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Planning familial 69

Ce mois d’août 2012, les lyonnaises doivent se faire avorter ailleurs !

+ Blog Super féministe "IVG à Lyon : d’où vient le danger ?"

Article mis en ligne le dimanche 5 août 2012

Villeurbanne, le 2 août 2012

En ce début du mois d’août 2012 les Lyonnaises et plus généralement les Rhodaniennes doivent aller se faire avorter dans d’autres départements voire d’autres régions.

A la date du 1er août, tous les établissements de santé pratiquant des interruptions volontaires de grossesses dans le département du Rhône, excepté un seul, sont soit fermés soit déclarent une activité réduite. Cet état de fait a pour conséquence des délais d’attente : minimum 3 semaines pour l’obtention d’un rendez-vous pour une IVG. D’autre part, les médecins de ville habilités à pratiquer l’IVG médicamenteuse dans leurs cabinets sont également majoritairement en congés au mois d’août, excepté 3 d’entre eux sur les 17 conventionnés dans le département.

Cela signifie :

- Pour les femmes qui ont pris la décision d’avorter, la poursuite de leur grossesse pendant plusieurs semaines. Ce qui est insupportable et représente une véritable maltraitance psychologique.

- L’impossibilité pour les femmes qui le souhaiteraient d’accéder à l’IVG précoce par méthode médicamenteuse qui doit être réalisée avant 7 semaines d’aménorrhée (c’est-à-dire 5 semaines de grossesse), ce qui remet en cause la possibilité du choix inscrit dans la loi.

- Pour les femmes qui sont proches du « délai limite » (entre 12 et 14 semaines d’aménorrhée, c’est-à-dire 12 semaines de grossesse) l’obtention d’un rendez-vous pour une IVG dans le département du Rhône, déjà très difficile le reste de l’année, devient impossible. En effet, les quatre établissements de santé qui proposent cette prise en charge ont une offre très limitée. De plus, ce mois d’août, trois d’entre eux sont soit fermés partiellement ou totalement et le quatrième a une activité réduite.

Cette situation conduit les femmes se trouvant largement en-deçà du délai légal, à se voir refuser une IVG dans le département du Rhône et à devoir se rendre dans d’autres départements de la région, mais aussi dans d’autres régions. Ces déplacements entrainent des dépenses supplémentaires et rendent l’IVG inaccessible aux femmes les plus démunies et aux jeunes femmes mineures. Par ailleurs, si aujourd’hui dans les autres départements de la région les établissements de santé proposent encore des délais raisonnables, ils ne pourront pas répondre indéfiniment aux patientes venues du département du Rhône qui seront, à ce moment là, dans l’obligation de se rendre à l’étranger pour avorter.

A l’origine de ces difficultés, en premier lieu, le fonctionnement réduit des services pendant l’été. Les médecins partis en congés ne sont pas remplacés. Le personnel des établissements de Santé fait son maximum pour gérer la pénurie en orientant les femmes vers d’autres Hôpitaux ou vers le Planning Familial du Rhône. Éprouvées, en colère, les femmes qui subissent ce parcours se sentent à juste titre victimes d’injustice devant ce constat de carence du service public. Pourtant l’Agence Régionale de Santé Rhône-Alpes a pour mission de garantir à toutes et à tous l’accès à une offre de soins adaptée et efficiente contribuant à la réduction des inégalités territoriales et sociales.

De plus, chaque année, à l’approche de l’été, le Ministère de la Santé transmet à toutes les ARS une circulaire leur demandant de coordonner, pour la période estivale, l’activité des établissements de santé participant à la prise en charge de l’IVG. L’objectif est de « permettre, durant la période estivale, à toutes les femmes faisant une demande d’IVG dans les délais légaux de trouver une réponse adaptée, médicamenteuse ou instrumentale, y compris pour les demandes se situant entre 12 et 14 semaines d’aménorrhée…. ».

C’est pourquoi le Planning Familial du Rhône s’indigne et dénonce la non application des recommandations du Ministère de la Santé et juge que cette situation est intolérable pour les femmes car elle remet en cause, dans la pratique, le droit à disposer de son corps et l’accès et le droit à la santé pour toutes et tous.

Le Planning Familial du Rhône demande que les établissements de santé assurent leur mission de service public pendant cette période d’été et demande aux pouvoirs publics habilités à le faire d’intervenir en ce sens. Il serait tout à fait choquant que la ville dont est issue notre nouvelle Ministre des Droits des Femmes soit celle ou les femmes ne peuvent pas avorter cet été pour cause de carence notamment des services public.

Planning familial du Rhône


IVG à Lyon : d’où vient le danger ?
19 juillet 2012

Il y a des mots qui semblent neutres, sans aspérités, presque sympathiques, qui ne sauraient causer du tort… Il y a des mots qui sont dans l’air du temps… Il y a des mots qui cachent bien leur jeu.

« synergie », « mutualisation », « qualité », « efficacité »… sont les mots qu’utilisent à longueur de pages et de discours les responsables politiques et gestionnaires de l’organisation des soins en France. Et derrière ces mots, il y a un projet politique : la logique à l’œuvre, notamment depuis la loi HSPT (Hôpital, Santé, Patient, Territoire), c’est la tarification à l’activité et la notion d’hôpital-entreprise, une vision libérale de la santé dont les conséquences concrètes sont :

- de multiples fermetures d’établissements de proximité (on a relayé par exemple la lutte des habitant-e-s pour le maintien des petites maternités),
des regroupements de structures ou de services, qui peuvent entraîner une véritable pénurie dans l’offre de soins (comme en PACA ou en région parisienne pour les IVG)

- des personnels mis sous pression

- un renforcement du déséquilibre entre secteur privé et public.

Et voilà qu’à Lyon, 2 ans à peine après la bataille de l’Hôtel-Dieu (une des rares luttes qui a pu empêcher la disparition d’un centre d’IVG – peut-être un jour dans la rubrique Féministosaure), une menace de restructuration pèse sur 2 centres d’IVG : Croix-Rousse et de Lyon Sud.
A l’hôpital de la Croix-Rousse, le projet serait un éclatement du service pour organiser les hospitalisations en gynécologie.
A Lyon Sud, les IVG seraient carrément rattachées au service de chirurgie ambulatoire.

Pourquoi nous ne voulons pas de cela ??!!

Parce qu’en éclatant les différentes étapes d’une IVG en plusieurs lieux, on rend plus complexe le parcours des femmes, qui sont confrontées à plusieurs environnements et de multiples professionnel-le-s.

Surtout, l’expérience montre que, si le personnel qui accueille les femmes en demande d’IVG n’est pas spécifiquement formé, pas forcément volontaire, on augmente grandement le risque de maltraitance, de jugement, de culpabilisation. La qualité de l’accompagnement – dans un contexte social où l’IVG est un acte dévalorisé, encore tabou – risque de se dégrader.

Parce que l’Histoire montre également que, quand l’IVG est noyée au milieu d’autres activités hospitalières, on risque d’aboutir à une baisse de l’offre de soins : soit que les IVG passent après les autres soins faute d’une forte volonté du personnel ou du (de la) chef de service, soit que, tout simplement, on ne considère pas les IVG comme une « urgence », alors même que la réponse à une demande d’IVG doit être rapide : limite des délais légaux, enjeu du choix de la méthode, souffrance de devoir attendre faute de place quand on a pris la décision d’avorter.

Pour toutes ces raisons, suite à l’alerte de plusieurs membres des équipes concernées, le Planning 69 a décidé d’appeler à une réunion du Collectif de défense de l’IVG du Rhône, en veille depuis la lutte de l’Hôtel-Dieu. Ce collectif regroupe des associations féministes, des syndicats, des organisations politiques. En font partie également des membres du personnel hospitalier, qui ont témoigné de leur inquiétude devant les projets de restructuration qui se succèdent et l’incertitude qui pèse sur leur travail (sans parler des pressions subies).

Plusieurs actions ont été décidées :

- demander à rencontrer la direction des HCL (qui regroupe tous les hôpitaux publics lyonnais), ainsi que le maire de Lyon (qui a une responsabilité directe sur les hôpitaux), pour exprimer notre souhait de centres d’IVG autonomes, avec un personnel formé, dédié, pluridisciplinaire et volontaire.

- Interpeller les élu-e-s sur cette question (élu-e-s locaux, ministres concernés)
Sensibiliser la population : dans un premier temps répondre à une proposition de Rue89 Lyon qui veut faire un article sur l’IVG à Lyon ; puis faire un communiqué de presse, et envisager d’autres modes d’action.

Le jour même de cette première réunion, nous apprenions que le projet de Lyon Sud était « ajourné ». Des oreilles bien placées nous ont informé-e-s que le « remue-ménage » des associations ne serait pas étranger à cette décision. Ce qui montre bien que notre vigilance est capitale.

Alors, même en tongs et bermudas, restons mobilisé-e-s !

Antoinette FonK

http://superfeministe.blogspot.fr/2012/07/ivg-lyon-dou-vient-le-danger.html

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