Une tribune pour les luttes

Communiqué de Forum réfugiés du 2 août 2012

CRA Marseille : une femme placée à l’isolement entre la vie et la mort.

+ Communiqué du Conseil National des Barreaux du 3 août 2012 : Un été de tous les dangers au Centre de Rétention Administrative (CRA) de Marseille

Article mis en ligne le vendredi 3 août 2012

D’une manière générale il a été toujours inacceptable de traiter les étrangers comme des délinquants potentiels et pour un défaut de papier les traiter comme tels. Encore plus inacceptable les violences policières illégitimes qui conduisent comme dans le cas de Madame ASFOUR à une atteinte à son intégrité physique, à un traitement inhumain et dégradant au mépris de ses droits fondamentaux. La France a été condamnée à plusieurs reprises par la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) pour des faits semblables.

Il faut protester auprès des autorités pour ces violences inqualifiables et exiger que tout soit mis en oeuvre pour sauver la vie de Mme ASFOUR ; Il faut aussi donner les instructions pour que les droits des personnes soient respectés et que les auteurs des violences soient poursuivis.

Envoyez vos protestations à ces messieurs (et dames si vous avez les moyens d’en connaitre d’autres) :
Manuel VALLS Ministre de l’Intérieur <manuel.valls chez interieur.gouv.fr>
Préfet Hugues PARANT : hugues.parant chez bouches-du-rhone.pref.gouv.fr
Préfecture 13 Cabinet : cabinet chez bouches-du-rhone.pref.gouv.fr

__________________________________________

Conseil National des Barreaux

Un été de tous les dangers au Centre de Rétention Administrative (CRA) de Marseille

La commission libertés et droits de l’homme du Conseil national des barreaux prend connaissance de la situation particulièrement préoccupante d’une ressortissante marocaine âgée de 39 ans qui a subi de tels traitements au centre de rétention administrative de Marseille qu’elle se trouve désormais entre la vie et la mort.

Un été de tous les dangers au CRA de Marseille
Un été de tous les dangers au CRA de Marseille
Après avoir refusé à deux reprises son éloignement forcé et avoir absorbé une dose dangereuse de médicaments, elle a été placée à l’isolement dans le seul but de garantir son départ forcé.

Les autorités ayant ignoré les violentes douleurs dont elle se plaignait, elle a été laissée de nombreuses heures sans soins et il lui a été posé de force un casque lorsqu’elle tentait d’alerter les services présents sur place sur sa situation en se frappant la tête contre les murs de sa cellule.

Il semble que le seul but de ces traitements inhumains et dégradants, outre les traces de menottage signalées par la suite, était la mise à exécution de la mesure d’éloignement.

Enfin hospitalisée après dix heures de plaintes, Mme ASFOUR a été greffée du foie en urgence et son état est critique.

Le Conseil national des barreaux s’associe aux protestations vigoureuses des avocats du Barreau de Marseille et des associations présentes dans les centres de rétention qui ont dénoncé cette situation inadmissible, qui fait fi des principes humanitaires les plus élémentaires.

● Il souhaite que les autorités françaises prennent la mesure des traitements infligés aux étrangers retenus en centre de rétention et des méthodes employées.

● Il souhaite également que la saisine du Contrôleur Général des Lieux de Privation de Liberté ainsi qu’une enquête judiciaire ou administrative permettent de déterminer les responsabilités et de mettre fin à de telles dérives au sein des centres de rétention.

Le Conseil national des barreaux veillera à alerter et défendre pour faire respecter les droits et libertés fondamentales aussi souvent que nécessaire.

Christian Charrière-Bournazel,
Président du Conseil national des barreaux

Philippe Chaudon,
Président de la commission Libertés et droits de l’Homme

Vendredi 3 Août 2012



Communiqué de Forum réfugiés du 2 août 2012

Centre de rétention de Marseille : une femme placée à l’isolement entre la vie et la mort

02 Août 2012

Une femme de nationalité marocaine, Madame Fatima ASFOUR (39 ans), se trouve actuellement au bloc opératoire de l’hôpital de la Conception à Marseille, avec un diagnostic vital engagé.

Madame ASFOUR, dont la situation au regard du séjour est irrégulière, s’est vu notifier une obligation de quitter le territoire par la préfecture du Vaucluse le 26 juin 2012, décision confirmée par le tribunal administratif le 29 juin. Placée aussitôt au Centre de rétention de Marseille Le Canet, elle a vu son maintien en rétention décidé par le juge des libertés et de la rétention les 1er et 21 juillet.

A deux reprises, les 10 et 18 juillet, Mme ASFOUR s’est opposée à son départ en avion pour le Maroc, refusant de sortir de sa chambre. La préfecture du Vaucluse a décidé d’un nouveau départ le mardi 31 juillet à 9h20 vers le Maroc, avec la mobilisation d’une escorte policière féminine de l’UNESI (Paris).

La semaine dernière, Forum réfugiés avait alerté un officier de police du centre sur la situation de Mme ASFOUR, qui paraissait traumatisée à l’idée de partir et qui à plusieurs reprises a refusé de s’alimenter. Alerté par la famille de l’intéressée, le Consulat du Maroc s’est déplacé au centre avant de saisir la préfecture du Vaucluse d’une demande de réexamen de sa demande de titre de séjour.

Lundi 30 juillet à 15h, Mme ASFOUR a été placée dans une cellule d’isolement.

Mardi 31, la famille et le conseil de Mme ASFOUR ont averti Forum réfugiés du transfert de celle-ci à l’hôpital nord de Marseille. Le lendemain, Forum réfugiés a été informé du développement d’une pathologie grave affectant les reins et le foie, suite à l’ingestion de substances, et d’une proche intervention en vue d’une greffe du foie à l’hôpital de la Conception où elle avait été transférée dans la nuit.

Il ressort également des informations communiquées par son conseil et ses proches que dès 19h environ, Mme ASFOUR avait appelé sa famille pour lui dire qu’elle souffrait depuis sa mise à l’isolement de violents maux de ventre, et pour se plaindre de violences de la part des policiers intervenus pour la maîtriser, et qui à plusieurs reprises ont placé un casque sur sa tête pour la protéger des coups qu’elle se donnait. De source médicale, les poignets de Mme ASFOUR présentent des traces de menottage, ce qui indiquerait qu’elle a été attachée dans la cellule, et son visage présentait des hématomes.

Mme ASFOUR n’a été acheminée à l’hôpital par les pompiers, appelés par la police du Centre, qu’à 1h du matin, soit 10 heures après sa mise à l’isolement, et 6 heures après son appel à l’aide auprès de sa famille. Les témoignages des proches et l’état de santé de Mme ASFOUR, avec un diagnostic vital engagé, laissent supposer que ces dix heures ont été un long calvaire.

On peut en conclure que la volonté d’aboutir à tout prix à l’exécution de la reconduite de Mme ASFOUR au Maroc l’a emporté sur les considérations humanitaires qui auraient dû conduire rapidement le chef de Centre à alerter les secours pour mettre un terme à une situation de souffrance qui a conduit à un danger vital. La lumière sur les conditions du maintien à l’isolement pourra être faite grâce au visionnage, par les autorités habilitées à le faire, des images prises par la caméra située à l’intérieur de la cellule.

Forum réfugiés, qui saisit le Contrôleur général des lieux de privation de liberté de cette situation, rappelle que si la rétention administrative est un moyen légal de coercition pour contraindre les étrangers en situation irrégulière, qui n’en ont pas pris l’initiative, à quitter le territoire français, l’exécution de la mesure d’éloignement ne saurait prendre la forme d’un acharnement au péril de l’intégrité des personnes concernées.

____________________________________

P.-S.


Forum réfugiés
Rétention administrative

Marseille - Le Canet
13, boulevard des peintures,
13014 Marseille

Tél./ Fax : 04 91 56 69 56 / 04 91 53 97 23

Port. : 06 22 50 73 97


Retour en haut de la page

Vos commentaires

Soutenir Mille Bâbords

Pour garder son indépendance, Mille Bâbords ne demande pas de subventions. Pour équilibrer le budget, la solution pérenne serait d’augmenter le nombre d’adhésions ou de dons réguliers.
Contactez-nous !

Thèmes liés à l'article

Sans-papiers c'est aussi ...

0 | 5 | 10 | 15 | 20 | 25 | 30 | 35 | 40 | ... | 925