Une tribune pour les luttes

Appel du Collectif La Paz, qui a réquisitionné un hameau dans le Gers

Réquisitionnons !

Article mis en ligne le lundi 11 juin 2012

Le monde d’après...

Nous assistons ces dernières années à un drôle de phénomène. Une logique établie comme un idéal indépassable se retrouve brutalement mise en question. Un rêve sublime qui finalement tourne au cauchemar...
Aujourd’hui, nous ne savons plus s’il est pire de prolonger ce rêve absurde, ou de s’éveiller et de plonger dans l’inconnu.

Une guerre a lieu, sous nos yeux, et elle dresse ceux qui contre tout bon sens s’obstinent à surtout ne rien changer, contre ceux qui hésitent, ceux qui ne savent plus, ceux qui voudraient prendre le temps de réfléchir.

Les banques, le FMI, les banques centrales avec la complicité de l’Europe et des États ne nous laissent que deux possibilités :

Première possibilité :

Pour éviter le pire, faire le choix du pire.

En effet, la majorité des gouvernements des pays dits développés pensent que la pire chose qui puisse arriver, c’est une faillite du système financier. Ils mettent donc tout en œuvre pour l’éviter.

Il leur faut alors renflouer les banques, et pour renflouer les banques il faut continuer à appliquer les politiques d’austérité qui, depuis 2008, sont la seule voie connue et reconnue pour éviter un effondrement immédiat du système économique et financier mondial.

Mais la situation économique s’empirant, il faudra toujours prendre plus d’argent dans l’enseignement, dans le social, dans la santé et dans tout ce qui constitue un bien commun ou public, pour le reverser directement sur les comptes de ceux qui ont crée cette situation désastreuse.

Pourquoi alors cette logique devrai-t-elle s’arrêter un jour ? Si l’enfant capricieux reçoit lorsqu’il pleure, il ne reste qu’à espérer qu’il reste longtemps quelque chose à lui donner... Qu’adviendra-t-il quand nous n’aurons plus rien à prendre au peuple pour le donner aux banques ? Ou quand celui ci voudra garder un peu de la dignité qu’on lui arrache jour après jour ? Au final cette solution mène droit vers l’inconnu.

Deuxième possibilité :

Pour éviter le pire, l’inconnu tout de suite.

Si le nouveau gouvernement, comme il ne l’a pas promis, décidait de faire un moratoire sur la dette publique, de nationaliser les banques françaises, d’arrêter de rembourser ses créanciers, de reprendre tout ce qui a été versé à ses amis, de le redistribuer... Il risquerait d’être, au final, responsable de la pire chose qui puisse arriver au Capitalisme. Que l’aiguille cesse de tourner dans le sens de la croissance, voir qu’elle tourne à l’envers. S’engagerait alors une lutte pour la préservation des souverainetés populaires qui dresserait l’Europe de la finance contre l’Europe des peuples. Nous avons déjà vu ce que pouvait provoquer chez l’oligarchie financière l’idée d’un référendum sur la dette en Grèce, nous ne pouvons qu’imaginer quelle sera sa réaction si un peuple décidait qu’il ne payerait plus une dette illégitime.

Dans tous les cas, quelque chose cloche. Nous voyons tous que ce qui vient n’augure rien de bon, mais nous sommes incapables de réagir.

Le 6 Mai dernier en France, un nouveau président a été élu, et ce n’est pas que rien n’a déjà changé, c’est que nous savons tous, que rien n’ira mieux. L’oligarchie financière et économique mondiale, à la tête d’un navire en plein naufrage, compte bien embarquer le monde dans sa chute.

En attendant, il y a une vérité que nous sommes tous capables de voir. C’est l’école où nos enfants s’instruisent qui ferme, c’est le service de maternité qui se retrouve à une heure de route, c’est toutes les choses vitales que hier encore nous pouvions payer et dont nous devons aujourd’hui nous passer. Car tout augmente et nos salaires (si on a un travail), nos retraites ou nos aides sociales diminuent.

Nous, le collectif La Paz, avons décidé de ne pas attendre pour voir. Nous avons décidé de prendre ce qui, un jour ou l’autre, sera dans les mains des banquiers. Et comme des millions de personnes en Europe ou dans le monde, d’y mettre en place ce que l’État, les institutions financières et les banques s’acharnent à nous retirer.

Depuis le 22 Avril, nous avons donc réquisitionné le hameau de Fallot, à l’Isle-Bouzon dans le Gers et à une dizaine (Adultes, enfants, salariés, étudiants, paysans, précaires...) proposons ici et partout autour, avec nos voisins, nos amis et tous ceux qui nous entourent, de mettre en place et de préserver, tout ce qui nous paraît essentiel et qui disparaît chaque jour.

Nous proposons un lieu dans lequel...

Par la mise à disposition d’espaces et d’outils nous voulons créer et recréer à une échelle locale un réseau d’entraide et de partage.

Par la mutualisation de moyens matériels, nous voulons rompre avec des habitudes consuméristes, individualistes et de gaspillage.

Par l’élaboration, l’amélioration et l’apprentissage de techniques, nous voulons construire, réparer et concevoir de manière pérenne, non polluante et intelligente, tout ce qui constitue une nécessité ou un progrès.

Par une gestion cohérente et réfléchie des déchets, nous voulons limiter l’impact sur notre environnement.

Par la mise en question des rapports humains établis, nous voulons gérer, discuter et prendre des décisions de manière collective.

Par l’ouverture, l’accueil et l’organisation d’événements culturels, festifs, ludiques et sportifs, nous voulons nous réapproprier un lien social et humain, indispensable au bonheur.

Par le travail de la terre, respectueux des sols, des cycles, des saisons et du vivant.
Par l’élevage, par l’échange et le troc, nous voulons nous alimenter de manière saine et variée.

Par la recherche et le développement de médecines multiples, nous voulons appréhender différemment la maladie, le soin et la santé.

Par l’échange, la critique et la réflexion, nous voulons partager et transmettre nos savoirs.

Pourquoi ici ?

Nous avons choisi Fallot car c’est un lieu où nous pourrions concentrer notre énergie, nos savoirs et nos compétences pour proposer rapidement un lieu ouvert.

En effet les 5 hectares de terres permettent la mise en place de cultures vivrières et d’élevages pour garantir une alimentation saine, variée et peu coûteuse à ceux qui y participent. (Création d’une ADAP -Association pour le Développement d’une Agriculture Participative). Une partie de ces terres sera aussi utilisée pour la formation, l’apprentissage et la transmission de techniques d’agriculture paysanne et naturelle. Enfin, ils constituent un moyen pour proposer des denrées, à un prix qui soit accessible à tous.

Les 1000 m² d’habitations permettent d’accueillir non seulement un certain nombre d’habitants permanents mais aussi, dans les 5 gîtes autonomes, de proposer un accueil temporaire pour des familles en difficulté.
Une grande partie des bâtiments sera surtout dédiée aux activités.
Les nombreux espaces seraient autant d’ espaces ouverts à toutes les propositions des voisins et des associations locales œuvrant pour le partage, l’entraide, la formation et la culture accessible au plus grand nombre. D’ores et déjà nous proposons ici une bibliothèque, un atelier, une salle de projection et de concert, une friperie, une salle de jeux, le tout participatif et à prix libre.

Ce lieu appartient à une structure publique. Le Centre médico-social Contoloup Lavallée (CCL), a acheté le hameau pour en faire un lieu de formation et d’apprentissage, mais au vue d’une situation financière catastrophique et faute de financement public, le centre n’a pu en faire usage pendant sept ans et se retrouve aujourd’hui dans l’obligation de le revendre. Cette vente est sensée renflouer provisoirement les déficits de la structure.
Cependant, le CCL a déjà perdu 70 emplois ces dernières années, et ce, malgré des grèves et une forte mobilisation pour tenter de faire augmenter la contribution de l’Etat dans son financement. Ce dernier subventionne pourtant allègrement les grosses entreprises privés et le secteur de la finance. Ce n’est au final qu’une question de choix, et le CCL n’est autre qu’une des nombreuses victimes des politiques de destruction du service public.
Le CCL ne pourrait préserver ses emplois et son action, sans mettre à contribution l’état.
C’est pourquoi nous pensons que l’initiative La Paz devrait être pérennisée par un financement public au profit du CCL.

Nous avons aussi choisi « Fallot » car ce lieu a été bâti par des femmes et des hommes qui n’ont jamais reçu aucun salaire. Les anciens de l’association d’aide aux toxicomanes Le Patriarche, qu’ils aient volontairement donné de leur temps et de leur énergie pour ce lieu, ou qu’ils aient été abusés et exploités, ont bâti cet endroit afin qu’il serve à accueillir et aider des gens. Le vendre serait donc un mépris de leur travail et de leur volonté.

Nous avons choisi « Fallot » parce que ce lieu doit absolument rester d’utilité publique !!!

Nous appelons tous les habitants du village de l’Isle-Bouzon et des environs, tous les salariés du CCL et leurs familles, tous les anciens du Patriarche et tous ceux qui souhaitent faire de « Fallot » un lieu ouvert à toutes et à tous, à nous rejoindre, pour exiger que ni les salariés du CCL, ni l’association La Paz, ni les usagers des deux associations ne soient les victimes d’une crise, qui fait la misère des uns pour le profit des autres.

Si vous souhaitez nous aider :

Vous pouvez écrire au Conseil Général du Gers, au Conseil Régional de Midi-Pyrénées, à l’Agence Régionale de la Santé, à la Préfecture du Gers... pour exiger que soit immédiatement financé le Centre Contoloup Lavallée pour permettre que l’initiative La Paz, puissent continuer d’exister. Car l’Etat doit soutenir les initiatives solidaires et non les banques. Inondez leurs boites aux lettres et leurs boites mail, appelez-les !

Vous pouvez écrire également à la direction du CCL, pour qu’ils entendent combien de personnes soutiennent l’initiative La Paz et les salariés du CCL dans leur lutte.
Exigez qu’ils retirent immédiatement la demande d’expulsion à l’encontre de l’association La Paz.

Vous pouvez aussi imprimer la pétition sur notre site (collectiflapaz.blogspot.fr), la remplir et nous l’envoyer.

Vous pouvez prendre contact avec nous, nous rencontrer et participer directement à cette aventure. Venez nombreux ici à Fallot pour nous aider dans notre projet et notre lutte.

Vous pouvez nous soutenir matériellement particulièrement pour le matériel agricole et de bricolage. Nous recherchons des brebis, chêvres, volailles et également des semis et plants en tout genre.

Vous pouvez surtout diffuser très largement cet appel pour créer un mouvement qui soutient et s’approprie ces pratiques.

A touts ceux et celles qui ne veulent plus être dépossédés de leurs vies.
A tous ceux et celles qui veulent bâtir un nouveau monde, le monde d’après...

LA PAZ

assolapaz @ gmail.com
Plus d’infos et projet intégral sur collectiflapaz.blogspot.fr

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