Une tribune pour les luttes

LDH Toulon

Toi qui entres à la BNF, n’oublie pas Fernand Iveton

Maurice Audin, les pouvoirs spéciaux, François Mitterrand.

Article mis en ligne le lundi 2 juillet 2012


A lire en entier et avec les liens et les photos :
http://www.ldh-toulon.net/spip.php?...

date de publication : jeudi 28 juin 2012

La cérémonie de remise du prix Audin de mathématiques s’est déroulée le 22 juin à 14 h dans le petit auditorium de la BNF en présence de 140 personnes. Le Président du jury, Wendelin Werner, a remis leurs prix aux lauréats. A l’occasion du cinquantenaire de la signature des Accords d’Evian et de l’indépendance de l’Algérie, Gérard Tronel a remis, au nom de l’association Maurice Audin, un prix exceptionnel à Hacène Belbachir et à Tahar Boulemezaoud pour leurs contributions à la coopération franco-algérienne.

Au cours du colloque qui a suivi, La guerre d’Algérie, cinquante ans après, Henri Alleg, Roland Rappaport, Raphaëlle Branche, Mohamed Harbi, Nathalie Funès, Jean-Luc Einaudi, Gilles Manceron et Benjamin Stora, ont rappelé les circonstances dans lesquelles était née l’"Affaire Audin" et ce qu’elle avait de symbolique dans la mesure où elle avait généré des situations de non-droit "légalisées" par des procédures du type "pouvoirs spéciaux" et articles "ad-hoc" de la constitution de 1958. Le cas Audin n’est pas le seul dans lequel les autorités militaires, couvertes par les pouvoirs civils ont arrêté, torturé et fait disparaître des citoyens français et algériens. Les intervenants ont rappelé que la colonisation était à l’origine de crimes inadmissibles au pays des Droits de l’Homme et qu’il serait temps que la République française reconnaisse ses erreurs qui sont à l’origine d’actions criminelles non encore élucidées. L’"Affaire Audin" est emblématique dans la mesure où elle repose notamment les problèmes de la torture, du mensonge au nom de la raison d’Etat, et de l’amnésie collective que les gouvernements successifs ont justifié par un arsenal législatif de lois d’amnistie. La cérémonie s’est achevée par un rappel : nous continuerons à lutter pour connaître la vérité sur la mort de Maurice Audin, il y va de l’Honneur de notre pays et de l’instauration de relations fraternelles entre les peuples algérien et français.

Jean-Luc Einaudi nous a aimablement autorisé à reprendre son intervention, prononcée à cette occasion le 22 juin 2012,à la Très Grande Bibliothèque Nationale de France François Mitterrand.

MAURICE AUDIN, LES POUVOIRS SPECIAUX, FRANCOIS MITTERRAND

Maurice Audin fut arrêté le 12 juin 1957, puis assassiné, par des parachutistes de la 10 ème Division Parachutiste,commandée par le général Massu. Ils agissaient dans le cadre des pouvoirs de police attribués, à Alger, à la 10 ème DP, le 7 janvier 1957, par le ministre résidant en Algérie, Robert Lacoste. Cette décision était elle-même une application de l’article 11 du décret n° 56-274 du 17 mars 1956 pris en Conseil des ministres, qui indiquait qu’en Algérie "le Gouverneur général peut instituer des zones dans lesquelles la responsabilité du maintien de l’ordre passe à l’Autorité militaire qui exercera les pouvoirs de police normalement impartis à l’Autorité civile". Ce décret portait les signatures du président du Conseil Guy Mollet, de Robert Lacoste, du ministre de la Défense et des Forces armées, Maurice Bourgès-Maunoury, et du ministre d’Etat, Garde des sceaux, chargé de la Justice, François Mitterrand.
Ce décret avait été pris en Conseil des ministres à la suite du vote, le 12 mars 1956, par l’Assemblée nationale, à une écrasante majorité [1], de la loi sur les "pouvoirs spéciaux" réclamés par Guy Mollet, dont l’article 5 indiquait :" le Gouvernement disposera en Algérie des pouvoirs les plus étendus pour prendre toute mesure exceptionnelle commandée par les circonstances en vue du rétablissement de l’ordre, de la protection des personnes et des biens et de la sauvegarde du territoire. Lorsque les mesures prises en vertu de l’alinéa précédent auront pour effet de modifier la législation elles seront arrêtées par décret pris en Conseil des ministres." C’est ce qui avait été fait cinq jours plus tard. Cette loi portait la signature de François Mitterrand.

(...)

P.-S.

Par Sadek Hadjeres, Le message de Fernand Iveton à ses compatriotes.
http://www.socialgerie.net/spip.php...

Notes

[1] A l’issue de cette conférence ,une auditrice m’a fait remarquer à très juste titre que ces "pouvoirs spéciaux" avaient été votés notamment par le groupe des députés communistes français.

[2] Sur l’affaire Iveton,voir mon livre Pour l’exemple - L’Harmattan -1986- On peut également se reporter au livre de Benjamin Stora et François Malye François Mitterrand et la guerre d’Algérie- Calmann-Lévy-2010.

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