $ de la BCE et de la Réserve fédérale américaine, accordés à taux 0, se sont mises en 2008-2009 à spéculer sur la dette des pays du sud de l’Europe.

L’interview de Christine Lagarde a au moins le mérite de montrer jusqu’où la Finance est capable d’aller pour recouvrer le montant de ses spéculations. Cela n’a d’ailleurs rien d’étonnant, les libéraux ont toujours pensé que la faim, et elle - seule, pouvait vraiment pousser les gens à travailler. C’est «  l’économie de la douleur ». C’est le fond de leur philosophie, tout le restant n’est qu’habillage. Il vaudrait peut-être mieux les arrêter avant. La seule méthode pour y parvenir, c’est le rapport de forces, c’est de les obliger à renégocier la dette en leur laissant le choix de tout perdre ou de perdre seulement une partie de leurs créances


Nouveau procès par appel de Guinot contre Gérard Filoche RV le 5 juin 12 h 30 Palais de justice de Paris M°Cité

23 mai 2012

Procès à 13 h 30 devant la 31e chambre TGI de Paris

Chaque présence comptera et fera chaud au coeur

Ça fait huit ans que ça dure. Hélas.

Il faut une dernière mobilisation pour en finir avec le patron de chez Guinot, membre de l’UIC proche de l’UIMM, un patron de combat, déjà condamné pour « abus de droits sociaux », qui ne paie pas les heures supplémentaires, qui manipule un CE, qui multiplie les prud’hommes, qui a l’habitude de traquer ses salariés pour « abus du droit d’ester en justice » et qui mène une invraisemblable campagne depuis huit ans pour essayer selon les dires de son avocat bien choisi, Me Varaut, de faire qu’un inspecteur du travail «  fasse moins le fier »…

Ce patron de la rue de la Paix, a décidé de s’acharner depuis 2004 contre l’inspecteur du travail qui voulait l’empêcher de multiplier les infractions et délits.

Mais en premier jugement, le 12 octobre 2011, l’inspecteur a été relaxé et le Parquet (qui l’avait un temps suivi, on se demande pourquoi ?) a renoncé à toute poursuite. Le patron Guinot lui s’est entêté. Et le jugement en appel, la nouvelle audience GUINOT CONTRE FILOCHE pour une prétendue “entrave au CE” de Guinot aura lieu

Le mardi 5 juin à 13 h 30 devant la 31e Chambre d’appel de Paris.

Les tenants et aboutissants de cette invraisemblable poursuite sont connus : alors que l’inspecteur du travail faisait son travail, normalement, pour rétablir l’ordre public social violé dans cette entreprise, le patron a inventé qu’il y aurait eu « entrave au CE », non pas par lui, mais par l’inspecteur. Un CE d’un seul membre, qui ne fonctionne pas, qui est entre les mains dudit patron par le biais d’un salarié disons… soumis. L’inspecteur du travail avait refusé l’autorisation de licenciement d’une jeune femme déléguée syndicale, de retour de congé maternité 3 fois de suite pour « discrimination ». Il y a eu 12 procédures depuis, autour de cette affaire : la salariée a gagné TOUTES ces procédures étalées en 7 ans.

La Cour d’appel du tribunal administratif a confirmé en 2010 qu’il y avait bel et bien discrimination et elle a donné raison à l’inspecteur du travail contre sa hiérarchie qui avait cassé le refus de licenciement : elle a même ordonné la ré intégration de la salariée. La salariée a même bénéficié d’une transaction avantageuse de la part de l’entreprise condamnée qui a renoncé à aller en Conseil d’état comme elle l’avait un temps proclamé.

Mais ça ne fait rien, le patron persiste, dans un dernier round, sa vendetta contre l’inspecteur. Cet acharnement de Guinot doit être pris au sérieux, il vise, au-delà de l’inspecteur d’ailleurs en retraite, toute l’inspection : il mérite qu’on s’acharne à renverser définitivement cette incroyable accusation.

42 000 signataires, tous les syndicats de l’inspection, et de nombreuses personnalités de toute la gauche ont exprimé leur totale solidarité avec Gérard Filoche. Dix témoins clefs (dont Jean Auroux, Benoît Hamon, Gilbert Dupraz, Philippe Royer, Pierre Mériaux…) avaient déposé en sa faveur le 6 juillet 2011.

Nous aurons donc à nouveau besoin du maximum de présents l’après-midi du 5 juin pour venir en soutien à partir de 12 h 30 devant le Palais de justice de Paris, l’audience débutant à 13 h 30 à la 31e chambre correctionnelle. Venez nombreux, par solidarité, par soutien, pour peser aussi. Chaque présence comptera et fera chaud au coeur

Beaucoup ont déjà donné, encouragé, aidé, et nous les en remercions chaleureusement.

Mais tout soutien par signature de la pétition et messages de soutien est encore et toujours bienvenu. Site dédié http://solidarite-filoche.fr Mais aussi, hélas, encore une fois, car les frais de cet appel sont à nouveau à charge de Gérard Filoche, toute aide financière sera soulageante et précieuse : chèques à l’ordre de «  solidarité-filoche » C/O Gérard Filoche 85 rue Rambuteau 75 001 Paris

— -

[CGT-SNU-SUD] Rassemblement de soutien à G. Filoche le 5 juin 2012

SOUTIEN A GERARD FILOCHE !
RASSEMBLEMENT MARDI 5 JUIN 2012 12h30
lors de l’audience à la Cour d’appel de Paris
(Palais de justice 4, bd du Palais M° Cité)

Poursuivi par un employeur – avec la bienveillance du Ministère du travail – pour entrave à un CE dans l’exercice de ses missions (!) à l’occasion d’une enquête sur le licenciement d’une déléguée syndicale, notre collègue Gérard Filoche a été relaxé le 12 octobre 2011 en première instance

Mais l’employeur a fait appel, et Gérard est de nouveau convoqué à l’audience pénale fixée le 5 juin à 13h30

● alors qu’à Paris, une note de la DDTEFP du 10 mars 2009 sur la verbalisation par les agents de l’inspection du travail fait apparaître, en ce qui concerne le délit d’entrave et la discrimination syndicale, «  un taux de classement élevé de 40 à 50%, bien supérieur au taux moyen global » : la délinquance patronale ne fait donc quasiment pas l’objet de poursuites, par contre un inspecteur du travail est traîné devant la justice pénale pour un soit disant délit d’entrave…

● alors que Jean-Denis Combrexelle, Directeur général du travail, «  autorité centrale de l’inspection du travail », qui, saisi pour avis, a orienté le juge d’instruction sur un soit disant délit d’entrave commis par l’inspecteur du travail, mais s’est vu lui-même désavoué par la justice administrative : le juge administratif a en effet annulé sa décision d’autorisation de licenciement de la déléguée syndicale, annulant le refus de l’inspecteur du travail qui aurait, lors de son enquête, commis un délit d’entrave…

● alors que l’administration, sans aucune motivation, lui a refusé le bénéfice de la protection fonctionnelle à laquelle il avait droit…

Ces poursuites sont inacceptables !
Soyons nombreuses et nombreux à lui exprimer notre soutien
(absences couvertes par le dépôt d’heures
d’information syndicale) !

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