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Crise financière, plans sociaux : les innocents trinquent toujours à la place des coupables

+ Faut-il sauver les poulets Doux ou les voitures Peugeot à tout prix, ou changer ces productions ?
Par Claude-Marie Vadrot

Article mis en ligne le mardi 17 juillet 2012

A lire avec tous les liens sur :
http://www.actuchomage.org/20120714...

Samedi, 14 Juillet 2012

Les erreurs commises en toute impunité par les voyous et/ou les incompétents qui nous dirigent, ce sont les salariés et les braves gens qui les paient au prix fort.

Prenons l’exemple criant de PSA. La vulgate patronale, relayée par des médias complaisants, nous serine que sacrifier directement des milliers de salariés ainsi que leurs familles, puis indirectement les tissus économiques afférents (sous-traitants, commerces, services…), c’est malheureusement inévitable, there is no alternative : à cause de la crise, le marché automobile chute, PSA perd de l’argent, le coût du travail en France est trop élevé, etc, etc.

Scrutons ces mensonges de plus près.

Coût du travail ? « Nous avons le coût du travail le plus cher en Europe et nous produisons 44% de notre production en France, donc il faut baisser les charges qui pèsent sur le travail de manière massive », a déclaré hier sur RTL Philippe Varin, grand patron du constructeur licencieur. C’EST FAUX, lui rétorque Samuel Laurent, l’un des Décodeurs du Monde.fr...

« Lorsque, en 2010, monsieur Philippe Varin avait quadruplé son salaire en le portant à 3,25 millions d’euros, la question du coût du travail le préoccupait moins qu’aujourd’hui », a réagi Bruno Le Roux, député de Seine-Saint-Denis.

Au nom du "coût du travail" — toujours trop élevé pour les salariés, mais jamais assez pour ceux qui les mènent au casse-pipe — qui entraverait notre sacro-sainte "compétitivité", on pratique le chantage à l’emploi et sa précarisation, le dumping social et la course au low-cost dans une course frénétique au nivelage par le bas complètement suicidaire. Parce que ce n’est pas en s’alignant sur l’esclavagisme chinois ou la misère roumaine que nous nous en sortirons mais, au contraire, en misant sur l’innovation et la qualité via des produits et des services à haute valeur ajoutée. Parce qu’au contraire, des salaires décents et une protection sociale forte sont le ciment d’une société stable et harmonieuse dont le monde devrait s’inspirer.

La filière automobile mal en point ? Nous passerons sur les milliards d’argent public engloutis afin de maintenir ce secteur sous perfusion : de la "Jupette" à la "Balladurette" en passant par les primes à la casse, les diverses aides publiques dont les exonérations de TVA puis, très récemment, le cumul simultané de deux dispositifs pourtant antagonistes (aides au chômage partiel financées par l’Etat et l’Unedic + heures supplémentaires défiscalisées). Nous passerons également sur l’hypocrisie — comparable à celle opérée vis-à-vis du tabac — de tenir en vie un secteur ô combien polluant et mortifère, mais tellement lucratif avec ses automobilistes vaches-à-lait, copieusement taxés par l’Etat et sommés de payer encore pour faire tourner artificiellement des secteurs parallèles : radars, gilets jaunes puis éthylotests obligatoires et, bientôt, le contrôle technique annuel...

Selon le journaliste Michel Holtz, chez Peugeot-Citroën, le compte à rebours de la catastrophe industrielle remonte à plus de vingt ans : les mauvais choix stratégiques d’hier ont conduit au désastre d’aujourd’hui.

Et qui paie ces mauvais choix stratégiques élaborés par des cravateux inaptes mais grassement rémunérés ? Les salariés. Et qui paie l’absence totale de stratégie en général, le manque de vision de nos politiques, le court-termisme effréné de nos industriels et de la finance ? La collectivité toute entière, alors qu’il est indispensable d’engager dès à présent une courageuse reconversion écologique de la plupart de nos activités qui sont de plus en plus polluantes, malsaines et dont la valeur sociale est de plus en plus nulle. Oser engager ce virage magistral aujourd’hui serait même une issue salutaire à la crise économique que nous traversons. Mais qui le souhaite ? Scier la branche et obéir à la doxa, c’est tout ce que nos dirigeants savent faire.


La crise, toujours la crise...
Mais qui en est à l’origine ? Les subprimes américains, produits d’un système économique totalement asservi au culte du Veau d’or, qui récompense une poignée de nuisibles chargés d’appauvrir des milliards d’innocents. Une finance folle qui, elle, ne manque pas d’imagination et d’innovation pour générer des profits aussi immédiats que dangereusement déconnectés de la réalité, quitte à tout foutre en l’air sans en assumer les conséquences. Des banquiers sans scrupules, incapables de voir ce qu’il se passe dans leurs propres établissements (en France, Daniel Bouton et l’affaire Kerviel) et reconnaissent, de fait, leur grave incompétence, mais qu’on remercie avec des stock-options et de luxueuses retraites-chapeaux tandis que le salarié fautif, lui, est viré sans ménagement, et le voleur de poules aussitôt expédié en prison.

Des politiques complices — toujours les mêmes en place depuis des décennies, accrochés à leurs prébendes —, aveugles et incapables d’agir pour l’intérêt général, qui nous ressortent les mêmes recettes éculées, profitent du système au lieu de le réguler et, parfois, osent même pointer les soi-disant privilèges d’un peuple régulièrement accusé d’irresponsabilité (quand ce n’est pas de fraude) alors qu’ils font partie des 10% les plus riches et, côté abus, malversations ou corruption, ne sont pas en reste...

Enfin des économistes, perroquets d’une idéologie faillie et prédicateurs à la noix, autant de nuls grassement payés dont l’omniprésence dans les médias n’est même pas remise en cause.

Voilà où nous en sommes : menés par des élites incompétentes qui sèment le désastre en toute impunité, toujours en poste ou congédiées avec les honneurs. Et pendant de temps, des millions de salariés doivent se sacrifier pour elles, et des millions de chômeurs ont été déjà sacrifiés à cause d’elles. On se prend à rêver de piques, de fourches et de guillotine.

SH


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- 12 juillet 2012

Faut-il sauver les poulets Doux ou les voitures Peugeot à tout prix, ou changer ces productions ?

Le gouvernement et le préposé à la Démondialisation et au Redressement productif (tout un programme !) se torturent les méninges, avec beaucoup d’autres, sur l’art et la manière de « relancer » la production automobile pour sauver Peugeot. Et s’ils avaient encore un sou dans leur cagnotte, ils nous mitonneraient une prime à la casse pour virer les vieilles caisses et les remplacer par des neuves. Double gaspillage perpétré au nom de l’emploi, faute d’imagination. Notamment d’un certain Arnaud Montebourg qui appelle les Français à se « rassembler autour des voitures françaises ». Plus ridicule, on ne fait pas. Et quand il ajoute qu’il faut un plan pour « sauver la contruction automobile en France », plus ringard, on ne fait pas.

Le gouvernement et le préposé à la poursuite d’une Politique Agricole Commune, qui ne s’intéresse qu’à la quantité et non à la qualité, se lamentent et exercent leur imagination pour sauver les poulets Doux, Dodu et consorts. Ils rêvent d’aider la poursuite de la « production » (on y revient, ce n’est pas de l’agriculture) de ses 253 millions de poulets annuels chimiquement et artificiellement nourris pour être maintenu en vie, notamment grâce à l’usage d’antibiotiques jusqu’au jour de l’abattage, six semaines au plus après la remise des poussins de quelques jours aux paysans éleveurs du début de cette chaîne de la malbouffe. S’il restait un sou en caisse, ils distribueraient des primes au grandes surfaces pour nous en faire manger plus. Poule au pot tous les jours ! De quoi inciter à se souvenir de Ravaillac...

Quel rapport entre les carcasses de bagnoles qui s’accumulent et les carcasses des poulets qui empoisonnent les consommateurs et la planète ? L’emploi, l’emploi sans réflexion sans réflexion à long terme, l’emploi à tout prix sans se poser la moindre question. Sauf le jour de la catastrophe annoncée. Cela fait des années que les poulets de batterie se vendent moins bien et que Doux ne survit qu’avec des subventions européennes à l’exportation. Cinquante à soixante millions d’euros chaque année. Cela fait des années que les Français réduisent leurs achats de voitures, pour des raisons écologiques ou économiques. Cela fait des années que les véhicules Peugeot (et d’autres) se bradent plutôt qu’elles ne se vendent. Tout le monde le savait et le disait. Cela fait des années que ce type d’entreprises se précipitent vers le mur du productivisme en sachant qu’elles vont s’y écraser ; cela fait des années que de rares économistes et de nombreux écologistes expliquent que ce ne sont pas les usines qu’il est nécessaire de changer, mais les produits. En faisant preuve d’imagination, en se souvenant que le monde et les consommateurs changent ; et que la planète rétrécit.

Vite, une transition écologique !

Bien sûr, faute de bon sens et d’anticipation, les milliers de salariés de Doux et de Peugeot vont être mis au chômage, avec tous les drames que cela implique. Mais ce n’est certainement pas en prolongeant l’agonie des produits du passé ou de la dérive mondialisante qu’il sera possible de leur redonner des salaires et de l’espoir. Seule la sortie de ce productivisme imbécile le pourrait.

Ce serait le moment idéal, rêvons un peu, pour mettre en oeuvre la transition écologique : fabriquer des transports collectifs, des bus, des rames de métros, des wagons de chemin de fer ou de tramway à la place des bagnoles appelées un jour à disparaître. Reconvertir, cesser de pleurer sur des vieilles lunes et de vieux schémas, est-ce trop demander aux chantres d’un Redressement qui serait enfin productif ? Cela permettrait de sauver (d’inventer) de vrais emplois qualifiés, au lieu d’envoyer les salariés pourrir dans des stages aussi languissants qu’inutiles ou de mettre en place à Aulnay un centre d’appel ou une « plateforme logistique » qui ne seront que de provisoires placebo.

Est-ce trop demander que d’envisager de vendre des poulets moins dégueulasses en cessant de subventionner ce qu’il faut bien appeler de la merde ? Cela permettrait de sauvegarder la santé des consommateurs, de moins polluer la Bretagne sans licencier un seul salarié, sans mettre en faillite un seul agriculteur et en redonnant aux uns et aux autres la dignité qu’ils méritent.

Peut-être faut-il de temps à autre être politiquement incorrect ; non pas en passant la disparition des emplois par pertes et profits (pour Doux et Peugeot), mais en commençant à imaginer et à mettre en place des produits plus utiles et plus durables. Et en cessant de subventionner, directement ou indirectement, les errements des industriels pour qu’ils persévèrent dans leurs erreurs.

Il ne peut plus être question de prolonger des productions à l’agonie, il faut désormais les changer.

(Source : Politis
http://www.politis.fr/Faut-il-vraiment-sauver-les,19029.html)

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