Une tribune pour les luttes

Ce que nous rappelle le cinquantenaire de l’indépendance d’Algérie

Article mis en ligne le lundi 9 juillet 2012

C’est d’abord le principe qui a fondé la décolonisation de tous les peuples opprimés : le droit des peuples à disposer d’eux même.

C’est notre souvenir d’un peuple qui a donné, pour l’exercice de ce droit, la vie de centaines de milliers de ses filles et de ses fils et que nous voulons honorer ici.

Au regard de la situation coloniale de ce qu’il est commode d’appeler (pour en effacer la nature) le « conflit du Moyen Orient », nous nous souvenons aussi de ce qu’a signifié cette période pour l’Algérie.

Elle a été marquée par les manipulations de l’histoire et l’effacement des mémoires : histoire manipulée d’un judaïsme algérien ante islamique et millénaire, mémoire effacée des anticolonialistes français qui ont existé nombreux en Algérie. Ceux qui ouvraient une autre voie que le rapport de domination entre des peuples ou des minorités : celle d’une coexistence dans l’égalité.

Le pouvoir colonial français avait, avec la loi Crémieux, offert la nationalité française aux juifs d’Algérie qui l’ont massivement acceptée. Il s’agissait selon la vieille règle du pouvoir colonial de régner en séparant les populations sur la base de privilèges ou statuts particuliers offerts aux minorités, et destinés à rogner le collectif national en formation. Cela aboutit au « retour en Métropole » comme Pieds Noirs d’une population juive déracinée et désorientée. Une manipulation de l’histoire qui agite encore ses descendants, on retrouve aujourd’hui certains d’entre eux dans les colonies israéliennes les plus dures. Comme si ces Arabes ci étaient les fantômes de ces Arabes là et comme si la responsabilité de ce déracinement incombait fondamentalement aux Algériens.

Effacés de l’histoire aussi les anticolonialistes français, oubliés les 200 000 Français restés en Algérie après l’indépendance qui ont refusé de monter sur les derniers bateaux (1)

Oubliés les porteurs de valise, et les milliers de Pieds Rouges français militants de la solidarité internationale qui sont allés en Algérie soutenir l’indépendance,

Oubliés les Juifs nombreux parmi eux,

Effacés tous ceux qui portaient une autre vision du monde, anticoloniale, pour l’égalité comme principe de coexistence. Et finie la diversité culturelle en Algérie… triste programme qui s’est appliqué à tout le Maghreb et aux zones décolonisées, les vidant de leurs minorités autochtones (juifs, chrétiens d’orient) ou non autochtones en vertu d’un autre principe colonial : dominer ou partir. C’est aujourd’hui dans les métropoles des anciennes puissances coloniales que se retrouve la « diversité » mais maintenue dans un rapport perpétué de subordination.

Au Moyen Orient comme ailleurs, nous souhaitons et agissons pour la persistance d’une option de coexistence fertile de populations juives, chrétiennes, musulmanes, ou sans religion, et de toutes origines dans des structures étatiques qui garantissent à tous le respect de leurs droits dans le principe de l’égalité des citoyens.

Bureau National de l’UJFP le 7 juillet 2012

(1) www.monde-diplomatique.fr/2008/05/DAUM/15870 « Sans valises ni cercueils, les Pieds Noirs restés en Algérie » par Aurel et Pierre Daume, mai 2008

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